
creues. Alors on devoir égaler fon front à l’étendue
quon luppofoit occupée par l’ennemi , figurer
1 armée ennemie par une ligne d'un petit nombre
de cavaliers fur un feul rang, marcher d’abord
droit a cette ligne, &. enfuite par un mouvement
prompt, fe potier fur ie flanc & l’envelopper.
Il etoit prescrit aux T urm a rq u e s de donner ces
e x e r c i c e s à leurs troupes par écrit, & de les faire
exécuter dans toutes fortes de terreins, ( & par
les grandes chaleurs. ( M a u r i t . ) l d . g . 49. ).
Les troupes, tant d’infanterie que de cavalerie
fe rendoient au terrejn d’e x e r c ic e dans l’ordre fui-
vant :
La tagme d’infanterie étan^formée M e chef mar-
choit à Ta tête avec le porte-rçnfeigne. Le m a n -
d a t e u r , le c am p id u f le u r ou guide , chargé de re-
connoître les chemins. , & le trompette ; les
chefs de file fuivoient, premièrement ceux de la
droite, enfuite ceux de la gauche.
La troupe étant fur le terrejn^ le chef s’arrêtoit,
Je porte-enfeigne & le trompette fe plaçoient à
fes côtés. Derrière lui celui qui portqit la chappe,
xuttxu, , le mandateur 8c le campiduéleur en avant.
Les files fe formoient à droite 8c à gauche fur feize
de hauteur, en gardant entre elles la grande dif-
tance, & tenant les piques droites pour éviter
tout défordre.
Dans la tu rm e , le turmarque , à cheval, mar-
choit devant avec deux mandateurs , deux campi-
duôeurs, un ftrateur, & un écuyer ou porteur
d’armes, jufqu’auprès du lieu où la troupe entière
devoit fe former , 8c la turme fe rendoit en bataille
au terrein où l’infanterie étoit formée.
Dans le mè ro s ou tiers du corps de troupes , foit
qu’il fut d’une feule turme ou de plufieurs, 8c
u’il y eût plufieurs trompettes, celui du mérarque
evoit fonner feul, afin que la multiplicité des fons
©’empêchât pas d’entendre les commandements.
. Derrière chaque file de feize f c u ta t c s , on met-
toit quatre p f ile s , afin qu’il y eût un archer pour le
quart de chaque file. Quelquefois on mettoit alternativement
dans chaque file un f c u ta t e & un archer.
On plaçoit aufii des p f ile s dans, la ligne , entre l’infanterie
8c la cavalerie, ou même à la droite ou à
la gauche de la cavalerie avec un petit nombre
de fcutates qui étoient alors entre la cavalerie
& les pfiles. Mais cette dilpofition ri*avoit lieu
que lorfque les p f ile s étoient en grand nombre.
Ceux qui etoient armés de tn a r t fo b a rb u le s , de
fabres , de javelots , étoient placés derrière les
fcutates , ou aux ailes de la ligne, & non dans le
milieu ou entremêlés avec les f c u ta t e s . Touts les
frondeurs étoient fur les ailes. En général on mettoit
pour l ’ e x e r c i c e touts les gens de trait derrière
les files, la cavalerie fur les ailes, 8c les meilleures
bandes à l’extrémité de chaque aile. On la mettoit
fur dix de hauteur fi elle paffoit douze mille
hommes ,& fur cinq fi elle étoit au-deflbus. Les
furnuméraires étoient placés fur les flancs ou en
réferve derrière les charriots. ( Ib . g. 59. ).
^11 étoit ordonné à la cavalerie de ne pas trop
s eloigner de l’inlanterie , de crainte que celle-ci
ne fut prife en flanc par l’ennemi, & , fi elle étoit
repouffée, de fe retirer entre l’infanterie & les
charriots placés derrière la ligne. Si elle ne pouvait
tenir cette pofition, elle devoit defcendre de t
cheval 8c combattre à pied.
^ 1® general vouloit mettre fon armée en bataille
, fans avoir deffein de combattre, la cavalerie
ne devoit pas être formée en ligne fur les
ailes, mais en potence fur le flanc , entre l’infan-
^es charriots. Alors il falloit laifler entre les
nies 8c les rangs un plus grand intervalle, afin que
cçtte cavalerie, qui devoit tirer des flèches^ ne
lut pas gênée, ôc qu’étant moins ferrée les traits
de 1 ennemi lui tuflent moins nuifibles. On pre-
noit cette difpofition , lorfque la cavalerie ne
pouvoit pas tenir contre celle de l’ennemi qu’on
; voyoit difpofée à la charger.
Ces différentes manoeuvres dévoient s’exécutèr
fur-tout dans les combats, & c’e ft, dit l’empereur
Leon , pour s’y préparer qu’on s’exerce pendant
la paix.
Les m é r ie s étant formés pour Y e x e r c ic e , on
ordonnoit de garder le filence , l’ordre , les rangs ,
de luivre fa bande , de ne la point quitter. Voici
quels étoient ees commandements au temps de
1 empereur Maurice. S d e n t io m a n d a ta c a p ta t is . N o n
v o s tu r ù a tis . O rd in em f e r v a t e .B a n d o f e q u ï t i s . Nem.O .
d em itta t b a n d um fu u m . N em o d em it ta t ord in em , <S»
in im ico s f e q u a tu r . Les commandements faits, on
devoit exécuter en filence, & ne pas faire entendre
le moindre bruit. ( I b . § .14 . 24.).
; Dn exerçoit à la voix ou à quelqu’autre lignai,’
a doubler & dédoubler les files, à marcher en
faifant la tortue , fur un front égal & en avant, à
fe ferrer de différentes manières , tant en longueur
qu’en profondeur, à, former la tortue, à charger
comme dans le combat , tantôt avec des baguettes,
tantôt avec l’épée nue, à fe divifer en
diphalangue, & à marcher par l’aile, ou par la
mérie droite ; à marcher en avant, 8c à fe reformer,
a fe mettre en défenfe par la phalange am-
phiftome , c’eft-à-dire , à deux fronts- , 8c à fç
remettre ; à faire les contre-marches, les doublements
de front 8c de hauteur, à faire face à l’arrière
& à fe remettre; ( L é o . g. 65. )<
Les mouvements s’indiquoient par la v o ix , par
la trompette ou par la corne , t c iv ç a i ce , fur l’ordre-
du c am p id u& o r on faifoit halte au fon d’une petite
trompette , ou à la v o ix , ou au1 figne de la main.
Le doublement du front fe faifoit au commandement,
tKi , V'ieA&É. S’il y avôit quelque flottement,
on commandoit, d ir ig e f r o n t em , tcov to fiélawov 1
f r o n t é g a l. ( M a u r . ib . g. 16. ).
A deux ou trois portées de trait de l’ennemi,
on ferroit les rangs Sc les files au commandement
ju n g e %eZ%o» , f e r r e ç . Alors on ferroit fur le centre ,
tant en buteur qu’en largeur,Sc fóit arrêté, foif
en marchant, jufqu’à ce que les boucliers fe recou-
vriffent. Il étoit ordonné aux ou ra g u e s ou ferre-
files d’exciter Sc d’animer les derniers rangs, afin
qu’aucun foldat ne reftât en arrière, par la crainte.
( L e o . i t . g. 7 1 .).
Quand oij. étoit affez près de l’ennemi pour lancer
les traits, & que les premiers n’avoient point
de cuiraflfe, on faifoit la tortue , au commandement
, a d p h u lc um , t vx-vcoaov , J e r r e ç j alors ,
pour fe préparer à charger , on faifoit le commandement,
p a r a t iy 'broi^ct, fo y e £ p r ê t : on crioit en-
fuite a d j u t a , fion'&iç, a id e , Sc toute l’armée répon-
doità haute voix, D e u s , o ffgîV, D i e u D i e u . L’ancien
ufage étoit de crier, n o b ije um D eu s : mais on ob-
ferva qu’à ce cri-lesplus timides s’arrêtoient, les plus
braves hâtaient le pas , les chevaux s’eftiayoient,
& l ’ordonnance fe rompoit. Il vaut mieux, dit
l’empereur Maurice, prier avant de fortir du camp,
& que , lorfque l’armée en fort, chaque mérie crie
trois f o i s n o b ifeum D e u s , & garde enfuite le filence
jufqu’au moment du combat.
Après le cri de guerre , les pfiles lançoient leurs
flèches par le jet parabolique : les fcutates des
premiers rangs approchant de l’ennemi, lançoient
direâement leurs mafies Sç leurs haches : ou bien
attendant qu’ilsfuffent tout près', ils lançoient leurs
piques Sc ieurs javelots, tiroient l’épée & eombat-
toient corps à corps. Les derniers rangs fe couvrant
la tête avec leurs boucliers , faifoient ufage de leurs
piques pour féconder les premiers rangs.
La d ip h a la n g ie ou double phalange , fe formoit
en faifant faire demi-tour à droite à la* moitié des
rangs de la phalange, 8c les faifant marcher devant
eux à telle diftance que les traits de l’ennemi, qui
attaquoit de front Sc par derrière , ne puffent aller
frapper par le dos de la demi - phalange qui com-
battoit àToppofite.; Le commandement pour faire
exécuter cette manoeuvre étoit m e d ip a r t it is a d d i -
p h a la n g iam . P r im i J ia t i s . S e c u n d i a d d ip h a la n g iam
e x i t e . Pour reformer la phalange on commandoit re-
vertey trç c s fir tyu le. ( Ib . g. 76. M a u r i t . L . C . 8. g. 16.}.
Lorfque les plus grandes forces de l’ennemi atta-
quoient l’arriere, les huit derniers rangs ,. après le
demi-tour à droite, ne bougeoient. Les huit premiers
marchoient en avant.
On exerçait à marcher par le flanc, foit pour
dérober, foit pour n’être pas dérobé ( M a u r i t . i b . ) .
foit pour un autre deflein. Le commandement étoit
a d f e u t u m , v e l co n tum c l in a . m o v e . v e r t e . ( L é o . ib .
§• 77-)• .
On nommoit m ou v em ent am p h iflo n n e celui par
lequel les huit derniers rangs ayant fait faCe à l’arrière
, Sc ne bougeant, les deux moitiés de la
phalange combattoient ainfi dos-a-dos : alors les
rangs du centre le couvroient la tête de leurs
boucliers.
Exercices mod e rne s .
[ ïl eft impoflîble que des hommes raflé mblés au
haiàrd exécutent les ordres qu’ils reçoivent avec
l’enfemble, l’exaâitude Sc la précifion que demandent
les opérations militaires, s’ils n’ont pas
reçu de bonnes leçons théoriques ,8c pratiques;,
s’ils n’ont pas été formés par des inflituteurs vigilans
& inftruits , 6c fi l’habitude de faire fouvent la
même chofe, ne la leur a pas rendue facile. Ce font
ces leçons théoriques 8c pratiques fouvent répétées,
qui, dans l’art militaire, ont reçu le nom d’e x e r c ic e s .
Sous ce mot, on comprend donc tout ce qu’il
importe aux militaires de favoir : ainfi , foit qu’on
enfeigne à un foldat comment il doit être placé fous
les armes, foit qu’on lui donne des leçons fur la
manière de s’aligner, de marcher , de tirer, de fortifier
un pofte, de l’attaquer & de le défendre , 8cç.
on lui fait faire Y e x e r c ic e .
Nous ne rapporterons point dans cet article
quelle eft la manière particulière dont tel peuple
ou telle arme fait Y e x e r c ic e ; nous ne dirons point
comment un foldat doit tenir, porter fon tu fil,
marcher, 8tc. Nous devons tâcher de nous élever
au deflùs de ces; objet« de détail j nous devons
effayer de voir les e x e r c i c e s en grand, d’en faifir
l’efprit, 8c de donner des idées générales, applicables
a la taflique de tous les peuples 8c de tous
les corps. Voilà la carrière qui s’ouvre devant
nous. Il feroit très glorieux de 1» parcourir avec
fuccès : nous n’ofons 1-efpérer mais on doit pardonner
à un militaire de faire des entreprifes au
deffus de fes forces, quand elles ont l’utilité générale
pour objet.
On peut confidérer les e x e r c i c e s comme divifés
en quatre claffes. La première comprend Y e x e r c ic e
des hommes ; la fécondé, les e x e r c i c e s de détail ;
la-troifiéme, les e x e r c i c e s en grand, 8c la quatrième ,
les e x e r c ic e s généraux.
Dans Y e x e r c ic e des hommes, on comprend toutes
les inftruétions qu’on doit donner féparément à chacun
des individus qui compofent une armée.
Dans Y e x e r c ic e de détail, on doit faire entrer tout
ce que plufieurs hommes réunis 8c formant une
petite fubdivifion d’un régiment, doivent fçavoir,
pour ne point nuire aux mouvemens généraux d e .
ce corps,
t ^ar e x e r c i c e en grand, on entend tout ce qu’un
régiment doit favoir exécuter, & par e x e r c i c e s généraux
, les manoeuvres dSme armée ou d’une grande
divifion de troupes.
Démétrius de- Phalere difoit avec raifon que,
comme un édifice n’eft folide que lorlqu’on a
foigneufement travaillé en détail toutes les parties
qui le compofent, ainfi une armée n’eft forte que
lorfque chatun de fes membres a été inftruitavec
foin de tout ce qu’il doit faire. Si Démétrius avoir
connu nos machines modernes , nos montres, par
exemple , il nous auroit donné fans doute une idée
plus juffe de la néceflité de donner la plus haute
perfe&ion à chacune des parties qui compofent une
armeè ; il nous auroit dit : il ne fuffit pas que le
corps de chaque roue loit parfaitement fini ; il ne
fuffit pas qu’elle foit exaéVement divifée j mais il faut