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quelles même on n’ a pas trempé , paroît bien
dure dans le gouvernement monarchique.
Elle ne doit être appliquée ,. dans toute fa fé-
vérité , qu'au crime de léje -majcfié au premier
chef. Dans ces états , il eft très-important de ne
point confondre les- différens chefs de ce crime.
Au Japon où les loix renverfent toutes les
idées de la raifon humaine , le crime de non-
jévélation s’applique aux cas les plus ordinaires.
Une relation ( i ) nous parle de deux demoiselles
qui fuient enfermées jufqu’à la mort dans
un coffre hériffé de pointes j l’une pour avoir eu
quelqu’intrigue de galanterie 3 l’autre pour ne l’a1
voir pas révélée.
Il eft dangereux dans les républiques de trop
punir les crimes de léfe-majefté.
Quand une république eft parvenue à détruire
ceux qui vouloient la renverfer , il faut fe hâter de
mettre fin aux vengeances , aux peines & aux ré-
compenfes même.
On ne peut faire de grandes punitions, & par
conféqueht de grands changemens * fans mettre ,
dans les mains de quelques citoyens , un grand
pouvoir. Il vaut donc mieqx^ dans ce cas, pardonner
beaucoup que punir beaucoup 3 exiler peu
qu’exiler beaucoup} laifler les biens que multiplier
les confifcations. Sous prétexte de la vengeance
de la république on établiroit la tyrannie des
vengeurs. Il n’eft pas queftion de détruire celui
qui domine , mais la domination. Il faut rentrer ,
Je plutôt que l’on p eut, dans ce train ordinaire
du gouvernement, où les loix protègent tout &
ne s’arment contre perfonne.
Les grecs ne mirent point de bornes aux vengeances
qu’ ils prirent des tyrans, ou de ceux qu’ils
foupçonnèrent de l’être. Ils firent mourir les en-
fans ( 2 ) , quelquefois cinq des plus proches païens
(3). Ils chaffèrent une infinité de familles.
Leurs républiques en furent ébranlées} l’exil ou
le .retour des exilés furent toujours des époques,
qui marquèrent le changement de la conftitution.
Les romains furent plus fages; Lorfque Caffius
fut condamné pour avoir afpiré à la tyrannie ,
l ’on mit en queftion fi l’on feroit mourir fes en-
fatis : ils ne furent condamnés à aucune peine.
•c Ceux qui ont voulu, dit Denys d’Halicar-
» naffe ( 4 ) 5 changer cette loi à la fin de la
33 guerre des marfes & de la guerre c ivile, &
L E U
Ë exclure des charges les enfans des profents pal
» Sylla, font bien criminels
On v o it, dans la guerre de Marius & de Sylla*
jufqu’ à quel point les âmes, chez les romains *
s’étoient peu-à-peu déprayéesi Des chofes fi fu-
neftes firent croire qu’ on ne les reverroit plus.
Mais , fous les triumvirs, on voulut être plus
cruel & le paroître moins : on eft défolé de voir
les fophifmes qu’employa la cruauté. On trouve
dans Appien ( ) ) la formule des prescriptions.
Vous diriez qu’on n’y a d’autre objet que le bien
de la république, tant on y parle de fang-froid,
tant on y montfe d’avantages , tant les moyens
que l’on prend font préférables à d’aùtres, tant
les riches font en fureté , tant le bas peuple fera
tranquille, tant on craint de mettre en danger la
vie des citoyens, tant on veut appaifer les fbl-
dats, tant enfin on fera heureux (6).
Rome étoit inondée de fang, quand Lépidus
triompha de l’Efpagne 5 & par une abfUrdité fans
exemple , il ordonna de fe réjouir, fous peine
d’être profcrit (7). De L'Efprit des loix , liv* X I I t
chap. 7 fuiv. Voyçz l’article L o i .
LE T TR E S D E C R É A N C E . C e font des Uu
très émanées du fouverain , ou de quelqu’autre
perfonne conftituée en dignité, portant que l’on
peut ajouter foi à ce que dira celui qui eft muni
de ces Lettres. Les ambaffadeurs, plénipotentiaires,,
envoyés & autres miniftres qui vont dans une
cour étrangère, ne partent point fans avoir des
lettres de créance 5 & la première chofe qu’ils font
lorfqu’ils font arrivés, eft de préfenter leurs lettres
de créance.
Les lettres de créance font l’inftruraent qui au-
torife & conftitue le miniftre dans fon caractère
auprès du prince à qui elles font adreffées. Si ce
prince reçoit le miniftre, il ne peut le recevoir
que dans la qualité que lui donnent fes lettres de
créance ; elles font comme fa procuration générale
, fon mandement ouvert, mandatum manifefi
tum. Voyez les articles A m b a s s a d e u r , M i n
i s t r e s p u b l ic s , & c .
L EU CH TEN B ER G , landgraviat princier d’Allemagne
, au cercle de Bavière. 11 eft fitué dans
le No rd g ow , entre la principauté de Soulzbaeh.
& Nabbourg, Tenesberg & T re sw itz , bailliages
de Bavière dans le haut Palatinat. Il obéiffoit
jadis à des landgraves, dont le dernier, appelle-
(1) Recueil des voyages qui ont fervi à Tétabliflement de le compagnie des Indes , pag. 4*3 liv. V }
art. II. . . .
.(z) Denys d’Halicarnafle, antiquités romaines, liv. VIII.
(3) Tyranno occifo , quinque ejus proximos cognatione magijlratus necato. Cicéron, de inventione, lit». IL
(4) Liv. VIII j pag. 547.
/s) Des guerres civiles liv. IV.
^6) Quod felix faujiumque fit.
(7) Sacris Or epulis dent hune diem ; qui feeùs faxit, inter proferiptos efio.
L É Ü
JMaximilien Adam, mourut fans fuccefïeur en
1646. Albert fon beau-frère , duc de Bavière ,
époux de Mathilde fa foeur, reçut l’inveftiture
de ce landgraviat, malgré la furvivance donnée
à Henri de Mecklenbourg , en 1 J02, par l’empereur
Maximilien I. Il l’ échangea contre d’ autres
terres avec fon frère Maximilien, électeur de
Bavière, qui le céda à fon fécond fils Maximilien-
Philippe. Celui-ci étant mort en 1707 ' fans héritiers
, & l’életteur de Bavière ayant été mis au
ban de l’Empire , le landgraviat de Leuchtenberg
fut donné en fief par l’empereur au prince de
Lamberg, & revendiqué par la maifon électorale
de Bavière en 1714.
Le dernier éle&eur de Bavière en prenoit le
titre fans les armes. Il avoit, à raifon de cette
principauté , voix & féance au collège des princes
& au cercle de Bavière.Son contingent ma-
triculaire eft de fix cavaliers & quatorze fantaf-
jfins ou 128 florins. Sa contribution pour l’ entre-
tièn de la chambre impériale eft de 135 rixdales
16 & demi kr.
Le landgraviat étoit régi par un magiftrat commis
pour l’exécution des reglemens civils & de
police ( dire St or in civilibus & politicis ) , par un
prévôt féodal, par un juge & un capitaine provinciaux,
& par d’autres officiers, princiers. Il re-
levoit pour le fpirituel du diocèfe de Ratisbonne,
& reconnoiffoit la juftice de quatre tribunaux ,
qui étoient : i° le tribunal provincial de Leuchtenberg
: 20. la juftice municipale de Pfreimbdt :
30. le bailliage de Wernberg : 40. la jurifdiétion
de Misbrunet, fituée à l ’eft hors de l’enceinte
des terres mentionnées : nous ignorons fi fon ad-
miniftration a éprouvé des changemens depuis la
mort du dernier électeur de Bavière Voye[ les
articles B a v i è r e & P a l a t i n a t .
LEU T K IR CH EN , ville impériale d’Allemagne
, au cercle de Suabe : elle eft fituée dans l’Ar-
gau & arrofée par l’Efchach, qui s’y jette dans
i ’Aitrach : elle occupe une plaine ou,une bruyère
qui porte fon nom. On y compte deux paroiues ,
l’une luthérienne , l’autre catholique. La majeure
partie du magiftrat & des habitans fuit la con-
îeffion d’Augsbourg. Les preuves certaines de fon
immédiateté , dans laquelle Charles IV & Wen-
ceflas fe font engagés de la maintenir, ne remontent
qu’ à Rodolphe premier. Elle a la vingt-
huitième voix à la diète parmi les villes impériales
de Suabe, & la vingt-unième dans les af-
femblées du cercle. Sa taxe matriculaire , qui
avoit été de 40 florins & réduite à 14 en 1683 ,
eft depuis 1728 de 21 florins, outre 33 rixdales
69 & demi kr. qu’ elle paye par quartier pour
l ’entretien de la chambre impériale. C ’étoit autrefois
un des fièges du préfidial établi dans la
bruyère de fon nom & dans la Purs. Elle eft
enclavée dans la jurifdi&ion de la préfecture
avec laquelle elle conclut en 1545 un traité relatif
à cet objet.
L I C T17
L ICH T E N B E R G , H A N A U - L IC H T E N BERG
, feigneurie de la bafie-Alface , dom une
partie eft membre du corps germanique. Cette
feigneurie avoit anciennement fes feigneurs particuliers,
qui s’éteignirent en 1480 a la mort de
Jacques, feigneur de Lichtenberg : elle échut alors
à Anne & Elifabeth, filles de Louis fon frere;
La première fut mariée à Philippe l’aine, comte
de Hanau, qui en obtint la moitié , & dont 1 arrière
petit-fils, Philippe V , acquit le refte en 1560
par fon mariage avec Marguerite-Louife , fille de
Jacques premier , comte d'Ochfenftein & Bitche,
delcendante d’Elifabeth. La tige mâle de Hanau-
Munzenberg s’éteignit en 1642 à la mort du
comte Jean-Emette} & ce domaine, en vertu
du paéte de fucceffion de 1610 & du fecoursque
prêta la maifon de Heffe-Caffel, pafta à la branche
de Lichtenberg 3 qui y réunit le tiers cédé jadis
au comte Philippe premier & la feigneurie de
Lichtenberg proprement dite. Mais le comte Frédéric
Cafimir de Hanau détacha de nouveau cette
dernière en 1680, pour la donner à Philippe-René
fon coufin, & à fes héritiers males, à la referve
du- bailliage de Babenhaufen , qu’il garda comme
une ancienne dépendance du comté de Hanau-
Munzenberg. Cafimir étant mort fans enfans male
s, toute fa fucceffion paffa à Philippe René }
Philippe - René céda à fon tour la feigneurie de
Hanau - Lichtenberg à Jean-René fon frère j qui
lui fuccéda également dans le comté de Munzenberg,
& mit-fin en 1736 à la tige mâle des
comtes de Hanau. Sa fille unique avoit époufé
-Louis. V I I I , landgrave de Hefle-Darmftadt} &
Louis , l’ainé des princes ilïus de ce mariage ,
hérita, de la feigneurie de Lichtenberg. Le roi de
Pologne AuguftelII, électeur de Saxe, y forma des
oppofitions en 1749} faifant valoir l’ expe&ative accordée
à fa maifon , ( voye1 l’article H a n a u )
il réclama devant le confeil fouverain d’Alface le
bailliage' de cette feigneurie, dépendant de fon
reflfort} mais il fut débouté par arrêt de 17^0,
& le prince héréditaire , aujourd’hui landgrave
régnant de Helfe-Darmftadt , maintenu dans fa
poffeffiôn.
La plus grande partie de cette belle feigneurie
fituée en Alface , a été féparée de l’Empire germanique,
en paffant avec cette province fous la
fouveraineté de la France. C e qui en refte à l’Allemagne
forme quelques bailliages, pour lefquels la
maifon de Darmftadt eft taxée annuellement à
500. florins , qu’elle verfe dans la caiffe du cercle
du haut-Rhin, outre 14 écus 38 & demi kr. pour
l’entretien de la chambre impériale. Toutes les
affaires judiciaires de la feigneurie vont à la régence
de Bouxviller. La religion luthérienne y eft
dominante } mais on y trouve beaucoup de catholiques
& quelques réformés dans les bailliages
françois & dans celui de Lemberg.
C e qui dépend de l’Empire, confifte dans
i ° . Le bailliage d£ Lichtenau.