
foldats ; qiü font alternativement trop doux ou
trop févères, trop familiers, ou trop hauts ; qui
purifient quelquefois comme des délits ce qui rieft
qu’une faute legére , & qui traitent de faute ce qui,
dans les vrais principes, devroit paffer pour un
crime ; il a à conduire une troupe qu’il faut mener
d’une manière toute particulière, à qui il faut
toujours parler de l’honneur & de la gloire , &,
qu’il faut cependant punir comme fi elle ne con-
noifloit pas les loix qu’impofent ces deux fentiments.
Convenons-en don c , le rôle d’un capitaine en
fécond de grenadiers eft le plus difficile de touts
.ceux qu’ayent à jouer les officiers fubalternes.
Mais nous venons de nous occuper de la meilleure
manière de conduire les grenadiers & cependant
il peut fe faire que leur inftitution foit
vicieufe. C ’eft le maréchal de Saxe qui m’infpire
ce doute. Il dit ;
“ Je ne fuis point pour les grenadiers ; c’eft
l ’elite de vos troupes, & fi la guerre eft vive ,
cela les énerve de telle manière , que l’on ne
fçait plus d’où prendre des fergents & des caporaux
, qui font cependant l’ame de l’infanterie. Je
fubftitue à ces grenadiers les vétérans , qui doivent
avoir une plus haute paye que les ftmples foldats ,
& les armés à la légère. Pour tout ce qui s’appelle
affaire de vivacité ou de légèreté , l’.on prenr
droit des armés, à la légère, & l’on ne donneioit
des vétérans que pour les coups de collier férieux ;
& je penfe qu’il en réfulteroit un grand bien pour
le pied des troupes. On prendroit toujours un
lieutenant au choix du colonel , pour. le -faire
.capitaine des armés à la légère, & l’on marcher
toit par ancienneté aux vétérans , ce qui feroit
regardé comme le pofte d’honneur. Quelque chofe
que l’on faffe , on ne peut dans les régiments ,
lans faire un déplaifir extrême aux officiers,des
empêcher de marcher aux grenadiers, félon l’an-
ciennete , & cela vous confomme toujours ce que
vous avez de mieux. J’ai vu des lièges où l’on
? été obligé de renouveller plufieurs fois les corn*»
pagnies de grenadiers. Cela eft d’abord dit : on
veut des grenadiers par-tout, & s’il y a quatre
chats à feffer, ce font les grenadiers que l’on de*
mande, &. la plupart du.temps on les fait tuer
mal-à-propos. »,
Le paffage que nous, venons de tranferire nous
paroît infiniment précieux par les grandes leçons
militaires qu’il renferme ; cependant, nous ne
croyons pas qu’on doive les fuivre toutes*
Comme le mérite ne fait plus les grenadiers ,
Ils ne tariflent plus la fource des bas - officiers ;
ainfi un vice que nous avons reconnu dans la
conftitutipn de nos grenadiers rend cette première
objection, moins forte.
Les vétérans infpirés au maréchal de" Saxe par
les Triaires des Romains , ne peuvent nous convenir
& remplacer nosgrenadiers. En ôtant des compagnies
de notre infanterie, les hommes les plus
anciens, on les éneiYçroit encore davantage qu’en
ôtant les hommes les plus grands , & on formeroït
des corps qui ne pourroient fervir utilement què
dans un petit nombre de circonftances. En confiant
d’ailleurs les foldats vétérans à l’officier le plus
ancien, on fembleroit dire au premier capitaine
de chaque corps , voilà une place qui vous mènera
I peut-être à la gloire , mais plus fureriient au tom-
j beau, car vous ne devez la quitter que lorfque
vous cefferez de fervir ou d’être officier fubalterne*
! ' Quant à ce que dit Maurice ,~ fur la nécèflite
de ménager les grenadiers, on ne peut s’empêcher
d’y applaudir : en faifant un grand ufage des gr'e^
nadiers, on paroît. croire que la valeur-des troupes
peut réparer touts les maux que produit le peu
de fageffe dans les confeils. a - f ;-
Parmi les problèmes militaires relatifs aux gré-
nadiers, & dont la folution eft importante, on doit,
je crois, placer celui qui fuit : Lorfqü’on a quelque
aélion décrive à exécuter , doit-on mëtïre les?
troupes d’élite , . les grenadiers , par exemple , à la
tête ou à la queue des colonnes ? Si une-académie’
militaire propofoit jamais une pareille quéftiori, je
dirois que les troupes d’élite doivent être prefqué
toujours placées à la queue des colonnes. Pour
appiiyer mon opinion , je ctterois d’abord une
infinité d’exemples , entre autres celui des Romains^
des Sarrafins & des Turcs. Je dirois enfuite qu’eri
adoptant mon opinion, on ménageroit lé fangle
plus précieux ; on pourroit, ajouterois-je, encourager
les foldats ordinaires., en leur difamquëlés
grenadiers vontvenir exécuter ce qu’ils- n’ont fait
qu'entreprendre ; je montretois qiie k>rfquè"lës
troupes d’élite font repoüffées, l’efpoîr du fuceès
eft éteint, au lieu qu’il exifte encore quand elles
n’ont pas donné. Je finnois par faire remarquer
enfin , qu’une troupe d’élite fraîche & enbçn ordre ;;
& qui attaque un corps déjà ébranlé , ou au moins
.mis un peu en défordre, par des-foldats ordinaires I
doit néceffairement fixer la viéfoiré.
Nous devons obferver, en finiffant cet article ,r
qu’on femble avoir oublié l’objet de la première'
inftitution des grenadiers , puifque depuis la paix
de Verfailles, on n’a exercé aucun d’eux à charger
& à lancer une grenade. ( C. ).
G renadiers a cheval . ( Compagnie des )
.Cette..compagnie fut créée par Louis XIV, au
mois de Décembre 1-676, & unie à la tnaifon-
du ro i, fans néanmoins y avoir de rang , ni -de
fer vice auprès delà perfonne de fa majefté. Elle fut
tirée du corps des grenadiers, & çompofée d e '84
maîtres, non compris le s.offic iersp our marcher
ôc combattre à. pied & à cheval à la tête de la
maifon du roi. Elle a foutenu dans toutes les occa-'
fions. la.-.haute réputation-du corps - dont elle tire-
fon origine , & la gloire de celui auquel elle a1
l’avantage d’être àflbciée. Que nç pouvons-nous
füivré cette troupe de- héros dans le cours- de fes'
exploits ! Nous la verrions dès le mois de Ma£s;
1677 9 à peine, formée , & pour coup d’effai, attaquer
en plein jour , ayec les moufquetaires , le
chemia
Chemin couvert de Valenciennes, prendre d’affaut
touts les ouvrages, tuer tout ce qui fe préfenta
d’ennemis , monter fur le rempart, & emporter
la placé au moment qu’on s’y attendoit le moins ;
défendre enfuite celle de Charleroy , & obliger
ï’enrtemi à lever le fiège ; l’année luivante s’emparer
d’affaut de la contrefcarpe d’Ypres ; en 1691,
renverfer, au fameux combat de Leuze , & tailler
en pièces quatre efcadrons ennemis, & fueceflive-
ment le fignaler au fiège de Namur, à la malheureufe
affaire dé Ramillies , aux glorieufes & fatales journées
de Malplaquet & d’Ettingen, & à la célèbre
bataille de Fontenoy. Nous ne faifons que parcourir
rapidement ces époques, & nous en omettons beaucoup
d’autres confignées dans les faftes militaires
de. la France, à la gloire de cette valeureufetroupe.
Le roi en eft capitaine.
Le corps qui lui donna naiïTance , la foutient
encore aujourd’hui. Cë font les compagnies de grenadiers
de l’infanterie françoife qui fourniffent chacune
à leur tour les remplacements qui y font né-
ceffaires. Les fujets préfentés pour y être admis,
font févèrement examinés & éprouvés avant leur
réception. La taille , la figure, la bravoure, font
des qualités néceffaires; on exige encore la fageffe,
la fobriété , & les bonnes moeurs ; avantages qui ,
dans le.foldat, s’allient rarement avec les premiers ;
les fujets qui ne les réunifient pas touts, font refufés
& renvoyés à leurs compagnies.
Celle des grenadiers à cheval eft par fa création la
plus nouvelle de la maifon du roi. Elle a fouffert
plufieurs changemens depuis fon inftitution. Formée
d’abord de quatre-vingt-quatre maîtres, elle fut
portée peu après à cent-yingt, réduite à cënt en
1079, augmentée en 1691 jufqu’à cent cinquante
maîtres , remife à quatre-vingt-quatre en 1725 #
& fixée enfin à ce qui la compofe aujour^hui ;
fçayoir : un capitaine-lieutenant, trois lieutenants ,
trois fous lieutenants , trois marechaux-des-logis ,
fix fergents, trois brigadiers , fix fous-brigadiers ,
&. cent quinze grenadiers , formant un efcadron.
( Article de Mi D u r iv a l le jeune. ).
Cette compagnie fut portée à cent cinquante par
«ne ordonnance du 15 Juillet 17 5 9 , & elle a été
fupprimée par une ordonnance du 15 décembre
*775-
G renadiers de France. ( Corps des ) Ce
corps fut formé par ordonnance du roi dü 15 février
1749 9 de quarante-huit compagnies de grenadiers,
réfervées dans, les réformes de 1748, « pour continuer
, dit cette ordonnance, d’entretenir au fervice
de fa majefté des troupes d’une efpèce fi précieufe
a conferver ». Il eft compofé de quatre brigades,
de douze compagnies chacune , & a rang dans l’infanterie
du jour de la création des premiers grenadiers
en France. Un officier général le commande
fuperieurement fous le titre (dinfpetleur-commandant.
H y d’abord attaché un major pour tout le
régiment, quatre colonels, deux lieutenantsr-colo.-
nels, & un aide-major par brigade. Cet arran-
Art militaire. Tome. I l,
gement a fouffert depuis plufieurs changements.
Le nombre des colonels a été augmenté fuccefli-
vement jufqu’à vingt-quatre, & celui des lieutenants
colonels réduit à quatre. Le roi ayant encore
reconnu qu’un feul officier - major par brigade ne
pouvoit fuffire aux différents détails de la difcipline
& du fervice, fa majefté régla, par fon ordonnance
du 8 juillet 1756, que l’état-major de chaque
brigadë feroit à l’avenir compofé d’un fergent-
major & d’un aide-major , & que les places de
fergent-major feroient remplies par les aide-majors
aéhiels, pour en jouir aux honneurs, autorités &
prérogatives attribués aux autres majors de l’infanterie.
Le commandement en fécond du corps
fut en même-temps conféré à l’ancien major.
Lorfqu’il vaque des compagnies , il doit y être
nommé alternativement un capitaine des troupes
rég lé e sa yan t au moins deux ans de commiffion
de capitaine , & un lieutenant du régiment.
- Chacune des quarante-huit compagnies eft eom-
pofée de quarante-cinq hommes , & commandée
par un capitaine, un lieutenant, & un lieutenant
en fécond. L’un des deux lieutenants eft pour l’ordinaire
un foldat de fortune, que fon mérite &
fes fervices ont élevé au grade d’officier. Il y a
dans chaque brigade un fergent, un caporal ,
& onze grenadiers entretenus fous la dénomination
de charpentiers.
Le remplacement des grenadiers qui y manquent
fe fait chaque année par les compagnies de grena~
diersdes bataillons des milices du royaume, ( Voye^
ci-après G renadiers r o y au x . ) & les capitaines
payent à chacun de ces grenadiers de remplacement
la fomme de 30 livres , pour-lëuç tenir lieu d’«nga^*
gement pendant fix ans, au bout desquels ils re*-
çoivent leurs congés abfolus. Le roi leur fait délivrer
en outre une gratification de iix livres à
chacun, au moment de leur engagement.
Le régiment des grenadiers de France, depuis fit
création , n’a pas eu jufqu’ici éfoccafion de fe
fignaler ; mais que ne doit - on pas attendre dti
mérite dés officiers qui le commandent, de rex-
cëllente difcipline qui ,y règne, & de la qualité
des hommes qui le compofent ?
( Article de M. D u r iv a l le jeune. ).
G r en a d ie r po s t ic h e . Soldat choift pour
entrer aux grenadiers , avec lefquels, en attendant,
il fait le fervice quand la troupe n’-eft pas com-
plette. Dans l’infanterie françoife , le choix de ces
foldats fe fait a tour de rôle fur -toutes les compagnies
de fufiliers de chaque-bataillon , auxquelles
neanmoins ils reftent attachés jufqif à leur réception
aüx grenadiers. ( Voye£ ci-devant G renadier. ).
Lorsqu’ils obtiennent ce grade, le capitaine des
grenadiers paye 25 livres pour chacun aux capitaines
des compagnies dont ils ont été tirés, &
rend en outre l’habit & les armes.
Les foldats deftinés aux grenadiers ne peuvent
etre pris dans le nombre des hautes-payes des
compagnies. Si une compagnie en tour de fournir
H h h h
1 1:1