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taffe & de bled , & en particulier du bled farrafin.
Avec la grande quantité de miel qu’il produit,
on y fait diverfes boiflons fort agréables , entre
autres de l'hydromel. 11 offre de plus d’excellais
pâturages , ce qui rend l’entretien du bétail .utile,
ajnfi que celui des brebis dont la laine eft très-fine.
L ’a&ivité des habitans ne répand pas à la bonté
du terroir. Les meilleures terres relient en friche,
le foin fe gâte lur fès belles prairies, & les forêts
font gardées avçc fi peu de foin, qu’elles fe confin
en t par les flammes. Toutes les denrées übnt
a fort bon marché } mais les habitar.s manquent
d’argent j & l’ intérêt y eft à 10 pour cent.
, La religion dominante eft la catholique romaine}
mais on y trouve beaucoup de luthériens, de réformés
, de juifs , de turçs, de fociniens : de
tous les diflidens , les grecs jouiffent des plus
grands avantages.
P r é c is de l ’hifîoire politique. L ’hiftoire ancienne
de Lithuanie eft obfcure , incertaine & fabuleufe.
Elle a eu fes ducs particuliers qui ont eu de frequentes
guerres à foutenir contre leurs Yoifins
les polonois & les ruffes. Ruigold., qui vivoit
dans le treizième fiècle , prit le premier le^ titre
de grand duc 5 cette ancienne race ducale s’éteignit
à la mort de Volfiinik. Vers la fin du treizième
fiècle , Viténès , originaire de Samogitie ,
fu t revêtu de la dignité de grand-duc } Jagellon
fon petit - fils , offrit fa main à H edw ig e , fille
unique de Lduis , roi de Pologne & de Hongrie,
qui étoit déjà couronnée reine, & il s’engagea en
même - temps à embraffer le chriftianifme avec
Jtout fon peuple, à réunir la L ithu an ie à la Pologne
, & à reconquérir les provinces démembrées
de là couronne. Cette offre plut aux polo-
n.ois, qui envoyèrent une ambaffaae folemnelle
au grand-duc. Jagellon vint effectivement à Cra-
covie en 1 , fut baptifé & nommé ü la d ijla s ;
& après la célébration de fon mariage avec Hedwige
, il fut également couronné roi. L ’année
fuivante , ce prince retourna en L ith u a n ie , y abolit
les anciennes fuperftitions, convertit plufieurs
milliers de fes fujets à la religion chrétienne ,
fonda l’évêché de Vilna , & introduifit.les cérémonies
eccléfiaftiques. En 1392 , il nomma grand-
duc de Lithu anie fon çoufin Alexandre ou Vitoldj
mais il confirma la réunion de cette province à
la Pologne 5 & il s’ en réferva la fouveraineté. En
140 1 , cette réunion fut ratifiée par un a&e formel
, dreffé dans une diète provinciale à Vilna.
En 1408, le grand-duc enleva la Samogitie à
l’ordre teutonique. Une autre diète provinciale
tenue en 14 17 , dans la petite ville de Hrodlo,
déclare les Lithuaniens égaux aux Polonois à l’égard
des charges & des loix j une multitude de familles
lithuaniennes fe mêlèrent aux familles polo-
noifes } enfin les armes des deux nations furent
réunies : elle déclara de plus que les lithuaniens
Teccvroient leur grand-duc de la main du roi de
Pologne, & que ce dernier venant à mourir fans
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enfans ni deïcendans habiles à lui fuccéder, les
polonois éliroient un nouveau roi conjointement
avec les lithuaniens. La Samogitie ayant embraffe
le Chriftianifrne, on y fonda une évêché & quelques
autres dignités eccléfiaftiques. L ’alliance conclue
en 1413 fut renouvellée en 1499, & on y
ajouta, par forme d’éclairciflement, que les lithuaniens
n’éliroient point leur grand duc fans
l ’agrément des polonois , ni les polonois leur roi
fans le concours des lithuaniens. En 15 6 1 , les chevaliers
Porte-glaives fe fournirent, eux & la partie
de la Livonie qu’ ils confervoient, à la domination
du roi de Pologne, comme grand-duc de Lithuan
i e } & le nouveau duc de Courlande devint feu-
dataire de la Lithuanie. En 156 9, les polonois &
les lithuaniens tinrent à Lublin une d iète, où le
grand-duché fut réuni au royaume de Pologne >
de manière qu’ils ne firent plus enfemble qu’un
même corps , fournis à un feul prince éligible
par les deux nations. On y convint aufli qu’une
diète feroit toujours tenue à Varfoviej quelles
deux peuples auroient le même confeil, la même
chambre pour leurs nonces ou députés j que leurs
monnoies feroient au même titre } qu’enfin les
alliances , les troupes auxiliaires, &c. feroient.
communes entre eux. On afligna aux fénateurs &
aux nonces de L ithuanie leurs places parmi les
états de Pologne ; & la Livonie, regardée juf-
qu’alors par les lithuaniens comme un domaine
qui leur appartenoit exclufivement, fut réunie au
nouveau royaume. Dans les loix de 16 73 , 1677
& 1 <58 ƒ 3 il fut réglé que la troifième diète fe tien-
droit toujours à Grodno : on excepta cependant
de cette règle les diètes de convocation, d’éleélio»
& de couronnement. On a tenu en effet des diètes à
Grodno jufqu’au règne aéluel, fous lequel elles fe
fontconftamment anemblées à Varfovie. Les lithuaniens
ont donné un confentement tacite à cet*e innovation,
à caufe de l’éloignement où eft Grodno
de la réfidence du roi, & des troubles dont le ro*
yaume a été prefque toujours agité. En 16 9 7, le»
Joix polonoifes & lithuaniennes reçurent une force
& une autorité égale.
Avant le partage de la Pologne , la L ithuanie
moderne étoit divifée en neuf Palatinats. Les voici
félon, leur ordre : Wilna, Trotzki , Polotzk ,
Nowogrodek, Witepsk, Brfesk, Mftfchiflawsk,
Minsk & Livonie. Les deux premiers compo-
foient la Lithuanie proprement dite ( L itw a f a m a ) x
& les fix autres la Ruflie lithuanienne ( R u s l i t t -
wika ). Celle-ci fe fubdivifoit en trois parties ;
favoir, en Ruflie blanche (R u s b ia la ) || oui com-
prenoit les Palatinatst de Polotzk, de Witebsk^
de Mftfchiflawsk, & de Minsk} i ° . en Ruflie
"noire ( Rutfcharna ) qui comprenoit le Palatinat
de Nowogrodetfchik & les diftri&s de Rfetsch
& de Mofirski j & 30. la Polérie, qui comprenoit
le Palatinat de Brfeski. On pouvoit joindre
à ces Palatinats la principauté de Samogitie ( en.
polonois Smnids ou K f îe jlw o Smudeski ) J &;
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le cfuché de Courlande, fief relevant de la Pologne.
Chaque Palatinat étoit divifé en diftriéts
( powiaty ) } outre une certaine portion de pays
qui compofe le Palatinat proprement d it, & qui
eft ordinairement fitué aux environs de la ville
principale , il y a en L ithuanie des principautés
particulières , qui font gouvernées par leurs
propres princes: telles font Sluck, Niewitfch, & c .
Le Palatinat de la Livonie ( W o iew od jlw o ln -
û antskie ) eft une partie de la Livonie. Il eft aufli
appelle le P alatina t de Wenden\ & dans le difcours
ordinaire, U L iv o n ie polonoife. La Pologne , en
• cédant la Livonie à la Suède par la paix d’Oliva,
fe réferva ce Palatinat quelle pofledoit déjà en 1
i é c f . Il y avoit avant la dernière révolution un
évêque, un palatin & un caftellan , & ij appartenoit
en même-temps à la Pologne & à la L ithuanie.
II envoyoit à la diète fix nonces } favoir,
deux polonois, deux lithuaniens & deux livoniens..
Il confiftoit dans les diftri&s de Dunebourg, Ro-
ïitten, Lutzen & Plufin. Ses principaux endroits
font Matienhans, Lutzen, Rofitten, Dunabourg
& Kreuzbourg. C ’eft à Dunabourg que fe tenoit
la diètine & le tribunal provincial, dont on n’ ap-
pelloit qu’au grand tribunal de la couronne. Mais
la Ruflie a acquis ce Palatinat de Livonie, lors
du démembrement de la Pologne , ainfi que nous
le dirons à l’article P o l o g n e .
La Samogitie ( Samogitia') , en polonois Smuids
ou K fîe jlw o Smudskie 3 eft un duché qui appartient
depuis long/-temps à la Lithuanie } il avoit
autrefois fon dué particulier. On l’abandonna a
l ’ordre teutonique en 14045 quatre années apres
on le reprit à cet ordre , & on lui promit, en
1 4 1 1 , qu’il lui reviendroit après la mort du roi
Uladiftas Jagellon & du grand-duc Alexandre. La
religion chrétienne fut introduite en Samogitie
vers l’année 1431 , & on y fonda ^un évêché.
Quoique le pays foit couvert de forets , il offre
cependant beaucoup de terres fertiles, & produit
une quantité confidérable de miel. On trouve en
Samogitie un évêque, un grand ftarofte qui a
l ’autorité d’un palatin, & un caftellan} tous les
trois ont féance au fénat de la république , &
peuvent à leur gré convoquer des diètines. La
Samogitie eft divifée en vingt - cinq diftri&s.
Ces vingt-cinq diftri&s dépendent tous enfemble
de la Staroftie ou Grod de Rofien. G ’eft auflî
dans cette dernière ville que fe tiennent les diètines
pour l’éleélion de deux nonces.
F o y e r l’artjcle P o l o g n e qui eft fort étendu. 1
L IV O N IE & E S TH O N IE ( duchés de). C e
pays eft fitué entre la Courlande, la mer Baltique
, le golfe de Finlande , i’Ingermanie , la
Ruflie & la Pologne. Sa grandeur du nord au fud
eft de 4 f à fo milles , & de l’oueû à l’eft de
35 à 40 milles , non compris les ifles.
Précis de Vhifîoire politique de ces duchés. L’hîf-
toire ancienne d'E fîh on ie & de L iv o n ie eft aufli
obfure qu’incertaine. Le paganifme y régnoit au
l 1 v
douzième fiècle. 'Voici comment la religion chrétienne
pénétra dans ces contrées. Quelques marchands
de Breme navigeoiènt, en 11 j8 , vers
Wisby dans l'ifte de Gothland : une tempete les
ietta fur les cotes de Livohie ; ils abordèrent a
l“endroit oè la Duna fe jette dans la mer Baltique,
& où les habitans portoient le nom de
vônietis. Ces marchands furent d’abord attaques ,
mais ils finirent par fe lier avec les naturels ; ce
qui attira fuccefîivement un plus grand nombre
de bremois , auxquels les indigènes permirent d’ avancer
fur la Duna jufqu’ à une diftance de. fix
milles , & d’y dreffer des baraques. Dans la fuite,
les bremois bâtirent fur une montagne une maifon
pour l’entrepôt de leurs marchandifes : les livoniens
appelèrent cette maifon Ykeskola, c’eft-à-dire,
école ou couvent, & fon nom moderne eft UxhüC.
Le nombre des allemands s accrut j ils amenèrent
avec eux en 1186 un prédicateur, nommé
Meinhard, de l’ordre de S. Auguftin & du couvent
de Segebert en Wagrie : ce moine apprit la
langue du pays, & engagea quelques habitans à
recevoir le baptême. Uxkül devint peu a peu un
bourg , & on bâtit enfuite le chateau de Da -
len. Meinhard établit dans le premier endroit ut.e
églife & un couvent d’Auguftins, devint évêque
& transféra fon fiège à Kerkholm ou Kirch-
holm. Depuis ce temps , une multitude de ^familles
allemandes s’ y fixèrent. C e fut à la même
; époque, c’eft-à dire en 1 1 9 6 , C|ue le roi de Da-
nemarck Canut V I fit une expédition en Ettho-
nie , s’empara de cette province, y introduifit la
religion chrétienne, & y établit des églifes & des
prêtres. Pour conquérir la L iv o n ie & pour s'y
maintenir , l’évêque Albert fonda en iz o ï les
chevaliers de C h r ift, auxquels le pape Innocent
III donna la règle des Templiers , & une
marque qui étoit une épée & une croix attachée
fur leur habit ! il leur enjoignit l’obéiffance envers
l’évêque de Riga. En 12.06 , Albert céda à
ces chevaliers la troifième partie^ de. la L iv on ie ,
avec tous les droits de fuperiorité ; le pape confirma
cette ceflion en 1210 , & exempta les chevaliers
de la dixme & de toute autre efpèce de
contributions. Le premier maitre de l'ordre fut
Winno , lequel ordonna qu’ à l'avenir tous ceux
qui y entreroient, feroient obligés de prendre le
nom de chevaliers porte-g/aives. Ils furent réunis
folemnellement à l'ordre teutonique en 1257 5 ils
portoient des manteaux blancs avec des croix noires
; & c’eft-là ce qui les fit appeller frères de U
c r o ix , nom qu’ils changèrent en 1381 en celui de
chevaliers de la croix.
En 1346, le roi de Danemarclc ’Valdemar III
abandonna à perpétuité l’Efthonie à l'ordre, pour
une fomme de 80,000 marcs d’argent pur. En
1 3 2 1 , le grand-maître Walther de Plettenberg
acheta du grand-maître de l’ordre teutonique en
Pruffe la jurifdiétion fouveraine en L i v o n ie, 8c
fut par-là d é lié , ainfi que les états de L iv o n ie ,