
chaque gentilhomme devoit entretenir & avoir I
à fa fuite deux archers. Cela faifoit une garde
de trois cents, hommes ,, outre la compagnie Ecof- j
foife ; mais depuis , ayant difpenfé les cent gentils- j
hommes de l’entretien des archers par lettres pa- j
tentes données à Rouen l’an 1475 » $ forma de
ces deux cents archers une'garde particulière fous j
les ordres de Louis de Graville, feigneur de j
Montagu.
En 1477, & en & capitaine Hervé de Chauvé,
auquel fuccéda M. de S illy , & puis M. de CrufTol.
Cette compagnie de deux cents archers s’appelloit
la petite garde du corps du roi , pour la diftinguer
de l’autre que l’on appelloit la compagnie des cent
lances des gentilshommes de l’hôtel du roi »ordonnés
pour la grande garde de fon corps. C ’eft
cette compagnie de deux cents archers qui fut: la
première compagnie Françoife des gardes-du-corps,
que François 1er. réduifit à cent comme les autres,
par les démembrements qu’il en fit pour former
la troifièmè compagnie Françoife, comme je le
dirai dans la fuite.
Louis X I , en 1479 , inftitua encore une autre
compagnie Françoife d’archers de la, garde , dont
il donna le commandement à Claude de la Chaftre.
C ’étoit un gentilhomme dont il avoit été mécontent
, parce qu’il le voyoit fort attaché au parti
du duc de Guyenne, fon frère ; il le tint affez longtemps
en prifon ; mais, ayant connu fon mérite & fa
valeur, & jugeant qu’il pourroit compter fur fà fidélité
, il le mit en liberté » & lui confia la garde de fa
perlonne. Gabriel de la Chaftre, fils de ce feigneur,
lui fuccéda dans cet emploi de capitaine de cette
compagnie d’archers de la garde, qui étoit encore
poffédée par Joachim de la Chaftre,fils de Gabriel,
à la mort de François IeL
Cette compagnie étoit de cent archers qui, avec
les cent Ecoffois, les vingt quatre gardes, de la
manche de la même nation, les deux cents archers
dont le fleur de Chauvé étoit capitaine , faifoient
alors plus de 400 archers. C ’eft en effet le nombre
que marque Philippe de Confines, en parlant du
féjot.r que ce prince, faifoit au Pleffis-les-Tours
fur la fin de fon règne, fort inquiet.& toujours
appréhendant qu’on n’attentât à fa vie. « En premier
lieu, dit-il, il n’entroit guères de gens dans
lé Pieffts du Parc, excepté gens, domeftiques &
les archers, dont il avoit quatre cents', q u i, en
bon nombre, faifoient tous les jours le guet, &
fe promenoient par la place, & gardoientla porte.
Cette compagnie de la Chaftre fut la fécondé,
Françoife.'
L’a,uteur du livre intitulé > F état de la France,
de 1661 -, s’eft mépris , aufîi bien que fes fuçceffeurs
oui l’ont copié , quand il a écrit que Charles V I I I ,
fils de Louis X I , en 1497:, créa une nouvelle
compagnie de gardes-frânç.oifes; archers du corps ,
dont il rit capitaine Jacques de Vendôme, vidame
de Chartres. Mais cette garde n’étoit point une garde
d’archers du corps |, mais un,e fécondé compagnie
de cent gentilshommes, telle que Louis XI en avoit
inftitué une à Puyféaux, l’an 1474. On a vu ci-
deffus la lifte des capitaines de cette fécondé compagnie
de cent gentilshommes , dont effectivement
Jacques de Vendôme fut le premier capitaine.
Lès choies donc demeurèrent au même état à
l’égard des archers du corps, fous le règne de
Charles V I I I , qui, en 149 1, fit capitaine de la
première compagnie des deux cents archers François
Jacques de Cruffol à la place du fieur de Silli,
qui avoit futcédé à Chauvé. Louis XII ne changea
rien non plus à cet égard. 11 eut quatre cents archers
pour fa garde, en trois compagnies ; une Ecoffoife
& deux Françoifes, comme fon prédéceffeur ; mais
il y eut du changement fous le règne de François I ,
parce que non-feulement ce prince créa la troifièmè
compagnie des gardes Françoifes, mais encore, .fi nous-. nous en rapportions aux mémoires du
maréchal de Fieu ranges , il y eut alors pendant
quelque temps cinq compagnies de gardes, en y
comprenant l’Ecoffoife ; car voici comme il parle :
« après cette, garde des deux cents gentilshommes ,
dit - i l , vous avez les plus prochains de la personne
du r o i , vingt-çinq archers Ecoffois , qui
s’appellent les archers du corps.... fous la charge
du fieur d’Aubigny.... Ledit fieur d’Aubigny eft
^capitaine, de touts les Ecoffois, qui font cent, fans
ces vingt-cinq.... Après ces Ecoffois , vous avez
quatre cents archers François.... & font chefs
deidits quatre cents archers le capitaine Gabriel
pour cent, M. de Savigni, cent autres, M. de
Cruffol, cent, & M. N.... l’autre cent. Il y avoit
donc alors, félon ce compte, cinq compagnies des
gardes, & cinq capitaines des gardes ; mais ce
feigneur s’eft mépris en mettant enfembl'e deux
capitaines des gardes, qui ne le furent que l’un
après l’autre ; lavoir, M. de Chavigni, & celui dont
il a laiffé le nom en blanc , qui fut Raoul de
Vernon , fieur de Montreuil - Bouyn. L’auteur du
traité de l’origine des deux compagnies des cent
gentilshommes nous inftruit parfaitement là-deffus.
Voici ce qu’il raconte-. : « le vingt-feptlème mars
15 14 , trois mois après que le roi François I er.
fut parvenu à la couronne, il fit une nouvelle
compagnie de foixante archers pour la garde de
fon corps, laquelle il voulut être compofée des
trente qu’il avoit avant qu’il fût r o i, de vingt
de la bande du fieur de Cruffol, de dix de celle du
fieur de N ançay, defquels foixante archers il dorîn.1
la charge à Raoul de Vernon , fieur de Montreuil-
Bouyn ; & après fa mort » avenue le dernierSeptembre
1516 , à Louis le R o i, fieur de Chavigni »
lui ajoutant quarante-cinq archers encore de la
bande dudit fieur de Cruffol, pour faire le nombre
entier de cette compagnie des cent cinq archers ,
compris les membres & le trompette ».
Le cérémonial françois, dans la relation de l’entrée
de François Isr. à Paris , parle à-peu-près de
la même manière fur ce fujet ; mais on y a défiguré
le nom du capitaine Montreuil - Bouyn a
en le changeant en celui de Monftre-Bonhÿ. ■
Voilà donc l’inftitution de la troifièmè compagnie
Françoife des gardes-du-corps marquée fort
diftinâement fous François Ier. comme celles de la
première & de la fécondé fous Louis XI. Cette troisième
fut formée des archers que François Ier. avoit
avant que d’être ro i, & des démembrements que
l’on fit de dix archers de la compagnie de Nançay
ou de la Chaftre , & principalement de ceux qui
furent tirés de la compagnie de Cruffol, qui d’abord
étoit de deux cents , & fut mife fur le pied de
cent comme les autres, ainfi que le remarque
l’auteur de l’origine des deux cents gentilshommes.
Depuis, il y a toujours eu quatre capitaines
comme aujourd’hui, ainfi qu’on le voit dans la
relation des obfèques du même prince, imprimée
à la fin de la vie de Pierre du Chaftel, grand
aumônier de France , où les quatre capitaines des
gardes font nommés ; fçavoir, M. dfc Lorges,
capitaine de la garde Écoffoife ; MM. de Nançay ,
le fénéchal d’Agénois & Chavigni, capitaines des
trois compagnies Françoifes. Il n’y eut depuis
aucun changement pour le nombre des compagnies
& des capitaines. Le nombre des capitaines & des
compagnies fut donc fixé à quatre du temps de
François Ier. lefqûelles étoient fous le règne de
ce prince : i° . rEcoffoife ; 20. la première Françoife
, inftituée par Louis X I , & compofée de
deux cents archers , dont le capitaine, fous François
Ier. étoit M. de Cruffol; 30.iafécondé Françoife,
inftituée pareillement par Louis X I , & qui
fut commandée depuis par plufieurs feigneurs de
la Chaftre , lés uns après les autres; 40. La troifièmè
Françoife, inftituée par François Ier. & compofée
des gardes que ce prince avoit avant que d’être
ro i, & des détachements qu’il fit de celle de
Cruffol, qui jufques-là avoit été de deux cents
archers, & d’un autre détachement de celle de
Nançay, feigneur de la Chaftre. Il donna cette
troifièmè compagnie Françoife, & qui étoit la
dernière des quatre, à M. de Chavigni le Roy.
Du rang des quatre compagnies. des gardes avec
les autres troupes de la maifon du Roi » & entre
elles.
A l’armée, la maifon du Roi a toujours la droite
fur toutes les autres troupes , & le pofte d’honneur.
Le rang que les divers corps qui compofent
cette maifon, doivent avoir entre eux , eft àuïïx
règ]é. '
' Les gardes-du-corps ont le rang au-deffus de
touts les autres, je dirai, en un autre endroit
quand cette prérogative leur a été attribuée.
Pour ce qui eft du rang que les Compagnies des
gardes du. corps gardent entre elles , l’ancienneté
de la compagnie Ecoffoife, &. Teftime que nos
Rois , depuis Charles V , ont toujours eue pour
la nation , ont acquis à cette compagnie la prééminence
fur toutes les autres , non-feulement'dans1
le feryice de la cour /mais encore dans les armées;
Cotrime chaque compagnie des gardes-du-corps
forme deux efcadrons, les deux de la compagnie
. Ecoffoife. ont toujours la droite fur les autres ;
& au cas qu’il fe faffe des détachements des di-
verfes compagnies , les officiers de l’Ecoffoife
commandent ceux des autres compagnies qui leur
font égaux pour le rang.
Lés trois compagnies Françoifes n’ont point
entre elles d’autre rang-, que celui que leur donne
l’ancienneté de la réception de leur capitaine ; il
faut feulement remarquer qu’il y en a une des
trois qui porte titre de première & ancienne Compagnie
Françoife ; c’eft celle dont M. le duc de
ViJleroi eft aujourd’hui capitaine, & c’eft suffi celle
dont j’ai parlé, qui fut créée par Louis X I , compofée
de deux cents archers, fous lés ordres du feigneur
Louis de Graville , & qui depuis fut réduite
à cent archers comme les autres. J’ai obfervé qu’en
ce temps-là, & encore longtemps depuis , c’étoit
une coutume établie en France, de mettre ces
fortes de compagnies , . auffi-bien que les compagnies
de la gendarmerie, au nombre de cent
hommes- ; ainfi Charles VII compofa fa garde
Ecoffoife de cent archers , fans y comprendre les
vingt-quatre gardes de la manche, qui faifoient
alors comme une garde particulière ; ainfi Louis XI
fe fit une garde de cent gentilshommes fous un
capitaine ; ainfi Charles VIII en ajouta depuis
encore cent fous un autre capitaine ; ainfi Charles
V I I , dans le grand changement qu’il fit dans la
milice Françoife , réduifit la gendarmerie à quinze
compagnies de cent hommes d’armes , chacune
fous un capitaine , & c ; ’
Quoi qu’il en fo it, ce titre de première & ancienne
compagnie Françoife , ne donne point de
prééminence à celle qui le porte au-deffus des
deux autres ; & je crois qu’il ne lui en a jamais
donné. Il eft au moins certain qu’il y a plus de
cent ans qu’elle n’en avoit aucune. Cela fe prouve
par la remontrance des gardes Ecoffoifes en 16 12 ,
dont j ’ai rapporté l’extrait ci-deffus : car il y eft
dit'; en termes exprès , que la compagnie Ecoffoife,
par la mort ou changement du capitaine,
ne change jamais de rang, comme font les autres
compagnies. Il eft évident, par ces dernières paroles
, que, dès ce temps-là, & avant ce temps-là,
les trois compagnies Françoifes 11’avoient point
d’autre rang entre elles, que celui qui leur étoit
acquis par l’ancienneté de la: réception de leurs
capitaines , ainfi qu’il fe pratique maintenant.
Des changements faits dans les compagnies des gardes-
du-corps depuis leur inflituùon.
Parmi ces changements , il y en a de communs
à toutes les compagnies , & il y en a de particuliers
à la compagnie Ecoffoife : je commencerai
par ceux qui regardent en particulier cette compagnie.
Si ce qui eft expofé dans les remontrances des
gardes Ecoffoif®s, en 1-612, étoit v ra i, que faint.
R r r ij