
d’avoir de quoi faire fubfifter leur cavalerie clans
un lieu convenable , ne purent pas cette campagne
s’oppofer aux progrès dés Impériaux.
Vons trouverez encore un autre avantage à être
prêt à vous mettre en campagne avant les ennemis ;
c ’eit qu’à la laveur de votre armée, vous pourrez
faire avancer un détachement dans leur pays 3
pour empêcher leurs partis de brûler ou de faire
tranfporter dans des polies fûrs les grains des lieux
ouverts , de faire retirer les troupeaux , & de
ruiner le pays que vous devez occuper. Le commandant
du détachement fera conduire dans des
polies de défenfe tours les beftiaux, l’huile, le vin,
le fromage, le froment & l’avoine qu’il trouvera,
lailTant toujours aux habitants ce qui leur e f t né-
ceffaire pour leur nourriture & pour les femences,
fans permettre ni incendie, ni p i l l a g e -, parce qu’il
ne faut pas commencer la guerre par des actes
d'hoftilités qui donnent lieu aux habitants d’abandonner
leurs maifons, & que les pillages expofent
fouvent à de très grands inconvénients, comme
on le verra dans la fuite.
On donnera aux propriétaires une déclaration
de tout ce que le détachement enlèvera, fuppofé
que le prince veuille le payer, pour s’attirer l’af-
feôion des peuples conquis : en ce cas on payera
les voitures & les charrettes du pays dont on fe
fervira, fi celles que votre détachement aura
menées avec lui en grand nombre ne fuffifent pas
pour faire promptement ces tranfports dans les
poftes convenables. Cette expédition feroit beaucoup
plus embarraflante, fi toute votre armée étoit
entrée dans la province ennemie, parce que, parmi
une grande multitude de monde, il y a toujours
beaucoup de défordre , quelques foins que les
généraux fe donnent pour l’éviter : d’ailleurs il
faut beaucoup plus- de temps pour entrer dans le
pays ennemi avec l’armée entière , que pour faire
avancer un détachement. Pendant ces entrefaites,
les ennemis retireroient en leurs places tout ce
qui auroit pu fervir à vos troupes. Je prouverai
dans la fuite que ces fortes de commifïions ne
doivent fe confier qu’à des hommes reconnus
pour intéreffés & extrêmement aéiifs. Autrement,
parmi tant d’occafions d’être fubornés , & au
milieu de tant de fatigues , le commandant du
détachement pourroit ne pas bien fervir ni fon
prince, ni vous - mêmes. H eft à propos aufli,
dans une pareille expédition , d’envoyer avec
le commandant un commifTaire ordonnateur &
quelques commiffaires de guerre 3 afin que de
concert ils tiennent compte & dreffent le rôle
de tout.
Quelques jours avant qu’Alexandre fe mît en
marche pour la conquête de la Phrigie, il détacha
Parménion , fon premier général, avec quelques
troupes & plufieurs charrettes , lui ayant donné
ordre de ramaffer tout autant de vivres qu’il
pourroit, pour fervir quand le gros de l’armée
arriveroit.
Des préparatifs nècejfaires pour un embarquement'
6* un débarquement.
J’ai prouvé que, pour porter la guerre fur les
côtes maritimes des ennemis,il faut être fupérieur*
en vaifleaux de guerre. J’ai fait voir combien il feroit
avantageux & ailé d’avoir en Efpagne cette fupé-
riorité. Comme c’eft dans cette luppofition que je
parle à préfent,'cherchons feulement les moyens
d’avoir des bâtiments de tranfports ; s’il y en a affez
dans vos états & dans ceux de vos alliés , n’en
frétez point des étrangers , pour nè pas faire fortir
de votre royaume, & de celui de vos alliés, cet
argent coniidérable que coûtent les frêts. D ’ailleurs
, les bâtiments qui font fous la dépendance de
votre prince , vous ferriront avec beaucoup plus
de fidélité que les étrangers , comme vous le
verrez par un exemple des Anglois, que je rapporterai
dans la'fuite.
Quand, dans votre pays & dans celui de vos
alliés , il n’y a pas affez de navires de xranfport, il
faut avoir recours à ceux des autres nations, en
prenant les précautions fuivantes.
Il faut écrire en un même temps au conful que
vous avez dans les divers ports des pays neutres,
ou aux perfonnes avec qui vous êtes en corref-
pondance, & que vous connoiffez pour fidèles ,&
fecrètes. Vous leur donnerez ordre de fréter par
mois autant de bâtiments qu’ils pourront, & de les
envoyer à tel ou tel port, dans un temps marqué,
fous prétexte de quelque commerce particulier.
Pendant qu’on prendra les mêmes mefures dans les
ports de votre prince , vos vaille aux de guerre fe
iépareront fur différentes côtes, pour arrêter les
bâtiments qu’ils rencontreront, & les conduire fur
vos côtes, où l’on conviendra du prix-avec les
patrons; & , autant qu’il fe pourra, on les obligera
de donner quelque riche marchand de leur nation ,
ou de leur connoifiance, établi dans vos états, pour
leur fervir de caution ; ou entre ceux d’une même
nation, ils fe rendront cautions les uns pour les
autres ; en tout cela il faut employer l’adreffe & la
douceur, quand il en devroit'coûter quelque argent
de plus, afin qu’on ne puiffe pas vous accufer
d’aucune violence, & afin d’éviter que ceux qui
naviguent fur ces bâtiments neutres ou amis ne
fe plaignent, & que leurs fouverains n’en foient
offènfes.
Lorfqu’un patron arrive chargé , & ne peut pas
vendre fa marchandife, on doit lui donner un magasin
pour l’entrepofer, & comme, dans ces occurences
, les maîtres des magafins demandent des
loyers exorbitants, on les taxera à un prix rai-
fonnable.
Je fùppofe qu’on ne frétera pas des vaifleaux
qui, pour être vieux, ou pour avoir été maltraités,
pourroient courir plus de rifque qu’à l’ordinaire
de fe. perdre , & ne pourroient pas faire force
de voiles pour fuivre les autres dans la roule.
Je fuppofe suffi que, dans la police du fret., on |
n oubliera' pas d’inlérer la ciaule que chaque n'a- 1
v ire , à proportion de la grandeur , fera obligé
d’entretenir Un tël nombre de mariniers, & d’avoir I
des vivres pour tant de jours.
Je confeille de fréter en même temps les bâtiments
de vos états, ceux des alliés & des pays
neutres, & d’arrêter les navires que vous trouverez
fur mer, parce que la dépenfe du .fret fera
moindre , à proportion qu’il fe paffera moins de
temps, depuis que vous aurez commencé, juf-
qu a ce que tout le convoi foit affemblé. Par rapport
a ce commencement, fuivant le mois oit vous
projetiez de faire l ’embarquement , vous devez
conltderer s il y a plus d’inconvénients à différer
! expédition, à .caufe des accidents qui peuvent
retarder plufieurs de ces bâtiments, ou à vous
expofer a leur payer un ou deux moisi de plus de
. at ’.en attendant que les troupes, les vivres l’ar-
tdlerie. , les munitions. & les autres préparatifs t
neceflaires pour l’entreprile que vous méditez
achèvent d’arriver au port défigné pour le dé-
>e S I fait <îue «PPeller les ordres que
Philippe V, mon maître, avoir donnés, & que don
ratigno executaffibien dans la dernière expédition '
contre-la.Sicile. Je fouhaiterois fort avoir l'état, de
cet embarquement : car je purs dire hardiment qu’il
” / en «ut jamais, ni de fi bien ordonné, ni de fi
•feien exécuté. ” .
Je pen-fe que l’entreprife ne doit pas devancer le
mois de mai, ni différer après feptcmbre ; pa'rce
que, dans les autres faifons, oh les tempêtes font
fréquentes, un coup -de vent fépare les gros convolé
qm tardent plufieurs jours à pouvoir rejoindre-
& qui peuvent quelquefois être pris par des petites ,
eicadres des ennemis. Les chevaux fouffrem extrêmement,
& il eft dangereux, dans ces faifons , de
s approcher des plages ouvertes’, ou pourtant un
débarquement fe fait beaucoup plus commodément,
comme je le'ferai voir bientôt!
,. extrêmement les confiais M. Enfila
us & S.ervius Futvius , pour s’être mis en mer
pendant certaine lunaifon fujette aux tempêtes &
avoir côtoyé la Sicile, où , par une bourafqûe,
»94navires romains fe perdirent,
t ’armée navale de Philippe I I , roi d’Elpavne
” eut P?,s un meilleur fort, lorfqu’elle fe mit enfrier’
pour 1 expédition de l ’Angleterre , cotitre des
hommes iages & expérimentés, qui confeiiloient
" attendre une fatfon plus favorable.
Si 1 intendantr général de la marine fe trouve
clans le port ou fe’doit faire l’embarquement, c’eft
a lui a difpofer toute chofe. En fon a-bfence , Tiri-
tendant de la province prétend que ces difpoficha"
r5i ene®Lden' ce n’eft Pas Ie brevet ou la
charge qu, donne la fcience : & s’il n’ell pas exné-
rimente dans pareille commiffiori, quel retardement,
quel défordre, quelle faute’, ’quel dépérft,
iemeiit n y aur-ou - il pas ? Parce .qu’en voulant
, : G U E 6 9 c
prendre 1e fentiment de chacun , il trouvera autant
d opinions- que d’hommes ; il défera aujourd’hui ce
qu fi avoir fait hier ; il ne diftinguera pas ie nécef-
faire du fuperflu, & fera une dépenfe inutile. Si ■
au contraire, il le range du côté de l’économie, il
faudra un procès pour chaque chofe des plus indif-
penfablement n-eceffa-ires. D ’ailleurs , s’il u’a pas
fiuv, les armees de mer ou de terre, il n’eft pas
polîrbfe qu’,1.réfifte- à la fatigue inévitable d’aller
de cote & d’autre par le fojeil , par la pluie &
W È f f l M Pour. voir comment s’exécutent fes
ordres dans la manne, dans les arfenaux, & dans
cce4tt“e lîiffttee in’ cro-“yabx,l e d attifants, de ppaetrrdornas dadnes
batiments de tranfports , d’o ffic e s de^rer & de
don7 ’ ^ de regtments qui s’embarquent. J i crois
donc qu au défaut de l’intendant général de la
1 , fer°rt ndeeffaire de don-nfr la furimer-
J “ de 1 embarquement ad commandant général
de la mer, aide d’un miniftre de -finances expéri-
mente ou quelqu’mtendant de guerre qui ef/dèja
ete employé a quelqu’autres embarquements, &
qui fut robufte-, aflif &. défintéreffé , parce qufiî
ne manquera pas d’occafions à le laffef du travail
ou a le laiffer gagner par M ÿ -W ’
Le funntendant de l’embarquernent, quel qu’il
Puiffe erre, doit fe choifir un Bon nombre d’o ff-
ciers ae manne , d’artillerie & de commiffaires
pour lui aider, a l’exclufion de toutes autres a;-
faires. Il ne chargera chacune de ces perfonnes
q“ e dune,(«uIe, chofe ; par exemple, de ce qui
I [partie uniquement le bois de charpente, le fer
les tonneaux , lés vivres, lesfangles/les-co’rdes.&c!
de manière que chacun n’ait à triitc-r qu'avec des
w Ë Ê È s Ê È M m ptofeffion. Il tiendra un
‘ comP,te exaflde fout ce qu’il fait faire, & pour
cceë qquui feexx,iffiteV,&T e’'n1 3q duiefln libelulé', ’ && dàe < lufoi u1 td ceeb oquuit
i T r v eq;-fe- n ^■ <ri antité de abaque chofe , dont
il a ete charge. On donne à chacune de ces pe--
fonnes deux, ou trois autres d’un rang inférieur
reTr/ eT r foUS !sUrS ordres> & l’on choifira pour
Kré & é c r irT “ aeftife, qui fçaehent
Oes premiers aides de l’embarquement, s’il eft '
pernus de les appeller. ainfi, fe rendront tou,s les
* furin,ënLnt'génLhr% e0^ q“ tend ’a mai!° n
Le funntendant, après avoir noté ce M
trouve ueceffarre pour fon propre arrangement
donnera a chacun par écrit les ordres de°ce nffiï
doit faire ; fi c eft pour diftribuer quelques chofe«
celui a qui elles feront données m e tL fon reçu
dernere l'ordre. Pour la prompte expédfoon de
donne"5 7 7 ’ - eft nefteffaire de
I donner dans la journée , le foi-intendant paffera quelques hear de k mat;née & de
à I endroit ordinaire du débarquement du pot,
accompagne de Ion fecrétaire, & quelques fergentî