
mettent en mouvement pour faire un trou en
manière de petit puits , capable de contenir une
certaine quantité de poudre. Après avoir chargé
cette petite mine, on bouche le trou avec un
tampon chafle à force, afin que la poudre falFe un
plus grand effet; on y met le feu par le moyen
d ’un morceau d’amadou qui, ne fe communiquant
à la poudre qu’-au bout d’un certain temps , laiffe
aux ouvriers la liberté de fe retirer. La mine ayant
écarté & ébranlé les p ie r re so n en fait le déblai ,
& on répète la même manoeuvre autant de fois
qu’on le juge nécefîaire.
Avant que de commencer la fouille des terres ,
il eft de la dernière conféquence d’en bien indiquer
le tranfport & de fçavoir la quantité qu’il en
faudra pour la conftruélion du projet que l’on veut
exécuter ; ceux qui font ce projet doivent en
donner des mémoires , afin que les profils étant
bien appliqués , on ne s’approfondifle qu’à proportion
des remblais qu’on aura à faire. C ’eft
ordinairement la nature du terreiu qui détermine
le parti que l’on doit prendre, car fi l’on peut
creufer à fec jufqu’à 18 ou 20 pieds, on ne fera
pas obligé de faire les foliés-fort larges, parce
qu’en les approfondiffant , on aura toujours des
terres, fuffifamment, & les ouvrages en feront de
meilleure dçfenfe , à caufe qu’ils ièront moins découverts,
Si le terreur eft aquatique , fk qu’on ne
puiffe enfoncer aufia avant qu’on le voudroit fans
être incommodé des eaux, alors on prend fur la
largeur ce que l’on ne peut tirer de la profondeur ;
mais., je je répète , toutes ces confidérations
doivent dépendre du prcjet ; ainfi dans l’exécution,
il ne s’agit que de bien diriger les atteliers.: Cet
article demande beaucoup de circonfpeétion ; &
quoique la chofe ne pareille qu’une bagatelle , j
je crois qu’on conviendra qu’on n’a guères exécuté
de grands travaux , fans qu’il y foit arrivé
quelque mal-entendu dans le maniement des terres.
I c i , faute d’en avoir fait un amas allez conlidé-
rable avant que d’élever les revêtements, on eft
obligé , pour achever l’ouvrage , d’en rapporter
par de longs circuits qui augmentent les relais , par
çonféquent la dépenfe. Là , pour n’y avoir pas
fait allez d'attention, il s’en trouve une trop grande
quantité, qu’il faut dans la fuite tranfporter ailleurs ;
peut-être même auprès de l’endroit d’où' on les
avoit tirées , de forte qu’une toifç cube, qui
n’auroit dû être maniée que deux fois , l’une pour
la tranfporter, l’autre pour la mettre en oeuvre,
a été promenée à différents endroits inutilement,
ce qui en double ou triple la valeur. Au relie , je
fçais bien que cela n’arrive point à ceux qui ont
pne grande connoillance des travaux, parce qu’ils
fçavent prévoir, dès le commencement de l’ou-r
yrage , les fuites des moindres chofes.
Pour faire yoir de quelle manière on peutefti-r
mer allez jufte la quantité de terre deftinée à la
conftru£fion d’un ouvrage , nous fuppoferons
qu’9!î a traçé fuj* un terrein: feien uni ? & dans
lequel on peut approfondir à. fe c , un front de
poligone A B C D E F , \fig> 296. ) dont le folié
eft terminé par. la contrefcarpe G H 1, & que le
rempart qu’un veut élever eft exprimé par le
profil A B D K MX . Cela pôle , comme la terre
qu’on doit porter du coté de la place , &. qu’on
voit exprimée ici par K K K , & c . , dépend de
l’élévation du rempart, nous ferons comme fi le
revêtement devait avoir 30 pieds de hauteur,
depuis le tond du folié jufqu’au cordon , 6c le
folié 18 pieds de profondeur. En ce cas, pour
que toutes les parties du profil l'oient bien proportionnées
, il faut que la hauteur B C du rempart,
du côté de la place , foit de 12 pieds & demi, la
rampe A C , de 19 & demi, la largeur C E , de
30 , la hauteur E D , de 14 , la rampe E G de la
banquette, de 3 , fa largeur G L , de 4 ôc demi;
6c la hauteur F G ou H L , de 1 5 & demi. Enfin-,
le parapet devant avoir 4 pieds & demi de hauteur
, K N fera de 20 pieds, & LN d’un 6c demi ',
& fi l’on fait abftraélion des contre-forts , 6c qu’on
fuppote, pour abréger, que le revêtement ait 5
pieds d’épailleur au fommet, M I fera 18 pieds1,
ôc V I de 13 : or , fi l’on cherche la. luperficie de
toutes les parties dont, nous venons de donner
les dimenfions , on trouvera qu’elles compo-
fent enfçmble 907 pieds quarrés , d’où il faut
retrancher la partie des contre-forts qui eft au-
deffus de la ligne horifpntalç A T , après en avoir
fait la réduélion , ainfi qu’on l*a enfeigné dans
l’article 46 , & l’on trouvera qu’elle eft^ équivalente
à 26 pieds quarrés qui, çtants retranchés de
907 , Ja- différence ’fera de 881 pieds quarrés,
quand on aura égard qu’au profil , mais qui deviendra
des pieds cubes , en fuppofant que le
profil a un pied d’épailleur. Si l’on veut fçavoir
combien il faut de toifes cubes de terre par toifes
courantes , on réduira les 881 pieds en toifes
quarrées , pour avoir environ 24 toifes 6c demie ,
qui étant multipliées par une toife ., donnera 24
pieds & demi de toifes cubes , ç’eft-à-dire , que
fi la face d’un baftion a '50 toifes de largeur, il
faudra à peu près 1225 toifes cubes-de terre pour
former cette face. Mais fans s’embarrafler de ce
qu’il faut pour chaque partie dp front, il fuffira ,
après avoir trouvé la luperficie du profil. A B D H
K M I , & en avoir retranché les contre - forts ,
réduits de divifer 881 pieds par la profondeur qu’on
veut donner au folié, c’efbà?dire ï8 , & l ’on
trouvera environ 49 pieds pour la largeur R S de
la tranchée , qui, ayant 18 pieds dç profondeur ,
fournira les terres nécelfaires à l’élévation du
rempart. Ainfi, traçant une ligne L M N Q P Q ,
parallèle aux parties du front A B C D E F , en forte
qu’elle foit éloignée de 49 pieds du derrière de la
muraille, on aura î’efpace que dpit occuper la
tranchée dont je parle , ppifqu’une toile courante
dç la vuidange de cette tranchée fournira des
terres pour une toife courante de rempart , ce
cui eft évident, puifque 6 pieds de longueur ,
49 de largeur , & 18 de profondeur, donne 24
toifes cubes 6c demie.
Selon l’eftimation précédente, j’ai fuppofé qu’il
étoit queftion des baftions vuides, dont le terre-
plein leroit de niveau avec le rez-de-chauflée de
la place. Si on avoit des raifons pour le faire autrement,
loit pour^r conftruire des fouterreins, ou y
élever des cavaliers, on pourra toujours, en 1e
réglant fur les profils , fçavoir de combien il faudra
augmenter la largeur de la tranchée , poui;
avoir une quantité de terre fuffifante ; car j’entends
qu’il .faut toujours en faire l’amas avant que de
conftruire le revêtement.
A mefure que l’on fait le déblai des terres, on
les porte à 8 ou 10 toifes du côté de la ■ place ;
fi le terrein eft de bonne confiftance 6c qu’on ne
craigne pas les eboulements, on donne aux banquettes
O P , qui doivent fe trouver derrière le
revêtement le plus de hauteur qu’il eft polfible , &
une largeur fntfifante feulement pour le foutenir,
afin que quand la muraille fera élevée, Ion n’ait que
peu de remblais'à faire ; ce qui diminue la poullée
des terres : à l’.égard des banquettes S T , qui fe font
du côté de la campagne , il faut leur donner beaucoup
plus de largeur que de hauteur, afin que les
travailleurs puiffent les pratiquer commodément.
Quand on a creufé jufqu’à la profondeur PS ,
que doit avoir îefoflé, on fait une nouvelle tranchée
PQ R X , pour les fondements delà muraille ;
les terres qui en proviennent fe jettent du côté de
la campagne , 6c fe tranfportent, auffi bien que
toutes celles qui étoient reliées dans le folié, aux
endroits marqués pour la conftruélion des ouvrages
de dehors ; on obferve, à mefure qu’on en fait la
vuidange, de laifler des témoins de diftance en
diftance, ou des profils pour fervir à faire les
toifés.
Des fondements dans toutes fortes de terreins, &
principalement dans lés mauvais.
Il femble qu’avant que d’enfeigner la conftruélion
des fondements, j’aurois dû dire quelque
chofe fur les précautions que l’on prend pour fie
mettre en état de travailler dans les lieux aquatiques,
expliquer la façon des batardeaux que l’on'
conftruit pour fe garantir des eaux étrangères, ou
pour faire des épuilements avec le fecours des
machines que l’on a imaginées à cet ufage ; détailler
les propriétés de ces machines, afin de
donner la préférence à celles dont on peut fe
fervir le plus utilement. C ’eft aüffi te que j’ai fait
dans un chapitre allez long que j’avois deftiné à-
précéder immédiatement celui-ci ; mais ayant fait
réflexion que fa véritable place devoit être, dans
l’architeélure hydraulique, c’ë ft-à -d ire dans là
fécondé partie de cet ouvragé, je m’en fuis tenu à
ce dernier parti ; c’eft pourquoi j’y renvoyé lé'
leéléur.
La première connoillance dont il faut être pré- j
venu, eft la nature des terreins qui fe rencontrent
en approfondifïant, &. quoique leur diverfité foit
très grande, on peut cependant la réduire à trois
eipèces principales. La première eft celle de tuf &
de roc ; ce dernier eft facile à connoître par laré-
fiftarice que des terraffiérs trouvent à fouiller.
La fécondé efpèce.de terrein eft celle de fable ,
dont on en diftingue de deux fortes; une eft le fable
ferme & d u r , fur lequel on ri’héfite point à établir
des fondements, & l ’autre le fable mouvant,
| le peu de confiftance rie permet pas qu’on travaille
deilus, fans prendre quelque précaution pour prévenir
les accidents. On diftingue le fable mouvant
d’avec le ferme, par le moyen d’une fonde de fe r ,
dont le bout eft fait en tanière , afin de voir en la
retirant la nature du'fond qu’elle a percé. Ldrf-
qu’elle réfifte & qu’elle, entre avec peine, c’eft
une marque que le fiable éft dur, au lieu qu’on
doit juger du contraire fi elle entre facilement.
Quand on eft obligé de fouiller fort avant pour
rencontrer le bon tond, on allonge la fonde par le
moyen de plufieurs branches de fer qui s’ajuftent
bout à bout avec des vis en écroux. Il fe rencontre
dans les' lieux aquatiques en un fable d’où
il fort de l’eau quand on marche deflus, ce qui l’a
fait nommer fable' bouillant , qu’on ne doit pas
confondre avec le mouvant, puifqu’il s’en trouve
fouvent fur lequel on peut afîeoir des fondements
très folides, comme nous le ferons voir ailleurs.
’ La troifième eft celle de terre, dont on distingue
de quatre fortes , la terre ordinaire , la
grafle, la glaife, & celle de tourbe. La terre ordinaire
fe trouve dans dés lieux fecs & élevés ; U
terre grafle eft préfque toujours compofée de vafe
fans réfiftance, & rie fe trouve guère que dans les
lieux bas; on ne peut y fonder qu’avec de grandes
précautioris ; pour la glaife, elle fe trouve indifféremment
dans les lieux hauts & bas. Quand elle eft
! ferme & quelle forme un banc d’une épaifleur con-'
fidérable , on peut y fonder hardiment, pourvu
qu’on foit fur qu’elle fie trouve par-tout d’une
égalé confiftance , fans quoi il faudroit prendre des
méfures convenables à la nécèflifé. Pour la terre
de tourbe, elle ne fe trouve que dans les .lieux
aquatiques & marécageux ; c’eft une efpèce de terre
J grafle, noire 6c‘ bitumineuf«, qui fe çonfume au
j feu après l’avoir' fait fécher, & dont l’ufage eft
très commun aux Pays-Bas ; il y a des gens qui
j prétendent que cette terre provient des différents-
acéroiflemènts que certains cantons ont reçus en
; s'élevant par la fuite des temps. Ce qui favorife-
ce'tté opinion, eft qu’en fouillant dans un terrein
j b o u r b e u x , on y a trouvé des arbres d’une g r o f i -
feur cônfidérab'.e, J & touts les autres veftiges d’un beu qui a été autrefois découvert. Au refte, il
! n^éft point aftèz f o l i d e pour y afîeoir des fionde-
à moins -qu’on n ait recours à ce que l’art
ciTinduftrie peuvent fournie en pareil cas.
Indëperidamment dés foins qu’on doit prendre
pour avoir une parfaite connoillance du fond fur