
Les gabions fe payent 5 fols de façon , à caufe
dé la difficulté dé leur conftru&ion , qui demande
des loins & de l’adreffe ; c’eft un ouvrage de fa-
peurs & de mineurs bien inftruits. On y joint
ordinairement un détachement de Suiffes, parce
qu’ils font plus adroits que les François à cette
forte d’ouvrage.
On fe fert auffi quelquefois de gabions pour
faire des batteries : mais alors ils font beaucoup
plus grands que les précédents ; ils ont cinq ou
£x pieds de large ôc huit de hauteur. ( Q . ).
G a b io n f a r c i . C ’eft un gros gabion qu’on
remplit de différentes chofes qui empêchent qu’il
ne puiffe être percé ou traverfé par la balle du
fufii : on s’en fert dans les fapes au Beu de man-
telet, pour couvrir le premier fapeur. ( Q )•
GAMBESON. Vêtement qui defcendoit ^ufques
fur les cuiffes. C’étoit un pourpoint de taffetas ou
de cuir , rembourré de laine , d’étoupe ou de crin ;
i l étoit deftiné à rompre l’effort de la lance , dont
le coup , quoiqu’il ne pénétrât pas la chemife de
mailles , aurait meurtri le corps en y enfonçant les
mailles de fer dont elle étoit compofée. On mettoit
^ legambefon fous la chemife de mailles. Il étoit auffi
nommé gambiffon , gobiffon , gambiex. ( K ).
G AN T E LE T . Armure de la main.
C ’étoit une efpèce de gant, compofé de lames
de 1er jointes enfemble , de forte qu’en s’éloignant
* ôc fe rapprochant , elles fe prêtoient au mouvement
de la main. Le gantelet faifoit partie de
l’armure des chevaliers. (K ) .
G A RD E . Troupe deftinée à garder.
Il y a deux efpèces de gardes , les unes fe
montent pour la fureté du dedans du camp , les
autres pour celle du dehors ; celles qui fe montent
pour la fureté du dedans du camp , font les gardes
des- généraux , celles du tréfor , de l’intendant, du
parc des vivres , de celui de l’artillerie, du.prévôt,
du capitaine des guides, 8c celles qu’on appelle
les gardes du camp. Toutes en général fe doivent
monter le matin de bonne heure, & s’aflerhbler
en lieu commode pour leur diftribution. Toutes,
celles dont nous venons de parler , font tirées du
corps de l’infanterie feule.
Il y a encore une autre efpèce de garde , qui
eft celle que la cavalerie 8c les dragons fourniffent
aux officiers - généraux - nés de leurs corps, lefquelles
gardes fe fourniffent par ces corps, indépendamment
de la çarde d’infanterie qui eft fournie
à ces officiers-géneraux-nés lorfque , d’ailleurs, ils
font officiers-généraux de l’armée.
La fécondé efpèce de garde 'fe tire de l’infanterie
& de la cavalerie» Elle eft deftinée pour garder
les approches du camp , & pour le tenir averti.
Celles de cavalerie fe placent fur les grands
chemins, autant qu’il fe peut , en lieux ouverts
& élevés, afin qu’elles découvrent de plus loin.
Elles doivent être difpofées de manière qu’elles
fe voient entre elles, & s’il fe peut, qu’elles fiaient
vues de l’armée ; qu’elles couvrent le front, les
flancs, 8c même les derrières de l’armée » félon
les occafions. Leur diftance de l’armée doit être
plus ou moins grande félon le pays où l’on eft.
Celles d’infanterie font' deftinées à plufieurs
ufages , & par conféquent fe placent de différentes
manières. Leurs ufages font de recevoir les partis
de cavalerie , s’ils étoient pouffés, même les gardes
de la cavalerie , que ces différentes fituations peuvent
quelquefois avoir fait placer loin du camp,
ce qu’il faut éviter avec foin. Elles doivent encore
protéger les gens qui vont au bois, à la paille &
à l’eau, couvrir les pâturages , 8c empêcher les
petits partis ennemis d’approcher l’armée*
Pour cet effet, on en met dans les églifes 8c
clochers des villages voifins ; dans les châteaux
& maifons fortes, s’il y en a ; dans les avenues
& paflages qui fe trouvent dans les bois: on en
place aumfur les bords des rüiffeaux ; enfin,.dans
les endroits où ils font jugés néceflaires pour la
fureté 8c la tranquilité du camp.
Touts ces poftes qui font dans les églifes |
clochers ', châteaux ou maifons , doivent, autant
qu’il fe peut, être vus de l’armée , ou du moins
de quelques gardes ; 8c les officiers qui les commandent
, feront chargés de faire les fignaux dont
on eft convenu , pour avertir qu’ils font attaqués
par l’ennemi ou qu’ils le voient.
Ceux que l’on place pour garder les avenues
du camp , ou les bords des ruiffeaux , à couvert
defquels les chevaux font à la pâture, doivent
avoir des fentinelles placées à vue les unes .des
autres, pour que rien ne paffe entre elles.
Ceux qu’on place dansTes bois , où l’on craint
que l’ennemi puiffe embufquer la nuit des- partis
pour enlever quelque chofe de l’armée, doivent
taire quelques abbatis pour y être en fureté contre
les partis ennemis , qui fans cette précaution pour-
roient tenter de les infuher ; avoir de jour des
fentinelles fur des arbres , d’où ils puiffent découvrir
de loin ce qui pourrait venir à eux , &
la nuit être fort alertes, avoir autour d’eux des
fentinelles aux écoutes, & de petites patrouilles
qui vifitent foûvent ces -fentinelles.
Toutes ces gardes d’infanterie font fixes, & ne
changent point la nuit de pofte , pour fe rapprocher
de l’armée ; hors celles que l’on, peut
avoir jugé à propos d’avancer pour protéger une
garde de cavalerie , lefquelles fe retirent à un
pofte de nuit, pour reprendre le lendemain matin
leur pofte de jour, 8c fouiller les environs de ce
pofte. Celles qui fiont deftinées à couvrir les pâ-
tureurs, fe retirent auffi dès que la nuit vient.
Celles de cavalerie , à l’entrée de la nuit ,,
quittent leurs poftes de jour , 8c fe rapprochent
du front 8c des flancs , auffi-bien que des derrières
du camp, 8c fe rendent aux poftes qui leur ont
été marqués pour la nuit pendant lequel temps
elles font fort alertes, ont au moins un rang à
cheval , 8c des vedettes en tête 8c fur leurs
flancs , pour que rien ne puiffe approcher da
©amp entre deux gardes, fans être reconnu & arrêté»
A la pointe du jour , ces gardes marchent à
leurs poftes de jou r, d’où elles voient a la de-
couverte tout le plus loin qu’elles peuvent avec
fureté ; 8c ce foin doit avoir été pris avant que
les nouvelles gardes foient venues les relever.
Alors l’officier defcendant la garde , après avoir
reçu là nouvelle, communique à l’officier montant
tout ce qui lui a été configné par fon fupérieur
pour la fureté du camp. Cette règle fe pratique
pour toutes les gardes, de quelque nature qu’elles
foient. ( Feuquières. ).
G arde a v a n c é e . C ’eft un corps de cavaliers
ou de fantaffins , placé en avant d’un pofte ,pour
avertir de. l’approche de l’ennemi.
Les officiers généraux de l’armée ont chacun ,
une garde particulière pour leur faire honneur 8c
veiller à leur fureté dans les différents logements
qu’ils occupent. La garde des maréchaux de France
eft de cinquante hommes avec un drapeau ; celle
•des lieutenants -généraux, de trente; des maré-
chaux-de-camp , de quinze ; Sc celle des brigadiers,
de dix. ( Voyelle tom. III. du code militaire
de M. Briquet, pag. 7 6* fuiv. Voye^auJJi Garde
d ’honneur,).
G ardes du c am p . C ’eft dans l’infanterie une
garde de quinze hommes ou environ par bataillon ,
qui fe porte à-peu-près à foixante pas ou environ
en avant du centre de chaque bataillon de la première
ligne , 8c à même diftance en arrière du
centre des bataillons de la fécondé.
Dans la cavalerie , il y a une garde à pied pat
régiment, qui eft placée à la tête du camp.
Des grand-gardes ou gardes ordinaires qui forment
l'enceinte du camp.
Ces gardes font d’infanterie" & de cavalerie.
Les gardes d’infanterie fe placent toujours dans
quelque lieu défendu par une efpèce de fortification
, foit naturelle ou artificielle.
On regarde comme fortification naturelle une
églife , un cimetière , un jardin fermé de tours
côtés , un èndroit entouré de haies fortes 8c difficiles
à percer, & c .; 8c on regarde comme fortifications
artificielles celles dans lefquelles il eft
befoin de quelque précaution pour les former ,
comme un abbatis d’arbres dont on fe fait une
efpèce d’enceinte , un foffé dont la terre fert de
parapet, &c.
Touts les hommes qui compofent ces gardes
doivent être abfolurfïent dans leur pofte , 8c n’en
fortir qu’avec la permiffion du commandant. Les
fufils doivent être placés de manière que touts
les foldats puiffent les prendre enfemble 8c commodément;
pour cet effet, on les place dans le
lieu que chaque homme doit occuper en cas d’attaque.
Çes gardes ont des fentinellés de touts les côtés
par où les ennemis peuvent pénétrer ; elles avertiffènt
auffi-tôt qu’elles apperçoivent quelque ciiofe
dans la campagne : alors tout le monde prend les
armes pour être en état de combattre en moins
de temps qu’il n’en faut à l’ennemi, depuis fa découverte
par les fentinelles , pour arriver au pofte
occupé par la garde. Les gardes doivent faire
ferme , & tenir dans l’endroit où elles font placées,
jufqu’à ce, qu’elles foient feco-urues du camp. C ’eft
pour favorifer cette défenfe, qu'on les place dans
les villages 8c autres lieux, fourrés, où il eft aifé,
avec quelque connoiffancé de la fortification , de
fe mettre en état de foutenir les attaques des partis
qui Veulent les enlever.
Des gardes de cavalerie4
Comme les gardes de cavalerie peuvent fe mouvoir
avec plus de vîteffe que celles de l'infanterie,
elles font ordinairement placées dans les plaines ,
ou dans d’autres endroits découverts; elles ont des
vedettes placées encore en-avant, qui découvrent
au loin touts les objets de la campagne. On appelle
vedettes, dans le fer vice à cheval, ce que l’on
nomme fentinelle dans le fervicç à pied. Voye£ V edet
te.
Comme les vedettes font placées d’autant plus
avantageufement quelles découvrent plus de ter-
rein devant elles , on les avance quelquefois à une
allez grande diftance de la troupe ; ôc on les place
fur les lieux les plus avantageux pour cette découverte
, comme les hauteurs à portée de la grande
garde. . -
Pour la fureté des vedettes, 8c pour que la garde
foit informée promptement de ce qu’elles peuvent
découvrir, on place à une petite diftance de ce«
vedettes, c’eft - à - dire, entre elles & la garde , un
corps d’environ huit cavaliers ; on le nomme petit
corps-de-garde ; il eft commandé par un cornette
ou autre officier“ alternativement. Ce corps doit
être toujours Lcheval, & très attentif aux vedettes ;
il doit par conféquent être à portée de les voir ; ôc
il doit auffi être vu de la grande garde : mais il
n’eft pas néceffaire qu’il découvre lui-même le
ierrein , comme les vedettes ; il eft feulement
deftiné à lès foutenir 8c à veiller à ce quelles
faffent leur devoir : auffi arrive - 1 - il quelquefois
que les vedettes font fur le fommet d’une hau«
teur , 8c que le petit corps-de-gw^e eft derrière à
une diftance médiocre , 8c caché par la hauteur ,
pendant que la grande garde eft encore dans un
lieu plus bas d’où elle découvre feulement le petit
corps-de-garde.
On éloigne auffi les vedettes les unes des autres
pour qu’elles foient à portée de découvrir un plus
grand efpace de terrein, fans qu’il foit befoin de
trop avancer les troupes de la garde ôc par - là
de les expofer à être enlevées. Lorfque les vedettes
font dans des endroits dangereux , il les
faut doubler, c’eft - à - dire , _en mettre deux enfemble
ou dans le même lieu.
S’il paroît des ennemis, ou quelque corps de
Q q q ij