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indépendance, mais ils ne favent point la con-
ferver.
Pour faire mieux fentir la différence qui fe
trouve entre deux peuples , dont l'un devra fa
gloire & fa félicité à une fage légillation, 8c
l'autre , au contraire, compofé dündividus fiers
de leurs forces naturelles , fe refufera à toute
efpèce dè règle , ouvrons l’hiftoire , 8c comparons
entr'elles deux nations célèbres dans l'antiquité.
Je parle des romains & des germains j tant
que ces derniers fe contentèrent des fruits de leur
chaffe & des groffières productions d'un climat
froid , ils vécurent dans leurs forêts 5 fimples,
libres 8c heureux, 8c l'éloge de leurs moeurs mérita
d'occuper la plume rapide & éloquente d'un
écrivain célèbre , qui a fait contraller le tableau
de leurs vertus avec celui de l'effrayante corruption
de fes compatriotes î mais dès que, s'abandonnant
à leur inquiétude naturelle, ils fe furent
tranfportés dans des contrées plus fertiles 8c fous
un ciel plus favorable , ces vertus qui n'avoient
point de bafe politique, ne purent réfifter aux
attaques de l'avarice & de la volupté j elles dif-
parurent tout-à-coup , 8c au lieu de l'honorable
liberté dont ils avoient été fi jaloux, ils fe virent
en proie tour-à-tour aux rigueurs d’un affreux def-
potifme & à la confufion de l'anarchie. Si nous
jettons les yeux fur la république romaine j elle
nous offrira une fcène toute différente y nous verrons
un peuple fier abattre le coloffe de la tyrannie
qui menaçoit de l’écrafer ; nous le verrons
épris du plus ardent amour pour cette liberté pré-
çiéufe qu'on avoit voulu lui ravir, chercher aufli-
tôt à l'affeoir fur des fondemens inébranlables:
convaincu de la néçelfité d'une légillation certaine
, & du danger des coutumes arbitraires,
jl preffe fçs magiftrats de lui dreffer un code de
lo ix , il les y oblige à force de clameurs ; le code
fe cqmpofe , & le peuple y met le fceau légifiatif.
Dès-lors la conftitution ébauchée par un prince
républicain , prend une afljette plus folide j les
troubles & les débats de la place publique l'af-
fermiffent 3 au lieu, de l'ébranler : femblables à
ces exercices violens qui mettent toutes ]ès parties
du corps dans un état de tenfion , & augmentent
par-là leur jeu 8c leur force naturelle.
Ces loix fages , 8c l’établiffement du tribunat,
furent comme la bafe de l'édifice , 8c dans la fuire
les pièces qui pouvojent manquer vinrent fe
ranger , pour, ainfî dire d'elles - mêmes, à leur
place. Des moeurs auftères, des vertus héroïques,
durent leur naiffançe à ce fyftême de légifiation ,
8c Rome devint l'admiration de l'univers. Cette
auftérité, cette pureté de moeurs honora longtemps
la république j 8c fi par un deftin inévitable
8c commun à tous les empires, la corruption
parvint à y répandre fon funefte poifon', ce
ne fut que par degrés, 8c prefque infenfiblement.
J-es vices nés d'une trop grande fortune, furent
obligés de difputer le ferreip pas à pas au* Yertps
t i c
qui leur ©ppofoient la plus grande réfiftance 5 au
milieu des fureurs de l'ambition, l'amour de la
patrie 8c de la liberté parut avec le plus grand
éclat j le plus fublime héroïfme força la cabale
8c la calomnie à fe cacher dans l'ombre du filence ,
8c le plus auftère défintéreffement fit fouvent
trembler la vénalité. Rome finit parce que tel eft
le fort de tous les établiffemens humains ; mais en
tombant écrafée fous le poids de fa profpérite ,
elle laiffa aux fiècles futurs l'exemple à jamais mémorable
de cinq cens ans de vertu.
Les loix 8c la liberté ayant un rapport effentiel,
Sc ieur exillence fe trouvant liéB par la nature des
chofes, l'inflituteur d'une république d oit, en
traçant le plan de fon édifice, porter la vue fur
la liaifon qui eft entre ces deux objets , afin que
ce rapport ne fe trouve point altéré dans fon
fyftême. Il eft aifé de fentir que fi ces réflexions
lui échâppoient , fon inftitution ne pourroit
avoir de bafe folide , 8c ne tarderoit pas à tomber
en ruines : c'eft faute d'avoir fait attention à
cette connexion effentielle, que la plupart des
légiflateurs modernes ont eu dans leurs établiffe-
mens fi peu d'égards pour la liberté j ils n’ont pas
vu qu'attaquer ce droit facré de la nation , c'étôit
ôter aux loix le caractère qui les rend refpeéla-
bles ; que mettre la violence à la place de la
volonté générale, c'étoit détruire les fondemens
de la fociété c iv ile, 8c fe replacer dans l'état
de confufion dont elle a été le remède. L'homme
d'état doit toujours être perfuadé de cette vérité,
que l'homme eft libre par eftence, 8c que par
conféquent aucun des états adventifs n’ a pu détruire
en lui un droit qu'il tient du créateur j que
quand même, 8c contre toute apparence, il eût
voulu s'en dépouiller, il ne le pouvoit légitimement
, cette faculté faifant, ainfi que la raifon,
partie de. fon être j 8c qu'enfin la fociété civile
ne devant fon origine qu'à la liberté , ne peut fub-
fifter que par e lle , 8c que fans cela elle feroit
un état violent 8c totalement oppofé à la nature
de l'homme.
Nous n'avons traité ici de la liberté civile 8c
de la liberté politique , que d'une manière générale
8c^ prefque abftraite : nous avons appliqué ces
principes d'une manière détaillée , aux diverfes
formes de gouvernement j c'eft ce qu’on peut voir
dans le coprs entier de l'ouvrage, 8c fur-tout aux
articles A b s o l u , ( P o u v o i r ) A r i s t o c r a t i e ,
D é m o c r a t i e , G o u v e r n e m e n t , M o n a r c
h i e , 8cc.
L IC H T E N S T E IN , principauté 8c maifon
princière de Lichtenjlein.
Hartmann , baron de Lichtenjlein , laiffa deux
fils , Charles 8c Gundacker, fondateurs des deux
branches qui portent leurs noms : la dignité princière
fut conférée à la première par l'empereur
Matthias en 1618 ; l'autre fut^ élevée au même
rang par Ferdinand II. Nous nous bornerons,
jonchant ççtte maifon, à. rapporter l'origine
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du droit de fuffrage 8c de féance qu'elle a aux
diètes du cercle de Suabe parmi les princes fé*
culiers. L e prince J e a n -Adam-André de la branche
Caroline en fut revêtu en 1707, en reconnoiffance
d'une fomme de 2 j 0,000 florins qu il vtnoit de j
prêter au ' cercle, fans intérêt. Il mourut en
17 12 , 8c il ne laiffa point d’héritiers 5 il donna
par fon teftament à foncoufin Jofeph-Wenceflas-
Laurent de la branche de Gundacker cette fomme
avec une partie <fe fes états, entr autres le
comté de Vadutz 8c la feigneurie de Schellen-
berg. Le vieux prince les avoit obtenus en 1699, en
échange de la feigneurie de Biftritz en Moravie
, qui étoit de bien plus grand rapport. Ces
deux terres furent vendues par leur nouveau pof-
feffeur en 1718 à Ton oncle paternel, Antoine
Florian, qui en 1713 avoit été reçu au collège
des princes. En 1 7 19 , l’empereur érigea , en faveur
de ce dernier, le comté de Vadutz 8c la
feigneurie de Schellenberg en principauté immédiate
de l’Empire , 8c leur donna le nom de Lich±
tenflein. C ’eft du chef de cette principauté que le
fils d’Antoine Florian, nommé Jofeph-Jean Adam.
obtint en 1723 , pour lui 8c pour fes defcendans,
l'entrée au collège des princes. Il mourut en 1732,
8c laiffa un fils appelle Jean-Charles , qui mourut
en 1748/ans pqflérité mâlé j après quoi fes droits
<8c prérogative'paffèrent au prince Jofeph-Wen-
eefias-Laurent, dont nous venons de parler. La
diète de l’Empire lui difputa quelque, temps le
droit de fiéger au collège des princes ; mais- il
texerçoit ce droit fans difficulté aux affemblées du
cercle de Suabe, d'après la convention faite en
1707 entre ce cercle 8c le prince Jean-André de
Lichtenjlein : on difputa enfuite fur les domaines
qui dévoient fonder fon droit de fuffrage j c a r ,
après l'éreétion des terres de Vadutz 8c de Schellenberg
en principauté immédiate, le prince demanda
le rembourfementde la fomme prêtée au cercle
j il prétendit que fon droit de fuffrage fe trouvent
fondé fur la dignité pririçière qui vendit d'être
"attachée à fes terres, ce que le cercle refufa de.,
reconnoître : la médiation de l'empereur arrangea
la .querelle j le cercle garda une partie de la fomme
prêtée , 8c le droit en litige fut affeété, tant
au refte des prêts qu'à la nouvelle principauté.
La principauté de Lichtenjlein confifte d onc ,
comme nous venons de dire, dans les anciens
comté 8c feigneurie immédiats de Vaduz 8c de
Schellenberg, fitués fur le Rhin de l'autre côté
du lac de Confiance , entre les comtés de PIu-
denz, de Feldkirch 8c la Suiffe. Les barons de
Schellenberg les vendirent au quinzième fiècle à
ceux de Brandis, qui en 1 ƒ07 les tranfmirent par
mariage aux comtes de Souk. En 1614 , Gafpard
de Hohenembs les acheta 200,000 florins, 8c
fes fucceffeurs Içs cédèrent, en 1699, au pTnce
Jean-A damde Lichtenjlein. Cette principauté étoit
jadis taxée dans la matricule de l'Empire à 19 fi or.
par mois 5 mais nous ignorons fa taxe aéïuelle. Elle
<ULcon. polit, diplomatique. Tome Wïi
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contribue à l'entretien de la chambre impériale
de 18 rixd. ôcrkr. par terme , Sc forme un grand
bailliage. -
LIEGE ( évêché 8c principauté de ). C e t évêché
eft fitué dans les Pays-Bas. Il eft borné au
nord par le duché de Brabant ; au couchant par
le Brabant, le comté de Namur le Hainaut >
au midi par la Champagne & le duché de Luxembourg
; au levant par les duchés de Limbourg 8c
de Juliers. Sa longueur du midi au nord eft de
vingt 8c quelques milles j mais il fe courbe vers
le midi, 8c fa largeur eft fort inégale. Quelques
diftriéls de fa dépendance font enclavés dans les
duchés de Brabant 8c de Luxembourg.
Outre l'évêché de Liège proprement d i t , le
prince-évêque poffède le comté de LoozouLoon
o,u Borchloen, le comté immédiat de Horn , le
marquifat de Franchimont, le pays de Condroz
& le pays entre la Sambre 8c îa Meufe, qu'on
appelle Interamnenfis provincia.
Productions. La partie , qui eft au nord de la
Demer, ne confifte qu'en bruyères ; mais celle
qui fe trouve au fud de cette rivière, vers le
comté de Namur , eft fertile en bled 8c en vins $
vers les duchés de Luxembourg 8c de Limbourg ,
le pays eft couvert de montagnes 8c de brouf-
failles. Le vin qu'il produit, reffemble aux petits
vins de Bourgogne 8c de Champagne.
Population^ L'évêché de Liège renferme vingt-
fix villes : ph y compte 1400 villages. Prefque
toutes Tes terres appartiennent à la nobleffe 8c
au clergé 3 le pays eft pauvre. On y parle le dia-
leéle de Brabant ou le patois de Liège, qui eft:
un françois corrompu : ceux qui parlent patois,
font appellés luiher-waalen.
Etats. Les états provinciaux font compofés du
haut’ clergé ou du chapitre cathédral, de la nobleffe
8c dès bourg-meftres des principales villes.
Ils ont deux tréforiers généraux 8c fix receveurs.
Chacun des deux premiers ordres élit annuellement
quatre députés 5 les bourg-meftres de Liège
font députés nés du troifième ordre > ils font affiliés
de quatre autres députés des petites villes.
Tous ces députés s'affèmblent dans le palais épi(V
. copal à Liège.
Commerce. C e pays exporte de la bierre , du
tabaè, des armes , des doux , dés ferges , des
cuirs des marbres 8c pierres bleues, delà chaux,
du charbon de terre 8c de l'alun. On fabrique
dans cette principauté, des montres , de la bijouterie
, de l'orfèvrerie, des armes , des canons,
vafes & poêles de f e r , des draps, des ferges, du
papier, de la fayence , de la g a z e , de la dentelle
noire, dè l’eau-forte, du favon noir, de la
couperofe , du vert-de gris 8c de la calamine. On
y importe des vins, de l'eau-de-vie, de l'huile,
des draps de France , d'Angleterre 8c de Hollan-^
d e , des foieries, des indiennes, des mouffelines,
des épiceries , des drogues , des peaux , 8cc.
L'exportation eft très-confîdérable. Elle fe fai-
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