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« C’eft ainfi qu’il faudra faire les abrégés, lesquels
ne différeront des étàts arrêtés des dépenfes
annuelles > que du titre feulement ; c’efl: dans cet
abrégé que le miniftre choifira les articles pour
lefquels on veut faire fond ; eîifuite de quoi, on
les fépare de l’eftimation pour en faire une autre
à part qui en fera l’état de dépenfe.
Depuis que M. le maréchal de Vauban a donné
les réglements que l’on vient de voir , les ingénieurs
s’y font conformés à peu de chofes près.
Il y a pourtant des dire&ions où l’on ne fuit pas
tout-a-fait le même arrangement, & c’efl: pour ne
point adopter ce qui fe fait dans l’une plutôt que
dans l'autre, que j ’ai rapporté à la lettre les inf-
tru&ions de M. de Vauban , préférablement à
celles que j’aurois pu prendre ailleurs. Au refte ,
il n’y a perfonne qui ne fe mette en très peu de
temps au fait de toutes ces minuties, puifqu’ilfuffira
de lire ou de copier les états & les mémoires qui
fe font dans les places pendant le cours d’une
année; je les aurois même fupprimés fi les moindres
chofes ne méritoient toujours attention quand on
ne les fçait pas.' Il eft vrai que de petits détails
trop répétés ennuient les habiles gens , qui n’y
trouvent rien que d’infipide, mais je les prie de
confidérer qu’un livre comme celui-ci n’eft pas fait
pour eux. » (Science des Ingénieurs .»par Bélidor.).
FORT. Terrein de peu d’étendue, défendu par
des fortifications.
Les forts font deftinés à garder des pairages importants
, des hauteurs fur lefquelles l’ennemi pour-
roit s’établir avantageufement, des éclufes, des têtes
de chauffées , des embouchures & partages de
rivières, &c. Tels font le fort Barraux, le fort de
Scarpe auprès de Douai, le fort Nieulay à Calais,
le fort Saint-François à Aire, &c.
Lorfque la ligne de défenfe de ces forts a environ
120 toifes, on les nomme forts royaux.
F o r t d e c a m p a g n e . Redoutes compofée$&
fermées. Les officiers particuliers font conftruire
ces forts pour fervir de défenfe aux détachements
qu’ils commandent. Voy. O u v r a g e s e n t e r r e ,
FORTIN. Petit fort.
FOSSÉ. Excavation de terre.
On fait des fojfés devant touts les ouvrages
fortification pour en retarder l’approche, & on
règle les dimenfions fur le befoin qu’on a des
terres pour la conftruâion des ouvrages , fur la
nature du terrein, for la hauteur des revêtements
, &c. ( F ô y q ; F o r t i f i c a t i o n . )
FOUR. Ouvrage de maçonnerie où l’on çuit le
pain de munition. ( Voye% ce mot.)
FOURNIMENT. Efpèce de bouteille de cuir
bouilli, ou cornet de bois ou de corne dans lequel
on met de la poudre. Nos foldats en portoient ?
avant que l’ufage des cartouches fût introduit.
FOURNITURES. Uftenfiles, meubles, vivres,
remèdes, fourrages, &c. fournis aux troupes par
un entrepreneur. ( Voy. H ô p i t a l , V i v r e s , & c .)
FOURRAGE, Feins, grains, & hgrbages qui *
fervent à la nourriture des chevaux des troupes %
foit en garnifon , foit en campagne.
Fourrager ou aller au fourrage, c’efl: lorfque les
armées font en campagne, aller chercher dans le»,
champs & dans les villages le grain &. les herbes
propres à la nourriture des chevaux.
Lorfque des troupes font commandées pour cette
opération, on dit qu’elles vont au fourrage, & 1 on
dit auffi qu 'un champ, une plaine ou un pays ont etc
fourrages, lorfque les troupes ont enlevé ou con-
fommé tout le fourrage qu’il contenoit. Ceux qui
travaillent à couper le fourrage ou à l’enlever des
granges & autres lieux où il eft renfermé , font
appellés fourrageurs.
Pour que les armées puiffent fe mettre en campagne
, il faut avoir de grandes provifions de
fourrage dans les lieux voifins de celui qu’elles doivent
occuper, ou bien il faut que la terre foit en
état de fournir elle-même ce qui eft néceffaire
pour la nourriture des chevaux. Comme ce font
les bleds qui produifent les fourrages les plus abondants
& les plus nourriffants, les armées ne peuvent
guère s’aflembler que lorfqu’ils ont aflfez dp
maturité pour fervir à la fubfiftance des chevaux ;
ce qui arrive en France & dans les pays voifins
vers le 15 du mois de mai. Avant ce temps il n fîft
pas poffible de tenir la campagne fans de nombreux
magafins de fourrages, qui font d’une depenfe
très confidérable, & qui d’ailleurs fervent fouvent
à faire connoître à l’ennemi le côté où l’on fe
propofe de l’attaquer.
Lors donc que la terre eft chargée de bleds,
d’autres différents grains , & d’herbes en état de.
couper, on envoyé les troupes au fourrage•
Pour cet effet les fourrageurs, outre leur mouf-
queton ou leur épée, qu’ils doivent porter chacun
pour s’en fervir en cas d’attaque, ont auffi des
faulx pour couper le fourrage, & des cordes pôur
le lier & en faire des troufles. Ce font de grofles &
longues bottes du poids de cinq àfix cents livres’
ou environ. On les charge fur les chevaux. Chaque
cheval en porte une & le fourrageur pai-deflùs.
Fourrager de cette maniéré en pleine campagne J
c’efl: fourrager au verd ou en verd, parce que
tout le fourrage que l’on coupe eft verd ; mais
lorfque les moiffons font recueillies & qu’il n’y a
plus rien dans la campagne , on va prendre le
fourrage dans les villages, & l’on dit alors qu’on
fourrage en fec ou. au fec.
Dans les fourrages au feç, on prend le grain
battu lçrfque l’on en trouve, & on lç met dans
des facs que l’on porte ayec foi pour* cet ufage*
On lie auffi avec des cordes le foin que l’on veut
emporter , & l’on en fait des troufles que l’on
charge fur le cheval ; le cayalier monte deflùs,1
& il reyient tout doucement au camp comme dans
le fourrage au verd.
Lorfqu’une armée arrive dans un camp , elle
fe fert d’abord du fourrage renfermé -dans l’en-
ceinte des garde* du camp. Cqmme il eft bientôt
confommé
confommé, ôn s’arrange pour en aller chercher
plus loin.
Pour le faire avec fureté , le général 4onne
tme efcorte aux fourrageurs , & il fixe le jour &
le lieu où doit fe faire le fourrage.
L’efcorte étant parvenue au lieu du fourrage,
on lui fait former une efpèce d’enceinte qui
renferme le terrein que les troupes doivent fourrager.
Cette enceinte fe nomme la -chaîne du
fourrage. Elle a beaucoup de reflemblance à celle
des troupes qui compofent la garde du camp ;
c’eft-à-dire, qu’elle eft formée de même de différents
corps à portée de fe foutenir les uns &
les autres , & d’empêcher que les fourrageurs ne
puiflent fortir de l’enceinte du fourrage. Comme
ces corps n’ont pas la facilité d’être fecourus
du corps de l’armée comme les gardes du
camp, à caufe de leur éloignement, on les fait
flfîez nombreux pour qu’ils foient en état de réfif-
ter aux différents partis ou détachements que
l ’ennemi pourroit envoyer pour troubler le fourrage
, & attaquer les fourrageurs * &. le temps dont
il a befoin pour cela.
. Pour régler la force des efcortes, il faut fçavoir
quelle eft la pofition de l’ennemi, la facilité qu’il a
de fe tranfporter au lieu du fourrage.
On doit comparer ce temps avec celui qui eft
néceffaire pour l’exécution dufourrdge & pour
la retraite des fourrageurs.
Si l’on juge qu’on n’ait rien à craindre que de
quelques, petits partis de troupes légères , il foffit
alors de former une chaîne de fentinelles & de
védetes pour empêcher les fourrageurs de paffer
du côté de l’ennemi, & de placer feulement dans
les lieux les plus expofés, des corps de quarante
©u cinquante hommes.
Mais s’il y a un corps confidérable de troupes
ou un camp-volant de l’ennemi placé ou campé
plus près du fourrage que ne l’eft le camp de l’armée
qui fait fourrager , il faut alors régler la force
des efcortes fur celles de l’ennemi , & prendre
toutes les précautions néceffaires pour l’empêcher
de troubler le fourrage , ou du moins pour être en
état de réfifter à fes attaques , en cas qu’il juge à
propos d’en faire.
Pour juger de l ’étendue du terrein que le fourrage
doit occuper, il faut, comme le remarque
M. le maréchal de Puyfegur, fçavoir le nombre
des chevaux qu’il y a dans l’armée, afin de pouvoir
évaluer à-peu-près la quantité de rations de fourrage
dont on a befoin.
Suivant çet auteur, la nourriture d’un cheval
par jour,dans le temps,du verd , comme en mai
& en juin, où l’on fauche les prés & les bleds , doit
pefer de cinquante à foixante livres ; & comme le
fourrage devient fec au bout de trois ou quatre
jours qu’il eft coupé, & qu’alors les chevaux n’en
veulent plus , il s’enfuit qu’il faut néceffairement
ajjer au fourrage touts les trois ou quatre jours.
Dans le mois de juillet, où le grai-n commence
Art militaire. Tçme U.
à avoir plus de confiftance dans l’épi, il n’eft plus
befoin d’un poids fi pefant pour la nourriture du
cheval : c’efl: pourquoi un moindre nombre de
chevaux peut alors fuffire à porter le fourrage dont
on a befoin.
Lorfqu’on eft parvenu à connoître le nombre
des rations de fourrage néceffaires pour l’armée , &
qu’on fçait quelle eft la quantité qu’un cheval peut
en porter , il eft aifé de déterminer le nombre
des chevaux qu’il faut envoyer au fourrage ; ou , ce
qui eft la même chofe , le nombre dés troufles
qu’il faut en rapporter.
Si l’on fçait après cela ce qu’il faut de terrein
pour faire une trouffe , fuivant les différentes
efpèces de terres enfemencées, on pourra évaluer
à-peu-près l’efpace que le fourrage doit embraffer*
Quoique ce calcul ne puiffe pas fe faire avec
précifton, il peut fervir néanmoins à donner une
idée de la grandeur du terrein qu’il faut fourrager.
* L’illuftre auteur que nous venons de citer prétend
, que fi on trouve qu’une plaine peut fournir ,
par exemple, vingt mille trouffes, il faut les réduire
à dix mille, parce que les troupes Françoifes
font dans l’ufage de fourrager fans ordre , & de
perdre ou gafpiiler la moitié du fourrage ; inconvénient
très grand, auquel il feroit très important
de remédier : car outre qu’il oblige l’arméè, pour
peu qu’elle féjourne dans un même camp, à aller-
chercher les fourrages au loin, ce qui fatigue &
ruine la cavalerie, il' contraint auffi fort fouvent
le général de changer de camp & de pofition dans
des circonftances où il ne peut le faire fans donner
quelque avantage fur lui à l’ennemi. Comme
les autrés nations, & particulièrement les Allemands,
fourragent avec plus d’ordre & d’économie,
péut-être il ne feroit pas irnpoffible de parvenir à
les imiter en cela , fi l’on vouloir donner à l’exécution
du fourrage toute l’attention qu’elle mérite.
Avant de donner le détail de l’opération du
fourrage\ il eft à propos d’obferver qu’il y a de
grands fourrages & de petits. Les premiers font ceux
qui fe font au loin pour toute la cavalerie ce
l’armée, dont il marche environ les deux tiers-; les
autres fe font dans l’enceinte des grandes gardes
du camp , ou un peu au-delà : lorfqu’ils fe font
plus loin, c’eft feulement par une partie de la
cavalerie , comme d’une aile ou d’une ligne.
Les grands fourrages, ainfi que les petits, peuvent
fe faire en avant ou en arrière de l’armée : comme
dans ce dernier cas ils n’exigent pas les mêmes précautions
que dans l’autre, parce qu’ils font couverts
de l’armée , nous ne parlerons ici que des grands qui «
fe font en avant, & nous donnerons un précis des
différentes conftdérations qui peuvent contribuer à
leur fûreté : car comme le dit M. le chevalier de
Folard , ces fortes de fourrages ne fe font qu avec de
grandes précautions & un très-grand art 3 lorfque les
armées font proches l ’une de l ’autre.
Exécution du fourrage. Lorfque le lieu que l’on
veut fourrager eft ouvert, c’eft- à-dire qu’il eft en
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