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d'une f im X t é a d n d nW e ^ ^ 'V " 1 P ' É Cll/ P rc & * « ru fa le ra j duc de Savoie , de
Montferrat, de Chablais , d«Aofle & de Géné-
maifon d- SavoiJ P ? i< W ÉÉI d e la : vois , prince de Piémont &t d’Oneille. marquis
d e f e s p éd e^ c e ffe u r ; T ' o r l , q "il l W f c x d e S ‘l l , , c e s > d e S u f e , l i v r é e d e C e -
p r e d e c e f le u r s . L o r d r e q u a é t a b l i a u t r e - v a , d e M a r o , d 'O r i f t a u & d e S e r .a n e , c o m t e
-PF . y d une fimplicité qui devroit être
uivie dans tous les états : il prévient tellement les
raudes j il remet !î bien fous les yeux les revenus
oc les depenfes , qu'on n’a point d'abus à crain-
f1re* 1 1a formé fa nation ; il a changé totalement
e caractère des piémontôis , & converti en qualités
ellimables plulieurs de leurs difpofitions vi-
cieufes. -
C eft une chofe,admirable que l’ingénieufe économie
établie en fyftême & en ufage par Viftor-
Amedee II : ces détails de parcimonie s'ennoblif-
lent , loiiqu il s'agit d'un prince qui adminiftre
les contributions d'un peuple. Il faut étudier le
lylteme établi par ce prince, pour voir tout ce
qu on peut faire dans un état avec un modique
revenu. ^
Adminifiration du Piémont.
furete , la /implicite 8c l'harmonie de l'ad-
mim«ration du Piémont ont paru dignes aux étrangers
de leur examen 8c de leur éloge. Le minif-
ff rS P “ ne. 8rande nation a envoyé un obferva-
tv.ur a Turin pour y acquérir des connoi/fances
lur la maniéré dont on a cadaftré les terres, 8c
approfondir le fyftëme économique qu'on fuit dans
les états du roi de Sardaigne.
La vénalité des charges eft abolie en Piémont
depuis le régné de Victor-Amédée I I , & les loix
de 1 état ou les opérations des fouverains ont tellement
affoibhj’mégalité des richeffes, que le Pié-
monc elt peut-etre le pays de l'Europe ou il eft le
moins necenaire d'être vjche.
T>v -VL ans, J depuis le règne d’Emmanuel-
lni.ibert jufqu'à la fin de celuideViétor-Ame-
dee 1 1 3 les princes de la maifon dé Savoie ont
plus que doublé leur puiffance , triplé leurs revenus,
établi les principes d'adminiltration les plus
utiles 8c les plus fages, introduit les arts dans,
un pays ou ils étoient, pour ain/i dire, inconnus
« recouvré l'amour de leurs fujets/: c'eft un
^ e x em p le à citer aux adminiftrateurs.
Quoique la famille royale de Savoie ait depuis
long-temps le titre d'alte/fe royale, à caufe de
les prétentions fur le royaume de Chypre, elle
n a eujufqu’en 1713 que le càra&ère de duc de
oavoiê; yidtor-Amédée étant devenu maître de
la Sicile , en- vertu de fon traité de 'paix avec la
France il prit le titre de roi, & fe fit couron-
aer roi de Sicile a Palerme. Il en demeura tran-
quille pofleffeur jufqu’en 1.718 ; alors il céda le
royaume de Sicile à l ’empereur Charles V I , qui
Jui donna en échange celui de Sardaigne, & Je
reconnut roi de cette ifle. Il en prit po/Teffîon
l i U 2° ‘ tttre du r°i de Sardaigne •
M M parla grâce de D ieu , roi de Sardaigne j
d p ^ auriepne, de Genève, de N i c e , d'Aitie,
d A \7 andrie> ^ e°de , de Goceau , 8c baron
de Vaud & de Faucigny, feigneur de V.erceiL,
n ^ iÉ Tarentaife, de Lomellino 8c
LJuval di Séria, prince 8c vicaire perpétuel du
Saint-Empire romain.
T autorité du roi eft illimitée, 8c celle du paps
elt très bornée dans fe$ états. Aucune bulle ne
peut s y publier fans Yexequatur du roi, & l’in-
quihtion de Turin ne peut inquiéter perfonne
fans 1 aveu du prince. Le. roi nomme à tous les
bénéfices eccléfiaftiques * 8c a droit de les charger
de penfions jufqu'au tiers de leurs revenus.
Les .couvens ont confervé le domaine des biens
qu ils ont po/Tédé avant l’année 1600 , ;fans
payer aucune impofition , parce que ce font des
fondations provenant des biens royaux j mais pour
le relie de leurs biens, meubles ou immeubles ,
ils font fournis aux mêmes impôts que tous les
autres fujets. Tous lés contrats civils fuffent-ils
faits par des eccléfiaftiques, font du reifort des
tribunaux civils j 8c les procès dans lefquels les
eccléfiaftiques fe trouvent impliqués, doivent fe
k s .magiftrats civils ordinaires. Ces
etablifiemens relatifs au clergé font l’ouvrage du
marquis d'Orméa.
to rd r e de ^nnonciade fut fondé en 13 62
par Amedee^VI. Ceux qui en font décorés portent
une chaîne d 'o r , qui fait le tour du cou 8c
tombe fur la poitrine. Sur la chaîne font gravées
les quatre lettres F. E R. T . ancienne devife de
la maifon de Savoie, qui lignifie : Fortitudo ejus
Rkodum ternit. C'eft dans l'hiftoire d'Amédée IV.
qu il faut chercher l'origine de cette devife.
L ordre de Saint-Maurice 8c de Saint-Lazare
a ete fonde par Amédée V III. C e t ordre a quelque
re/Temblance avec celui de Malthe j il a- com-
me lui des commanderies , 8c il eft obligé d'entretenir
trois galères contre les turcs. Les chevaliers
peuvent fe marier, mais ils ne peuvent époufer
des veuves, 8c il ne leur eft pas permis de
convoler en fécondés noces ; il paroît qu'avec
de l’argent on obtient difpenfe de ces deux Ibix.
La marque de cet ordre eft une croix verte d'émail:
bordée de blanc, attachée à un ruban verd qut
tombe fur k poitrine, 8c qu'on place à la bour-
tonnière de la vefte.
S e c t i o n I V°.
Des finances du roi de Sardaigne , de la monnoid
de fes états , de Je s troupes & de fa marine.
Les revenus du roî de Sardaigne étoient évalués
de 24 a iji millions, il y a dix ans, 8c répartis.
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comme en France , fur les fonds, furies perfon-
nes & fur les confommations. La taille réelle,
ja capitation 8c le gioatico ( efpèce de tribut qui
fe paye par tous ceux qui ont des boeufs ou des
vaches) monte à plus de dix millions. La grajfina
( c’eft un droit qui fe lève fur les auberges, les
boucheries, les cuirs 8c les chandelles) le pa-
pjer timbré , les droits d'infinuation, la loterie
qu'on appelle le jeu de feminaiie , le produit du
tabac, des cartes 8c des taros, enfin tous les
droits compris fous le nom de gabelles générales
& ceux de pontonage 8c de papeteries , appelles
gabelettes, le don gratuit du duché d’A o l l , les
émolumens des greffes , brevets .ou patentes, la
poudre à tirer que le roi fournit au p ub lic ,.le s
marbres de Valdieri , l'impôt fur les juifs 8c autres
articles moins importans , concourent à former
les revenus de ce prince
On évalue à un million les revenus aétuels de
la Sardaigne, 8c a plus de éco^ooo liv. les dé-
penfes de l'intérieur de l'iile.
On n’évalue qu'à 40,000 liv. la dépenfe des
menus plaifirs du roi , à la même fomme celle
de la reine, 8c à 30,0c© liv. celle de M. le prince
& de madame la /princefle de Piémont.
Il n'y a point de foüverain qui foit fervi moins
‘ chèrement que le roi de Sardaigne, 8c qui dépenfe
moins. Les fecrètaires d’état n'ont que
8000 liy. d'appointemens fixes , 8c leur place ne
leur rapporte pas plus de 13 à 14,000 liv. C e pendant
la dépenfe excédoit les revenus il y a dix
ans , 8c on a fans doute mis de nouveaux impôts
pour maintenir l'équilibre.
Le roi dépenfoit d'abord 2,200,000 liv. pour
les intérêts des dettes de la couronne , qui mon-
toient il y a peu d'années à plus de 60 millions, j
Les intérêts de la dette font à trois 8c demi pour
cent: elles furent réduites à ce taux en 1763 3
'mais on offrit le rembourfement du capital.
5 Les frais d’adminiftration, les troupes, lama- 1
tine , les divers établiflemens 8c les dépenfes né-
ceflaires abforboient le revenu 8c même le fur-
paftoient, ainfi que nous venons de le dire.
Les impofîtions font modérées en Piémont, &
on doit en trouver Je détail dans le di&ionnaire
des Finances.
Pour prévenir les gains excefiifs des partifans, i
il y a une loi qu’on appelle del fefio ( du fixième ) ,
fuivant laquelle.tout fermier du domaine ou des
revenus de la couronne, quoique adjudicataire à
l ’enchère, peut être dépoffédé dans le cours même
de fon bail, s’il fe préfente quelqu’un qui offre
un fixième de plus.
Lorfque le roi eft obligé de faire tin emprunt,
îl aliène à la ville de Turin tel ou tel revenu, 8c
elle fe charge de trouver telles ou telles fommes, .
Si d’en payer les intérêts qui font réglés à 3 8c 1
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demi, à 4 8c quelquefois à y pour cent , 8c
à l’acquittement defquels le gouvernement veille
avec la plus rigoureule exactitude. Le fouveram
furcharge en même-temps quelques impôts, dont
l’augmentation , en compensant la perte que l’emprunt
occafionne , rapporte au moins ce que peuvent
confommer les intérêts annuels. C ’eft ainfi
que les différens tributs auxquels le peuple eft
aftiijetti, fuffifent ordinairement aux dépenfes de
la guerre, 8c à toutes celles qu’exige le bien public
.L
es contribuables fupportent ce poids fans
murmurer : cette réfignatiun provient fur-tout de
ce que les privilèges 8c les exemptions y font
très-bornés, 8c ne font que le prix des fervice»
rendus à l’état.
Si le JeCleur veut juger dans quelles proportions
les diverfes provinces contribuent au paiement
des impôts, nous dirons que pour la répartition
d’ une impofition extraordinaire , établie depuis
quelques années,
livres de Piémont.
Lz Piémont paye...................... 1,526,236
La Savoie ............................................. 33 J,6co
Le Montferrat....................................... 134,113
Le comté de N ic e .............................. 25,618
La principauté d'Oneille.................. 3,333
Les provinces d’Alexandrie 8c de
Lomelline......................................... 234,053
Les provinces de Novara 8c de Tortona.........................
164,818
Le Novarois , le Vigevanafc , le
Pavefan au delà du Pô 8c les provinces
de Sicco , Mario 8c de
Bobbio.............................................. 136,201
T o t a l .................................... M f 9>97î
Il y a en Piéi-jont pour 5 ou 6 millions de papier
- monioie, qui n’a jamais éprouvé de faveur
ni de diferédit, 8c dont 1a valeur eft égale
à celle de l’or 8c de l’ argent : ce qui annonce
la confiance publique 8c la fageffe de l’adminif-
tration.
Le numéraire du Piémont n’excède pas 45 0«
jo millions , y compris même 12 à 15 millions,
en billets de crédit 8c en mon noie du billon.
Des écrivains politiques ont calculé que pour
le bien de l’ agriculture 8c du commerce, on
doit trouver environ 30 liv. d’argent monnoyé par
tête d’habitant : la population du Piémont montant
à près de 3 millions, il devroit avoir 90 millions
de numéraire.
Le roi de Sardaigne entretient 9 régimens d’in