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voir m e t tre , en cas de befoin, une pièce de
canon , afin de ne pas laitier cette partie fans
défenfe ; fai faut pour cet effet l’épaifleur de
lorillon a b {fig. 18 8 ) de fept toifes. O n la di-
vilera en deux également par la perpendiculaire
c d. D u point a on mènera la ligne a d auffi
perpendiculaire à la fa c e , pour du point </,
comme centre , ôc de l ’intervalle d a ou d b ,
tracer l’orillon a b, qu’on arrondit ainfi en-dehors,
pour que les coups tirés contre cette circonférence
convexe fanent moins d’e f fe t , ôc pour la
rendre plus folide.
D u point e, pris à trois toifes en - dedans du
baftion , depuis Ton angle flanqué fur la capitale,
vous mènerez eb, qu’on prolongera en ƒ de cinq
toifes, pour avoir la brifure b f. M. de Vaubari fait
cette brifure par une ligne menée de l’angle flanqué
du baftion oppofé , mais je rentre en-dedans
oe trois toife s, pour que le parapet de cet angle
couvre mieux là pièce de canon qui eft en F, Ôc
que je confeille de ne p la c e r , que qûand on en
aura abiblument befoin , à caufe des bombes qui
le peuvent démonter. O n aura de même celle g A ,
en prolongeant la ligne de defenfe eg de cinq
toifes du point j , fommet du triangle équilatéral
ƒ hj comme centre ; & de l ’intervalle ïh ou i f ,
On décrira les flancs retirés f h. Gette concavité
en augmente là capacité de telle fo r t e , que malgré
le terrein qu’occupe l’orillon , ôn y peut
mettre encore plus de pièces d’artillerie , que s ’il
étoit droit. O n vo it auffi que la pièce K eft tellement
couverte par la brifure ôc l’orillon , qu’elle
ne peut être démontée par les batteries de l’ennemi
, ÔC qu’elle bat une partie du pont ôc du
paflage du foffé j , qui communique à la brèche
du baftion oppofé.
Ce tte brifure contre l’orillon doit être fans
parapet de te r r e , mais feulement avec un de
maçonnerie de trois pieds ; ce qui eft fuffifant,
puilqü’il ne peut être battu.
Il faut cependant a v o u e r , que les flancs ainfi
çonftrüits ne produifënt point d’effet proportionné
à leur dépenfe ; car cette pièce K cachée vo it une
fi petite partie du foffé , que les débris des brèches
en paffeht la direiftion. D ’ailléürs une feule pièce
de canon n’eft pas un obftacle affez grand pour
arrêter un affiégeant dans un paflage, & qui peut
la démonter a v e c fes bombes.
JD es tenailles*
L a tenaillé éft un ouvrage néceflaire dans un
fcffé pour y pouvoir manoeuvrer avec fu reté, ôc
communiquer avec facilité aux dehors ; car à fon
d é faut, lorfque l’ennemi a établi fes batteries fur
le chemin co u v e r t , cela feroit très difficilei Dans
les foliés fecs , comme dans ceux qui font pleins
d ’eau 5 elle couvre la poterne , ou porte de fortie
,qu’on fait dans le milieu de la courtine. Si le
lofle eft f é e , elle contient derrière une certaine
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quantité de troupes à couvert , qui fe peuvent
porter fubitement dans tout le foffé , tant pour en
difputer Ôc interrompre la defeente 6c le paflage
à l’en n emi, que pour foutenir les dehors attaqués ,
6c en alfurer les retraites. Si le foffé eft plein d’eau,
on y jette des bateaux ou rad eaux , qu’on tient à
couvert de r r ière, lefquels fervent à communiquer
aux ouvrages extérieurs.
Ce s tenailles fe font fur la ligne de défenfe , &
fe tranchent quelquefois comme S T (fig. 18 7 ) ,1
pour que la largeur du folié qui eft entre elle 6c
la courtine , foit plus g rande, 6c que le foldat
qui défend cette tenaille y foit moins incommodé
des éclats de pierre que le canon de l’ennemi fait
fauter du revêtement de la courtine. O n peut
conclure qu’un front de fortification eft imparfait
fans tenaille ; mais 11 faut qu’elle foit revêtue , principalement
lorfqué le fofle eft fec.
O n la féparera des deux flançs 6c de la courtine
par un folié large de quatre à cinq toife s, afin que
les débris que le cânon de l’ennemi en fait tomber ,
n’incommodent pas les foldats qui font dedans. L e
refte eft pour la largeur de fon parapet 6c de fon
te r re -p le in , obfervant d’échancrer la partie V X ,
afin d’avoir un emplacement raifonnable pour
mettre des bateaux, fi le folié eft plein d’e a u , 6c
s’il eft f e c , il fervira pour les troupes nécellaires
à la défenfe du folié.
O n en fait quelques - unes avec de petits flancs
qu’on appelle tenailles doubles , comme font celles
de la citadelle de Strasbourg. Mais l’ennemi les
ruine facilement pardes batteries qu’il eft obligé de
' faire , pour battre le flanc des baftions , ce qu’il ne
fçauroit faire aux premières, parce que les faces
fe préfentent trop obliquement à l ’ennemi. D ’ailleurs,
ces petits flancs font en files du rempart de la
demi-lune ; à moins qu’on ne fît les flancs 6c courtines
, fans cela elles font vues de revers du logement
de l’ennemi fur la place d’arme s, rentrants
du chemin couvert. Ainfi il faut en interdire en-*
fièrement l’ufage.
Quoique je ne fois pas pour ces tenailles par les
raifons ci - d e v a n t , je ne veu x pas omettre leur
conftruâion. Pour cet e f fe t , prenez entre les oriîw
Ions fur la ligne de défenfe une diftànce de quatre
ou cinq toifes , partagez le refte entre Y 6c Z ( fig.
1 8 7 ) en deux également au point 6». T ranfportez
la jambe du compas du point Z au point 2 fur les
lignes de-défenfe, vous au rez jes flancs & 2.
Pour la courtine, prenez nuit toifes de diftànce
de celle de la place , afin d’avoir un pa rapet, un
rempart ou te r re -p le in , 6c deux toifes de foffé
entre la courtine de la place ôc la tenaille j vous
ferpz de même pour les autres.
ConfiruElion d'un ouvrage à çorne.
C e s fortes d’ouvrages fe conftruifent devant lés
angles,flanqués des baftions ou demi-lunes joignant
le foffé du corps de la p la c e , ou détachés à l’extrê-
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mité de Jeurs glacis , pour pouvoir occuper le
tefrein qui pourroit être favorable à l’ennemi ;
cependant on doit prendre garde que leurs branches
ne foient pas trop longues‘ pour être bien défendues
, les angles de leurs baftions ne devant
être éloignés des parties de la place qui le flanquent
, que de cent quarante toifes au plus. C e la
fuppolé , 6c en voulant conftruire un devant le
baftion 3 , portez 100 ou 120 toifes du point 3 au
4 ( fig . 1 8 7 ) , enfuite é lev ez une perpendiculaire
de part & d’autre fur cette ligne jufqu’au point 5 6c
6 , auxquelles vous donnerez 60 ou 65 toiles,,
c ’eft-à-dire, 120 ou 130 to ife s , depuis les points
6 6c 3. T ire z les branches droites 6c gauches de ces
points aux épaules des demi-lunes 7 6c 8. Ce la fait,
divifez une de ces parties, comme 6 6c 4 en trois,
& portez cette troifième partie de 4 à 9 , qui eft
la perpendiculaire, pour fortifier intérieurement,
après vous tirerez des lignes des points 6 6c 5 ,
paffant au point 9 , 6c allant en 10 6c 1 1 . Ce la
fa it , divifez les lignes 6 ôc 4 , 6c 4 6c <5 en deux
aux points 12 ôc 1 3 , ouvrez le compas depuis 3
vers 12. Portez une jambe du point 12 au point
1 4 fur la ligne de défenfe. Tranfportez cette même
ouverture du point 6 au point 1 3 , 6c du point 13 ,
au point 16. T ir e z de 16 à 1 7 , en arrêtant fur
la ligne de dé fen fe , vous aurez les flancs de l ’ouvrage
à c o rn e , auquel vous pouvez faire des
orillons , comme au corps de la place. T ire z une
ligne de 14 à 16 , vous aurez la courtine. C ’eft ce
qu’on appelle fortifier intérieurement , puifque la
ligne 6 6c 5 eft le polygone extérieu r, fon foffé
doit avoir la même largeur que celui des demi-
lunes du corps de la place.
O n peut faire auffi une tenaille fimple devant la
courtine fur -lesTignes de défenfe, comme vous le
v o y e z , à laquelle votts^ donnerez 5 à 6 toifes de
largeur.
Pour.conftruire la demi-lune , ouvrez le compas
du point 16 vers»le flanj: 15 , à cinq toifes fur la
fa c e , comme il a été dit c i-d e v an t . Portez cette
ouverture du milieu de la courtine fur la ligne
prolongée au point 18. Tire z de ce point des lignes
à cinq toifes fur les faces des demi-baftions j vous
aurez les faces de la demi-iiine.
V ou s donnerez dix toifes à fon foffé.
Les remparts , banquettes , rampes, chemins
couverts , places d’arme s, traverfes 6c g lacis, fe
font comme au quarré.
Confirutfions des cavaliers.
Nous avons déjà dit que les cavaliers fuivent fa
figure des baftions. O n aura foin que le rempart
qui doit les féparer des flancs ÔC des faces ait au
moins 6 toifes de largeur (fig. 188.) pour pouvoir y
paller du canon 6c autres munitions avec facilité. Je
ferois d’avis qu’on f ît les revêtements du corps dé
la place de la hauteur de ceux des demi-lunes,
pour qu’ils ne fuffent point vus des afliégeants que
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quand ils s’en feroient emparés, ôc que fur - tout
dans les baftions on y f ît des cavaliers , qui au-
roient la domination lur les ouvrages avancés. Si
les baftions font petits , on revêtera les cavaliers
entièrement de maçonnerie de brique, pour gagner
le grand talut des te r re s , par ce moyen iis' en
deviennent plus' grands. Mais autrement on les
élève en galonnage , parce que les débris ôc les
éclats de pierres de ces premiers incommodent
ceux qui lo n t fur les remparts ; c’eft pourquoi il
faut, fe fervir de briques , parce qu’elle ne fait pas
tant d’éclat.
Quelques ingénieurs veulent donner aux cavaliers
revêtus de maçonnerie la propriété de fervir,
de retranchement dans le baftion. Mais quelle apparence
d’y pouvoir comp ter, lorfque l’ennemi
p eu t , des mêmes batteries qu’il eft obligé de faire,
pour battre en brèche les faces des baftions , les
renverfer au ffi, ôc encore plus facilement s’il fe
fert de la mine.
Les rampes pour monter fur ces cavaliers fe font
dans leurs gorges , ou elles font mieux qu’aux
flancs , parce que cela fait que ces mêmes flancs en
font plus grands, 6c les fouterreins qui font deffous
plus larges.
ConfiruElion des barbettes.
O n f a i t , comme nous avons d i t , aux angles
flanqués des baftions ôc autres ouvrages une élévation
de terre appellée barbette , leiquelles jo ignent
leur parapet comme la marque M (fig. 188.)
O n les élève à deux pieds 6c demi près de fon
fommet ; on les fait de 9 , 1 2 ou, 18 toifes de lo n g ,
6c de 3 toifes de large ; on y. monte par des
rampes , comme M 6c O , pratiquées de chaque
côté de 12 pieds .de large , ôc longue de fix fois
leurs hauteurs , cette règle étant générale pour
le talut des rampes , comme nous l’avons déjà
dit. ' . ;’ • ' ' v- ..1
Les barbettes fervent pour y tirer le 'c a n o n
par-defîus; le pa rapet, qui n’a pour cet effet que
deux pieds 6c demi de genouillère , & elle s 'fo n t
très avantageufes dans les premiers jours d’un
f iè g e , parce qu’on* y monte fubitement le canon
fans aucune préparation, 6c comme l’ennemi eft
encore.éloigné de la p la c e , on le fert à découv
e r t fans aucun rifque , en mettant, fi cela eft
autrement , une file de gabions fur. le parapet*
Lorfqu’ il a établi "des batteries , on le retire ;
mais pendant cet in terv a lle, on a le temps dfen
préparer auffi de fon côté , qu’on eonftruif k
l’ordinaire.
O n fe fert auffi des barbettes , des ouvrages qui
fe trouvent fur la droite 6c fur fa gauche des attaques
, pour les battre en flanc ; ôc comme l ’ennemi
n’eft point informé de notre deffein, il n’a aucune
batterie à oppofer. Ainfi , on vo it l’avantage qu’il
y a de trouver toutes chofes préparées, afin qu’iî
n’ait pas le temps de s’apperceyoiï de notre m *
poe uvre,