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la mer Atlantique, à 120 milles à-peu-près de
Drontheim , 8c à 60 milles du Groenland.
Sa longueur eft d'environ' 120 milles fuédois ,
& fa plus grande largeur de 50 milles^'fa largeur
eft réduite au quart de cette qu'gâté dans
les parties les plus étroites.
Hile n'offre , à proprement parler, qu’une
chaîne immenfe dé montagnes, qui s'étendent du
• levant au couchant, & dont le penchant 8c les
vallées fervent de retraite aux habitans. Plufieurs
de ces montagnes font toujours couvertes de neige
& de glaces.
Indujirie. On fe fervoit autrefois de chariots 8c
de charettes dans ce pays 5 mais aujourd'hui le
tranfport s'y fait communément fur des chevaux
qui paflent chaque année par-deflus les montagnes
du feptentrion au midi, chargés de beurre ,
d'étoffes de laine 8c d'autres marchandifes ; les
memes chevaux ramènent celles que le pays ne
fournit point. Les chevaux font petits, ainn que
dans tous les autres pays feptentrionaux 5 mais
ils font vigoureux & allez vifs : on les tient hiver
8c été en plein a ir , & ils font obligés de cher
cher leur nourriture fous la neige & fous la glace :
on ne met à l'écurie que les chevaux de monture
: on les traite de la même manière dans les
Etats Unis. Les islandois Iailfent courir librement
fur les montagnes les chevaux dont ils ne fe fervent
pas ; & lorfqu’ils en ont befoin , ils les re-
connoiffent à leurs marques. L'entretien des moutons
eft confidérable ; une feule perfonne , dans
les cantons où l'on fe livre le plus à ce genre d'in-
duftrie, en nourrit trois, quatre jufqu'à cinq
cents : on les enferme dans des étables pendant
la nuit en hiver, 8c fouvent même pendant le
jou r , lorfque le temps eft' mauvais. Ceux qui demeurent
au fud de l'ifle , font plus adonnes à la
pêche, & Iailfent l'hiver & l'été leurs brebis er-
ter dans la campagne ; mais ils les retirent dans
des fouterrains lorfque la faifon eft mauvaife. j
Lorfqu'il y a peu dè neige & qu'on efpère du beau
temps , on fait fortir les moutons, pour qu'ils
fouillent leur nourriture fous la neige ; & fi une
grande quantité de neige les furprend , ils fe forment
en peloton , joignent leurs têtes & fe laif-
fent enneiger ; fouvent même ils font tellement
pris par la glace , qu'ils ne peuvent plus fe détacher
, & que les habitans, après les avoir cherchés
avec beaucoup de fatigue & de peine , les
viennent délivrer : fouvent ils font, écrafés par le
poids de la neige-. Quand ils ont paffé ainfi quelques
jours fous un tas de neige,, ils fe rongent
la laine les uns les autres ; mais ils en deviennent
malades. La partie extérieure de leur laine eft
groffière , l’intérieure eft un peu meilleure.
Population. On peut évaluer jle nombre des
habitans de Vljlande à 50,000. A proprement
parler, on ne trouve pas de ville dans'toute l'étendue
de l'ifle-y cependant oh donne ce nom aux
maifons bâties, autour des vingt-deux porcs
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qu’on y Rencontre. Le pays n’offre pas non plus
de villages , chaque ferme eft bâtie féparément :
mais comme ces fermes font compofées 4 e v*ngts
trente jufqu'à cinquante édifices, elles reflemblent
beaucoup à des villages. /
Les iflandois font naturellement robuftes 5
mais les travaux pénibles auxquels la mer &
la pêche les àflujettit, les affoibliffent au point
qu'à l'âge de cinquante ans ils font accablés d'infirmités
; ils éprouvent fur-tout des maladies^dfr
poitrine, & ils parviennent rarement à un âge
avancé.
. Manufactures. Comme ils font obligés d’acheter
leur bois de la manufacture danoife , ils bâtifîent
leurs maifons avec toute l'économie poflibïe, &
elles font bien chétives. Lorfque la pêche & la
nourriture du bétail leur Iailfent du loifir, fur -tout
en hiver * les hommes, les femmes &lesenfans
travaillent en laine , tricottent des chemifettes de
laine , des gants, des b a s , &c. du wadmal :
mais leurs métiers font mal conftruits5 cependant
ils en ont été fournis peu - à - peu par les dar-
nois.
Commerce. Dans les temps antérieurs, les hol-
landois, les hambourgeois 8c la ville de Bre-
men firent le commerce de* cette ifle. Chrifc
tian IV l'enleva en 1602 aux étrangers, & établit
à Copenhague une compagnie à laquelle il
accorda des privilèges confidérables , mais qu'il
révoqua en 1662. Dans la fuite , on partagea le
pays en quatre diftriéts , & on afferma fon commerce
& fes revenus. En 1684 , le commerce
à3 Ijlande fut mis publiquement à l'enchère y 8c en
1733 compagnie d'Ijlande 8c de Finmarck, établie
à Copenhague, fe chargea de cette ferme 9
8c envoya annuellement vingt vaiffeaux aux quatorze
ports appellés ports au poijfon, & huit à
ceux apppellés ports a la viande. Le roi Frédéric
V donna aux iflandois deux grands vaiffeaux
& plus de 50,000 rîxdallers pour l'établiffement
de leur commerce 8c de quelques pêcheries, 8c
pour le foutien de leurs manufactures 5 il fupprima
auffi, en 17 59 , la compagnie àV Ijlande 8c de Finmarck
, afin que les habitans de cette ifle puffent,
par leur propre commerce, exporter avec plus d'avantage
leurs denrées & marchandifes, & fe procurer
celles dont ils auroient befoin. Les marchandifes
qu'ils vendent aux étrangers , font du poiflon
fe c , du mouton falé, quelque peu de boe u f, du
beurre, de l'huile de baleine, beaucoup de fu if,
des gilets ou chemifettes de wadmal, de diverfes
qualités 5 des bas & des gants de la ine, de la
laine écrue, des peaux de moutons, d'agneaux,
de renards de différentes couleurs, du duvet &
des plumes. Les marchandifes qu'ils reçoivent ,
font : du fer en barre, des fers de cheval , des
bois de charpente , de la farine , de l'eau-
de - v ie , du vin , du tabac , du fel , de la
groffe torle, quelques étoffes -de foie, &c. &c.
Religion. L'exercice de la religion proteftante
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«ft feule permife en Ijlande. Les églifes fituées
dans les quartiers du levant, dej'occident & du
midi, font fous l'infpe&ion de l'evêque de Skal-
holt, & celles du quartier feptentrional dépendent
de celui de Hoolum.
Précis de l'hijîoire politique de l’IJlande. Le gouvernement
tyrannique de Harald , roi de Dane-
marck, furnommé Pulchricomus y ayant forcé beaucoup
de danois diftingués à fe réfugier dans la
Norwège , ils fe retirèrent dans cette ifle , 8c
en devinrent les premiers habitans. Ingulf & v
Hïozleif y abordèrent en 876 > 8c quatre années
après ils s’y établirent avec leurs familles. Les
deux endroits où ils fe fixèrent, portent encore
aujourd'hui leur nom. Ingulf trouva le pays inculte
, défert & couvert d'épaiffes forêts y mais
il découvrit des indices, d'après lefquelles il jugea
que le pays avoit été peuplé. Vers le milieu
du dixième fiècle ou peu après , les iflandois eurent
quelques connoiüances de la religion chrétienne
5 mais ce ne fut qu'un demi - fiècle après
qu'elle fu t publiquement adoptée , c'eft-à-dire,
en l’année 1000. L'églife cathédrale deSkalholt,
ainfi que l'école qui en dépend, fut élevée en
1057 par le premier évêque Islef. L'évêché , la
cathédrale & l'école de Holum furent érigés en
1106. Le gouvernement des iflandois fut arifto-
cratique pendant environ 3 87 ans, 8c nous en-1
trerons tput-à-l'fieure dans quelques détails fur fa
conftitution. Ils fe fournirent volontairement en
1261 -à Haquin, roi de Norwège > 8c obéirent
à fes fucceffeurs jufqu’en 1387 , époque où ils
paffèrent avec les norwégiens fous la domination
danoife , qu'ils ïeconnoiflent encore aujourd'hui.
L a réformation ne fut établie qu'en 15 5 1, après
avoir caufé beaucoup de troubles. Les corfaires
algériens furprirent cette ifle en 1627 y ils s'y
permirent des cruautés 8c des alTaffmats fans nomb
r e , 8c ils enlevèrent 242 perfonnes. En 1687 ,
des corfaires turcs vinrent de nouveau enlever
beaucoup d’hommes & de marchandifes.
Adminijtration actuelle. L'adminiftration civile de
cette ifle eft confiée à un gouverneur, bailli diocé-
fain, qui fait fa réfîdence ordinaire à Copenhague,
& dont la jurifdi&ion s'étend fur les ifles de
Faroër î il a fous lui jan bailli qui demeure à la
ferme royale de Beflesftader. Il y a de plus en
Ijlande un landvogt ou fénéchal, qui eft'chargé
de la perception des revenus de la couronne, 8c
qui en rend compte à la chambre des finances :
il demeuroit autrefois à Beffesftader, 8c aujourd'hui
à Widoe-Klofter.
Revenus. Ces revenus comprennent : i° . le
produit des fermes de tous les ports de l'ifle ,
qui monte annuellement à environ 16,000 rix-
dallers : 20. celui des impôts 8c de la dixme : les
habitans font dans l'ufage de l’acquitter en poif-
fons, 8c il eft affermé à des particuliers ; 30. la
rente des couvens fécularifés 8c ,cks biens royaux :
4°. le produit des barques royales i 50. le prix
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de 138 aunes & demie de wadmal f que chaque
fyffel ou diftriét eft obligé de livrer 3 celui de
892 paires de bas que tous les diftriéts enfemble
fo u rn i lfe n t8c celui de 344quintaux de poiffon ,
contribution de quelques diftri&s.
Adminijtration de la jujtice.
Il y a de plus deux langmanns ou juges fu-
périeurs, dont l'un a dans fon reflbrt les quartiers
fitués vers le midi 8c l’occident, 8c l’autre
ceux qui font vers le couchant 8c le nord : chacun
d'eux a un lieutenant ou juge inférieur. Enfin
on y compte vingt-un fyflelmanners pu juges
de diftriéls, dont les fondions font les mêmes
que celles des prévôts en Danemarck, 8c qui ,
outre c e la , perçoivent les impôts des diftri&s
affermés. UIjlande contient dix-huit de ces fyffels
ou diftrids 3 ceux qui font vers l'orient, o n t , à
caufe de leur étendue > deux juges chacun : il y
en a un particulier pour les ifles de Weftmann.
L'appel de leurs jugemens eft porté aux aflifes,
appellées lang- geriçht, lefquelles fe tiennent tous
les ans à Oexerae le 18 juillet : chaque langmann.
a huit afîefleurs. La troifième & dernière inftance
eft portée au tribunal fupérieur, qui fiège à la
même époque & au même lieu que les aflifes :
le bailli y préfîde au nom du gouverneur ou bailli
diocèfain, & eft aflifté d'un langmann 8c de onze
aflefleurs. L'appel de quelques caufes eft porté au
çonfeil fuprême de Copenhague.
Divijîon. Suivant la divifion commune, Vljlande
eft partagée en quatre quartiers, fixés par les montagnes
8c nommés d'après les quatre points cardinaux.
L e quartier feptentrional comprend le
diocèfe de Hoolum, compofé de cent églifes 5
les trois autres appartiennent au diocèfe de Skaal-
h o l t , fous lequel font 163 églifes.
Remarques fur l’ancienne adminifixation, de /’If-
lande. La colonie des norwégiens, chafîes par la
tyrannie d'un de leurs rois qui alla s'établir en
Ijlande, s'y occupa de la rédaction d un code', 8c
prit toutes les mefures néceffaires, afin de donner
à cette ifle une forme de gouvernement aflez
régulière pour aflurer l'indépendance 8c le repos
de la peuplade.
L'adminiftration des iflandois fut remarquable
à plufieurs égards 5 ils fe diftinguèrent par leur
e fp r it, par leur bon fens 8c leur amour de la
liberté. Rien ne les empêcha de fuivre leurs mou-
vemens naturels 5 féparés de toutes les autres parties
du monde par une vafte étendue de mer ,
leurs inftitutions furent moins corrompues que
celles des autres peuples, 8c il ne paroît pas qu’ils
aient tiré des autres! états la forme de gouvernement
, fous laquelle ils vécurent plufieurs fiè-
cles.
Suivant une divifion que femble indiquer la nature
, ils partagèrent cette ifle en quatre différentes
provinces 3 ils établirent dans chacune un ma-
giftrat , avec le titre de juge provincial. Les pro^
vinces furent divifées enfuite en deux diftri#s ,
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