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pire ne tarda pas à traiter avec ces Provinces-Unies 3
comme avec des états indépendans. Le repos
que venoier.t cFacquérir les nouvelles républiques,
ne fut point d'une longue durée > la guerre entre
elles 8c l'Angleterre commença en 1652,' & finit
en 1(^*4; elle recommença en 1665 , 8c fut terminée
par le traité de Breda en 1667; par le
premier de ces traités les états de Hollande furent
contraints de promettre que les princes
d’Orange feroienc à l'avenir entièrement exclus
du Stathouderat de leur province. C e fut en exécution
de ce traité, qu'ils fupprimèrent le ftat-
houderatpar un édit perpétuel. Les fept provinces
formèrentune alliance avec l'Angleterre 8c la Suède
, afin de s'oppofer à Louis X IV , qui vouloir
fe rendre maître des Pays-Bas efpagnols. Les efforts
de ce prince échouèrent ; il fut obligé de ligner
un traité de paix défavantageux, à Aix-la-Chapelle.
La vengeance que Louis X IV en tira fut
éclatantes non-feulement il détacha l’Angleterre
de fes premiers alliés , il contra&a même une
alliance avec la nation britannique , 8c il entra à
main armée dans les Provinces- Unies. Le danger
étoit imminent ; fes troupes s'emparaient prefque
chaque jour de quelque* villes. Dans .cette perplexité
la république eut recours à Guillaume I I I ,
prince d’Orange, elle le nomma capitaine &
amiral général. Les circonftances croient trop critiques
, pour que les états de Hollande puffent
garder la neutralité , le peuple les obligea de
révoquer l'édit perpétuel & à conférer, à l'exemple
des autres provinces , le ftathoudérat au
prince d'Orange. Le befoin qu'on eut d'un chef,
détermina même la république à rendre cette
dignité héréditaire dans fa maifon. La paix fut
conclue à Nisnégue avec la France en 1678 ;
mais elle fut de courte durée. Guillaume I I I , af-
pirant au trône d’Angleterre, fut foutenu par
une efeadre de Provinces - Unies, & cette démarche
les engagea dans une nouvelle guerre avec
la France , qui ne fe termina que par le traite de
Ryfwic en 1697. La méfinrelligence que produifit
bientôt après la fucceflîon au trône d'Efpagne,
les entraîna dans une autre guerre non moins fan- ;
glante 5 elles y dépenfêrent des fomrries immenfes,
fans aucune indemnité 5 feulement elles obtinrent
en 17 ï y une certaine quantité de places^ les unes
èn toute propriété, les autres à titre de places
de garnifon. Elles firent enfuite une nouvelle
guerre après la mort de l'empereur Charles V I ;
elles fournirent à la reine de Hongrie & de Bohême
des troupes auxiliaires contre la France , qui porta
fes armes dans la Flandre Hollandoife. A cette
époque le ftathoudérat fut rétabli 8c elles nommèrent
unanimement le prince d'Orange ftat-
houder héréditaire , capitaine' général des troupes
8c amiral des flottes.
Nous parlerons du ftathoudérat, de la conduite
de tous les ftathouders & des troubles dans
la fe&ion huitième.
S e c t i o n I Ie»
Defcriptton dés fept Provinces- Unies , de Uur piU
pidation, de leur culture 3 & de Uur pêche.
Il parait que le nom de Pays-Bas , Niederlanaf 3
équivaut à celui de Baffe-Allemagne , qu on 1 a
employé par abréviation & qu'il fignifie Pays-
Bas de l'Allemagne. Les Pays-Bas, qui compo-
fent dix-fept provinces, & qui comprennent les
Pays-Bas Autrichiens, & les fept Provinces- U n ie r ,
font fitués entre l'Allemagne, la France & la
mer du Nord. Leur plus grande longueur, prffe
du fud- oueft au nord e ft, eft de- 90 lieues , 8c
leur largeur méridionale la plus étendue de ^04
elle n'eft que de 20 à 30 vers le nord. Il s'agit
ici de lieues communes de Hollande; elles font
de 1 yoo perches , la perche, a douze pieds :
on trouve ainfi 18,000 pieds dans une lieue dont
i 9 8c deux tiers forment un degré. La furface de
ces dix-fept provinces offre 1300 milles quarres
géographiques.
Les Provinces-Unies forment la partie fepten-
trtonaie des Pays Bas en général. Si l'on y ajoute
les terres & feigneuries conquifes, connues fous
le nom de Generalitoets-Lande, elles touchent vers
le midi à la Flandre autrichienne & au Brabant 5
elles font bornées au levant par le quartier fu-
périeur du duché de Gueldre , par le duché de
Clèves, par l'évêché de Munfter , par le comté
de Bentheim Se par la Frife orienrale ; vers le
nord 8e le couchant, elles aboutiffent enfin à la
iper feptentrionale , appellée aufli mer d‘Allemagne.
Leur furface eft d’environ 62 j milles quarrés
géographiques.
Quoique le fol y foit très marécageux , les
habitans,favent en tirer parti. Ces marais immen-
fe s , qui couvrent une partie des pays de G10-
ningue, d'Over-Iffel 8e de Drente , font bailleurs
utiles , en ce qu'ils défendent la république des
incurfîons qu'on pourrait y faire du côté de l'A llemagne
: c'eft pour cela qu'on a .défendu de
les labourer 8e de les deffécher ; mais on s'eft
permis plufîeurs infraftions à Ce réglement.
La majeure partie de ces provinces offre une
plaine, dont plufîeurs diftriéts font moins élevés
que les eaux de la mer. Une fituation aufli pé-
rilleufe , 8e le danger toujours imminent de voir
les terres inondées ou englouties, ont donné lieu
à de belles digues qui contiennent les flots de
l'Océan, 8e ce pays eft ainfi un miracle de l'in-
duftrie humaine. Les flots fiirmontent fouvent
les digues : cet accident n'infpire plus d'effroi 5
le hollandois accourt, 8e il fait rentrer la mer
dans les barrières que fon courage lui a fixé. S'il
eft menacé d’une invafion , il perce les digues,
il met le pays fous les eaux , 8c il arrête les plus
terribles coriquérans. Silès fept provinces avoient
été d'accord dans les derniers troubles , elles
p r o
auraient employé ce moyen , 8c le roi de Pruffe
& le ftathouder n'y auraient pas opéré fi-atfemenc
une révolution... : . , .
Les divers cantons,des Provinces - Unies-, ceux
fur-tout qui font pleins de marais , font entrecoupés
de foflés fans nombre , à travers lesquels
les eaux fouterràînes fé rendent dans des canaux
par le fecouts des moulins à v ent, 8c de|à dans
les rivières par le -'moyen des éclufes. Ces di-
verfes- conftruélions font très - variées 8c très-
agréables à là vue. La récolte des grains y eft
ordinairement li modique, que leur importation
fait? une branche de commerce : on-y en amene
une quantité fi considérable , qu’on trouve le
moyen de braffer de' la bière 8c de-faire de 1 eau-
de-vie , qui,l’une 8c l’ autre fe Vendent à l’étranger.
Mais fi le foi eft peu propre à la culture,
les habitans font dédommagés par les beaux pâturages
dçrit le pays e f t femé. Ils nourri l i e n t de
nombreux troupeaux qui donnent du lak , du
beurre 8c du fromage en fi grande' abondance ,
qu*outrer la confommation des fujets , cette oran-
che d’exportation rapporte de très-fortes fommes.
Quelque nombreux que foient les troupeaux de
moutons , ils pourraient l’être davantage : on
croit que les fept provinces pourraient en nourrir
un million^ L'attention publique devrait fe
porter fur cet accroiffement ; car la laine eft mife
au rang des meilleures 8c des plus fines de toute
l’Europe. Plufîeurs diftridts prqduifent du tabac j
la garance qu'on récolte en Zéelande, a beaucoup
de réputation.
Les provinces de Zéelande, de Hollande, de
Frife 8c de Groningue touchent la mer du nord.
Les trois autres, c'eft-à-dire, celles d'Urrecht,
de Gueldre 8c d’Over-Iffel ne communiquent à
cette mer que par le moyen du bras de l'Océan,
appelle en hollandois Zuyder-^èe.
Les fleuves les plus remarquables de ces provinces
font le Rhin, Ta Meule 8c l’Efcaut.
La pêche des rivières, celle des fleuves 8c de
la mer limitrophe eft confidérable, mais elle n'excède
pas la confommation du pays. Celle de la
mer du nord eft plus importante. On la divife
en grande 8c petite pêche ': on appelle petite pêche
celle qui fe fait fur les côtes , 8c principalement
dans le voifinage de Doggerfand ou
Doggersbank, fitué entre le Jutland 8c l’Angleterre.
On y prend du cabéiiau , de la merluche ,
de la foie, de la limande , de la plie, 8cc. Le
cabéiiau frais fe vend fous le nom de morue dans
les villes des Pays-Bas les plus voifines; le càbé-
liau falé va chez l’étranger. La grande pêche eft
celle du hareng. On l’a appellée ainfi à caufe de
fon produit ; quoique les bénéfices ne foient plus
aufli confidérables qu’ autrefois, elle procure de l’ai-
fance à plus de vingt mille familles. Elle fe fait
dans^ la mer du nord fur les côtes d’Angleterre
8c d’Ecoffe ; mais le parlement britannique vient
de s'occuper de cet objet important qu'il avoit
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trop négligé, 8c fes. derniers arrangemens nuiront
beaucoup aux hollandois,;. Le temps )e! plus favo-
rabi'e. eft depuis.le 24 jtnn jufqu’ au .2 y noyembre.
Il y a eu des/ années où ilfortoit. des différé sis
ports d e s Provinces-Unies quinze cents bâtirnens
pour cette pêche.: ce nombre eft a.ujourd hui; réduit
à environ, deux cents, année commune ; il
n’y en eut même que cent cinquante- -en^ 17^4 »
8c ce nombre diminuera d’une, année, à 1 autre ,
d'après les arrangemens de l'Angleterre dont nous
venons de parler. :
On n’eft point d’ accord fur fes bénéfices : on
croit qu'ils font d’au moins deux millions de
florins de Hollande, dédu&ion faite de tous les
frftlsV r b i ; ’ ./. : is ity
Les fept provinces envoient deux cents cinquante
vaiffeaux à la pêche des baleines, qui fe
fait dans les mers dé Groenland , duSpitzberg ,
de la- Norwege, de la Nouvelle Zemble, 8cc.
Les Provinces-Unies offrent à-.peu-près toutes
les cultures dont elles' font fufceptibles , 8c elles
font très-peuplées. Si l’on y comprend la contrée
de Drenthe , le nombre des villes eft de cent
treize., celui des bourgs 8c villages de quatorze
-cents , 8c celui des habitans de deux millions. Il
n y a point de canton de 1 Europe qui foit aufli
peuplé. Les pays conquis contiennent vingt-cinq
villes. Celle de ces provinces qui a le plus d'avantages
fur les autres , foit pour la population ,
foit pour la qualité du fo l , e ft, fans contredit,
la Hollande.. Voyel les articles particuliers des
fept provinces;
S e c t i o n I I Ie.
Des pays qui appartiennent aux fept Provinces-
Unies en général 3 î f du traité de Barrière.
Avant de parler des pays des Etats-Généraux,
eu de ce qu’on appelle proprement generalitaets-
lande , il faut dire quelques mots de la contrée de
Drenthe qui n'en fait pas partie.
La contrée de Drenthe touche à la province de
Groningue vers le nord , à cette même province
8c à l'évêché de Munfter vers le levant, au comté
de Bentheim 8c à la province d'Over - Iffel du
côté du midi, 8c à la Frife vers le couchant.
Son terrein eft plus élevé que n'eft celui des
provinces de Frife 8c de Groningue : le fol
d'Over-lffeL eft celui de tous avec lequel il a le
plus d'analogie. Les parties les pius hautes offrent
un grand nombre de forets ; celles qui avoi-
finent les rivières, donnent des pâturages d allez
-bonne qualité. Quelques cantons feulement pro-
duifent des grains, 8c principalement du feigle.
On ne trouve aucune ville dans le pays de
Drenthe : on n'y compte que deux bourgs , une
fortereffe, quelques forts & trente-fept villages.
C e petit pays a fes états particuliers, compofés
de nobles 8c 4e propriétaires de biens fonds ,