
coufu j & de l’imagination fouvent gîgantefqae
de Dupleix , qui les avoit a®quifes< , • ^
Le vice de cetre politique avoit pu être corrigé.
Dupleix qui rachetoitffes défauts par de grandes
qualités, ayoit-amené les affaires au point de fe
faire offrir le gouvernement du Carnate. C ’étoit
la province de l’empire Mogol la plus floriffante.
Des circonftances fingulières & heureufes lui
avoient donné de fuite trois nababs de la même
famille, qu^avoient fixé un oeil également vigilant
fur la culture & fur l’induitrie. La félicité
générale avoit çté le fruit d’une conduite fi douce
&: fi généreufe, & les revenus publics étoient
montés à douze millions. Gn en auroit donné la
fixième partie à Salabetzingue, & le furplus feroit
relié à la compagnie.
M . Dupleix fut rappellé , & les fuites de ce
'rappel font connues. Les anglois obtinrent dans
Tlnde l ’afcendant que les françois y avoient eu:
'ils conquirent le Bengale avec une rapidité qui
étonnera toujours ils dictèrent des loix fur la
côte de Coromandel.' C et Empire ell devenu d’une
grande utilité entre leuts mains5,! il a acquis de la ;
confillance : il les dédommagera peut-être un jour |
de la perte des colonies d’Amérique. Voye^ les I
articles Bengale, Madrass , P ondichéry, 1
'& les articles A r cate , C arna te , Dec an , ,
M a is sou r, T a n ja o u r , &c. Foyei aufli l’article
G entoux , où nous parlons des anciennes
loix des gentoux , dont plufieurs font tombées en
défnétude, mais-qui dojnnent une idee tres-exaéle
de la législation des peuples de l’Inde.
IN D U S TR IE . Nous n’examinerons ici Yin-
dufîrie que dans fes rapports avec l’économie politique
; & même fous ce point de vue borne ,
nous n’ examinerons que les avantages plus ou.
moins grands, qui réfultent de certains emplois
du travail & des capitaux ; nous parlerons en-?
fuite des mauvais effets qu’ont produit les entraves
mifes par rétabliffement des jurandes, des corps
de métiers & des corporations.
Les bénéfices de l’induftrie, dans les différens
arts & les. diverfes profeffions , varient par toute
l’Europe, félon les diverfes applications du travail
& des capitaux. Cette différence vient en
partie, de la police de l’Europe qui ne laiffe
nulle part les ehofes dans un état, de parfaite liberté.
a ,
Mais elle vient aufli de la nature meme des ouvrages
: cinq ehofes principales tiennent lieu d’un
petit gain dans quelques emplois du travail &
des capitaux , & dans d’autres contrebalancent
un gain confidérabîe. La première eft l’agrément
ou le défagrément des emplois même. : la fécondé
eft la facilité ou la difficulté de l’apprentiffage
qu’ils exigent, & le peu de frais ou la grande
dépenfe qu’ils entraînent : la ieroifième eft la cofif*.
tance ou i’ interruption de l’occupation qu ils donnent
: la quatrième eft le degré de confiance qu il
faut mettre dans ceux qui les exercent 5 Sç BS?
quième eft la probabilité ou l’improbabilité d y
réuflir. B H B
i° . Le falaire du travail varie félon quil elt
aîfé ou mal-aifé, propre ou fale, honorable ou
déshonorant. Ainfiprefque par-tout un tailleur (1 )
gagne moins dans une année qu’ un tifferand. Son
ouvrage eft beaucoup plus aïfé. Un tifferand gagne
moins qu’ un ferrurier, fon ouvrage n eft pas
toujours plus aifé, mais il eft plus propre. Un
ferrurier gagne rarement en douze heures ce que
gagne en huit un charbonnier qui travaille aux
mines de charbon de terre, & qui n’eit qu un
manoeuvre : fon ouvrage n’eft pas tout-à-fait fi
fale 5 il eft moins dangereux} il ferait à la lu-
mière du jour, & non fous terre. L ’honneur fait
une grande partie de la récompenfe des profeffions
honorables; & tout confidéré, elles font en général
mal payées, comme on le verra bientôt. Le
métier d’un boucher eft un emploi brutal 8c
odieux ; mais en beaucoup d’endroits, il eft plus
lucratif .que la plupart des métiers communs. L e
plus déteftable de tous les emplois, celui de
bourreau, eft mieux payé en proportion de l’ouvrage
fa it , qu’aucun des métiers ordinaires.
La chaffe & la p êche, les plus importantes
occupations des hommes dans l’état agrefte de
la fociété, deviennent dans fes progrès leurs plus
agréables amufemens. Ils font par plaifir ce qu’ ils
faifoient autrefois par néceffité 5 & ceux qui s»’y livrent
encore comme à un métier , font tous fort
pauvres. Tels ont été les pêcheurs depuis le
tems de Théocrite. Un braconier eft par-tout un
homme fort pauvre. Le goût naturel entraîne
vers cette occupation beaucoup plus de monde
qu’elle ne peut en faire vivre avec quelque ài-
fance ; & le produit de leur travail eft toujours
trop bon marché en proportion de fa quantité,,
pour qu’ ils en retirent au delà d’une étroite fub-
fiftance. Le défagrément & le déshonneur affectent
les profits des capitaux ; de la même manière
qu’ ils affeélent le falaire du travail. La profefiion
d’un aubergifte ou d’un cabaretier qui jamais n’eft
maître chez lu i, & qui eft expofé à la brutalité
de tous les ivrognes, n’ eft ni fort agréable ni
fort honorable ; mais il n’y a guères de métiers
où un petit capital rapporte un fi grand profit.
2°. Le falaire du travail varie félon la facilité
ou la difficulté de l’apprendre , & félon les frais
de l’apprentiffage.
Quand on élève une.machine difpendieufe, o»
compte que 1/ouvrage qu’ elle doit faire avant d’être
ufée, remplacera le capital qu’on y » mis,. 8c
(0 Nous ne parlons ici que des ouvriers & non pas des maîtres , dont les bénéfices font déterminés pas-
dès cireonftanecs particulières*-
que ce capital rentrera au moins avec fes profits
ordinaires. Un homme auquel il en a coûté beaucoup
de peine & de temps pour s inftruire dans
une profefiion qui demande beaucoup d adrelle
& de fcience , peut être comparé a une machine
de cette efpèce. Il faut qu outre le falaire ordi- .
naire du travail vulgaire , l’ouvrage qu il s eft mis
en état de faire , lui remplace toute la depenfe
de fon éducation, & en outre aü moins les profits
ordinaires d’un capital de valeur égalé. Il
faut même que cela foit ainfi, au bout d un tems
raifonnable, eu égard à la duree incertaine de*
la vie humaine ; car la durée de la machine elt
bien plus fûre.
La différence, entre le falaire du travail- favant
& celui du travail vulgaire, eft fondée fur ce
principe,. '
La police de l’Europe confidère le travail des
arts méchaniques, des artifans & des manufacturiers
comme un travail favant, & celui des ouvriers
de la campagne comme un travail vulgaire.
Il fémble qu’elle fuppofe que le premier eft d une1
nature plus fine & plus délicate que le fécond.
Cela peut être vrai dans certains cas; mais nous
tâcherons de montrer tout-à-l’heure que le principe
eft -'Couvent faux. Pour qu’ un homme foit
en droit d’exercer la première efpece de travail,
les loix & les coutumes de l’Europe lui impofent
la néceffité d’un apprentiffage plus ou moins rigoureux
félon les lieux. Elles laiffent 1 autre efpèce
de travail libre & ouverte à tout le monde.
Pendant la durée de lapprentiflage, tout le travail
de l’apprentif appartient a fon maître.^ oon
père & fa mère ou fes parens font fouvent réduits
à fournir à fa fubfiftance , & prefque toujours
à l’habiller. Il donne auffi communément quel-
qu’argent au maître. Ceux qui nen peuvent pas
donner, donnent du temps, ou s engagent atra-
vailler par-delà le terme que preferit 1 ufage. Dans
le travail de la campagne , au contrairé, 1 ouvrier
apprend les parties les plus difficiles de la befo-
g n e , tandis qu’on le metauxplusfacil.es , & n
gagne fa fubfiftance dès le moment qu il elt employé.
Il eft donc raifonnable qu en Europe, le
falaire des artifans & des manufacturiers foit un
peu plus haut que celui des ouvriers de la campagne.
Aufli l’ eft-il ; & c’ eft par cette ftipériorite
de gain qu’on les regarde en bien des endroits
,- comme d’un rang fuperieur. Cette fu-
périorité de gain fe réduit cependant a fort peu
-de chofe. C e que gagnent les journaliers par jour
ou par femaine dans les manufactures de 1 efpece
la plus commune-,-' comme celle de toile & de
draps, n’eft guère plus, année commune , que
ce que gagnent les manoeuvres. Il eft vrai que leur
occupation , plus confiante & plus uniforme, doit
leur procurer quelque chofe de plus dans le cours
d’une année; mais. il . paroît que ce furplus n excède
L ’ éducation, dans les arts ingénieux &: les
profeffions libérales, eft encore plus ennuyeufe
& plus coâteufe ; par conféquent la recompenie
pécuniaire des peintres , des ftulpteurs, d un
homme de rob e , d'un médecin , doit etre plus
ample. Elle l’eft en effet.
pas ce qui fuffit pour compenfer la depenfe j
fupérieure de leur éducation. 1
Il paroît que la facilite ou la difficulté d apprendre
le commerce où on emploie les capitaux
•’ affeûent peu les bénéfices de ces corps.
Les diverfes manières dont on les emploie communément
dans les grandes villes , fo n t , dans le
fa it, auffi faciles ou auffi difficiles a apprendre.
Une branche du commerce étranger ou dometti-
que ne peut être une affaire beaucoup plus compliquée
qu’une autre branche.^ .
1». Le falaire du travail varie félon que 1 occupation
qu’il donne , eft confiante ou inter-
D^ans la plus grande partie des manufaftures ,
un journalier peut compter qu’on 1 emploiera pret-
que tous les jours de l’annee ou il fera en état
de travailler. Un maçon , au contraire , ne peut
rien faire dans les grandes gelees & dans les
temps pluvieux 5 & en tout autre temps , U dépend
des occafions. Il eft donc e*P“ îe a ten®r
fouvent oifif. C e qu’ il gagne quand il eft employé,
doit non-feulement le faire fubfifter quand il ne
■ fl p as , mais le dédommager de ces momens
d’inquiétude & d’abbattement qu entraîne uneti-
tuation fi précaire. Auffi , dans les endroits ou le
gain de la plupart des manufacturiers eft a-peu-
près de niveau avec le falaire journalier des lim-
ples manoeuvres, celui des maçons en en general
plus fort de la moitié ou du double, in les
fimples manoeuvres gagnent quatre & cinq lche-
lings par femaine, les maçons en gagnent fou-
vent fept ou huit : fi les uns en gagnent fix , les
autres en gagnent fouvent neuf ou dix ; & ou
les premiers en gagnent neuf & dix comme a Londres,
les derniers en gagnent communément quinze
& dix-huit. De tous les genre^ de travail favant,
il n’y en a pourtant pas qui s’apprenne plus ai-
fément que celui de maçon. On dit qma Londres
les porteurs de chaifê font quelquefois employés
à la maçonnerie pendant 1 ete. Le^ haut
falaire de ces ouvriers eft donc moins la recom-
penfe de leur favoir, qu’une compenfation des
intervalles où ceffe leur travail. , _
Il femble qu’un charpentier en batiment exerce
un métier plus délicat, & qui demande plus d ef-
prit que le métier de maçon i mais il gagne moins
à la journée dans la plupart des endroits. Quoiqu’
il dépende des occafions pour la continuité
de fon travail, il n’en dépend pas G abfolument,
& le mauvais temps ne l’ empêche pas de travailler.
, . , „ • .<1
S’il arrive que les métiers dont 1 exercice eft
confiant, fouffrent une interruption dansnm endroit
particulier, le falaire des ouvriers s y eleve
toujours affez au-deffus de la proportion ordinaire.