
violation du moindre article difpenfe ta partie lé-
fee de l'obfervation des autres , puifque tous ,
comme nous venons de le voir, font liés en forme
de conditions.
Les allions des fujets peuvent être imputées
au fouverain & à la nation & chaque peuple
eft en droit d'en demander vengeance.
Si les coupables font des fujets dêfobéiflans ,
on ne peut rien demander à leur fouverain 5 mais
quiconque vient à les failîr, même en lieu libre ,
en fait juftice lui-même. C'eft ainfi qu'on en ufe
a l’égard des pirates ; & pour éviter toute difficulté
, on eft convenu de traiter de même tous
particuliers qui fe permettent des aétes d'hoftilité,
fans pouvoir montrer une commiffion de leur fouverain.
Les aélions de nos alliés peuvent encore moins
nous être imputées.. Les atteintes données au traité
de paix par des alliés, même par ceux qui y ont
ete compris , ou qui y font entrés comme parties
principales contractantes, ne peuvent donc
en opérer la rupture que par rapport à eux mêmes,
& point du tout en ce qui touche leur
allié q u i, de fon côté , obferve fes engage-
mens.
Quand le traité de paix eft violé par l'un des
contraélans, l'autre eft le maître de déclarer le
traité rompu, ou de le laiffer fubfïfter j car il ne
peut être lié par un contrat qui ftipule des en-
gagemens réciproques envers celui qui ne refpeéte
pas ce même contratj mais s'il aime mieux ne
pas rompre , le traité demeure valide 8c obligatoire.
Il feroit abfurde que celui qui l’a v io lé ,
le prétendît annullé par fa propre infidélité $
moyen facile de fe débarraffer de fes engage-
mens, 8c qui réduiroit les traités à de vaines formules.
Nous avons traité, dans le cours de l'ouvrage,
d'autres queftions relatives à cette matière. Voyez
les articles A lliances , Etats , Guerre ,
G ouvernement, T r a it é s , & c.
P A IX PERPÉTUEL LE de l'abbé de Saint-
Pierre. Voyez l'article Projets chimériques.
P A L A IS , M A IR E , C OM T E DU P A LA
IS . Voyez le dictionnaire de Jurifprudence.
P A L A T IN , E LE C T EU R P A L A T IN . Voyez
l'article A llemagne.
f P A L A T IN A T ou P A L A T IN A T D U RH IN ,
contrée d'Allemagne, qui forme un des fept électorats.
C e Palatinat 3 qu’on nomme auffi bas-Palati-
nat pour le diftinguer du haut, qui fait partie du
cercle de Bavière , eft borné à l'eft par le comté
de Katzenelnbogen, l'archevêché de Mayence ,
l'évêché de Worms, 8c une partie du territoire
de Tordre teutonique en Franconie ; au fud par
le duché de Wurtemberg 8c Tévêchéde Spire $
à Toueftpar TAlface, le duché des Deux-Ponts,
le comté de Sponheim , la principauté de Sim-
mern 8c quelques diftriCts de TéleCtorat de Mayence
> au nord par une partie de ce même éleCto-
rat 8c le comté de Katzenelnbogen. Sa plus
grande étendue , prife en droite ligne de Bacha-
rach jufqu'au Necker près de Neckarfulm, eft
de 20 8c quelques milles d'Allemagne.
Sol» productions.
Quoique montueux en plufieurs endroits, ce
pays eft très-fertile. Il produit du tabac > on en
trouve des plantations confidérables, nommément
entre Heidelberg 8c Manheim : il offre d’èxcel-
lens pâturages qui fervent à l'entretien de beaucoup
de bétail, & il y a au voifinage du Rhin
& du Necker des vignobles, où Ton recueille
de bons v ins , entr'autres ceux de Bacharach ,
de Nierftein, de Neuftadt près la Hard t, 8c
ceux du diftriét de la Bergftraffe, & c . Cette
Bergftraffe ou chemin des montagnes eft une route
agréable, ménagée entre Heidelberg 8c Darmf-
tadt à travers des prairies charmantes 8c des
champs fertiles, parfemés d'amandiers 8c d'une
multitude de noyers , q u i, joints à ceux de la
forêt d'Odenwald, font auffi utiles au pays par
leurs fruits que par leur bois.
Rivières•
Les principales rivières qui arrofent le bas-
Palatinat, font i° . le Rhin, qui paffe fur fes
frontières 8e dans le centre du pays, 8e d'où fé
tire, près de Germersheim 8e de Selz , un très-
bon or , auquel les florins d'or du Rhin doivent
leur origine. Son arpaillage , qui forme un des
droits de régales del'éleéteur , eft affermée à des
particuliers : 20. le Necker, qui fe jette dans le
Rhin au-deffous de Manheim : 30. la N ah e , qui
fe joint au même fleuve près de Bingen , & c .
Population,
Le Palatinat renferme 40 villes 8c plufieurs
bourgs.
Un écrivain politique porte à 10 millions de
florins les revenus de la Bavière, du haut Palatinat
, de Neubourg , de Sulzbach, du Palatinat
du Rhin , de Juliers 8c de Berg j il évalue la population
de ces pays à deux millions deux cents
mille âmes, 8c eftime leur étendue à io j i milles
quarrés.
Les ravages que les françois y commirent vers
la fin du dernier fîècle, 8c les gênes que l'intolérance
y a miles fucceflivement à la liberté de
confcience, fur-tout dans les comtés , évêchés 8c
fe.igneuries enclavés dans l'éleélorat, ont porté
plufieurs milliers de proteftans à le quitter
pour aller s'établir en d'autres pays, même
dans la Ruffie afiatique 8c aux Indes occidentales
:ce qui, joint aux émigrations qui continuoient
encore il y a peu de temps , a beaucoup diminué
la population de cette belle contrée.
Commerce.
Le commerce y eft peu floriffant ; mais le pays
offre quelques articles importans, tels que le produit
des fabriques nouvelles de Frankenthal, le
v in , les grains , le tabac 8c la garence.
Régime eccléjiaftique.
#L état ecclefîaftique du Palatinat a effuyé des
révolutions frappantes 8c inouies dans toute au-
tre contrée. Plufieurs événemens y ayant préparé
^ fo rm a t io n , la conférence que Luther tint à
Heidelberg, en J ƒ 18 , dans une aflemblée de
I ordre de S. Auguftin , entraîna les peuples vers
les nouvelles opinions , favorifées d'abord par les
avis de Téle&eur Louis. Frédéric I I , fon frère
& fücceffeur, héfita quelque temps d'embrajffer
la ^ onf effi°n d'Augsbourg, de peur d'encourir le
reffentiment de l'empereur j mais d'après l'avis
de Philippe Melanchton, qu'il confulta en 1
il publia une ordonnance qui aboliffoit la meffe
dans tous fes états, qui rétabliffoit les deux ef-
peces dans TEuchariftie , 8c permettoit aux prêtres
de fe marier. Otton Henri , qui parvint à la
régence en 1 y$6 , la confirma 8c acheva d'introduire
le luthéranifme dans le pays. Mais des
théologiens françois 8c fuiffes y étant arrivés
fous Frédéric I I I } il s'éleva entre les proteftans ,
fur l'article de la cène, une difpute vive , qui
porta en 1 yéo l'élc&eur à fe déclarer pour le
parti des réformés, Ôc à donner , dès 1563, la
première édition du fameux catéchifme de Heidelberg.
C'étoit le premier prince de l'Empire
qui eût introduit cette religion dans fes états.
Louis V I , fon fils 8c fon fucceffeur, fit autant
d'efforts pour rétablir le luthéranifme, que lui-
même en avoit fait en faveur de fon parti. Il
congédia en 1577 les miniftres 8c maîtres d'école
calviniftes j il mit à leur place des luthériens ,
qui fubfiftèrent jufqu'à fa mort. Mais jean Ca-
fimir , tuteur de fon fils mineur Frédéric IV ,
renverfa toutes ces opérations en 15 84 ; il rétablit
avec tant de zèle le calvjnifme, que les luthériens
ne confervèrent qu’un petit nombre d'é-
glifes. C e nouveau culte prit de nouvelles forces
fous Frédéric IV 8c Frédéric V jufqu'âda bataille
de Weiffenberg près Prague , dont la perte fut
funefte à Tune 8c à l'autre communion protef-
tante dans le Palatinat : les armées de la ligue 8c
de Bavière faifant la lo i, rétablirent le culte romain
en plufieurs endroits , 8c perfe'cutèrent vivement
ceux qui n'en étoient pas. Enfin la paix
de Weftphalie ayant remis la religion fur le
pied où elle étoit avant les troubles de Bohème,
les réformés l'emportèrent fur les luthériens »
mais leur avantage ne fubfifta que fous les électeurs
Charles-Louis 8c Charles. Car lorfque la
ligue de Simmern fe fut éteinte en 168 y par la
mort de ce dernier , le traité de Halle en Sua-
b e , conclu la même année pour affurer le culte
réformé 8c luthérien, ne put empêcher que la
religion romaine , qui s'introduit infenfiblement
après la fucceffion de la ligue catholique de Neubourg
, ne fît perdre au proteftantifme la fupé-
riorité dont il avoit joui. Les françois d'ailleurs ,
qui s'emparèrent du pays peu de temps après,
s'efforcèrent fous leleéteur Jean - Guillaume de
l'anéantir dans plufieurs endroits , ou du moins
d'y établir la mi partie ; 8c ils arrêtèrent, par ht
paix de Ryfwick, que la religion catholique feroit
maintenue aux lieux rendus par la France à
Téle&eur, dans le même état où elle s'étoit trouvée
durant la guerre : ce qui nuifit beaucoup aux
proteftans, 8c fut le germe des oppreffions qu'ils
effuyèrent dans la fuite. Le même Jean-Guillaume
publia en 170^ , à Duffeldorp, une déclaration
ou réglement pour la police des différens cultes
dans toutes les provinces palatines : il accorda
aux trois religions autorifées dans le faint-Empire
entière liberté de confcience, 8c aux réformés,
ainfi qu'aux luthériens , plein exercice public 8c
particulier avec les droits paroiffiaux 8c la ju-
rifdiétion eccléfiaftique > il confirma de plus aux
luthériens leur confiftoire créé dès 1698 , 8c le
maintint dans fon indépendance du confeil eccléfiaftique
réformé : il leur affura en outre la pof-
feffion exclufive de toutes les églifes qui leur
avoient appartenu en 1624, ou qu'ils avoient
bâties depuis , 8c de celles qu'ils bâtiroient à l'avenir
avec Tadmimftration des biens-fonds ec-
cléfiaftiques, presbytères, écoles, dixmes, rentes
8c revenus dont ils auroient joui en 1624 :
il confirma aux réformés la poffeffion des églifes ,
presbytères 8c écoles, fur le même pied qu'ils en
avoient joui en i68y j avec la claufe toutefois
que , dans les villes où ils pofféderoient plufieurs
églifes 8c où les catholiques n'en auroient point,
ils leur en céderoient une * 8c que , dans les villes
où il n'y en aùroit qu’une, ils leur en abandonneraient
le choe u r , ainfi que deux fur fept
des églifes de campagne, 8c les deux feptièmes
des rentes;, dont ils conferveroîent les cinq autres
feptièmes : il ordonna du refte que les biens
8c revenus, provenant des ci-devant abbayes ,
prieurés , couvais , préiatures , & c . f^oient régis
par une adminiftration eccléfiaftique, com-
pofée de quatre conseillers, dont deux catholiques
8c deux réformés , 8c des officiers néceffaires.
En vertu de ce réglement, le confeil eccléfiaftique
de la religion réformée devoit être protégé
8c maintenu dans fes fondions , rang', privilèges,
coutumes 8c émolumens » tels qu'ils a voient
exifté jufqu'en 1685. Qn prononça définitivement
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