
paffages & entretien des gens de guerre. Voyeç
les articles Bohême, A u t r ich e , & c.
M O R T A L IT É : le fens que nous donnons ici
à ce mot j regardé le calcul dés morts relative-1
ment aux naiftances , d'où réfiilte une appréciation
de la population totale d'un état-: cette question
d'arithmétique politique eft intéreflante , &
nous croyons devoir la traiter. •
M. Melfance, dans Ses Recherches fur la population
, imprimées à Paris en 17 66, croit q u e ,
dans les grandes villes, le nombre des enfahs qui
naiffent chaque année , elL la 24e partie dit
nombre, total des .habitans, Ôc que dans les
provinces il eft feulement la vingt-troifième partie.
Il trouve que les naiftances font aux morts ,
comme 07 à 55 dans les provincesainfi il meurt,
fuivant lu i, la trentième partie des habitans d'une ,
province ; & il fufnt de multiplier par 30 le nombre
des Sépultures pour avoir le nombre-des
habitans des provinces, & par 35 pour les.grandes
villes.
La différence de mortalité eft beaucoup plus
confîd érable entre les villes- & les campagnes ,
Suivant M. Wargentin, qui pour avoir le nombre
des habitans , multiplie les morts par 20 dans les
villes , & par 35 dans les campagnes.
•Dans lès EJfais de calcul politique , publiés à la
Haye en 1748 par M. Guillaume Kerfeboom, en
holîandois, on multiplie par 35 pour les villes de
Hollande. Suivant les calculs de Kerfeboom, il
y dans la ville & le territoire de la Haye 41 mille
500 habftans , & on y compte chaque année
1170 morts & 12Co naiftances : il y a à Harlem
5.0,500 habitans & 1450 naiftances j à Leyde ,
63,006 habitans, 1800 naiftances & 1920morts3
à Rotterdam , 56,000 habitans & i6 co naiftances.
A Amfterdam, le nombre des naiftances ‘eft de
7006, d'après un terme moyen pris fur plus de
40 années , non compris les juifs qui peuvent augmenter
de cinq à fix cents le nombre des naiflan-
ces ; Kerfeboom y compte 241,000 -habitans,
45,000 mariages fubfiftans & 2300 mariages qui fe
lorrnent chaque année.
M. MaicIand, dans les Tranfaclions philofo-
phiques , n°. 450, a écrit contre; M. Kerfeboom ;
M. Simpfon , dans fon Traité fur tes annuités, a
aufli donné des calculs fort différens. Il,-reproche
, par exemple-, à M. Kerfeboom de fup-
pofer qu’il y a plus d'habitans à Paris qu’à Londres
5 maïs c’eft ce qui réfulte également de l'ouvrage
du major Graunt, où il y a une comparai-
fon de Londres & de Paris, qui donne" le rapport
de 25 a 32 entre ces deux villes. Le rapport
de la population de ces deux capitales eft une
queftion incidente , & nous ne chercherons pas
ici à l'établir d'une manière plus précife.
M. Kerfeboom dit que , fur cent enfans qui
naiffent, il s'en trouve cinq de morts-nés5 & que, fur cent enfans nés viyans, il y en a environ vingt
qui meurent dans la première annéej maisM. Sîmp-
fon en compte trente deux, <k le major Graunt
trente-fix.
Dans Y abrégé dis Mémoires de l'Académie de
Stockholm , qui formé le té me 1 1 e. de la Collection
a eue émique, on ..trouve des tables de mort a-
hté , faites par M. Wargentin , d'après les étais
"des naiftances & des morts , qu'on dreffe. tous
les ans. Les nombres varient d'une année à l'autre
; mais la même proportion fe conferve dans
chaque période. 11 meurt annuellement un quart
ou un cinquième des enfans en bas âge. On retrouve
tous les ans la même proportion dans les
deux fexes, tant à Stockholm que dans toute la
Suède. Quoique les femmes n'aient pas autant de
force de corps que les.hommes', .elles vivent plus
long-temps. On avoit cru qu'il en mouroît moins ,
parce qu'en général leur vie eft plus réglée, &
qu'elles font aftujetties à des travaux moins pénibles
j mais les tables de M. Wargentin attestent
que c'eft une loi naturelle qui agit depuis
la plus tendre enfance jufqu'au terme de nôtre
vie j & que, fur un nombre égal d'hommes &
de femmes, il meurt en hommes un dixième ou
un onzième de plus.
La certiude de la vie augmente rapidement
dans les dix premières années ; elle eft à fon plus
haut point durant les dix années fuivantes : elle
diminue après la vingtième , d'abord avec rapidité
, enfuite lentement. Si on prend les individus
, tant mâles que femeîies , morts dans neuf
années, on trouve que, dans les années où il a
régné beaucoup de maladies, il en eft mort un
fur vingt-neuf ; dans les années faines, un fur
39 ; & en adoptant un terme moyen , qu'il en
meurt un fur trente-fix. On voit aufti conftam-
ment, dans les regiftres de Suède, là^population
& la mortalité croître ou décroître, fuiv,ant que
les années font abandantes ou ftérÿes.
maria g. naijfan. morts.
Années ftér. -< I
‘ 7f 7- 18.799 81,878
cCe\
'0
£
(. 1758. 19,484 83,299 74*37°
Années abo. Jf ' 759- 23,210 . SW 79 62,662
L 1760. ^ 5 8 3 96,63; 60,085
Dans les années aufli malheureufes que l'ont été
17 56 , 17 5 7 , 1762 & 1763 , la mortalité étoit
â Stockholm d'un fur vingt, tandis que dansées
plus grandes villes, telles que Londres, ÂÂfc
terdam, Rome, Berlin , il en meurt un fur vingt*
quatre & vingt-fix. Cette différence peut veniA
en partie de ce que les regiftres de Stockholm ;
ne comptent pas au nombre des vivans les étrangers.
& les voyageurs , quoique l'on porte au
nombre des morts ceux d'entr'eux qui meurent
dans cette ville.
Suivant l'opinion commune > l'homme eft également
porté à la propagation dans toutes les fai*
fons, & quelques auteürs ont penfé que la conf-
tance de les defirs' à cet égard eft l'effet de l'égalité
d’abondance & d e bonté de^fa nourriture.
Mais, les regiftres de toute la Suède préfenter.t
une grande différence dans le nombre des enfans
nés à différentes époques de l'année.
Le mois de feptembre y par oit le plus fe r tile ,,
celui de juin le plus ftérile j la différence dans
ces deux mois eft de près d'un'quart. I! eft né
en janvier , février & mars 308,284 enfans' 3 en
mai, juin '& juillet 250,581 ; ces deux nombres
font entr-'eux comme 6 3 5. Le nombre des naii-
fances a été plus grand en feptembre, mars', février
6e janvier ; médiocre en décembre, octobre
avril Sz novembre ; foiblé en août, m ai,
.juillet & juin. Cet ordre a été confiant dans les
treize années calculées par M. Wargentin , à
quelques légères différences près, & il n’ eft pas
vraifemblable que ce foit l’effet du hafard, Si nous
remontons ail temps de la conception, nous verrons
que le mois le plus fécond eft celui de décembre,
enfuite avril, mai, juin > & que les plus
ilériles font août, feptembre & ottobre.
Les années où l'on récolte le. plus de fruits ,
font aufti les plus fertiles en enfans 5 mais i ne
paroît pas eue cette richefle contribue à l’époque
de leur naiffance. La çlafle des papfans eft la plus
nombreufe : c'eft en automne qu'ils ont la meilleure
& la plus abondante noimiture 5 c'eft
alors qu’ils tuent des beftiaux , & donnent leurs
repas de fêtes & ' de noe.s. Vers le printemps
leurs celliers font vuidés ; il y en a peu qui foient
alfez aifés ou afîez économes pour faire une dé-
penfe toujours égale ; cependant il y a beaucoup
plus d'enfans conçus au printemps qu'en' automne.
On poùrroît croire que les travaux , plus ou
moins grands dans les différentes faifons , devraient
diminuer ou augmenter la fécondité 5 mais les
travaux du printems font plus grands que ceux
de l’ automne. 11 paroît donc que le printems ,
qui met. en mouvement toute la nature , excite
aufti l’homme à fe reproduire 5 & qu’en automne
au contraire , où le mouvement de la nature
fe ralentit, la fécondité diminue ; la feule exception
à cette loi eft la fertilité de décembre, caufée
peut-être par le repos & les longues nuits de ce
mois. , | ^ -
i^a mortalité des différens mois de l'année eft
repréfentée dans la table ci-deftous , tirée" des regiftres
de la Suède pour treize années, en prenant
fur chaque mois le même nombre de jours.
Le-mo:s d'avril eft le plus funefte, enfuite mai,
mars, février & juin. Il en-péric moins en janvier
, juillet, août, novembre, encore moins en
décembre , feptembre & octobre. Le nombre des
mors eft moindre d'un tiers en octobre qu'en
avril > il eft aufli moindre d'un tiers dans les fix
derniers mois de l'année que dans les fix premiers i
il augmente depuis le commencement ae l'hiver
j jufqu'à la fin de cette faifon , & diminue enfuite
jufqu’à la fin de l’automne j les accroifièmens de
mortalité parodient venir des changemens fubits
de température , foit naturelle , foit artificielle.
L'air intérieur des maifons eft très-chaud , tandis
que l'air extérieur eft froid depuis la fin de
mars jufqu’à celle de mai. On a des alternatives
continuelles de froid & de chaud , & les vapeurs
dont l’ air eft chargé lorfqu'il dégele , oc-
cafiormént beaucoup de maladies dans l'automne :
en été , la température eft plus égale. La même
ôbfervation a donné en Angleterre le même
féfuîtat j quant à Stockholm en particulier, on
y trouve quelque difféience.
A vril.................................... 80,902.
Mai . .............. 78,417.
Mars f ....... .................. .. • 74>c9f*
Février . . ....................... • • • ------- 7.1,663.
Ju in .............................................. 68,417.
Janvier . ^ . . . • . . . . . . . . . . 66,646.
Juillet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61,839.
A o û t......... | • ................. .. • • .......... 58,877.
Novembre ........................................ 57*°73*
D é c em b r e ................................ 56,650.
Septembre ................... 1 .................. 56,3 5 5.
Cétobre .......................... 54,886.
Le calcul des mortalités conduit à celui des probabilités
de la vie ou de l'efpérance qui refts
pour chaque âge. Cette efpérance eft le nombre
d'années , après lequel on trouve morts plus de la
moiriédes hommès qui avoient le même âge.
L'hiftoire naturelle de M. le comte de Buffon
offre une table de calculs faits fur le relevé des
regiftres- de douze paroiftes de la campagne , &
de trois de Paris. Cette table , à laquelle nous
renvoyons pour l'objet principal, eft fufceptible
d'applications particulières que nous allons faire ici.
Il réfulte-de cette'table qu'on peut efpérer rai-
fonnablementc'eft-à-dire , parier un contre un ,
qu'un enfant qui vient de naître , ou qui a zéro
d'âge , vivra huit ans 5 qu'un enfant qui a vécu
un an , vivra encore trente-trois ans ; qu'un enfant
de deux ans révolus vivra encore trente-huit ans 3
qu'un homme de vingt ans révolus vivra encore
trente-troisa^scinq mois j qu'un homme de trente
ans vivra encore vingt-huit ans, & ainfi de tous
les autres âges. L'âge auquel on peut efpérer une
plus longue durée de v ie , eft l'âge de fept ans,
puifqu on peut parier un contre un, qu'un enfant
de cet âge vivra encore 42 ans trois mois. A l'âge
de 12 ou 13 ans on a déjà vécu lé quart de fe
v ie, puifqu'on ne peut légitimement efpérer que
38 ou 39 ans de plus j de même qu'à l'âge de 28
ou 29 ans , on a ve'cu la moitié de fa vie , puifqu'on
n’a plus que 28 ans à vivre, Enfin, avant