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par la profondeur de leurs fouterrains, dont le
fond fe trouve très-voifin des mines. Il fera ailé
de les prévenir, de les éventer, ôt de les empêcher
de vous prendre là-deffous.
V I I.
Elles n’ont pas lieu de craindre le ricochet , ni
les bombes qui font les foudres des places de ce
temps-ci, parce que, pour que l’un 8c l’autre puif-
fent leur préjudicier , il idudroit pouvoir les voir
de loin , ce qui ne fe pourra : &. quand on les
verroit , leur petiteffe donne peu de prife aux
bombes , 8c point du tout au ricochet, parce qu’il
faut plus d’efpace aux boulets pour pouvoir prendre
leurs plongées, qu’il ne s’en trouve ici.
V I I I .
Ces fouterrains pourront fervir de caves très
bonnes 8c très fpacieufes à la place , de très bons
tnagafins à poudre , outre ceux qui font dans leurs
noyaux , beaucoup plus fûrs que les ordinaires ,
mieux placés, 8c capables d’une plus grande quantité
de poudre , puifqu’ils en pourront facilement
contenir jufqu’à 7 ou 800 milliers, ce qui fait
qu’on n’a que faire d’en bâtir d’autres.
IX.
Leur partie fupérieure pourra fervir de très
bons magafins ou greniers pour 2.0 mille feptiers
de bled ou d’autres grains, fi on les couvre &
qu’on y faffe des planchers comme à ceux de
Belfort.
Il faut avouer que toutes ces propriétés ne fe
trouvent point dans les autres fyftêmes , & notamment
cette prolongation certaine de défenfe
d’un grand tiers ou de moitié plus , fans expofer
la place à être emportée.
Cependant, comme il n’eft pas exempt de défaut
, on a penfé qu’il ne feroit pas inutile, après
une.exaûe recherche , de donner les moyens les
plus convenables , non-fèulement pour les éviter ,
mais encore de l’augmenter confidérablement de
force , 8c en dimihuer la dépenfe.
C ’eft ce que nous allons voir dans le chapitre
fuivant qui eft divifé en trois articles.
Dans le premier fe trouve la difpofition & la
conftruétion des ouvrages propofés.
Dans le fécond on fait voir la propriété 8c les
avantages de cette difpofition au-delïus des ouvrages
de Neuf-Brifack.
Et dans le troifième, que fa dépenfe eft encore
moins grande.
Confiru&ion des ouvrages propofés.
On change plufteurs chofes dans le fyftème de
Neuf-Brifack.
I. On tire le foffé des contre-gardes à l’angle
de l’épaule de la contre-garde oppofée, de manière
que le flanc de cette contre-garde découvre
en entier tout le foffé , au lieu qu’à Neuf - Brifack ,
le foffé eft parallèle aux faces deldites contre-gardes.
( V. n°. Ï.fig. 217. )
II. On agrandit les demi-lunes, on en fait tomber
les faces à vingt toiles fur celles des contre-
gardes , & l’on en fupprime les flancs , en prolongeant
les faces jufqu’à l’alignement des foffés des
contre-gardes marquées F.
III. On agrandit la capacité des réduits , & on
fait leurs flancs plus grands, enforte qu’ils puiffent
recevoir deux pièces de canon, pour les raifons
que nous avons dit en parlant de la nouvelle difpofition
de ces réduits.
IV . On ôte les tours baftionnées , n°. 1 , 8c on
met à leur place des baftions de 17 toifes de
flancs , & de 30 toifes de face, n°. 2 , .qui font
remplis de terre. On fait des fouterrains au-deffous
de ces flancs, de 25 toifes de long fur 3 toifes de
large , lefquels tiennent lieu de ceux des tours, &
fervent en même temps de flancs bas capables de
contenir fix pièces de canon, lefquelles jointes
avec les ffx autres des flancs fupérieurs, font douze
pièces fur chaque flanc.
V . On fait un recoupement aux tenailles ,
comme H I , pour les raifons que nous avons dites
en parlant de leur conftruâion au pantagone
régulier. $
Le refte eft ft peu différent de Neuf-Brifack
qu’on en fupprime le détail, qui ne feroit qu’inutile.
Ainfi, on va faire connoitre les avantages
que peut procurer cette nouvelle difpofition d’ouvrages.
Propriétés & avantages de cette difpofition•
On fupprime les flancs des demi-lunes , fig,
217 , n°, 1 , parce qu’ils découvrent le corps de
la place, 8c qu’ils vous jettent dans deux inconvénients.
Le premier eft que l’ennemi en filant le
foffé entre la tenaille & le flanc de la contre-garde
par les batteries qu’il peut faire fur le chemin
couvert des places-d’armes rentrantes, empêche
la communication de la tenaille à la contre-garde ,
qu’il détourne abfolument par ce moyen. A la
vérité, ce défaut n’eft pas fort confidérable, puif-
que l’on peut communiquer dans les contre-gardes
par d’autres endroits ; mais enfin on ne peut pas
le faire par la tenaille du front attaqué. A propos
de cette communication, on remarquera que M.
déVauban a fait faire une poterne dans le flanc de
la contre-garde , pour communiquer dans la tenaille.
Il eft fur prenant que cet ingénieur fe fo it
jetté dans la dépenfe de pareils ouvrages, car ,
quoiqu’il femble que cette poterne foit peu de
chofe , elle coûte , félon le toifé de cette forti-
ficatwn, 5856 livres ; & comme il y en a lèize ,
la dépenfe monte à 93696 livres. Quoique je les
atê inférées dans le toifé des contre-gardes qui eft
à l’article fu ie n t , je ne l’ai fa it,que pour approcher
du toifé dudit fyftème , puifque , comme je
viens de le faire v o ir , ces poternes ne font d’aucune
utilité.
Le fécond défaut eft bien plus grand; car, par ces
mêmes batteries , l’ennemi peut mettre en brèche
la courtine , & . en ruiner les pètits flancs par l’enfilade
dudit foffé , lorfqu’il eft établi par le chemin
couvert. L’expérience confirme aflez combien
cela eft avantageux à l’affiégeant ; car lorfqiie
M. le Maréchal .de Tallard fit le fiège de Landau en
1704 , on mit en brèche la courtine du front de
l’attaque par ces fouées. _ , c . . j
Touts ces défauts fe trouvent corrigés en prolongeant,
comme on le propofe, les faces des demi-
lunes jufqu’à l’alignement des contre-gardes ; 8c fi
l’on avoic encore lieu de les appréhender , on
pourroit élargir les gorges Si. agrandir là demi-lune,
comme nous avons fait , & cela ne contribueroit
d’ailleurs qu’à une plus grande perfection , puif-
qu’elles en feroient plus amples.
On objeCtera peut-être que les flancs des demi-
lunes qu’on retranche, défendent le paffage des
contre-gardes. Mais, comme l’ennemi peut ruiner,
ces flancs des mêmes batteries qu’il eft obligé de
faire pour ruiner ceux des contre-gardes, cette
propriété devient peu confidérable, & au contraire
très défavantageufe , comme nous venons
de le faire connoitre.
Il eft à préfumer queTe’nnemi monteroit à l’âf-
faut des contre-gardes ôc des demi-lunes d’un des
fronts de Neuf-Brifack en même temps, 8c il-
feroit de fa prudence de le faire pour deux raifohs.
. Premièrement , en n’attaquant que la demi-
lune feulement, il feroit obligé d’effuyer le feu
des contre-gardes , à quoi il ne feroit pas fujet en
les attaquant en même temps.
Deuxièmement, il eft fur de là réuffite-de cette
entreprife ; car , d’abord qu’il auroit gagné le haut
des demi-revêtements, il s’étendrait à droite Ôc
à gauche des brèches , 6c monteroit en aufli grand
front qu’il voudroit le long du gazonnage , lequel
eft pour lors tout déchiré , ôc par conféquent il
feroit fur de la prife de ces ouvrages, 8c des troupes
qui feroient dedans , li elles attendoient cette
extrémité pour fe retirer , d’autant plus' qu’on ne
pourroit lui oppofer aucun retranchement qu’il
ne pût dépaffer en fe coulant le long des b’ermes ,
6c c’eft-là généralement le défaut de touts les
ouvrages à demi-revêtus ; ce qui eft bien différent
de ceux qui le font entiè rementoù on pourroit
♦ réduire l’ennçmi à l’étendue de la brèche feulement
, & dont la rampe , formée par les débris de
fa maçonnerie , eft difficile à pratiquer ; d’ailleurs
on eft en état de la mafquer par des retranchements.
Ainfi on peut conclure que les revêtements
entiers , ou du moins jufqu’au cordon, font
Les meilleurs ; ce qui ne fouffre aucune difficulté.
Immédiatement après la prife de la demi-lune
A r t militaire. Tome, I I .
8c des, deux contre-gardes, s’enfuivroit celle du
réd uit, puifqu’il, feroit âbfolumen.t; impofiible d’y
communiquer, 6c même celle de la place , qui
pour lors , toute ouverte par la courtine , n’oppo^
feroit aucun retranchement à l’ennemi.
C e la feroit bien différent dans la fo r t if ic a tio n -
prop.ofée : car ne pouvant faire le paffage du foffc .
pour arriver aux faces des contre-gardes fans
avoir détruit .les flancs du réd u it, il feroit oblige
de p ren dre, premièrement, la demi lune , enfuite
ce réd uit, 6c après cela les contre-gardes; en f in ,
par ce moyen , on lui détailleroit la prife de ces
ouvrages. D ’ailleurs il trouveroit encore le corps
de la place dans fon entier , bien défendue par des
flancs qu’il feroit obligé de démonter par des batteries
.faites fur les contre-gardes. Alors on auroit
encore une capitulation fort honnête , . puifque l’on
pourroit pratiquer de bons retranchements dans
les baftions:, & cela a vec beaucoup de fa c ilité ,
étant rempli de terre.
O n connoîtra plus précifément la différence des
deux fyftêmes par le détail fuivant de leurs attaq
u e s , à commencer, depuis l’établiffement parfait
de.s lô^èmëhts du chemin couvert 6c de celui des
batteries, toutes .chofes étant égales de part ôc
d’autre, jufques-là.
F ig . 2 18. Plan des attaques d ’un des-fronts de
Neuf-Brifack , depuis letabliffement
- de la troifième parallèle , jufqu’ à la
prife de la place. '
A. 1 2 . P ie r r ie r s .
B . 12. Mortiers.
C . 8. Pièces de canon pour démonter celles
des' flancs , des contre-gardes, des
demi-lunes, du réd u it, Si des tours
baftionnées.
D . 12. Pièces'de canon* pour battre en brèche
les faces des contre-gardes.
E . 8. Pièces d e canon , pour battre en brèche
les. deux faces de la demi-lune.
F . 12 . Pièces de canon pour battre eh brèche
la courtine , 6 c , en ruiner les deux
petits flancs.
G . Paffage des ’foffés des’ contre-gardes.
H . P a f f a g è d u f o f f é d e l a d em i - lu n e .
I . Logement des contre-gardes.
L . Logement d e 'la demi-lune.
F ig . 2 19. Plan des attaques d’un des fronts de la
fortification p ro p o fé e , depuis l’établif-
fement de là troifième p a ra llèle, juf*
■ qu’à la prife de là place.
A . 12 . Pierriers. .
B . j 2. Mortiers.
C . 8. Pièces de canon pour démonter celle«
d e s fla n c s d e s c o n t r e - g a r d e s .
D . la . Piècës de canon pour battre-en brèche
lés faces des contre-gardes.
E. 8. Pièces de canon pour battre en brèche
les faces de la demi-lune.
B b b