
Le chapitre x x x offre l’hiftoire du commerce
du levant. La Hollande en fut en poffeflion ,
l’Angleterre enfuite ; enfin il pafla à la France en
plus grande partie. Que ne devroit pas faire
î ’Èfpagne, puifqu’elle fournit les matières qui y
font les plus propres ? Les fouverains , remarque-
t-on i c i , ne doivent rien faire pour leur compte,
mais tout encourager.
L ’auteur prétend que Naples pourroît établir
ce commerce à quarante pour cent meilleur marché
que les états qui en font en pofTeffion : mais
cette affertion pourroit bien être exagérée.
11 ell queftion, dans Je chapitre 3 1 , d’abolir
les banques établies à Naples, comme préjudiciables
au commerce. « Dans cette ville , dit-il,
perfonne ne répond des fonds. Si l’on en enlevoit
de confidérables, ils feraient perdus pour les actionnaires
: l ’état n’ eft pas folidaîre 5 le roi n’ eft
pas débiteur ; les gouverneurs des banques n’en
l'ont que les agens ; les régilïeurs que les commis.
C e s banques reçoivent l’argent pour rien & le
prêtent à intérêt, moyen fur de devenir les propriétaires
de toutes les richeffes de la nation : il
faut à la fin que l’ intérêt abforbe le capital. Elles
fe font déjà appropriées une grande partie de
la fomme publique. Cela peut fe démontrer par
les fonds en argent qui leur appartiennent en propre
, les acquifitions-qu’elles ont faites , 8c les
ïevenus dont elles jouiffent. On peut prédire le
temps où toutes les finances du royaume appartiendront
à ces banques ».
cc Outre l’intérêt des fommes dépofées, elles
fe rendent encore les héritières d’un bon nombre
de ceux qui leur confient leur argent. Si un actionnaire
meurt fubitement, & qu’il n’ait pas le
têmps de déclarer où il a mis les effets qui re-
préfentent la fomme qu’il a placée à la banque,
elle en profite au préjudice des plus proches païens
».
« Cette fécondé main - morte eft plus dange-
teufe que celle de l’églife : du moins celle du
clergé régulier & féculier fert à l’entretien des
individus , & par-là rentre en partie dans la circulation
générale , au lieu que la fécondé laiiïe
croupir Targent dans les caiffes ».
. ce Un autre inconvénient particulier à Naples ,
c ’eft que les fommés prodigieufes de ces banques
n’ont point de maître : elles appartiennent aux
banques , c’eft-à-dire, à un nom. La facilité de
ces dépôts fait qu’on ne s’induftrie point, qu’on
ne fait rien de fes fonds , & qu’ils refirent
morts ».
Dans les chapitres 32 & fuivants, jufques 8c I
compris le 42e , il propofe de détruire les e-m- I
prunts à nantiffement, qui talentiffent l’induftrie J
relative au commerce ; d’ établir une banque roy
a le , où les capitaines de vaiffeaux , & ceux qui. |
font des fpéculatibns de mer,. puiffent trouver.!
de l’argent à la girofle; de former une chambre j
royale d’alfurance pour les rifqués de mer* l
Il fait enfuite des obfervations fur les finances
de Naples : fans trop fe fouvenir qu’il a dit plus
haut que le roi eft riche, il dit ici : « la monarchie
eft obérée 5 les revenus de la couronne
font engagés ; les provinces n’ont point d’argent
j les villes fe trouvent fans numéraire } la
noblefle eft endettée} les feigneurs ne font pas
riches} le tiers - état eft pauvre, & la derniere
clafife des citoyens demande l’aumône ».
Il ajoute qu’on devroit éloigner de la capitale
les arts 8c les manufacturés, pour étendre au loin
la circulation des richeffes qui viennent s’engloutir
dans cette capitale , par les opulens qui l’inondent
, & qu’il ferait bon de faire refluer dans
les campagnes} que la loterie de beneficiata^ qui
forme encore une circulation vicieufe , aurait be-
foin d’être réformée».-
Nous avons fait un article particulier de la Sb-
c ile , & nous y renvoyons le leéteur.
Le roi de Naples poffède aufli les préJides.Voytt
l’article P r é s id é s . .
N A S SAU (principauté d e ) & de la maifon
de Najfau en général.
La principauté de Najfau eft fituée dans la
Wetteravie. On |évalue fa longueur à douze milles
, 8c fa largeur à fept. Quoique le pays foit
fort montueux & fort boite, on v trouve ce-
pendant des prairies 8c des terres labourables |
& le Wefterwald offre de beaux pâturages qui
rendent l’entretien du bétail très-utile.
Précis de rkijioire politique de la principauté de-
Naffau, & remarques générales fur la maifon de
Naffau.
Eccard, Reinhard, Gebhardi & Scheidt ont
prouvé que la maifon princière de Najfau defeend
d’Otton , frère de l’empereur Conrad Ier | qui
vivoit dans le dixième fiècle, & étoit feigneur
de Laurenbourg, On voit encore dans le comté
de Holzapfel, au bord de la Lahn, une tour qui
eft un relie du château, d’où la maifon de Laurenbourg
a tiré fon origine. Walram bu Wa l-
rab I , fils d’Otton, Continua cette branche. Son
premier fils Otton devint comte de Gueldres &
de Zutphen par ton mariage avec Adélaïde, fille
de Wiehard, proteCleur de Gueldres, 8c après
la mort de celle-ci avec Sophie de Zutphen : fon
premier fils , Walram IL , époufa la foeur' de
louis d’Arnftein, & les fils de ce dernier, Rupert
I & Arnold , prirent Amplement lé titre de
comtes de Laurenbourg. Walram I I I , fils de Rupert
, 8c Rupert I I , fils d’Arnold, furent les
premiers qui fe qualifièrent de comtes de Najfaui
ce fut après la conftruClion. du château du même,
nom, qui fut bâti en 1101. Ce château paffa en
1158 à l'archevêché de Trêves par contrat d’é change;
mais les deux poffefleurs que nous v enons.
de nommer * l’obtinrent enfuite à titre de
fie f, füivant l’opinion des hiftoriens. H e n r iI , fils
de Walram I I I , eut pour fils Otton I I , lequel ,
de fon c ô té , eft réputé père d’Henri I I , fur-
nommé le riche , qui mourut en 125:3.. Les fils de
ce dernier, Walram 8c Otton , poflédèrent d’abord
l’héritage paternel en commun ; mais ils firent
en 1255 un partage, par lequel le château
de Najfau, la j.uftice fituée dans le diftriCt d’Ein-
rich ( appellée aujourd’hui la jujlice des quatre feigneurs
) , & quelques autres terres demeurèrent
indivifes j mais le comte Walram eut pour fa
.part Weilbourg, Vÿisbaden 8c Idftein ; 8c O tton
eut pour la fienné, Siegen , Dillenbourg ,
Herborn, Beilftein, Hadamar oc Ems.
Adolphe , fils de Walram, fut élu roi des
romains ; & le fils de celui-ci, Gerlach , acquit
la ville & le château de Weiinau , avec une partie
de la feigneurie du même nom. Il lai fia deux
fils , Adolphe. & Jean I. Adolphe pofleda Wif-
baden 8c Idftein , & fa branche finit en 1605
par la mort de Jean-Louis.. Jean I obtint par fa
première femme Mehrenberg , Gleiberg & Hut
tenberg ’ par la fécondé le. comté de Saarbrück
; il acquit aufli la moitié du bailliage de
Kirberg. Son fils Philippe augmenta fes domaines
par l’acquifition de Kirchheim , Stauff, Polanden
8c Reichelsheim. 11 làiifa deux fils , Philippe II
& Jean II. Le premier eut pour fa part Mehrenberg
8c Gleiberg , le fécond le comté de Saar-
brück > Kirchheim, Stauff, Polanden & quelques
autres domaines demeurèrent en commun.
Jean-Louis, fils de Jean I I , obtint par mariage
le comté de Saarwerden 8c la feigneurie de Lahr ;
mais fa ligne s’éteignit à la mort de fon fils Jean IV.
Philippe II continua la branche de Weilbourg;
fon arrière-petit-fils Philippe III eut deux fils,
Albert & Philippe IV , lefquels héritèrent en 1574,
après la mort de Jean IV dont il vient d’ être parlé,
des comtés de Saarbrück 8c de Saarwerden , &
de la moitié de la feigneurie de Kirchheim. Philippe
IV mourut fans poftérité ; mais Albert eut
un fils , Louis II , qui fuccéda à Jean-Louis de
la branche de Wisbaden. Louis laiflà trois fils ;
favoir : Guillaume-Louis, Jean & Efnefte Cafi-
mir. Le premier eut en partage Ottweiler, Saaf-
brück 8c Ufingen ; le fécond Idftein, Wiesbaden
8c Lahr, Ç qui en 1721 après la mort de fon fils
George - Augufte, paflerent aux dé-fic end ans. du
frère ainé ) ; le troifième , Weilbourg , la Seigneurie
de Kirchheim, la partie de Mehrenberg
appartenante à la maifon de Najfau, un tiers du •
comté de Saarwerden 8c une partie de Hom-
Bbtirg. Guillaume - Louis de Najfau - Saarbrück
laiffa trois fils , Jean Louis d’O t tw e ile rG u f -
tave-Adolphe de Saarbrück 8c Walrat d’Ufingen.
Les fils dès deux premiers , Frédéric - Louis &
Charles-Louis, moururent fans héritiers-j le premier
en 1728, & le fécond en 1723. Le fils du
trôifième , Guillaume - Henri , prince de Najfau•*
Ufingen * laifla deux fils, chefs.de deux branches !
1 qui fubfiftent encore ; favoir, celle de NaJfau Saat-
brück-Ufingen, & celle de IV^^-Saarbrück. Ces
deux branches firent, le 23 décembre 1735 , un
traité de partage, en vertu duquel tous les pays
hérités & fi-tues au-delà du Rhin paflerent à la
branche aînée, 8c tous ceux qui fe trouvèrent
en-deçà de ce fleuve, demeurèrent à la. branche
cadette : on convint en même- temps que ces
! deux portions ne pourraient plus être divifées
\ entre les defeendans des deux branches , mais
qu’elles demeureraient aflujetties au droit de pri-
mogéniture, & que tous les héritages compofés
de terres appartenantes à la maifon de Najfau ,
feraient partagés par portion égale entre les aînés
des deux branches. La branche de Weilbourg
, fondée par Ernefte Cafimir fubfifte en-
| coré.
Otton I I , petit-fils du comte Otton I , eft
' le chef de la branché de Naffau- - Dillenbourg,
laquelle., depuis le comte Henri Guillaume , eft
appellée la branche de Naffau-Katzenelnbogen , 8c
fe divifa au commencement du dix-feptième fiècle,
fous le fils de Jean IV , dans les branches de Siegen
, Dillenbourg , Dietz 8c Hadamar. Jean ,
fils cadet de Jean !e puîné de la branche de Najfau-
Siegen, ayant embrafie la religion catholique ,
-fonda la ligne catholique de Siegen , & fon frère
Henri la ligne réformée : cette dernière s’éteignit
en 1734, par la mort du prince Guillaume-
Hyacinthe , qui avoir hérité de la ligne catholique
: par ce double décès , tous les domaines
pofledés par la branche de Najfau- Siegen pafférent
à Najfau - Dietz , en la perfonne du prince
Guillaume-Charles-Henri-Frifo, prince d’Orangé,
ftathouder des Provinces-Unies, iefquels les transmit
à fon fils unique Guillaume V . La branché
dé Naffau - Dillenbourg, qui avoit pour fouche
George j fils du comte Jean IV , s’éteignit en 1739
par la mort du prince Chriftian, & toutes fes
poffeflions paflerent au prince d’Orange, 8c après
lui à fon fils Guillaume V . La branche de Hadamar
s'éteignit en 1711 , en la perfonne du prince
François Alexandre , & fes biens furent partagés
entre les autres branches cadettes. On voit que
la branche de NaJfau-Orzn%t-Dietz eft demeurée
la feule de la fécondé ligne, 8c qu’ elle a réuni
toutes les poffeflions.
Quoique l ’empereur Charles IV , en , eue
accordé à Jean I , de la ligne de Walram , le titre
de comte princier 5, cependant fes fucceffeurs
fe font bornés au titre dé comtes. L ’ empereur
Léopold ayant confirmé en 1688 à cette ligne la.
dignité de prince , Walrath de Ufingen ,
Georgé-Augufte de Najfau-Idftein , 8c enfin ens
1737 Charles-Augufte de N4#im-Weilbourg,. prirent
ce titre , & ce dernier, ainfi que le premier,,
le tranfmirent à leur poftérité. Jean Louis
de Naffau - Hadamar , Louis - Henri de Naffau-
Dillenbourg, Guillaume-Frédéric de Najfau- D ietz,
8c Jean-François 8c Guiiîaume-Mauriee de Najfau«■