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_ L'édit de mars' 1676 accorde à l'hôtel Fexemp*
tion de tous droits d'entrée fur les bois à brûler
& de charpente qui liîi font néceffaire;s, fur le
charbon j eau dë-vie, étain, foin, plâtre, viandes
& tous les vivres néceflairesà la confomma-
tion d'une maifon auffi confidérable.
On ne tarda pas à reconnoître q u e , quelque
immenfe que fût le bâtiment1 des Invalides ÿ il ne
l'étoit pas affez pour la quantité de ceux qui ont
le droit d'y entrer. On prit; alors lé parti de détacher
des compagnies pour la1 garde des forts,
châteaux & quelquès maifons royales , trop éloignés
de la réfidence' des régi mens. Âinfî , ces
bra ves foldats ne font pas encore inutiles à l'état.
La première compagnie fut. détachée le 13 avril
1690. C'eft même de ce jour que les compagnies
prennent rang dans l'infanterie.
Le nombre de ces compagnies eft de feize de
bas o ffic ie rsh u it de canoniers & foixante-cmd
de fufiliers.
On a affeéfé onze compagnies de bas-officiers
à la garde des Thuileries , du Louvre, de 1 Arfer
nal, de la Baftille, du château de Vincenties,
de l'Ecole militaire & de l'hôtel yles Invalides,
Une décision du 9 août paffie cinquante liv.^ par
an à chaque officier des compagnies détachées a
la garde de la Baftille, de l'Arfenal, du Louvre
& des Thuileries, pour lui tenir lieu de la fran-
chife du vin.
Les huit compagnies de canoniers font détachées
fur les côtes. Chaque compagnie de fufiliers eft:
compofée de deux fergens, deux caporaux, deux:
appointés, q uarante- trois fufiliers & un tambour,
& eft commandée par un capitaine & trois lieu-,
tenans.
L a folde a été fixée félon l è tableau qui fuit.
S A y o 1 R :
A chaque capitaine, deux livres feize fo ls .. . . .........
A chaque lieutenant, une livre deux fols fept deniers. .
A chaque fergent, onze fols deux deniers........... .............
A chaque caporal, huit fols deux deniers..................... ..
A chaque appointé , fept fols deux deniers.............• . . . .
A chaque fiiiîlier & au tambour, fix fols deux deniers
par jour. par mois. par an. I
liv . y . d. l ï v . f . d . liv . ƒ. d .
l 1 6 S4 1 1608
1 ± 7 51 1 7 <5 406 IO
11 2 16 i y 201
8 2 12. 5 *47
H m Ê a 10 1 y I Z 9 6 z 9 5 I I I
Les appointemens des capitaines font fujets à
la retenue des quatre deniers pour livres.
Les bas-officiers & . foldats s'entretiennent de
linge & chauflure, au moyen des huit deniers
par jour qu'on retient/fur leur folde , & dont
on-Ieur fait le dépompte tous les fix mois.
Les officiers , bas-officiers & foldats continuent
de recevoir tous les trois ans un habillement qui
leur eft délivré fur ies états que les capitaines envoient
tous les fix mois au fecrètaire d'état de
la guerre.
Les troifièmes lieutenans lui font propofés par
le gouverneur de l'hôtel. Les capitaines & les
lieutenans font dés officiers penfiônnés qui ce fient
de jouir de leurs penfions à l'époque de leur remplacement.
Les officiers ou foldsts invalides, qùî veulent
fe retirer dans leurs provinces & obtenir ceqii'on
appelle grands congés, yjouifient d'une récom-
penfe militaire,'folde ou demi- folde. On peut
eonfulter, fur les gradations de cette penfîon félon
les rangs , le réglement très - détaillé du ro
novembre 1773:
Ces grands congés étoïènt autrefois obliges de
fe pséfèmer fix fois par an à la réfidence du fui*
délégué pour y recevoir leurs paiemens.. Il fuffit
aéluellement qu'ils s'adrefirent à l'éçhèvin, fÿndîe
ou çolleéieiir de leurs paroifles j mais le paiement
des deux. mois" de chaque femeftre ne peut être
fait que par le fubdélëgué. Us ne peuvent changer
de fubdélégation que le jour de leur préfen-
( tation. Les commifiairës des guerres peuvent néanmoins
faire expédier des certificats de cefiation de
paiement , quand le befoin de changer eft urgent*’
La revue de ces penfiônnés fe fait par le com-
miflaire chez le fubdéîégué , dans les quinze premiers
jours de chaque mois de juillet.
Le .régiment eft tenu de leur donner le premier
habillement au; fôrtir du Corps. Us font enfüite;
habillés tous les fix ans.
Us jouifient de . l'exemption de la taille induf-
frielle & 'autres impofitions perfonnelles pour rai-
fon de trafic, commerce, induft'rie & exploitation,
auxquels ils peuvent fie livrer. Us peuvent
rentrer dans l'hôtel, ou à raifôn de leurs infirmités,
ou lorfqu'ils ont atteint l'age de foixante
& quinze ans : mais alors ’leur penfîon qefle..,
II eft enjoint aux curés, dans les paroifles def-
qiiéîs font retires lés officiers & autres militaires
penfiônnés,, d'adreifer exactement au fecrètairetk
I R C
la guerre une expédition de l'aéfe mortuaire de j
chaque homme, àl'inftant de fon décès vife gra- :
tis des juges, maire, échevins-fyndics des lieux.
Us doivent encore en envoyer une femblable expédition
au fubdélégue.
Le fuifles proteftans au fervice de la France ,
ne pouvant, à raifon de leur religion, entrer a
l'hôtel des Invalides", le ro i, par les deux ordonnances
du 17 janvier 1710 & 24 août 1711 , a
voulu qu'il feroit pris & fait fonds chaque année
fur les revenus de l'h ô te l, d'une fomme deffix
mille livres, pour être partagée & employée,
favoir, cinq mille liv. en penfîon de foixante &
douze livres neuf fols chacune ƒ & les autres
mille livres en dix penfions de cent livres chacune.
Telles font les conftitutîons françoifes du régime
des invalides militaires. La première idée en a ete
jettée par le plus grand génie qui ait adminiftre
les affaires de la guerre, & fous le prince le plus
propre à féconder & à confolider une inftitution
nationale. Celle des Invalides durera autant que
la nation, dont elle acquitte une dette lacrée &
malheureufement trop durable.
( Cet article eft de Af. d e s B oi s d e R o c h e f o e t ,
docteur de la maifon 6? fociété de Sorbonne , vicaire
gênerai de la. Rochelle , curé de S. JLndre-
des-Arçs » Üc. )
IR L A N D E , iflede la mer Atlantique, qui appartient
à l'Angleterre. s
Sa conftitution politique eft à-peu-près celle de
l'Angleterre. Le vice-roi. y repréfente le roi j il y
a une chambre des communes & une chambre
des pairs, & nous renvoyons le leéteur à l'article
A ngleterre.
Nous nous bornerons à faire rici quelques re--
marques fur les troubles & l'état du royaume
d‘Irlande.
Depuis fix cents ans, Y Irlande eft affujettie à
l ’Angleterre. L'un des tyrans auxquels elle étoit
livrée, appelia Henri I I à fon fecours , en lui-
promettant foi & hommage :,cinq cents hommes
en firent la conquête. Le peuple , à cette époque,
étoit un ramas de fauvages aflervis à des chefs de
tribus, vaflaux eux-mêmes de petits fouverains
tous divifésj tous belligérans, tous opprefîeurs.
Bien loin d'avoir aucune part, ou aucune influence
dire&e ou indireéte dans la légiflation, le peuple
n'en a voit pas même à la. propriété j il viVoit dans
la mifère & dans la fervitude : on ne peut dire
■ lefquels étoient les plus barbares des maîtres ou
des fujets.
L'incertaine domination de l'Angleterre fur cette
contrée ne cefia d'être troublée par les révoltes
[ des grands feudataires. Jufqu’au'régne de Jacques
I , l'biftoire ùtXlrlande n’offre qu'une anarchie
enfanglantée,. que des brigandages,, des af-
Xaffinats, des moeurs belliqueuses „ mais atroces*
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pas une id^e jufte dans le gouvernement anglois
pour remédier à cette barbarie > pas une trace dtf
légiflation raifonnée, ni de liberté ou d induftne
dans la nation. : - [. ^.l ■ , ■ • '
Jacques I entreprit de la civilifer, & reuffit du
moins à adoucir la condition des habitans. On
fubftitua les loîx angloifes aux , coutumes Tous
hfquelles Y Irlande jrémifîoit. Jufqu'alors, la no-
blefîe-avoit joui du droit d'affaffiner impunément,
moyennant une foible amende pécuniaire. On^eut
juger de l'efprit qui gouvernoit cette contrée »
par la réponfe de lord Maguire , l'un des feigneurs
les plus turbulens & les plus accrédités. Le vice*
roi Fitz-Williams lui manda qu'il envoyoit un
shérif dans fon comté pour y adminiftrer^la juf-
tice. « Votre shérif fera bien reçu lui répondit
« Maguire j mais commencez par l’évaluer, afin
» que fi l'un de mes gens lui coupe la tê te , je
*» puifîe impofer fur le. comté la fomme qu'elle
» vaut «.
Jacques I ne fe borna point à tirer Y Irlande de
cette fauvage groffiéreté} il améliora encore le fore
du peuple 5 il limita les redevances exigées par les
feigneurs , & réprima leurs exactions j il introduisit
la connoilfance des arts , de la police & de
l'agriculture, & c . . . .
Mais, à chaque occafion , les moeurs primitives
ont repris leur afeendant : pas un règne ou les
révoltes particulières n'aient recommencé ; & ne
perdons pas de vue qu'aucune de ces infurreétions
-n'eut le peuple.pour agent, ni la liberté pour objet.
Cromwel, après avoir domptd les rebelles
d1 Irlande , en fit fortir quarante mille de ce royaume
, & il vouloit en réformer la génération entière.
Celle qui venoit d'égorger cinquante mille
proteftans par haine de religion , n'étoit pas en
effet fort à regretter.
Sous les Stuavts, l'Irlande fut un champ de carnage
: la guerre civile y avoit choifi fon domicile >
& ne l'abandonna qu'à la dernière extrémité. Les
Wighs & le presbytérianifme l'ayant emporté^ à
force de combats & de prefeription , l'Irlande fut
paifible fous les règnes de George I & de fon
fucceffeur. Le parlement s’occupa de l'intérêt national
, des manufaéfcures , du commerce , de I a-
griculture : il fut fécondé par la fage adminiftration
du lord. Carteret & du duc de Dorfet, vice-rois
fucceffivement.
A la rupture de l’Angleterre avec fies colonies -9
on vit fermenter en Irlande , dans quelques têtes ,
les idées politiques que la Grande - Bretagne &
l'Europe entière difeutoient. Le même parti qui ne
ceflbit de vanter fon patriotifme, en cenfurant
celui dû miniftère , échauffa les èfprits en Irlande
comme il les avoit échauffés en Amérique : les
liaifons , les intrigues , les pamphlets . les promef-
fes commencèrent. On avoit mis alors , à la tête
des infurgens irlandots , l'un des feigneurs les plus
puiflans dans la, contrée .par fes alliances & par la
■ fortune. Aucun but d'ailleurs détermine , fau*