
'â$ 8 L U N
Nous avons fait des articles particuliers de
chacun des états de lamaifon électorale de Brunf-
w ic k ; 8c le leCteur trouvera aux articles H a n o v
r e , H o y a , W o l f e n b u t t e l , & c . ce qui
regarde Iesprincipautés de Calenberg, de Hoya ,
de Wolfenbuttel, 8cc.
Nous parlerons ici de la principauté de Lune-
bourg 8c de Zell : mais nous ajouterons à la fin
de Tarticle quelques remarques générales fur ies
productions ,le&manufaCtures & le commerce des
états de la maifon de Brunfwick que nous nous
fommes procurés depuis l’impreffion de l’article
Brunswick.
La principauté de Lunebourg ou de Zell eft
bornée à l’oueft par les duchés de Breme & de
Verden , le comté de Hoya & la principauté de
Calenberg ; au midi par cette même principauté,
le diocèfe de Hildesheim 8c le duché de Brunfwick
5 au levant par ce dernier duché , par celui
de Mecklenbourg 8c par la vieille Marche; 8c
vers le nord par le duché de Lavenbourg 8c
l’E lb e , qui la fépare du territoire de la ville
impériale de Hambourg.
, Produirions., fol. Le fol y eft fertile le long de,
l ’E lb e , de l’ Aller 8c d e là J e tze ; il eft fec 8c
fablonneux dans les autres endroits. L ’Elbe tra-
verfe les parties orientale 8c feptentrionale de
cette principauté. Les avantages qu’ elle retire de
ce fleuve , font importans; il fertilife les terres
voifines ; il ajoute à la fubfiftance des habitans
par le grand nombre de-poiffons qu’on y prend;
il facilite la navigation ; 8c les péages- qui y font
établis d’apres un mauvais régime , font utiles au
fifc.
Population. La principauté contient trois grandes
villes ; favoir, Lunebourg, Ulzen 8c Z e l l ,
onze petites 8c treize bourgs.
Etats. Cette province a confervé fes états ,
' ainfi que les ont confervés la plus grande partie
des pays d’Allemâgne, 8c un grand nombre de
provinces que le fouverain ménage , parce qu’il
en eft éloigné. Il faut diftinguer d’abord le collège
entier de la province: il eftcompofé , i ° . du directeur
provincial qui eft l’abbé du .couvent de Saint-
Michel de Lunebourg, 8c qui, pour entrer en charge,
doit être confirmé ;p:ar le ro i, fu r ’lés préfenta-
tions des conféillers! .provinciaux. Ce^direéteur, à
qui l’on donne le titre d'excellence, a rang après
les eonfeillers intimes en exercice , 8c il a le pas
■ furie préfident du tribunal fupérieur des appellations,
à moins que celui-ci ne foit lui- même
confeiller intime : 2**. de huit eonfeillers q u i,
avec le directeur dont il"vient d’ être parlé, forment
le confeil provincial : 50. de deux confeil-
lers du tréfor : 40. de quatre députés ordinaires
de la nobiefife. Une ordonnance du roi du 2 no-
. vernbre 1752 a réglé la manière dont on doit pro^
cider à féleCtion de ces officiers : elle a partagé
tous les biens* nobles en quatre quartiers ou cantons
f qui font celui de Lunebourg, celui de Lu-
L U N
chau, celui de Zell 8c celui de Giffhorn ; le pre-
mier contient 48 biens nobles ; le fécond 49 ; le
troifième 50 , 8c le dernier 48. On a donné droit
de fuffrage aux différens poffeffeurs. On a aggrégé >
à chaque canton un député perpétuel de la nobleffe
8c deux eonfeillers du confeil de la province
, dont l’un élu par le corps entier de la nobleffe
de la principauté, 8c l’autre par celle du
canton, ou il ffaut qu’il poffède un des biens nobles
dont on vient de parler. L’ancienneté feule
règle entr’eux les privilèges. Lorfqu’il s’agit de
choifir un nouveau membre le député ordinaire
perpétuel notifie aux propriétaires nobles de chaque
canton le jour fixé par le directeur de la province
; il leur ordonne de s’affembler dans les
villes , dont leurs quartiers portent le nom ; 8c
là fous la préfîdence ils élifent, à la pluralité
des v o ix , deux autres députés qu’on appelle d’é-
lettion , qui doivent être de l’ancienne nobiefife
du même canton, 8c pofféder un de ces biens
auxquels eft attaché le droit de fuffrage. Ces nouveaux
députés fe rendent, au jour fixé par le
même directeur , dans la maifon des états à Z e l l ,
où fe rendent auffi les huit eonfeillers provinciaux
qui, préfidés par le même directeur , font avec
les députés l’éleCtion dont il s’agit. Celui fur lequel
eft tombé le choix , eft enfuite préfenté au
fouverain q u i, s’ il le juge à propos, accorde fa
ratification. La nobiefife concourt de la même manière
lorfqu’il. eft queftion d’élire un confeiller
du tréfor : on le choifit dans le corps de la- nobiefife
; mais attendu que les députés ne font
qu’au nombre de huit, tandis que le collège qui
forme le confeil de la province, n’ a que neuf membres
fur le pied complet, le confeillerfurvivant
du tréfor fe joint aux huit députés pour donner
la neuvième voix. A la mort d’un député ordinaire
de la nobleffe, il eft remplacé par un autre
noble du canton, dans lequel vaque la place. Les
corps qui compofent le collège provincial, font
alors choix de deux fujets capables, 8c le canton
en adopte un qui eft enfuite préfenté au roi. Le
confeil provincial choifit, concurremment avec
les deux eonfeillers du tréfor, le fecrètaire du
tréfor 8c le receveur général ; mais la première
de ces deux compagnies nomme feule le fyndic
de la province 8c tous les employés fubalternes ,
dont les fonctions intéreffent le public.
Les états s*affemblent deux fois par année, 8c
ils font convoqués par le fouverain. Ils fe font
affemblés à Hæfering, bailliage de Bodenteiche,
jufqu’en 16 f2 ; mais ils furent transférés à cette
époque dans la maifon - de - ville de Zell.
Ceux qui ont droit d’y affifter , font : les confeil-
lers de la province 8c ceux du tréfor ; les quatre
dépùtés perpétuels de la nobleffe 3 dont les deux
plus anciens feuls ont droit de fuffrage; ceux des
évêchés de Bardewick 8c Ramelsloh 8c ceux des
villes de Lunebourg, d’Ulzen 8c de Zell. Les volontés
du roi y font indiquées par un de fes mi-
L U N
niftres, auquel les états ne répondent que par '
l’organe de leur fyndic.
Religion. On compte dans cette principauté environ
deux cens paroiffes luthériennes,, divifées
en quinze furintendances, 8c celles-ci en deux
autres générales.
Manufactures y commerce. Les manufactures 8c
les fabriques qui ont le plus de réputation , font
celles de toiles, de rubans, de bas 8c de chapeaux.
La ville de Zell a acquis quelque célébrité
par fes ouvrages d’or 8c d’argent que l’étranger
recherche , 8c celle de Haarbourg par fa blan-
chifferie de cire, 8c par fes fabriques d’amidon
8c de fucre. Le pays exporte fur-tout du bled ,
du farrafin , des jégumes , du houblon , du lin ,
des chevaux, des bêtes à cornes , 8c principale-
. ment des veaux gras a dont le féul bailliage d.e
"Winfen fur la Luhe fait un commerce avec la
ville de Hambourg d’environ 6000 écus par an.
Il exporte auffi des mats., du bois à différents
ufages, des bateaux , de la volaille, de la laine,
de la cire crue ou blanchie, du miel, du fel ,
du fucre, du f i l, des toiles de toutes qualités ,
des bas, des draps, des ouvrages d’or 8c d ’argent
, &c. La multitude de voitures chargées de
marchandifes, qui dirigent leurs routes vers Hambourg
, Lubeck 8e Altona occupent auffi les habitans
de cette principauté.
Origine & privilèges de cette principauté. La
principauté de Lunebourg vient des biens héréditaires
que poffédoit le comte de Billung, dont le
fils, nommé Hermann , fut créé duc de Saxe par
l’empereur Otton I. Le duc Magnus , dernier dé
fa race, étant mort fans laiffer d’héritier mâle,
Wulfhild fa fille porta fes domaines au duc Henri
de Bavière qu’elle époufa ; ils pafférent enfuite à
fa poftérité, ainfi que nous l’avons dit à l ’article
B r u n s w ic k .
Cette principauté donne au roi delà Grande-
Bretagne droit de féance 8c fuffrage dans le collège
des princes de l’Empire 8c dans les affem-
blées circulaires de la baffe-Saxe. Sa taxe matri-
culaire en cette qualité eft de vingt cavaliers 8c
cent vingt fantaffins, ou de 720 florins en argent.
, Charges héréditaires. Les ducs de Lunebourg établirent
à leur cour diverfes charges héréditaires,
dont ils inveftirent des familles nobles du pays ;
celle de grand maréchal fut donnée à la maifon
de Meding ; celle d’intendant des cuifines 8c d’é-
chanfon à la famille de Vehren , 8c celle de grand-
tréforier aux .nobles de Knefebeck. Ces mêmes
ducs établirent auffi une grande charge, appellée
Erbpoetkerant , qu’ ils conférèrent à la maifon de
Spoerken, charge qui probablement eft celle de
déguftateur ( officium pr&gufiatoris ).
Tribunaux. La ville de Zell eft le liège de la
juftice de la chancellerie , 8c celui du tribunal de
la cour de. toute la principauté. Le pays a le
droit de préfeater deux affeffeurs à ce tribunal,
L U N 1 6 ?
dont le choix dépend du confeil provincial ; elle
a le droit auffi de préfenter deux membres du.
liège fupérieur des appellations ; l’un noble , 8c
l’autre de condition bourgeoife. Leur éteCfcion fe
fait enfuite à la pluralité des v o ix , lors de la
tenue des diètes , auxquelles les eonfeillers de la
province 8c ceux du tréfor ont chacun une voix ; les.
députés de la nobleffe, ainfi que ceux des ab-.
bayes 8c des villes, y ont une voix par chaque
claffe.
Revenus. Les revenus que tire le prince des
trente-neuf bailliages 8c prévôtés bailliagères qui
lui appartiennent , joints au produit des droits
régaliens, doivent former des fommes confidé-
rables , puifque, dans le nombre des bailliages,
il en eft qui rapportent 14,000, 15,000 8c même
27,000 rixdales. Les péages établis fur l’Elbe
font auffi lucratifs que les objets de recette dont
on vient .de parler ; peut-être même le font-ils
davantage. La province eft chargée du recou->
vrement , i ° . des contributions qui fe payent
tous les mois : elles font accordées au fouverain
dans les diètes qui fe tiennent deux fois l’année ,
8c fe montent par chaque mois à plus de vingt
mille rixdales. La ville de Lunebourg en paye-
feule la feizième partie. i ° . D’ un impôt, nommé
licent ; on ne le perçoit que fur ceux qui habitent
les villes, 8c la conceffion s’en fait également
de fix mois en iïx mois ; les prélats 8c le
corps de la nobleffe en font exempts. f%. D ’ un
autre impôt , appellé fckatç, auquel les dettes
nationales ont donne lieu : on ie lève fur le
bétail, fur la bierre y. fur le vin 8c fur l’eau-de-,
v ie , 8c il produit pair an 40 à 50,000 rixdales.
Les frais de légation font un objet de dépenfe,
auquel la province eft obligée de contribuer. La
recette de ces divers impôts fe fait par des receveurs
fous l’infpeCtion de commiffaires, qui les
uns 8c les autres font nommés par le confeil provincial.
Remarques générales fur les états de la maifon
de Brunfwick-Lunebourg. Les états de la maifon
électorale de Biuçifwick - Lunebourg produifent
en général tout ce qui peut être néceffaire aux
b.efoins des habitans:
Les manufaCtur.es 8c les fabriques , quoique
nombreufes, pourroient fe multiplier davantage,
8c elles font fufceptibles de perfection. On y
fait de l’amidon blanc qu’ on tire du froment
8c de la pomme de terre. On y fait de la poudre
: on y file beaucoup de lin qu’on travaille
dans le pays : on y fabrique auffi beaucoup de
rubans , 8c les galons de cette principauté ne le
cèdent guère à ceux du Brabant. Les tapifferies
de toile cirée , qui fortent de ces manufactures,
offrent de très-belles couleurs. On eft parvenu à
y peindre les toiles de lin avec tant de fucçès ,
que les indiennes y font défendues. On y file
du coton 3 dont on fait des bas , des bonnets,
des gants, des toiles & des futailles. On y ap->