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m en t, ou le déchargement des co n v o is , ce qu’il
v e r ra fur les régiftres. C e t article réuni monte
à de grands fra is , & c’eft un des endroits par où
l e munitionnaire fouffre le plus par la mauvaife
fo i de fes commis.
Pour y apporter quelque ordre, s’il y a deux
commis dans la même place , il faut que l’un contrôle
l’autre en t o u t , & qu’il mette fon v u non7
feulement fur le rôle des ouvriers qui fe dreffe
toutes les femairies ; mais encore fur touts les
marchés & les acquits des payements. Le contrôleur
général examinera aufli fl les voitures fe font avec
toutes les précautions que j’ai marquées dans les
inftruCtions des garde-magafins.
J’ai oublié dans cette même inftru&ion d’établir
l ’ufage des brouettes ; il y eft de la plus grande
utilité pour la promptitude du fervice & pour
épargner de traîner les facs du bout d’un magafin à
l’autre, comme on le fait fans ceffe. L z contrôleur
général tiendroit la main à cet établiifement.
S ’il vifite des places de gue rre, il aura foin de
prendre des états au vrai de toutes les munitions
qui feront en magafin pour voir la confommation
qui s’y fa it, &. il donnera fes avis pour y faire transporter
des effets en cas de néceflité.
11 examinera fi le pain eft bon & du poids de
l ’ordonnance ; s’il en trouve de lé g e r , il le faifira,
caftera le boulan ge r, & le pfîvera de l’utilité de
fon décompte, qu’il fera appliquer à une aumône.
S i quelque boulanger fe plaint aufli des commis,
il prendra connoiflance du fa it , réglera le débat
fùr le champ, & f ila chofe eft g rave , il en donnera
avis au munitionnaire.
S’il y a des équipages de v ivres dans les lieux
par où il pafle , il en fera la revue pour connoître
feulement le nombre des chevaux & l’état où ils
font ; verra s’il manque quelque o ff ic ie r , fi les
charretiers font leur devoir, & s’ils font p ayés ; examinera
les fourrages & les avoines qu’on d é livre ,
fi les rations qu’on donne aux ch ev au x, ne font
ni trop for te s , ni trop foibles ; prendra connoif-
fanee des régiftres portatifs des capitaines, pour
v o i r , en cas qu’ils foient traitants, s’il ne leur a
point été trop avancé d’argent , & en paraphera
lès pages , en mettant fon vu fur la dernière.
11 prendra des rôles de touts les payfans qui vo i-
turent dans fon département, éleCtion par éleCtion,
& paroifte par paroifle , ou communauté.
S’il pafle par la ville où l’intendant fait fa réfi-
d e n c e , il va le faluer , & pi en dre fes ordres ;
mais s’il y a un commis général dans la même
p la c e , il ne verra l’intendant qu’avec lu i, encore
faudra-t-il qu’il y ait néceflité pour cela. A u fur-
plus , il communiquera au commis général tout ce
qu’il aura fait dans le département, & ils prendront
enfemble les mefures convenables pour corriger les
fautes & travailler de concert à ce qui fera néceflaire
p o u r l'utilité du fervice .
• Après que le contrôleur général aura achevé fa
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tournée, il efl dr eflera un mémoire inftruéfîf, dônt
il enverra une copie au munitionnaire, Tautte au
général des vivres auquel il eft fubordonné.
Je trouverois à propos que le contrôleur fît
compter les commis touts les mois par bordereaux
certifiés d’eux fuivant leurs régiftres ; cela les em-
pêcheroit de prendre des mefures comme ils font,
quand on les laifle long-temps fans rendre compte.
J’ai dit que ce contrôleur général, expérimenté
& capable comme il doit l’être , pourroit'aller
joindre le général des vivres au camp pour fe
charger de la direction fous fes ordres ; cela le
foulageroit de ce détail prodigieux dont nous
avons parlé, & auquel un homme appliqué à l’idée
générale n’a pas fouvent le loifir de vaquer.
Alors il prendoit le foin de vifiter les travaux
de la munition, allant de temps en temps avec
les convois dans les places ; il aftifteroit aux diftri-
butions, il drefleroit les procès-verbaux de pertes 9
il feroit faire les revues des équipages , pourvoi-
roit à leurs befoins ; enfin , il réuniroit en lui
tquts les emplois , & en cas d’abfence du général
des vivres , laquelle peut arriver par des néceflités-
ou par maladie , il iroit à l’ordre , & lui fuccéde-
roit ; ainfi l’établiflément de ce commis deviendroit
fort néceflaire pour le fervice , & pour l’intérêt dut
munitionnaire.
La campagne étant finie , il aflifteroit à tout ce
que nous avons dit touchant le licenciement des
équipages , & recommenceroit enfuite la vifite des
magafins dans ion département, ou pour mieux
dire , par toute la frontière, en la manière que je
l’ai expliqué ci-deffus.
Contrôleur général des équipages*
L’emploi de contrôleur général des équipages ne
doit être confié qu’à une perfonne qui ait eu de l’éducation
, & qui foit d’une grande probité, qui
ait travaillé à la direction de l’armée ; qui ait été
enfuite premier commis d’un capitaine général ou
d’un contrôleur des équipages , afin qu’il connoifle
& l’ordre des bureaux, &. la forme des ordres
qu’il doit autorifer par fon vifa. Il doit fe connoître
en chevaux , & à touts les détails fournis à fon
contrôle ; il faut qu’il foit v i f , qu’il fçache décider
& trancher fur les difficultés ; qu’il foit économe y
fans cependant léflner , afin que le fervice fe fafle
rondement ; qu’il s’applique à parer les dépenfes
inutiles ou fuppofées , &. fur-tout qu’il foit toujours
en garde contre la furprife des capitaines.
Le contrôleur aura un régiftre coté &. paraphé
par l’infpecteur général ou le directeur.
Ce régiftre lui fervira de journal pour infcrire
toutes les pièces qu’il vifera, concernant la recette,
dépenfe& confommation des capitaines d’équipage
pour la fubfiftance des chevaux, leur panlement, &
leurs médicaments ; l’entretien des charrettes &
harnois ; les états de fuflftance -pendant les routes.
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& féjoürs; les ordres de convois; le déchargement 1
dans les places, ou dans les fours conftruits a la
fuite de l’armée ; la fortie & la rentrée des chevaux ;
malingres éclopés ; les revues, qui feront faites
mois par mois pendant le quartier d hiver ,. &
de quinze en quinze jours pendant la campagne ;
les ordres de détachement de partie des équipages ;
les ordres de fourragement, l’évaluation des fourrages
qui en feront provenus, & leur confommation
; les promotions , déplacements, ou révocation
des capitaines, conducteurs, &. le conge &
remplacement des charretiers & ouvriers ; les certificats
qui feront donnés aux charretiers malades
pour entrer aux hôpitaux, & le jour qu’ils rentreront
à l’équipage ; & généralement tout ce q u i,
par le capitaine général, conjointement avec le-
contrôleur des équipages, fera ordonné aux capitaines
de charrois , qui, de leur part, ne pourront
faire aucune recette , ni dépenfe valable , ni dif-
pofer de leurs chevaux , charrettes , harnois , uf-
tenflles , ni fourrages , s’il ne leur eft ordonné par
le capitaine général, & fi le contrôleur ne 1 autorife ;
& comme les devoirs des capitaines d’équipages
font prefcrits par leur inftruétion , le contrôleur doit
de fa part en fuivre, & faire fuivre de point en
point l’exécution, tant à leur égard, qu’en ce qui
le concerne.
Les quantités ou fommes ainfi enrégiftrées feront
écrites en toutes lettres, fans renvoi, diftance,
ni rature, &. répétées en chiffres hors ligne , à la
fin de chaque article , fans addition ; le controleur
numérotera chaque article, & mettra le numéro
de chacun, fur la pièce qu’il vifera.
Touts les dimanches matin le contrôleur des
équipages fera faire une copie de fon journal,
contenant les articles qu’il y aura infcrits du dimanche
précédent au famedi fuivant , &. après
l ’avoir collationnée , il la certifiera , la fignera &
l’adreffera, pendant l’hiver, au directeur du département
qui luffera indiqué par le munitionnaire,
& pendant la campagne au directeur des comptes
à l’armée.
Il fuivra, à l’égard des procès-verbaux, ce qui
eft porté au chapitre V i l de l’inftruétion du capitaine
de charrois, à laquelle on le renvoie pour
éviter les répétitions. D ’ailleurs 9 on croit que la
plus ample inftruCtion doit être donnée à ceux qui
étant chargés de la manoeuvre , n’ont point la
théorie , ni la pratique des bureaux ; ceux au contraire
qui l’ont, comme le contrôleur qu’on en tire,
n’étant chargés que de fuivre foigneufement l’exécution
, ont un grand avantage fur les autres; ils
n’ont qu’à fe rappeller ce qu’ils ont vu faire, & ce
qu’ils ont exécuté eux-mêmes pour l’économie d’une
bonne adminiftration qui leur eft familière ; lire
une fois ou deux ce qui eft prefcrit aux fubordonnés ;
ils doivent réuflir parfaitement, & même fuppléer
à ce qui pourroit avoir été omis , & que l’occurence
exige ; c’eft le propre des perfonnes deftinées
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à conduire les autres ; & rien ne doit être plus
flatteur pour celui qui penfe, que de fe faire distinguer
dans fon état, & par-là feu l, fans avoir
recours aux protégions, en mériter une encore
plus éminente. C ’eft une émulation qui a toujours
élevé les grands hommes au-deffus de ceux à qui
la naiflance fembloit avoir donné de plus grands
avantages; mais que l’indolence ou le défaut de
fentiments ont empêché d’en profiter.
Le contrôleur veillera avec une grande attention
à ce que les capitaines tiennent régulièrement leur
journal, qu’ils envoient des copies exaCtes touts
les dimanches au directeur ; il les inftruira, s’il
connoît qu’ils manquent d’ordre & d’arrangement ;
mais s’ils font parefleux , s’ils négligent leurs équipages
, & qu’il reconnoifle en eux une mauvaife
volonté déterminée , ou une incapacité infurmon-
table , après la deuxième réprimande , de concert
avec le capitaine général, & de l’agrément du
général des vivres à l’armée , il fera fait choix de
quelqu’autre pour le remplacer.
Il vifltera fouvent les équipages, & fe fera accompagner
par les maréchaux, charrons & bourreliers
principaux, pour connoître fi les chevaux 'font
bien tenus , bien panfés, fi les charrettes &. harnois
font en bon état, & en cas du contraire , il y
fera inceflamment pourvoir.
1 II aura attention à ce que la police dans le parc ÿ
foit bien obfervée ; il aura des gens affidés, pour
veiller à ce que les capitaines, conducteurs, ou
charretiers ne fortent aucune avoine ni fourrage par
les dehors ; il feroit à fouhaiter qu’il n’y eût qu’une
feule entrée à chaque parc d’un équipage, que
fi le terrein le permet, ils fuffent touts réunis autour
d’une place commune, où chaque entrée débouchât
, & que cette place n’eût qu’une feule ifliie ;
qu’à mefure qu’il y auroit des voitures de détachées
les autres fuflent rapprochées pour boucher les
vuides , fur-tout pendant la nuit. S’ir lui revenoit
que quelques capitaines, conducteurs, ou charretiers
fortifient des avoines & des fourrages par les derrières
, & qu’ils en revendiflent, après s’être bien
affuré du fait, de concert avec le capitaine général,
il les dénoncera au grand prévôt, pour faire fubir
aux délinquants, les peines portées par l’ordonnance
du roi pour la police des vivres.
Le contrôleur des équipages doit touts les jours
aller à l’ordre chez le général des vivres à l’armée ,
& en fon abfence, ou en cas de maladie, chez
l’infpeCteur général.
Il n’eft comptable d’aucune manière après la
campagne ; il remet fon journal à la direction des
comptes à l’armée ; on lui expédie fon décompte ,
& la compagnie lui fait remettre un nouveau régiftre
pour fuivre les mêmes errements pendant le
quartier d’hiver & la campagne fuivante.
C O N V A L E S C E N T S . .C e mot fignifie des
foldats qui font fortis de$ hôpitaux guéris de leurs
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