
remplit les fondions de confeil provincial. Voye%
les articles Brandebourg & Prusse;; ..
M E X IQ U E , vafte contrée de l'Amérique que
poffèdent les efpagnols : on lui donne aiftfi le
nom de Nouvelle-EJpagne. On trouve au nord du
Mexique une autre contrée qui appartient aufli
aux efpagnols, & qu’on appelle le Nouveau-Mcxi-
que. C e qui regarde le Nouveau Mexique , fe trouvera
ici : nous n’avons pas cru devoir en faire un
article à part.
Nous ferons dans celui - ci i° . un précis
hiftorique de la découverte , de la conquête &
de récabliffement du Mexique , & des details fur
le gouvernement qu’y trouvèrent les efpagnols :
2°. -nous indiquerons le degré de profpérité auquel
s’eft élevé le Mexique 3 & nous parlerons des
productions & du commerce de ce pays.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis kijlorique de la découverte , de la conquête
& de 1‘ètablijfement du Mexique de la Nouvelle
Efpagne.
Velafquès, fondateur de l’établiffernent de C ub
a , deiiroit que fa colonie partageât, avec celle i
de Saint-Domingue, l’avantage de faire des découvertes
dans le continent j & il trouva très-dif-
pofés à féconder fes vues, la plupart de ceux
qu’une avidité àCtivê & infatiable avoit conduits
dans fon ifle. Cent dix s’embarquèrent, le 8
février i ƒ 1 7 , fur trois petits bâtimens à Saint-
Iago , cinglèrent 'à l’oueft, débarquèrent fuccef-
flvemént à fucatan, à Campêche, furent reçus
en ennemis fur les deux côtes, périrent en grand
nombre des.coups qu’on leur porta, & regagnèrent
dans le plus grand défordre le port d’où ,
quelques mois auparavant ils étoient partis avec ;
de fi flatteufes efpérànces? Leur retour fut marqué
parla fin du cher de l’expédition, Cordova, qui
moiirut de fes bleffures,
Jufqu’à cette époque, l’autre hémifphère n’a-
voit offert aux efpagnols que des fauvages nuds,
errans, fans induftrie, fans gouvernement. Pour
la première fo is , on venoit de voir des peuples
lo gés , vêtus, formés en corps de nations, affez
avancés dans les arts pour convertir en vafes des
métaux précieux.
Cette découverte pouvoit faire craindre des
dangers nouveaux 5 mais elle préfentoit aufli l’ap-
pas d’un butin plus riche, & deux cents quarante
efpagnols fe précipitèrent dans_ quatre navires
qu’armoit, à fes dépens, le- chef de la colonie,.
Ils.Commencèrent par vérifier ce qu’avoient
publié les aventuriers qui les avoient précédés ,
pouffèrent enfuite leur navigation jufqu’ à la rivière I
de Panuco, & crurent appercevoir par tout des *1
traces encore plus décifîves de civilifation. Sou- j
vent ils débarquèrent. Quelquefois on les attaqua I
très-vivement, & .quelquefois„oa les;reçut avec »
un refpeét qui tenoit de l’adoration." ■ Dans une
ou. deux occaftons ils purent échanger contre
- l’or du nouvel 'hémifohere quelques bagatelles de
l’ancien. Les plus entrepr.enans d’ entr’eux opinoient
à former un étabÜffement fur ces belles plages j
leur commandant, Grijalva, q u i, quoiqu’a&if ,
quoiqu’intrépide , n’avoit pas l’ame d’un héros ,
ne trouva pas fes forces fuflifantes pour une en-
treprife de cette importance. 11 reprit la route de
C u b a , où-il, rendit un compte plus ou moins
exagéré de tout ce qu’il avoit v u , de tout ce
qu’il avoit pu apprendre de l’empire du Mexique.
La conquête de cette vafte & opulente région
eft aufli-tôt arrêtée par Velafquès. Le choix de
l’inftrument qu’ il y emploiera, l’occupe plus longtemps.
Il craint également de la confier à un
homme qui manquera des qualités indifpenfables
pour la faire réuflîr , ou qui aura trop d’ambition
pour lui en rendre hommage. Ses confidens
le décident enfin pour Fernand Cortès , celui de
fes lieutenans que les talens appellent le plus îrrt-
périeufement à l’exécution du projet, mais le
moins propre à remplir fes vues perfonnelles. L’activité
, l’élévation , l’audace que montre le nouveau
chef dans les préparatifs d’une expédition
dont il prévoit & veut écarter les difficultés ,
réveillent toutes les inquiétudes d’un gouverneur
naturellement trop foupçonneux. On le voit occupé,
d’abord en fecret & publiquement enfuite
du projet de retirer une commiflion importante
qu’ il fe reproche d’avoir incenfidérément donnée.
Repentir tardif. Avant que foient achevés les
arrange.mens imaginés pour retenir la flotte com-
pofée de onze petits bâtimens, elle a ,mis à la
voile , le 10 février 1515>, avec cent-neuf matelots
, cinq cents huit foldats, feize chevaux ,
treize moufquets , trente - deux arbalètes , uii
grand nombre d’épées & de piques, quatre fauconneaux
& dix pièces de campagne.
Ces moyens d’invânon, tout infuffifans qu’ils
pourront paroître, n’avoient pas même été fournis
parla couronne, qui ne contribuoit alors que
de fon nom aux découvertes, aux établiffemens.
. G’étoient les particuliers qui- fbrmoient des plans
d’agrandiffement, qui les dirîgeoient par des'Com-
binaifons bien ou mal réfléchies, qui les exécu-
toient à leurs dépens. La foif de l’or & l’efprit
de chevalerie qui régnoit encore, excitoient principalement,
la fermentation. Ces deux aiguillons
faifôient à la fois courir dans le nouveau-Monde,
des hommes de la première & de là dernière
claffe de la fociété-; des brigands qui ne refpi-
rpîent que le pillage, & des efprits exaltés qui
; çroyoient aller à la gloire. C ’.eft pourquoi la trace
de ces premiers conquérans fut marquée par tant
de forfaits & tant d’aétions extraordinaires} c ’eft
pourquoi leur cupidité fut fi atroce & leur bravoure
fi gigantefque.
La double paflion des richeffes & delà renommée
paj;oît animer Cortès. En fe rendant à fa
cleftinatîott, il attaque les indiens de Tabafco ,
hat plufieurs fois leurs troupes, les réduit à demander
la paix, reçoit leur hommage, & fe fait
donner des vivres, quelques toiles ae coton, &
vingt femmes qui le fuivent avec j oie.
Le Mexique obéifloit à Montezuma, lorfque
les efpagnols y abordèrent. Le fouverain ne tarda
pas à être averti de l’arrivée de ces étrangers.
Dans cptte vafte domination, des couriers placés
de dillance en diftance, inftruifoient rapidement
la cour de tout ce qui arrivoit dans les provinces
les plus reculées. Leurs dépêches confiftoient
en des toiles de coton, où étoient repréfentées
les différentes circonftances des affaires qui mé-
ritoient l’attention du gouvernement. Les figures
etoient entremêlées de caractères hiéroglyphiques,
qui fupçléoient à ce que l’art du peintre n’avoit
pu exprimer.
On de voit s’attendre qu’un prince que fa valeur
avoit élevé au trône, dont les conquêtes
avoient étendu l’empire, qui avoit des armées
îiombreiifes & aguerries, feroit attaquer ou attaqueront
lui - même une poignée d’aventuriers
qui ofoient infefter fon domaine de leurs brigandages.
Il n’en fut pas ainfij & les efpagnols ,
toujours invinciblement poulies vers le merveilleux
, cherchèrent, dans un miracle , l’explication
d’une conduite fl vifîblement oppofee au
caraétère du monarque, fl peu affortie aux circonftances
où il fe trouvoit. Les écrivains de cette
nation ne craignirent pas de publier à la face de
l’univers, qu’ un peu avant la découverte du nouveau
Monde , on avoit annoncé aux mexicains
que bientôt il arriveroit du côté de l’orient un
peuple invincible, qui vengeroit, d’une manière
a jamais terrible , les dieux irrités par les plus
horribles crimes, par celui'en particulier que la
nature repouffe avec plus de dégoût, & que cette
prédiction fatale avoit feule enchaîné les talens
de Montezuma. Us crurent trouver dans cette
impolture le double avantage de juftifier leurs
ufiirpations , & d’affocier le ciel à leurs cruautés.
Une fable fl groflîère trouva long-tems des partions
dans les deux henftifpheres, & cet aveuglement
n eft pas aufli furprenant qu’on le pourroit
croire. ’
Depuis que Montezuma étoit fur le trôn e, il
ne montroit aucun des talens qui l’y avoient- fait
monter. Du fein de la itiolleffe, il méprifoit fes
fujets, il opprimoit fes tributaires. L’ arrivée des
efpagnols ne rendit pas du reffort à cette ame
avilie & corrompue. II perdit en négociant, le
temps qu’il ' falloit employer en combats , &
voulut renvoyer avec des préfens, des ennemis
qu il falloit détruire. Cor tè s , à qui cet engour-
diffement convenoit beaucoup, n’oublioit rien
pour le perpétuer. Ses difcours étaient d’un ami.
Sa million fe bornoit, difoit i l , à entretenir de
la part du plus grand monarque de l’orient, le
plus puiffant maître du Mexique, A toutes les
înlhnces qu’ on faifoit pour prefler fon rembar»
quement, il répondoit toujours qu’ on n’avoit jamais
renvoyé un ambaffadeur fans lui donner audience.
Cette obftination ayant réduit les envoyés
de Montezuma à recourir, félon leurs inftruc-
tions , aux menaces & à vanter les tréfors & les
forces de leur patrie : voilà, dit le général ef-
pagnol en fe tournant vers fes foldats, voilà ce
que nous cherchons , de grands périls & de grandes
richejjcs. Il avoit alors fini tous fes préparatifs ,
8c acquis toutes les connoiffances qui lui étoient
nécelîaires. Réfolu à vaincre ou à périr , il brilla
fes vailfeaux , 8c marcha vers la capitale de l’empire.
Sur fa route fe trouvoit la république de Tlaf-
cala , de tout temps ennemie des mexicains, qui
vouloient la fouqiettre à leur domination. Cortès
ne doutant pas qu’elle ne dût favorifer fes
projets, lui fit demander paflage, 8c ptopofer une
alliance. Des peuples qui s’ étoient interdit pref-
que toute communication avec leurs voifins, 8c
que ce principe infociable avoit accoutumés à
une défiance univerfelle, ne dévoient pas être
favorablement difpofés pour des étrangers dont
le ton étoit impérieux , 8c qui avoient fignalé leur
arrivée par des infultes faites aux dieux du pays.
Audi repouffèrent-ils fans ménagement les deux
ouvertures. Les merveilles qu’on racontoit des
efpagnols, étonnoient les tlafcalteques, mais ne
les effrayoient pas; Ils livrèrent quatre ou cinq
combats. Une fois les efpagnols furent rompus.
Cortès fe crut obligé de fe retrancher, 8c les indiens
fe firent tuer fur les parapets. Que leur
manquoit-il pour vaincre ? des armes.
Un point d’honneur qui tient à l’humanité, un
point d’honneur qu’on trouva chez les grecs au
liège d eT ro y e , qui fe fit remarquer chez quelques
peuples des Gaules, 8c qui paroît établi chez
plufieurs nations, contribua beaucoup à la défaite
des tlafcalteques. C ’étoit la crainte 8c la honte
d’abandonner à l’ ennemi leurs bleffés 8c leurs
morts, A chaque moment, le foin de les enlever
rompoit les rangs 8c ralentiffoit les attaques.
Une conftitution politique, qu’on ne fe feroit
pas attendu à trouver dans le nouveau-Monde,
s’étoit formée dans cette contrée..Le pays étoit
partagé en plufieurs cantons, où régnoient des
hommes qu’on appelloit caciques, Ils condui-
foient leurs fujets à la guerre, levoient les impôts
8c rendoient la jultice : mais il falloit que
leurs édits fuffent confirmés par le fénat de Tlaf-
cala, qui étoit le véritable fouverain. Il étoit
compofé de citoyens choifis dans chaque diftriâ
par les affemblées du peuple. M. Robertfon a
décrit les moeurs 8c le gouvernement des tlafcalteques
, 8c nous y renvoyons le leâeur.
Une des qualités que les efpagnols méprifoient
le plus chez les tlafcalteques, c’étoit l’amour de
la liberté. Ils ne trouvoient pas que ce peuple
çût un gouvernement, parce qu’il n’avoit pas
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