
ployer pour faire brèche au mur de la v ille, fai-
toit prendre ce parti, &. que le canon pouvant
faire nne ouverture au mur allez promptement,
on a infenfiblement, pour ainfi dire , perdu l’ufage
de s’emparer des villes par Yefcaiade.
11 fe peut bien auffi que la difpolîtion de nos
fortifications modernes y ait contribué : les anciens
n’ayant point de dehors, on pouvoit s’approcher
tout d’un coup du bord de leur folle, defcendre
dedans , & appliquer des échelles le long du mur.
Nos dehors ne permettent pas un fi facile accès au
corps de la place : cependant lorfque le folle eft
fec , comme il faut communément qu’il le foit dans
les efcalades , il ne feroit pas impolfible, fi la
place n’avoit pour dehors que des demi - lunes
& fon chemin couvert, de ^parvenir à Yefcala-
d e r , fur-tout fi la garnifon en étoit foible; car
ces fortes d’entreprifes ne peuvent guère réuffir
contre une garnifon nombreufe , en état de bien
garnir fes polies 6l de le s ’bien défendre : mais
quand on fuppoferoit trop de difficultés pour y
réuffir dans nos villes fortifiées à la moderne, il
fe trouve fouvent, dans les pays ou l’on fait la
guerre, des villes qui ne font entourées que de
murailles terraffées*, & devant lefquelles il n’y a
qu’un fimple folle. Contre ces fortes de villes Yefca-
lade pourroit s’employer & réuffir heureufement,
comme elle a réuffi à Prague au mois de Décembre
•1741. ( Q . ). Voye^ Plag e s . ( attaques des')
.ESCARMOUCHE. Combat irrégulier & fans
ordre, entre *de petits corps de troupes qui fe
détachent, du corps principal.
Ce mot femble i|trê- : formé du mot François
efcarmouche , qui a la même lignification , & que
Niçod dérive du Grec xa.çp.i] qui lignifie en
même temps combat & réjouijfance. Ménagé le fait
venir de l’Allemand fchirmen, fe défendre : Du-
cange dit qu’il vien* de fcarmuccia, petite action,
de fcara & muccia, qui lignifie un corps de troupes
en embufcade ; parce que la plupart-des escarmouches
•fe font par des troupes en embufcade. Chambers,
Trev. & D i 61. ètymol.
Les efcarmouches s’engagent quelquefois malgré
le général, quelquefois auffi elles ont des vues
confidérables ; il faut faire celfer celles qui s’engagent
mal-'a-propos , le plus diligemment qu’il eft
poffible ; parce qu’elles peuvent attirer des affaires
défagréables, & qu’elles n’aboutiffent à rien, qu'à
faire ma.lheureufement tuer quelqu’un, qu’on regrette
en vain.
Celles qu’on engage à deffein , font pour recon-
noître un terrein; pour amufer .l’ennemi, .pour
lui cacher un travail , pour lui ôter la connoiffance
d’un mouvement, pour l’arrêter dans fa marche,
& donner le. temps au gros des troupes d’arriver,
ou Simplement pour faire des prifonniers, & avoir
des nouvelles.
Une maxime générale pour les efcarmouches,
eft de les faire engager par peu de troupes,
de les foutenir ayec beaucoup, étant d’une grande
conféquence dè ne point accoutumer l’ennethï 1
ramener impunément ceux par qui on a fait com-«
mencer l’efcarmouche, qu’il faut toujours faire foutenir
par un corps plus confidérable que celui de
l’ennemi.
C ’eft le terrein qui décide de la nature des
troupes que l’on fait efcarmoucher. Si c’eft un pays
de plaine , on y emploie de l’infanterie. Si c’eft
un pays mêlé, on y emploie de ces deux fortes
de troupes, que l’on difpofe de manière que ces
troupes puiffent tirer avantage du terrein fur lequel
on les aura placées.
Par exemple, on éloignera la cavalerie des
bois & des haies, parce qu’elle feroit trop aifé-
ment mife en défordre par l’infanterie ennemie ;
& on ne mettra pas l’infanterie dans la plaine ,
parce qu’elle courroit rifque d’être renverfée par
la cavalerie.
Je n’ai vu qu’un exemple d’une efcarmouche qui
ait engagé un combat, & qui a'uroit, félon les apparences
, engagé une affaire générale , s’il y avoit
eu affez de jour pour cela ; c’.eft celle qui, en
l’année 1677 , précéda le combat de Kokerberg.
Elle fut engagée par M. Harrand, officier général
de l’empereur, qui avoit un peu trop dîné , ( comme
il nous le parut après qu’il fut pris, ) & foutenu
par M. de Villars , colonel de cavalerie, commandant
de notre grande garde.
Comme j’ai parlé de cette aéfion lorfque j’ai fait
mes réflexions fur les combats particuliers, je n’en
reparle ici que pour faire reffouvenir de la maxime
que j’ai donnée fur les efcarmouches-, qui eft, qu’il
faut toujours faire ceffer toutes celles qui s’engagent
: légèrement, & fans objet. ( Feuquières.) .
E S C A R P E . Talud extérieur du rempart.-
Dans les ouvrages revêtus en*maçonnerie, Yefcarpe
commence au cordon &? fe termine au fond du
foffé ; dans.ceux qui font çonftruits en terre , Yef-
jcarpe commence à la partie fupérieure du parapet,
& fe termine de même au fond du foffé.
E SCORTE. Troupe qui accompagne un officier
ou un convoi, pour l’empêcher d’être pris par.
l’ennemi. Voyeç C o n v o i . .
Les efcortes doivent être proportionnées aux différents
corps de troupes qu’elles, peuvent avoir à
combattre. Si elles font,à la iuite d’un convoi ,
elles doivent être partie à la tête, partie à la queue,
& fur es ailes ; elles doivent auffi envoyer dés
détachements en avant & fur les ailes, pour examiner
s’il n’y a point quelques embufcades à
craindre de la part de l’ennemi. (Q . )
ESCOUADE. Divifion d’une compagnie d'in-
] fanterie. Ce mot n’eft point en ufage dans la cavalerie
: Yefcouade y eft nommée brigade. ( Q . )<;
Escouade Brisée. C ’eft une efcouade c.om-
pofée dè foldats de différentes compagnies.
Orfdonne le nom $ efcouade à la plus petite des
fubdivi fions des compagnies d’infanterie Françoife.
Chaque efcouade eft particulièrement foumife
à un caporal, Ç ’çft du mot efcouade que ce bas
officier étoît ^dtrefois appellé èap (Yefcouade.
Une efcouade dans les régiments qui font fur le
pied de guerre , eft compofée d’un caporal, d un
appointé &. de quatorze fufiliers.
Une efcouade fur le pied de paix, eft compôfee
d’un caporal, d’un appointé & de neuf fufiliers.
Les efcouades de grenadiers & de chaffears , font
éonftamment compofées d’un caporal, d un appointé
& de neuf grenadiers.
Quand les compagnies font au-deffus du comp
let, les premières ^efcouades font toujours les
lus fortes, mais elfes ne peuvent furpaffer les
ernières que d’un homme. Quand les compagnies
font au-deffous du complet, les dernières efcouades
font toujours les moins nombreufes ; la plus foible
ne doit cependant avoir jamais deux hommes de
moins que la plus forte.
La première efcouade, commandée par le premier
caporal, eft compofée du premier appointé,
du premier, du onzième, du vingt-unième, du
irente-unième , &c. fufiliers ; la fécondé efcouade,
commandée par le fécond caporal, eft compofée
du fécond appointé , du deuxième, du douzième,
du vingt-deuxième, du trente-deuxième , ôcc.
foldats.
En cherchant qyelle doit être la force des grandes
Vivifions d’un régiment appellées compagnies, nous
avons déterminé quelle devoit être celle d’une
çfçouade. Voye£ COMPAGNIE. (C . ) .
ESPADON. Grande &. large épée tranchante
des deux côtés. On s’en fer voit anciennement, &
elle étoit fi pefante qu’il falloit la tenir à deux
mains.
Aujourd’hui on nomme le fabre, efpadon, mais
feulement dans ces phrafes , maître, d’efpadon , c’eftr
a-dire maître d’eferime du fabre ; faire de l ’efpadon
3 c’eft-à-dire, s’eferimer du fabre.
ESPION. Perfonne envoyée par un chef militaire
, pour examiner les mouvements de renne-
mi 5 pénétrer fes projets, & en rendre compte.
Les efpions font de plusieurs efpèces. Il s’en
trouve dans les confeils des princes, dans les bureaux
des miniftres, parmi les officiers des armées,
dans les cabinets des généraux, dans les villes
ennemies, dans le plat-pays , &. même dans les
monaftères.
Les uns s’offrent d’eux-mêmes ; les autres fe
forment par les foins du miniftre , du général, ou
de ceux qui font chargés des affaires en . détail.
Touts font portés par l’avidité du gain. Qeft ,au.
prince &. à fes miniftres à. corrompre le ..cqnfeil de
fon ennemi. C ’eft au; général, &. à ceux qui concourent
avec lui au bien,des affaires, à corrompre
ou à former les autres. .
En général il faut toujours tirer des inftru&ions
'des efpions, ÔC ne jamais s’ouvrir à eux. 11 faut
pour un même fujet en employer plufieurs qui ne
le connoiffent point , ne cômmuniquer avec eux
qu’en fecret, les entretenir louyent de choies fur
lesquelles pu ne fe foucie ppiqt d’être ééfeirçi4
les faire parler beaucoup & leur dire pêu de chofe ,
afin de connoître leur cara&ère d’efprit & leur portée
; les faire efpionner eux-mêmes, après que l’on
fe fera féparé d’eux, pour fçavoir s’ils ne font point
doubles , ce qui arrive fort fouvent. E t lorlque ,
fur le rapport féparé de plufieurs, on croira être
certain qu’ils ont dit vrai, il faut encore les faire
garder féparément, & fi. c’eft pour exécuter une
entreprife , il faut les y mener touts féparés, les
queftionner fouvent, &. voir s’ils fe rapportent
dans les faits.
Il y a encore une troifième forte d'efpion, ou
au moins de gens de qui on tire des connoiffances
certaines, par les converfaiions qu’on a avec eux.
Ce font les gens du pays, que leurs affaires particulières
attirent dans le camp ou dans les villes,
& les prifonniers.
Les premiers ne doivent jamais être queftion«*
nés. Il faut les entretenir ou les faire entretenir par
des gens d’efprit, qui, fans affeéter de curiofité
les font affez parler fur des fujets différents, pour
tirer d’eux la connoiffance des chofes qu’on veut
fçavoir.
Les prifonniers , fuivant leur cara&ère, peuvent
être queftionnés un peu plus, ou un peu moins
durement, mais cependant toujours féparés les
uns des autres, & toujours conduits à la connoiffance
de ;ce® qu’on veut fçavoir, par de longs dé-<
tours de converfation!, afin qu’ils ne prennent point
garde eux-mêmes à ce qu’ils ont dit ; & qu’après
être renvoyés , ils ne puiffent mettre leur général
fur les voies , au fujet des intentions que l’on peut
avoir ; parce qu’en ce cas le général ne manquera
pas. de lâcher des efpions doubles ou des transfuges ,‘
pour donner des notions différentes fur ce qu’on
a voulu pénétrer , & faire ainfi prendre de fauffes.
mefures.
Il y a des pays.oh les efpions , qu’on peut avoir
dans les monaftères , font les meilleurs & les plus
Hirs. Le gouvernement des confciences eft un empire
fecrët, qui n’eft pénétré de perfonne , & qui
pénétre tout. L’emploi de ces fortes d’efpions eft
infaillible;, ou dans une place occupée par un
princeîd’une différente religion , ou dans un état ,
lors ; d’un changement de domination. On fe fert
même des femmes, ou pour en introduire dans
une ville , ou pour éprouver un camp, ou pour
porter des lettres, parce qu’elles font moins foup*»
çonnées que les hommes.
Il eft inutile d’entrer ici dans le détail de touts
les différents ufages des efpions. Il fuffit de dire
qu’un, prjnce r, un miniftre & un général ne peuvent
trop précifément fçayoir ce qui fe paffe dans les
états & armées amis ou ennemis ; &. qu’ainfi on
1 ne fçauroit ayoit trop d'efpions detoiite efpèce 6c
pour toute ferçe d’ufage. ( Feuquières.) .
Moyens d’éyiter que vos efpions ne foient découverts
& arrêtés.
^■ §tj:ad^ appelleras efpions « lçs oreilles &■ 1 e$
P P 1)