
preuve dans les porfugais , qui Font f^it un fiècle
prefque feuls fans compagnie exclufive.
Il n'y a point de négociant particulier, dit-on ,
dont le capital fuffife pour avoir , en différents
porti de i Inde, des facteurs & des agens qui
amaffent des marchandifes, & qui les tiennent
prêtes pour les vaiiTeaux qu’ il peut y envoyer
dans l’occafton ; & à moins qu’il n’en ait, il peut
arriver fouvent que , par la difficulté de trouver
une cargaifôn t le va.iffeau manque la faifon du
retour, & que les frais d’ un fi iong retard emportent
non-feulement tout le profit du voyage ,
mais occafionnent encore une perte confidérable.
Si cet argument prouvoit quelque chofe > il prou-
veroit, qu’ on ne peut faire une grande branche de
commerce fans compagnie exclufive } ce qui eft
contraire à l’expérience.de toutes les nations. Il
n’y a point de grande branche de commerce, dont
le capital d’un feul négociant particulier puiffe
embraffer les Branches fubordonnées qui doivent
aller pour faire marcher la branche principale.Mais
quand une nation peut entreprendre une branche
de commerce , quelques marchands tournent naturellement
leurs capitaux vers la principale branche
, & quelques autres tournent les leurs vers les
branchés fubordonnées j & quoique de cette ma-
niêre il arrive que toutes les branches foient exploitées
j il arrive très- rarement qu’elles-le foient
par le capital d’un négociant particulier. Si donc !
line nation eft à temps de faire le commerce des
Indes orientales-, une certaine portion de fon capital
fe partagera entre toutes fes différentes branches.
Quelques-uns de fes marchands trouveront
qu’il eft de leur intérêt de réfider dans l’ Inde,
éc d'y employer leurs capitaux à faire des provi-
fions de marchandiles pour les vaiffeaux qu’y doivent
envoyer d’autres marchands réfidens en Europe.
Si les différens établiffemens que les nations
européennes ont obtenus dans l’Inde , nJétoient
plus à des compagnies exclufives , & qu’ ils fqf-
fent fous V prote&ion immédiate du fouverain,
ils 'deviendraient une réfidence fûre & commode,
$u moins pour les marchands des nations auxquelles'
tfs appartiennent. 5i , à une époque particur
fieje , la portion du capital du pays, qui fe por-
teroit d’elfe-mème à ce commerce, ne fuffifoit pas
pour toutes fes branches > ce feroit une preuve
que te pays fe preffe trop dé le faire, & qu’il,lui
feroit plus avantageux d’acheter quelque temps
des autres nations européennes les marchandifes
de l’Inde dont 'il a bèfoin , même; à plus haut
ririx , que de les importer IuLmême directement
qe l’Inde. Rarement perdroit-il par le haut prix
de ces marchandifes, autant qu’ il perd par la dif-
traélion d’une grande portion de fon capital enlevé
à des emplois plus néceffaires. ou plus convenables
aux circonftances où il fe trouve.
Quoique les européens poffècfent des établiffe-:
mens confidérables fut la côte d’Afrique & aux Indes orientales, ils n’y ont pourtant pas encore
des colonies aufli nombreufes & aufli floriffantes
que celles des illes & du continent de l’Amérique.
Cependant l’Afrique & divers pays, compris
fous le nom général dindes orientales , font
habités par des nations barbares. Mais ces na-^
tions n’étoient pas fi foibles , ni fi faciles à vaincre
que l’étoient les pauvres américains fans defenfe
& fans reffources > & d’ailleurs elles étoient plus
peuplées , en proportion de la fertilité naturelle
du fol qu’elles habitoient. Les nations les plus
barbares des Indes orientales & de l’Afrique
étoient des peuples pafteurs , fans en excepter
même les hottentots > mais les naturels de toute
l’Amérique, excepté le Mexique & le Pérou ,
étoient tous chaifeurs ; & il y a une grande différence
entre le nombre de bergers , & le nombre
de chaifeurs que peut faire fubfiller un territoire
également étendu & fertile. Il étoit donc
plus difficile de déplacer les naturels de l’Afri-.
que & des Indes orientales, & d’étendre les plantations
européennes fur la plus grande partie des
terres occupées par les indigènes. Ajoutez que le
génie des compagnies exclufives eft défavorable
aux progrès des nouvelles colonies , & qu’il a
été probablement la principale caufe de ce qu’el-,
les en ont fait fi peu dans les Indes orientales*
Les portugais ont’ fait le commerce d’Afrique &
des Indes orientales fans compagnies exclufivesj &
leurs établiffemens à C ongo, à Angola & Ben-?
guela fur la côte d’Afrique, & à Goa dans les
Indes orientales, quoiqu’arrêtés par la fuperftition
& par tous les genres de mauvaife adminiftration >
ne laiffent pas d’avoir quelque légère reffemblance
avec les colonies de l’Amérique , & font en partie
occupés par des portugais depuis plufieurs générations.
Les établiffemens des hollandois au cap
de Bonne-Efpérance & à Batavia font aujourd’hui
les deux plus fortes colonies européennes qu’il y
ait en Afrique & dans l’ Inde , & leur fitua-
tioneft finguliérement heureufe. Le cap de Bonne-,
Efpérançe étoit habité par des peuples aufli barbares
& aufli parfaitement incapables de fe défendre
que les naturels de l’Amérique. Il eft
d’ ailleurs comme un lieu de repos , à moitié chemin
de l’Europe aux Indes orientales, & pref-,
que tous les vaiffeaux de l’Europe y faifant quel-,
que féjour en allant & en revenant, la quantité
de provifions fraîches de toute efpèce, les fruits,,
& quelquefois le vin qu’ ils y prennent en paffant,
en font un trè,s-grand marché fur le furabondanc
du produit des colons. Batavia eft pour les différentes
contrées de l’Inde ce que le Gap de
Bonne-Efpérance eft pour l’Inde & l’Europe.
Il fe trouve fur la route la plus, fréquentée de
l’Indoftan à.la Chine & au Japon, & prefque à
moitié chemin-. Prefque tous les vaiffeaux d’Europe
qpj vont; en Chine , touchent.à Batavia , qui
eff e^epre le oqntré & Ja principale, foire de tout
! ce qu’on appelle dans l’ Inde le commerce du pays,
non-feulement de celui qu’y font les européens,
mais
maïs auflî de celui qu’y font les naturels entr’eux ;
& on voit fouvent, dans fon port, des vaiffeaux
montés par des habitans de la Chine & du Japon
, du Tùnquin, de Malaca, de la Cochin-
chine & des iiles Célebes. Des fituations fi favorables
ont mis ces deux colonies en état de
furmonter tous les obftacles que le génie oppreflîf
des compagnies exclufives a pu oppofer à leur
agrandiffement. Ces avantages ont fait triompher
Batavia du climat même, qui eft peut-être le plus
mal-fain qu’il y ait au monde.
Cette grande queftion de la liberté du commerce
& de l’induftrie eft difeutée fouvent : les
partifans de la liberté ont , malgré leur exagération
, un avantage fur les partifans des monopoles
& des privilèges exclufifs : ils fe trompent
quelquefois > mais leurs erreurs ne feront jamais
aufli préjudiciables à l’ induftrie & à la profpérité
générale, que les erreurs de leurs adverfaires.
Nous avons traité ce qui regarde les monopoles
particuliers à l’article I n d u s t r ie , & nous avons
indiqué,, dans les articles des pays qui ont adopté
les monopoles généraux, les funeftes effets de ces
monopoles généraux.
M O N T B E L L IA R D , pays immédiat de-l’Em-r.
p ire , fans faire partie d’aucun des cercles.
Le comté de Montbelliard eft fitué entre l’évêché
de B âle, la Franche-Comté, le duché de
Lorraine & le Sundgau. Le cercle du Rhin &
celui de la Suabe refufent également de le recon-
noître pour co état. Il e u t , dans des temps résiliés
, des comtes particuliers > la race s’en éteignit
en 1395 par la mort du comte Henri. Henriette
, fa fille , avoit époufé Everard le jeune,
comte de Wurtemberg, q u i, hérita de ce pays du
chef de fa femme , en devint le propriétaire, &
le tranfmit à fa poftérité. Il forma par la fuite
l’appanage de différens princes de cette maifon ,
qui furent les fouches d’autant de branches j la
dernière fe termina par la mort du duc Léopold-
Frédéric, arrivée en 1631. Léopol - Frédéric &
George, fes deux fils, lui fuccédèrent tour-à-
tqpr dans la régence de ce comté. C e dernier le
tranfmit à Léopold Everard, fon fils, qui mourut
en 1723. Les débats que fit naître cette fuc-
ceflion, portèrent le roi de France à le mettre
en fequeftre. Les barons & les baronnes de l’ Ef-
pérance y formèrent des prétentions comme iffus
du fang de Léopold Everard , dernier prince décédé
; mais le confeil aulique de l’Empire les
ayant déclarés, en 1723 & 1739, inhabiles à
fuccéder, & à être revêtus de la qualité de prince
> le roi de France , de fon coté , les ayant
reconnus pour illégitimes en 1747 , incapables
par conféquent de pofféder les feigneuries de ce
corrçpé, fituées fous fa domination , ils ne parvins
rent qu’à obtenir une penfion alimentaire, & le
ç.orçite fut abandonné au duc de Wurtemberg
(Sco'n. polit. & diplomatique. Tome III.
en 1748. Ces jugemens furent fuiviV, en 1748 ,
d’une tranfadtion rédigée par une commiflisn aulique
de l’Empire j entre Charles• Eugène, duc
régnant de Wurtemberg , d’une p a r t, & les barons
de [‘Efpérançe de l’autre : ces derniers
renoncèrent par ferment, tant au nom qu’ aux armes
de Moncbe Hiard 3 fous la promelfc que .fit
le duc de leur payer annuellement une fomrae
de 14,000 .florins.
On nomme communément ce pays comte pria *.
cier, non parce qu’il a été érigé en principauté,
mais parce que-depuis plufieurs Cèdes il n’a eu
d’autres poffelfeurs que des ducs de Wurtemb
e rg , qu’on appelloit ducs de Montbelliard , au
heu de ducs de Wuncmberg-Montbeltiard} qui,
au fond , eft leur véritable qualification. La maifon
de Wurtemberg jouit, à titre de ce comté,
d’un droit de fuffrage dans le collège des princes,
& en eft inveftie comme d’un fief relevant de la
couronne.
Le duc de Wurtemberg aujourd’hui régnant
a établi, da.is ce pays , un gouverneur qui pré-
fide à la régence. C e pays comprend :
I. Le comté de Montbelliard proprement dit.
II. Et fept feigneuries attachées au comté de
Montbelliard, qui font tenues en fief de la couronne
de France. Voye[ l ’article W u r i e m -
b e r g .
M O N T F O R T ( comtes d e ) , fouverains d’Allemagne
, à caufe des feigneuries de Tettuang &
d’Argen , fituées dans-le cercle de Suabe.
Les comtes de M on fo r t tirent leur nom du
château démoli de M om fo r t , fitué fur une montagne
du comté de Feldkirch. Rodolphe, comte
de M o n t fo r t , qui vivoit au treizième fiècle, eut
trois fils , Hugues, Rodolphe & Ulric , lefquels
fondèrent trois branches : la première prit le nom
de Tettuang j la fécondé celui de Feldkirch, &
la trôiftème celui de Bregenz. Cette dernière s’é-
teignit des l’an 1338} & la leconde en 1390 ,
•par la mort du comte Rodolphe q ui, dès 1365-,
avoit vendu le comté de Feldkirch ou de M o n t -
Ifdrt à la maifon d’Autriche. Il ne reftoit plus que
la branche aînée de Tettuang qui, darisJes fils
du comte Hugues, appelles Guillaume & Henri
fe foudivifa en deux rameaux diftingués par les
noms de Tettuang 8c de Brcgenj . Le premier
ayany fini en 1474 à la mort du comte Ulric
l'empereur Maximilien s'empara des terres de
M ontfor t par droit de dévolution, & les rendit
l’année fuivante à l'archiduc Ferdinand d’Autriche
: celui-ci occupa toute la feigneurie de T e t tuang
, & n’obtint dans la feigneurie d'Argen que
la haute & balfe jurifdiétion & quelques autres
droits, tandis cjue le domaine utile de cette terre
air fi que la feigneurie de Waflerbourg , furent
abandonnés aux héritiers allodiaux. Cependant la
branche de Bregenz ayant fourni des preuves
inconteftables de fa confanguinité & de fon droit
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