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iureté que les juges de paix' trcuveroient fuffi-
faiit,è. " „
On dit qü'on abufa de ce ftatut pour commettre
des fraudés} que les officiers de paroifle fu-
bornèrent leurs pauvres 9 pour qu'ils aliaffent clan-
deftinement fur une autre paroifle, & qu'ils s’y
Enflent caches fix femaines j féjour qui les y éta-
blirldit, à la décharge de celle à laquelle ils de*
voient appartenir. C ’eft pour cela que le premier
aéte parlementaire de Jacques II ftatua que les
premiers quarante jours ne fe compteraient déformais'que
du jour où le pauvre donnerait avis>
par é c r it, aux marguilliers ou aux infpe&eurs , de
la paroifle où il venpît, tant du lieu de fa demeure.
que du nombre des perfonnes dont fa famille
étoit compofée.
Mais il fomble que les officiers de paroifle n'é-
tdîéht pas plus honnêtes à l’égard de leurs propres
pauvres r qu'à l'égard- de ceux. des autres paroif
fes., & qu'ils fe prçtoienr à ces Tu per cheries en
recevant l’ avis , fans faire, enfuit e les démarches
convenables. En ccmféquence, comme chaque
paroiffien avoit intérêt à- ce que fa paroifle ne
iùc pas chargée de çes intrus.,, il fut ordonné ,
par le troifiçF/;ç aéle-de Guillaume III , que les ;
fix femaines de réÏÏden-cè ne feroiènt plus comp- .
tées que du jour où l’avertiflement feroit publié
j publication qui fe feroit dans l'eglife ,
un dimanche , immédiatement après le fervice
divin-
« Au bout du compte , dit le doûl.eur Burn
» il efl rare qu’un pauvre gagne le droit d’appar-
» tenir a une nouvelle paroifle, depuis qu’ 1 faut
w quarante jours de xélidence , à dater de la pu-
» biication de l’avis qu’il a donné par écrit > &
»5 le but de l'adlè n’eft pas tant qu’ il-s’ y établi fie ,
» que d’empêcher qu’il ne lé falTe clandeftine-
» ment: car cdui qui donne fa déclaration par
» é c r it, donne feulement à la paroifle le moyen ;
« de le renvqyer.-Mais s’ il efl .dans une (filiation 1
» à faire qu’on puifle Je renvoyer actuellement,
as fa déclaration forcera ta.paroifle, ou à l’y
« laifler en ne le troublant point pendant les qua- ‘
»9 ranté jours de refidence , ou a (ou tenir un pro-
» cçs j fl elle, veut s’en "débarrafler »i.
- Le ftatut ôtoit donc prefqu'abfolument à un
pauvre la reflource de s’établir par -une -réfidence
de flx femaines. Mais , afin qu’il ne parut pas!
interdire "ail bas - peuple toute émigration d’une ;
paroifle à l'autre , le pauvre avoir quatre autres i
manières de gagner l’établ-flemènc, fans qu’il y !
eut d’avertiffement donné ou publié, La première
étoit d’être taxé à la paroifle, .& de payer la
taxe j la fécondé, d’y être élu officier de la pa-
- roiffe, & d’en faire les fonctions un an ; la troi- .
f lé t r i e d ’y fervir en qualité d’app.reriti'f j & la
quatrième, d'y entrer en condition pour un an,
Sj de continuer ce temps-là le même fervice do-
pieftiquê. - ' y " " ■ .
perfonné ne peut gagnçr I’étabJiflement par
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les.deux premières voies, que fous les yeux de
toute la paroifle , qui efl trop attentive aux fuites
pour adopter un nouveau venu condamné à Vivre
de fon travail , & elle n’a gjirde de le taxer ou
de le choifir pour un de les‘officiers-
Les deux derniers moyens ne peuvent gueres
Convenir à un homme mârié. Les apprentfts ‘ le
font rarement, &: la loi dit' expreflement qifaucun
domeftique marié ùt gagnera l’établiffement
par un fervice d’un an. Quant aux domeftiqûts
non mariés, le principal effet du réglement qui.
les met à-la, charge ne la pareille où ils ont fervi
une année entière , a été d’abolir" en grande
partie l’ancien ulage de les prendre pour unlan 5
ufage qui s’étoit li bien établi en Angleterre ,
q u e , s'il n'y a point de ternie convenu', la loi
entend encore aujourd'hui que c'eft pour un an 5
mais les maîtres ne ionc pas obligés de procurer
à - leurs domeftiques un droit fur les fecours de
la paroifle en les prenant pour un an , & les do-
meltiques ne fe fouci'ent pas toujours de fe Ipper
ainlî , parce que le dernier établiflement d’un
homme dans une parodie annullant tous les éta-
biiliémens antérieurs, ils peuvent perdre par-là
celui qu ils ont a origine -dans le lieu de leur
naiffance , au milieu de leurs pareils & amis. •
Il efl clair qü aucun ouvrier indépendant, ar-
tifan oir autre, ne voudra gagner l-'établiffement
par i apprentillage ou le fervice domeftique. Lors
donc qu’il portoit fon induftrie dans une nouvelle
paroifle, il s’expofoit, avec la meilleure fanté &
les meilleures dilpofitions pour le travail, à être
renvoyé par le caprice d’un rharguillier ou d’un
infpecteur , a moins qu’il n’eût à ferme une propriété
de dix livres flerlings de rente, chofeinv
poflibie à un homme qui vit uniquement du travail
de fes mains j ou à moins qu’il ne fût en
état ue donner pour la décharge de la paroifle
ûne lürete qui fatisfit deux juges de.paix. Cette
fureté efl laiifée entièrement à leur diferétion $
mais 11 moindre qu’ils' puiflent demander, efl de,
trente liv. flerljngs , pmi qu’il a été réglé que I’âc-
quifition d un franc-flef'qui va-udroit moins de
trente livres, ne peut donner Tétabliflement ,
parce qu’elle ne fuifit pas pour la décharge de la
paroifle. Or à peine trouvera-t-on parmi ceux qui
vivent de leur travail, un homn>e en état de fournir
une pareille fûr.eté, & fou vent on en exigé
une plus confidérable.
Pour rendre en quelque forte, au travail fa libre
circulation prefqüe totalement arretée par çe$
flatuts, on a imaginé les certificats- Le huitième
& le neuvième aéte de Guillaume III déclarèrent
que fi quelqu’u n , forçant. d’une paroifle où ij
étoit légalement établi, en apportait un certificat
flgné îles marguilliers & des infpe^curs, & ap-*
prouvé de deux juges de paix» toute autre, paroi
fie feroit obligée de Je recevoir : qu’aucune nç
pourroit le renvoyer fous le prétexte du danger
qu’il nç tombât à ft charge 9 mais feulement 4»n$
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!e cas où il y tomberoît réellement & que ,
dans ce c a s , la paroifle qui avoit accordé le
certificat, feroit tenue de payer les frais, tant
de fon entretien que de fon changement de domicile.
Et pour donner pleine fureté à la paroifle
où une perfonne munie d’un certificat vl-endroit
réfider , le même ftafut ordonne qu’elle ne pourra
y gagner ' l ’établiflement que par une ferme de
dix livres flerlings. par an , ou par une charge, ou
office de la paroifle , qu’ elle àbra exercée pour
fon propre compte i’efpace d’ un an. Par confé-
quent elle ne peut plus le gagner, ni par une
déclaration de fon changement de domicile , ni
par le fervice domeftique , ni par l ’apprentiflage ,
ni en payant la taxe dé la paroiifé. Le douzième
a été de la reine Anne exclut aufli de l’établifle-
jhent les domeftiques & les apprentifs de ceux
qui réfident dans une paroifle en-vertu d’un certificat.'
Une obfervation fort judicieufe du doûleiu- Burn
montre à-quel point cette difpofition a rétabli la
libre circulation du travail, prefque anéantie par
les* flatuts antérieurs. « Il eft.aifé de voir, dit-
» il , qu’il y a de bonnes raifons pour demander
9? des certificats aux perfonnes qui viennent s’é-
»s.tablir dans un endroit > favojr, pour qu’elles
» ne puiflent gagner l’établiffement ni par l’ap-
99 prentiflage , ni par le. fervice domeftique , ni
»? en donnant avis par écrit de leur changeas
ment de domicile, ni en payant les taxes de
»9 la paroifle 5 pour qu’ elles ne puiflent établir ni
»> leurs apprentifs, ni leurs domeftiques 5 pour
99 que, fi elles viennent à la charge de la pa~
99 roiffe , on fâche certainement où les reiivoyeij
» & que la paroifle foit rembourfée des frais
99 qu’elle aura faits pour leur renvoi &. leur en-
99 tretienj & pour que s’ils tombent malades, &
99 qu’ ils foient hors d’état d’être tranfp.ortés, la
9» paroifle qut a délivré le certificat les entretien-
M ne ; toutes chofes qui n’auroient pas lieu fans
lé certificat. Mais.ces raifons doivent engager
99 les paroiffes à n’ eh point accorder dans les cas
» ordinaires : car il y a beaucoup , à parier qu’à
9° la place de ceux qui les quitteroient 9 elles en
99 auroient d’autres également munis de certificats
99 & en plus mauvais état 9». Il réfulte de cette
obfervation .que les certificats doivent toujours
être demandés par la paroifle où un homme pauvre
vient réfider, & qu’ils doivent s’accorder rarement
par celle qu’il fe propofe de quitter.
Quoiqu un certificat n'emporte pas une attestation
de bonne conduite, & qu'il porte fimple-
ment qu un homme appartient réellement à telle
paroifle , il dépend des officiers de la paroifle de
le donner ou de le reiufer. On propofa autrefois,
oit le doéleur Burn , de contraindre par une ordonnance
les marguilliers & les infpeéleurs à le
ligner j mais la propofition fut rejettée comme une
entrepnfe fort étrange.
La grande inégalité du prix du travail, qu’on i
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trouve Couvent en Angleterre dans .des lieux qui
ne font pas fort éloignés l'un de l'autre, vient
probablenienr des obllacles que les Ipix-de domicile
cppoient à un homme pauvre qui voudroit
transporter fon induflrie d’une parojife à l ’autre
fans certificat. On fermera bien les yeux fur un
homme non marié, qui fera bien portant & laborieux,
& on fouffrira qu'il réfrde. fans certificat
j mais il efl fur que la plupart des paroifles
ne manqueront pas de renvoyer un bon ouvrier
qui aura une femme & des e n f a n s & le garçon
même qu’elles toleroient , s’ il.vient à fe marier.
De là il réfulte que la difette de bras dans une
paroifle ne. peut être toujours corrigée par la
fui abondance qui règne dans Une autre 3 comme
e lle l’eft en Ecoflè,, à ce que je penfe, dans
les autres pays du monde, où fen n'a pas établi-
les mêmes, entraves. On peut voir par-tout le
fa;aire du travail hauifer dans le voifinage des
grandes villes j. ou.daasles endroits qui ont be-
foin d’ une quantité de bras extraordinaire ; & on
peutievoir baiifer graduellement à proportion d e là'
diflance de ces lieux, jufqu’à ce qu’il trouve
le niveau- avec le taux ordinaire de ,1a campagne :
on n’apperçoit de différences brùfques ôe. écran-,
ges de falaire dans les lieux voifins qu’en -Angleterre,
où il efl fo.uvent plus difficile à un homme
pauvre de .pafler les limites, d’une paroifle , que
de pafier un bras de mer ou de franchir de
[hautes .montagnes , limites naturelles qui,font
quelquefois la réparation des différents prix du
travail dans les autres pays.
Faire fortir un homme qui. n'a fait aucun mal
d une paroifle où il vcut’ réfider , c ’efl une violation
manifefte de la juftice & de la liberté na-'
turelle. Cependant' le bas peuple d’Angleterre
qui efl fl jaloux de fa liberté , mais qui n’ entend
pas mieux que cèliii des- autres -pays en quoi elle
confifte , fouffre depuis- plus de cent ans cette
oppreffion fans, s occuper, du remède. Des gens
feules s en font plaints quelquefois comme d’un
grief public ; mais le peuple ne s'efl jamais récrié
la-denus , ainfl qu’il s efl récrié contre les Warrants
généraux; pratique abufive, fans contredit, mais
qui n’étoit pas de nature à occafionner une op-
preflion générale. Je. ne craindrai pas de dire qu’à
peine Je trouve-t-il en Angleterre un feul homme
pauvre âgé de quarante ans , qui , dans quelque
partie de fa vie , n’ ait relfenti la plus cruelle op-
preflïcn d’après ces loix fi mal imaginées.
. La taxé des pauvres 'paraît entretenir la fainéan-
tife; l'abondance des fecours ajoute à la pareffe ;
& , ce qui fait de la peine , la légiflation britannique
fe verra peut-être bientôt forcée de modérer
ou d’anéantir ces fecours de l’humanité. 1
Cette taxe des pauvres efl pourtant bien inté-
reflfante : nous aurons peut-être occafion de remarquer
que , dans la Virginie , elle offre un
fpeélacle vraiment digne d’amour & de refpeél ;