
prête du tabac à fumer & en poudre î la garence
y c ro ît, 8c on en tire le -^>arti convenable. Les
tanneries font en grand nombre, 8c le pays exporte
une quantité confidérable de fouliers. On
y fabrique des draps de plufieurs qualités j il ÿ
en a de fins , de moyens & de plus gros : la fabrique
des premiers eft établie à Goertingue 5 ils
approchent de ceux de Hollande pour la fineffe
8c la folidité des couleurs. Les manufactures fournirent
aufli des demi-draps, des frifes, des flanelles
, 8cc. des étoffes en forme de draps, du
raz 8c des ferges drapées , de la ratine, du mo-
leton, du drap de ro i, de dames , auxquelles il
faut ajouter les camelots d’une feule couleur ou
de couleurs mêlées , des callemandes , des moires
, des étamines, des chalons , de, la pluche ,
8cc. Il s’y fait aufli des chapeaux de poil 8c de
laine , des bas 8c des étoffes 'de foie, des galons
d’or 8c d’ argent 8c des broderies. On y trouve
des blanchifleries de cire & des raffineries de fu-
ere , des verreries, des fabriques de fe r , de cuivre
, de laiton j des manufactures d’armes blanches
, des moulins à poudre, à papier, &c.
L ’exportation ’annuelle de ces états en grains ,
en lin, en chanvre & en bois de conftruCtion>
celle des tourbes , du bétail, du fel 8c des minéraux
de différentes efpèces 5 celle du fil* des greffes
toiles, 8c autres ouvrages des fabriques» &
manufactures produifent des fournies d’argent très-
confidérables. D’ un autre c ô té , ces pays manquent
de plufieurs productions naturelles & de
différens ouvrages de manufactures qu’ils tirent
de l ’étranger.
Religion. La religion luthérienne eft la dominante
dans ces états en général. Il y a à-peu-près
églifes paroifliales , divifées en quarante-trois
furintenefances particulières , qui elles - mêmes
font partagées en fept furintendances générales.
Les réformés ont fept églifes dans les états électoraux
proprement dits , 8c autant de communautés
dans le duché de Breme. Si les catholiques
romains ont une églife & une école dans
la ville de Hanovre, c’eft en vertu d’une convention
particulière , faite en 1692 entre l’empereur
& l’éleCteur , qui de fon côté régla , par
l’ordonnance de 1 7 1 3 , l’exercice de cette religion
; les prêtres féculiers catholiques ne peuvent
faire aucune fonction de leur état , fans avoir
été précédemment confirmés par l’éleCteur. L’exercice
de cette même religion eft libre aufli dans la
ville de Goettingue & dans celle de Hameln. Les
juifs font tolérés 8c même protégés dans les états
électoraux ; des privilèges obtenus en 1687, confirmés
8c augmentés en 1697, 1716 & 17^7 ,
leur permettent de choifir un rabirt provincial,
qui dirige leurs fynagogues, 8c qui veille fur leurs
loix 8c leurs cérémonies.
Adminijlraticrn.Nous avons indiqué à l’art. BRUNS*
Wic k l’étendue de la jurifdiCtion du confeil privé
ïoysl & électoral de Hanovre , qui tient liçu de
régence provinciale. C e confeil eft compofé de
confeillers - privés royaux & électoraux, qui fe
partagent entr’eux les affaires d’état 8c celles de
la régence, enforte que chacun a un département
particulier \ mais pour prononcer fur un cas important,
il faut l’avis de tout le collège. Les fe-
crètaires privés, qui font au nombre de quatre ,
font chargés de la partie des impôts , des tailles,
des fublides j ceux des chancelleries délivrenties
expéditions des affaires réglées, tant en matière
gracieufe que coutentieufe. Il y a aufli un régil-
trateur privé.
Les ducs de Brunfwick 8c de Lu iebourg ont
toujours traité les états avec bienveillance 8c avec
eftime j ils ont fouvent demandé l’avis des provinces
en matières qui intéreffent la régence ; ils
leur ont accordé des privilèges & des prérogatives
, ou confirmé ceux qu’ ils avoient 5 les états,
de leur c ô té , ont toujours donné des preuves de
zèle 8c de fidélité. Les droits dont jouifle.nt les
pays électoraux 8c conquis, font les mêmes fur
les points principaux ; mais chacun en a de particuliers,
8c eft régi par des conftitutions 8c des
coutumes différentes.
Il y a quatre confîlloires dans les états de la
maifon électorale ; un à Hanovre , auquel reffor-
tiffent les états électoraux ,. Sc auquel préfide uti
membre du confeil privé j un à Stade , qui con-
noît des affaires des duchés de Breme 8t de
Verden ; un à Ratzebourg, où font portées celles
du duché de Lavenbourg } & un à Otterndorf ,
qui décide celles du pays de Hadeln. 11 y a de
plus à Hanovre une chancellèfie de juftice &
une cour de juftice j de la première relèvent les
principautés de Calenberg 8c de Grubenhagen ,
8c les comtés de Hoya 8c de Diepholz j de la
fécondé, les mêmes pays , la principauté de Gm-
benhagen feule exceptée. On trouve les mêmes
tribunaux dans là ville de £ell pour la principauté
de Lunebourg, & d’autres pareils à Stade
pour les duchés de Breme 8c de Verden. Le duché
de Lunebourg relève de la régence 8c de la
cour de juftice établies à Ratzebourg, où font
aufli portés les appels des jugemens rendus au
fiège fupérieur de juftice d’Ottendorf dans le
pays de Hadeln. Les appellations de tous ces coL
lèges de juftice , inftitués dans les états de la
piaifon électorale , vo'nt à la cour fupérieure des
appellations établie à Zell en 1 7 1 1 j un confeiller
du confeil privé.y préfide 8c eft a la tête de deux
vice-préfidens, dont l’un fiège fur le banc réfervé
aux nobles, l’autre fur celui des doéteur9 ; quatre
d’entr’eux font nommés par le roi-éleCteur ; le refte
eft préfenté par les provinces : favoir, deux pat
celle de Calenberg, un par celle de Grubenna-
gen, un par celle de Hoya 5c de Diepholz, deux
par celle de Lunebourg, 8c trois par celle de Breme
8c de Verden. La dernière place, créée en
1733 3 eft occupée par un confeiller que les pro
vinces présentent tour-à-tour. Le tribunal donc
OA
on vient de parler, a un protonotaire, différens
fecrètaires 8c quelques employés de chancellerie.
Ses jugemens font en dernier reflort : on ne peut
en appeller à aucun autre tribunal de l’Empire :
le droit d’appeller qu’avoient les duchés de Breme
8c de Verden, fut annullé- par le traité de paix
de Weftphalie : on les dédommagea par le droit
d’appeller à la cour fupérieuré des appellations de
Z e l l, lorfque ces deux duchés parvinrent à la
maifon électorale de Brunfwick 8c de Lunebourg.
Le privilège de! non appellando a été rendu fiable
depuis par les ordonnances de l’empereur Charles
VI en 1 7 16 , quant aux pays électoraux, 8c
de l’empereur François I en 17 4 7 , quant au duché
de Lavenbourg.
Voyez l’article B r u n s w ic k 8c les articles des
autres états de la maifon électorale de Brunfwick-
Lunebourg.
LUS A C E , marquifat ou margraviat de la haute
8c baffe - Luface , appartenant à l’ éleCtêur de
Saxe.
La Luface, qui fe prolonge du nord-oueft vers
le fud- e ft, eft bornée au levant par la Siléfie, au
midi par la Bohême , au couchant par la Mifnie,
8c au nord par la marche de Brandebourg. Son
étendue eft d’environ 180 lieues géographiques
quarrées, fans y comprendre toutefois la partie
qui dépend du marquifat de Brandebourg , 8c
qui contient . environ vingt- lieues géographiques
quarrées. Suivant l’opinion d’Abraham Frentzel,
le nom efclavon Lufice ou Laufitç lignifie un pays
rempli de forêts 8c d’eau. Le bas marquifat porta
le premier ce nom , qui lui fut particulier pendant
trois cents cinquante ans , c’eft-à-dire, jufqu’au
milieu du quinzième fiècle ; le haut marquifat ob tint
alors la même dénomination : jufques-là on
l’avoit appellé la Marche ou le pays de Budiflin
8c de Goe rlitz , 8c quelquefois le pays des neuf
cantons 8c villes. Le premier diplôme qui offre le
nom de haute-Luface, eft de 14665 mais à cette
époque on lui donnoit aufli les deux autres dénominations
, comme on peut s’en convaincre
par d’autres chartes. Sous le règne du roi Matthias
, un noble de Stein , préfet du pays, pre-
n oit, dans les aCtes publics, le titré de préfet
des deux Lufaces, 8c les autres fuivirent ion
exemple.
S o f productions. La haute-Luface eft plus mon-
tueufe 8c plus faine que la baffe, où il y a beaucoup
de marais î mais celle-ci a de meilleures forêts
8c en plus grand nombre que la première.
L ’agriculture a fait peu de progrès dans les dif-
triéts montueux de la haute - Luface, aux confins
de la Bohême 8c de la Siléfie. Les landes
fur les frontières de la baffc-Luface 8c fur ceux de
la Siléfie offrent un terrein ingrat 8c ftérile. La
baffe -Luface l’emporte fur la haute en tabac,
houblon , fruits, légumes 8c en vignobles , qui
OEcon, polit. & diplomatique. Tom. I I I ,
donnent des vins rouges 8c blancs, quoîqu’en
petite quantité 5 celui de Guben eft le meilleur.
Mais ces produ&ions ne fuffifent pas à la fub-
fiftance des habitans. Il s’eft établi dans la haute-
Luface une fociété économique , dont l’objet principal
eft l’éducation des abeilles. On y nourrit
beaucoup de beftiaux.
Population. On compte dans la haute-Luface fix
villes, appellées villes- par excellence ou les fix
villes , feize petites 8c fept bourgs : il n’y a dans
la baffe-Luface que quatre villes qui aient féance
aux diètes provinciales, treize petites 8c quatre
bourgs.
L ’origine des habitans de ce pays ne remonte
pas aujourd’hui au-delà des femnons ou fenons ,
nation fuève, qui habita la haute-Luface 3 8c qui,
par rémigration qu elle entreprit, fit place aux vandales
, qui à leur tour quittèrent la Luface au
feptième fiècle, 8c l ’abandonnèrent aux forabes,
tribu efclavone. Dans le douzième fiècle,) il y
arriva des colons des Pays - Bas 8c du côté du
Rhin. Les villes actuelles font prefque toutes peuplées
d’allemands 5 mais, dans les villages, on
trouve plus de venèdes que d’allemands. Les demeures
des venèdes commencent près de Læbau,
8c s’étendent par la haute 8c baffe - Luface juf-
ques dans la Marche de Brandebourg. Ils con-
fervent toujours l’habillement venède 8c leur ancienne
langue. Leur dialeéte diffère des autres
dialeétes efclavons : le dialcéte de la haute-Luface
a peu de reffemblance à celui de la baffe. Les
deux dialeétes diffèrent confidérablement de la
langue efclavone-venède, en ufage dans la Car-
niole, la Dalmatie, la Croatie , la Hongrie 8c
les contrées voifines. On compte environ 449
villages venèdes dans la haut e-Luface. L’ idiome
des allemands n’eft pas plus uniforme.
Noblejfe. Chaque marquifat a des états. Nous
en parlerons ci-deffous dans la defeription particulière
de ces deux provinces* Nous ne ferons
ici qu’ une obfervation générale fur la nobleffè
du pays. Quelques familles nobles defeendent,
à ce qu’il paroît , des anciens efclavons. On
compte ordinairement dans ce nombre toutes
celles dont les noms fe terminent en itz 8c zin.
Quelques autres font fi anciennes qu’il eft très-
difficile , pour ne pas dire impoflible , d’en découvrir
l’origine : telle eft , par exemple
celle de Gerfdorf 5 mais la plupart font arrivées,
à des époques plus ou moins reculées, de la Bohême
, de la Siléfie , de la Pologne, de la Saxe
8c de différens autres pays allemands 8c étrangers.
Un noble de la haute-Luface , qui achète
un fief dans la baffe , n’ eft point réputé étrang
e r , 8c un noble de la baffe-Luface eft noble
aufli dans la Haute. Les états des deux marquifats
ont établi ou renouvellé cette difpofition en
1689 8c 1690.
Y