
quence il en coûte davantage pour en tirer Peau
£ y renouveller l’air. On fait d'ailleurs qu'aucun
négociant bien acçredité n'ofe entreprendre, une
exploitation de mines > même au Mexique & au
lJerou.
_ Ces caufes font équivalentes à une difette
cl argent qui fe forme. Car on peut dire qu'une
pfu^ rare, quand il devient
plus difficile 8c plus difpendieux d’en avoir une
certaine quantité. Il doit arriver de là tôt ou
tard, que 1 augmentation de la dépenfe foit com-
penfée ou par une augmentation proportionnée
dans le prix de ce métal, ou par une diminution
proportionnée de la taxe établie fur lui, ou par
ces deux moyens réunis. C e dernier événement
elt tres-poi&blè. Comme le prix de l'or s'eft
eleve en proportion de l'argent, malgré la grande
diminution de la taxe fur l'o r , de même le prix
de 1 argent peut s’élever par proportion au tra-
vail & aux marchandifes , quand il y auroit une
égalé diminution de la taxe fur l'argent.
faits & les raifons que j'ai allégués me
difpofent a croire que pendant le cours de notre
iie c le ,1 l'argent a commencé à hauffer un peu de
valeur dans le marché de l'Europe. Il eft vrai
que ce furhauffement eft encore fi peu de chofe,
qu apres' tout ce que j'ai d it, bien des gens ne
Jailleront peut-être pas de douter non-feulement
que fa valeur foit augmentée, mais qu'elle ne
continue pas de baiffer en Europe.
_ nous d'autres obfervations importantes
a faire fur les monnoies & fur le fupplément qu'on
a cru devoir y ajouter, par la création des ban-
ques & des papiers : mais nous les renvoyons à
1 article P a p ie r -m on n o ie .
EJl-il raifônnable de mettre un droit de feigneuriagefur
la fabrication des monnoies ? & la nation angloife
à-t elle tort 'de fabriquer les fiennes aux frais du
gouvernement ?
Dans tous pays, fa plus grande partie des efpèces
courantes elt toujours plus ou moins ufée,
ou affoiblie d'une autre manière. Elles l'étoient
beaucoup dans la Grande-Bretagne avant la dernière
réforme , puifque l'or étoit plus de deux, 8c
l'argent plus de huit pour cent au-deffous de
l'étalonagè. O r , fi quarante-quatre guinées 8c
demie, contenant exactement une livre d 'o r ,
pouvoient acheter guère moins d'une livre d'or
non monnoyé, quarante-quatre guinées 2c demie
qui n'avoient pas tout leur poids, ne pouvoient
acheter une . livre pelant, & il falloit ajouter
quelque chofe pour compenfer le déficit. Le
prix çôurant de fo r en lingot au marché, au
lieu d'être le même que celui qu'on en donnoit
à la monnoie, ou de 46 livres fterling 14 fols
é deniers, étoit en conféquence de 47 livres 14
fo ls , & quelquefois de 48 livres, ou environ :
mais tandis que les efpèces d'or étoieot ainfi en
grande partie affoiblies, quarante - quatre guinées
qui venoient d'être frappées n’achetoient pas plus
de marchandifes au marché que des Ruinées plus
vieilles, parce qu'allant dans les coffres du marchand,
elles y étoient confondues avec d'autres
dont on ne pouvoit les diftinguer en fuite fans
prendre des peines qui excédoient la valeur de
!a différence. Comme les guinées plus vieilles,
elles ne valoient dans le commerce que quarante-
fix livres quatorze fols fix deniers. Cependant
mifes au creufet, elles produifoient fans perte
fenfible une livre d 'or, qui en tout temps pouvoit
être vendue 47 livres fierling 14 fols,
& 48 livres en efpèces qui étoient reçues comme
celles qu'on, venoit de fondre. Il y avoit donc
un profit clair à fondre la monnoie nouvellement
frappée, & c'eft ce qu'on faifoit avec tant de
diligence qu'aucune précaution du gouvernement
ne pouvoit l'empêchet. Les opérations de la monnoie
reffembloient à l’ouvrage de Pénélope. C e
quelle faifoit le jour, étoit défait la nuit. Elle
étoit moins occupée à faire dfcs additions journalières
à la quantité d'efpèces courantes, qu'a
remplacer la partie qu'on fondoit tous les
jours.
Dans les contrées où les particuliers qui portent
leur or & leur argent à la monnoie payent
eux-memês le monnoyage, cette dépenfe ajoute
a la valeur de ces métaux, comme la façoç*
ajoute à la valeur de la vaiffelle. L'or & Lar-
gent monnoyés’ valent plus que ceux qui ne le
font pas. Si le droit de feigneuriage n'eft pas
-exorbitant, il y ajoute la valeur de ce droit,
parce^ que le gouvernement ayant par-tout le
privilège exclufif de battre monnoie, il n'en va
point dans le commerce à moindre prix que
celui auquel il juge à propos de le fournir. A
la vérité, file droit ett exorbitant, c'eft-à-dire,
s’il excède de beaucoup la valeur réelle du travail
& de la dépenfe néceffaires au monnoyage,
la grande différence entre la valeur de l'or en
lingots & celle de l'or monnoyé , peut encourager
les faux monnoyeurs , - au-dedans & amdehors
, à répandre de la fauffe monnoie en fi grande
quantité,: qu'ils feront baiffer la valeur de la
réelle.
Le feigneuriage en France hauffoit la valeur de
la monnoie au-delà de la proportion convenable.
Par l'édit de janvier 1726, le prix du marc d'or
, fin., à vingt-quatre karats, fut fixé à 740 livres
9 fols’ i denier un n ti- La monnoie d'or de France
contenort .vingt-un karats & trois quarts d’or pur ,
& deux karats un quart d'alliage. Ainfi le marc
d 'o r , conforme à l'étalonnage , net valoir plus
qu'environ <$71 fiv. 1 o'deniers. Mais én'France ,
avec un marc d 'o r , on frappoit trentë louis de
24 livres chacun , ce qui faifoit’ 720 livres. Le
monnoyage y augmentoit donc la valeur d'un marc
d'or au titre en lingots, de la différence qu'il y
a entre 671 Üy* 1© deniers & 720 livre s, c'eft
> d ir e , de 48 liv. 19 fois 2 den. Ôn a fa it, en
1 78 5 , une refonte des monnoies d'ôr & une nouvelle
loi fur la proportion dé l’or & de l'argent.
L a refonte & la loi ont affoibli la valeur des louis
qui font refiés à 24 livres, & nous renvoyons
le leéleur à l'article M o n n o ie du dictionnaire
des Finances.
Un droit de feigneuriage anéantit, dans plüfieurs
cas, & diminue dans tous les cas le profit des fondeurs
de la monnoie. C e profit vient toujours de la
différence'entre la quantité d’or que doit contenir*
la monnoie courante, & celle qu’ elle contient en
effet. Si cexte différence eft moindre que le lei-
gneuriage, il y a de la perte à fondre. Si elle
eft égale au feigneuriage, il n’y a ni perte ni bénéfice.
Si elle eft plus grande que le feigneuria-
g e , il y a bien quelque bénéfice , mais fi eft
moindre que s’ il n’y avoit pas de feigneuriage^.
Si avant la dernière réforme de la monnoie d'or
il y avoit eu en Angleterre , par exemple , un
feign euriage de cinq pour cent fur le monnoyage,
il y auroit eu une perte de trois pour cent à fondre
de nouvelles pièces d'or. S'il eût été de deux
pour cent, il n'y auroit eu qu'un pour cent de
profit. Par - tout où l'on reçoit la monnoie par
compte 8c non au poids, un feigneuriage eft le
plus fur moyen de prévenir la fonte des pièces
nouvelles, & par conféqüent leur exportation.
'Ce font les1 meilleures pièces & les plus pefantes
que l'on fond communément , ou que l'on exporte,
parce que c'eft fur elles qu'il y a le plus
de profit à faire.
t La loi faite pour encourager le monnoyage ,
en l'exemptant de tout droit, fut d’abord pâffée
fous le règne de Charles I I pour un temps
limité ’, elle fut enfuite continuée à différentes re-
prifés jüfqu'en 1769 , où elle fut rendue perpétuelle;
La banque d'Angleterre, pour remplir fés
caiffes de monnoie, eft fouvent obligée de porter
des lingots à la Monnoie. Probablement elle crut
qu'il étoit de fon intérêt que le monnoyage fe
f î t aux frais du gouvernement plutôt qu'au fîen ,
& il eft vraifemblable que le gouvernement consentit
à rendre cettê loi perpétuelle-, par coiti-
plaifance pour cette grande compagnie. Cependant
fi la coutume de pefer l'or venoit à fèpàffer,
comme il y a grande apparence qu'elle fe paf-
fera par. rapport à fon incommodité ; fi on rece-
voit la monnoie par compte, ainfi qu'elle étoit re-
• çue avant la dernière réforme, cette grande compagnie
pourroit s'appercevoir que, dans cette oc-
cafiôn comme dans quelques autres, elle ne s'eft
pas peu trompée fur fes intérêts.
Avant la dernière réforme, lorfque les efpèces ;
d’or courantes étoient de deux pour cent au-def-
fous du poids d’étalonnage, elles étoient de deux
pour cent au-deffous de la valeur de la quantité
d'or qu’elles dévoient contenir. Ainfi, quand cette
grande compagnie portoit des lingots d'or pour
les fairè monnoyer, elle étoit obligée de payer
pouf cela deux pour cent de plus qu'ils ne va-
lôient après le monnoyage. Mais s'il y avoit eu fur
le monnoyage un droit de: feigneuriage de deux pour
cent , les efpèces d’or edurantes communes, quoique
de deux pour cent au-deffous du poids d'étalonnage
, auroient été néanmoins égales en valeur
à la quantité d'or d’étalonnage qu'elles dévoient
contenir, .la valeur de la façon compensant
dans ce cas la diminution du poids.
Si le feigneuriage avoit été de cinq pour cent,
& les efpèces d'or courantes de deux pour cent
au-deffous du poids d'étalonnage , la banque eût
gagné, dans ce cas , trois pourcent fur le prix
des lingots> mais > comme elle auroit eu à payer
cinq pour cent de feigneuriage, fa perte, au bout
du compte > feroit encore revenue exactement à
deux pour cent.
Si le feigneuriage n'eût été que d'un pour-cent,
& les efpèces d'or courantes de deux pour cent
aü-deffous du poids d’étalonnage , dans ce cas ,
la banque n'âuroit perdu qu'un pour cent fur le
prix dé fes lingots i mais comme elle auroit eu
également à payer un pour cent de feigneuriage^
fa perte, au bout du compte, auroit encore été
exactement de deux pour cent, comme dans tous
les autres Cas.
S'il y avoit en Angleterre un droit de feigneuriage
raifonriabie , & que la monnoie contînt fon poids
d'étalonnage, comme elle le contient à très-peu
de chofe près depuis la dernière reforme , quelle
que fût la perte de la banque par le feigneuriage
, elle feroit égale à ce qu'elle gagneroit fur
le prix dès lingots j & tout ce qu'elle-gagneroit
fur le prix des lingots , elle le perdroit par le
feigneuriage. Ainfi , au bout du compte, elle ne
gagneroit & né perdroit rien, &: > comme dans
tous'Ies .cas précédehs y elle fè trouveroit exad-
tement dans la même fituation que s’il n'y avoit
point de droit de feigneuriage.
Quand la taxe fur une marchandife eft fi modérée
qu'elle n'encourage point la fraude -, le
marchand qui en fait trafic , avance la taxe ; mais
il ne la paye pas , à proprement parler , parce
qu'il la rejette furie prix ae la marchandife.C'eft
fiir-le dernier acheteur ou confommateur que retombe
la taxe. O r , l'argent eft une "marchandife
dont chacun eft marchands perfonne ne l'achète
que pour le revendre j 8c on ne peut dire, dans
les cas ordinaires^ que quelqu'un en foit le dernier
acheteur ou le dernier confommateur. Ainfi
, quand la taxe fur le monnoyage eft fi modérée
qu'elle n'encourage point la contrefaélion ,
quoique chacun avance la taxe , perfonne ne la
payé finalement.
Un^feigneuriage modéré n'augmenteroit donc
jamais la dépenie de la banque, ni d’aucun particulier
qui porteroit fes lingots à Ja Monnoie
pour en faire des efpèces s & cette dépenfe n'eft
jamais moindre, parce qu’il n'y a point de feigneuriage.
Qu’il y en ait ou non , fi les efpèce