
celui d’un feuî , ni une,. p.olic;e*, parce qu’il n’a-
voit pas celle de Ma,dmi} ni fies vertus , parce
g in i n'avoit pas leur cuite 5 ni de l'efprit, parce
qu'il n'avoit pas leur$ opinions.
Malgré Cette manière de penser fi hautaine & fi
dédaigheufe , l'es.efp^ghols'lîteni: allianceavec les
tlafcaîteques , qui leiir-donnèrent fix mille foïdats
pour les' conduire &- jes;.a'ppqyer.
Ave c ce jècqürS , Corte^ s’ayapçoft vers Mexico
, à travers fin pa^sl4]?piï4ah.t, arrqfë, couvert
tl'e bois , de .champs cultivés,, de villages & de
jardins. La campagne Irait féconde en plantes
inconnues à l'Europe.^ On y yoyoit une foule d-oi-
leaux d un plumage éclatant, des animaux d'ef-
peces nouvelles. La nature -étoit-dififérente d'elle-
Jiiême, & p'en étoit. que plus agréable'•&’ plus
riche. Un air .tempéré ± des chaleurs;continues,,
mais fupportables, entretenoient la, parure; & la
fécondité de la terre. On voyoit, dans le meme
canton , des arbres couverts de fleurs , des arbres
charges de fruits. On femoit dans un champ le
grain qu'on mpifiohnpit dans l'autre.
Les espagnols' ne parurent. point' fçnfibles à ce
nouveau fpe^âcle. Tant de beautés ne les tour
choient pas. 11$ voÿoient l'or fervir d'ornement
dans les mpTôris '& dans les temples , embellir
les armes des'mexicains, leurs meubles & leurs
perfonnès j ils , ne voÿoient que ce métal : femr
blables à çe Mammona dont parle. Milton, qui
"dans le ciel oubliant la divinité même, avoir
toujours les yeux fixés’ fur, le parvis > qui étqif
‘d ’or.
Montezuma què, les-incertitudes, & peut-être
la crainte dé commettre fo a âp.çiennê gloire ,
ayoient empê.ché d'attaquer les efpagnols à leur
privée ; de fie joindre depuis, aux tlafcaîteques
plus.hardis que lu i, d'afl^illir enfin des vainqueurs
fatigués .de, leurs propres triomphes : Montezu*
ma , dont- lê.§Vmquyèiûens s'etqient rédifits'a détourner
Cortès de venir dans îà capitale ,. prit
le parti de Vy introduire lui-même. Il comman-
doit à trente'^ princes, donc plufiéurs pou voient
mettre^ fur pied des armées. Ses richefles étoient
confidérables, & fon pouvoir ahfolu. II paraît
que fies fujets ayoient quelques connoifiances &
de l'induflrie. C e peuple étoit guerrier &' rempli
d'honneur..
L'empereur^ du Mexique oubliant ce ,qu’il, fe
de voit,' ce qu'il devoit à fa couronne, , ne morn
tra pas l e moindre courage , la moindre intelligence.
Tandis qu'il pouvoit accabler les efpagnols
de toute fa puiffance, malgré l'avantagé de leur
difcipline & de leurs armes, il voulut employer
contre eux la perfidie., ,
II lès cordhloit à Mexico.,de .préfens, d'égards,
de carefles , - & il 'faifoit attaquer la Vera-Çrux,
colonie que lès. efpagqols, ayoient ..fondée'dan$ le
heu pu. fis ayoient débarqué, pour s'affurer une
retraite ou pouf recevoir desfecours. llfout , j
dit Conès à fes compagnons,..en leur apprenant *
cette nouvelle, il faut étonner ces barbares par
une Action f L Lat : j'ai rpfoiu d*qrr$te.T Vempereur 3
M de me rendre maître de fa perfonne. Çe defîèin
fut approuvé. Aufli- rô t , accompagné de fes officiers,
il marche au palais de.Montezuma,
Jui déclare qu'il faut le fuivre, ou fe réfaudre à
pc.rir. C e prince , par une balte fié égale à la té;-
meri.te de fes rivaux, fe met entre leurs mains.
| | éït, obligé de livrer au fuppli.ee les-généraux qui
n ayoient agi que par fes ordres j & il met Je
comble à fon avilifiément, en rendant hommage
de fa. couronne au roi d'Efpagne.
Au^ milieu de ces) fuccès, on apprend que
| sfarvaès vient d'arriver^ de Cuba avec hujp cents
fantaflins,, avec quatre:-virjgtschevaux , avec douze
pièces-de canon, polir prendre le commandement
de rarmée &, pour, exercer des vengeances. Ç e :s
forcés étoient envoyées par Velafquès, mécoiir
tent que des aventuriers partis fous fes aufipices
eulfent renoncé à toute liaifon avec lu i , qu'ils
fe fulfent déclarés in;dépendans de fon autorité ,
êc qu'ils eulfent envoyés des députés en Euror
pé., . pour obtenir la confirmation des pouvoirs
qù.ils s’ ëtoient arrogés eux-mêmes. Quoique Cot-r
tes n'ait que deux, pents-cinquante hommes , il
'marche à-fon rival} il le combat, le fait prilpn-
nier , oblige les vaincus à mettre bas les armes,
puis les leur rend en leur propofant de le fuivre.
- . leur coeur par fa' confiance & fa magnanimité.
Çes foldats fe rangent fous fes drapeaux ;
& avec eux il reprend, fars perdre un pioment,
la route de Mexico , ou il n'avoit pu lailfer qup
cinquante efpagnols q u i, avec les tlafcaîteques ,
gardoient -étroitement l'émpereur.
II y avoit des mouyemens dans la noblefié
mexicaine , qui étoit indignée de la captivité de
fon prince} & le zèleindilcret des efpagnpls,qui,
dans une fête publique en l'honneur des Aiepx du
pays , rehyerfèrent les autels & ,malfaprèrent les
.adorateurs & les p rê tre sa yq it fait prendre les
armes, au peuple. r
, Cortès, à fon retoiif à Mexico , trouva les
fiens alfiéges dans le quartier ou il les,avoit lâiiïesr
C ’étoit un efpace allez valle pour contenir les efpagnols
& leurs ajliés, & entouré d'un mur épais,
avec des tours placées de dilîance en diftançe,;On
y ayoit difpofe l'artillerie le mieux qu'il avoit. été
poflible} ép le fervice s'y étoit. toujours faif avec
auta.nt . de régularité. & de .vigilance que dans une
.place affipgép ou dans le camp le plus expofé, Le
général ne pénétra, dans cette efpece de folterelfe
qu'âprès avoir furmonté beaucoup de difficultés}
& quand il y. fpt,enfin parvenu , les dangers continûment
encodé. L’a.cha’rnement des, naturels du
pays étoit tel qu'ils, hafar^dpknt fie.pénétrer par les
(embrafutes.^u.canpi), dans l’afyle qu'ils -vouloient
forcer. .
Pour fe tirer d'une .fîtuatipn’défefpérée, les efpagnols
ont recours.jà des lorries. Elles font heu-
reules, fans être décifives. Les mexicains montrent
un courage extraordinaire. Ils lè dévouent gaie^
«tient à une mort certaine. On les voit fe précipiter
nus & ians défenfe dans les rangs de leurs ennemis,
pour rendre l.eur,s armes inutiles ou pour
les leur arracher. Tous veulent périr pour délL
yrer leur partie de ces étrangers qui.prétendent y
régner.
; Le combat le plus fanglant fe donne fur une
élévation dont les américains s'éioient emparés,
& tfoù ils açcabloien.t de traits, plus PU moins
meurtriers tout ce qui fe préfentojt. La troupe
chargée, de les déloger, ell trois fois repoulfé.e.
Cortès -s'indigne de cette réfilfance} & quoiqu'af-
Xez grièvement blçlfé, il veut.fi? charger lui-même
de l'attaque. A peine efi-il en pdlïefiion de .ce
ipolfe important, que deux jeunes mexicains jettent
leurs armes & viennent à lui comme défer-
ieurs, Ils mettent un genou à rerre, dans la pç,Hure
d e fupplians, le faifilfent }k s'élancent avec une
extrême vivacité dans l'elpérance de le faire périr,
en l'entraînant avec eux. Sa force ou fon adrelfe le
dé-barralfent de leurs mains, & ils meurent vûélimes
d'un.e entreprife généreufe.& inutile.
Cette aàion > mille autres d'une vigueur pareille
, font defîrer aux Efpagnols qu'on pwilfe
trouver des moyens de conciliation. Montezuma,
toujours, prifpnnier, confent à devenir i'indru-
ment de l'efclavage de fon peuple , & il fe montre
avec tout l'appareil du trône fur la muraille, pour
engager fes fujets à ceffer les hoftilités. Leur indignation
lui apprend que fon règne eft fini} & les
traits qu'ils lui lancent le percent d'un coup
mortel.
Un nouvelordre de chofes fuit de près cet événement
tragique. Les mexicains voient à la fin que
leur plan de défenfe, que leur plan d’attaque font
également mauvais} & ils fe bornent à couper les
vivres à un ennemi que la fupériorité de la difcipline
& de fes armes rend invincible. Cortès ne
s’apperçqit pas plutôt de ce changement de Cyftê-
4n e , qu'il penfe à fe retirer chez les tlafcaîteques.
L'exécution de ce projet exigeoit une grande
célérité , un fecret. impénétrable, des mefurés
bien combinées. On fe met en marche vers le
milieu de la nuit. L ’armée défiloit en filence & en
.ordre fur une digue» lo'rfque fon arrière-garde-fut
attaquée avec impétuofité par un corps nombreux,
& fes flancs par. des canots diftribuçs aux deux
côtés de la chauffée. Si les mexicams, qui avoient
plus de forces qu'ils n’en pouvoient faire agir,
.enflent eu la précaution de jetter des troupes à
l'extrémité des ponts qu'ils avoient fagement rompus
, les efpagnols & leurs alliés auroient tous péri
• dans cette aébion fanglante. Leur bonheur voulut
.que leur ennemi ne fût pas profiter de tous fes:
avantages } & ils arrivèrent enfin fur les bords,
du la c , après des dangers & des fatigues incroyables,
Le défordre où ils étoient, les expofoit.
encore à une défaite entière. Une nouvelle faute
vint à leur lecours.
L ’aurore permit à peine aux mexicains de découvrir
le champ de bataille dont ils étoient reliés les
maîtres, qu'ils apperçurent parmi les morts un
fils & deux filles de Montezuma , que les efpagnols
emmenoie-nt avec quelques autres prifon.-
ni.ers. C e fpeéia.clc glaça d'effroi. L'idée d 'hoir
maflacré les enfans après avoir immolé le père.,
étojt trop forte pour que cje,s . âmes foi blés & énervées
par l'habitude d'une obeiffajn.ee aveugle »
puffent la foutenir. Ils craignirent de joindre l'im.-
piété au régicide ; & ils donnèrent à de vaines cérémonies
funèbres un temps qu'ils dévoient au faiut
de leur patrie.
Durant cet intervalle, l'armée qui-avoit
perdu fon artillerie, fes munitions, fes bagages;»
fon butin , cinq ou fix cents efpagnols, deux mille
tlafcaîteques, & à laquelle il ne refiok prefque
pas un foldat qui ne fût bleffé , fe remettoit en
marche. On ne tarda pai à la.ppurfuivre, à la bar
celer, à l'envelopper enfin dans la vallée d'Q-
tumba. Le feu du canon & de la moufqueterie,
le fer des lances & des épées, n'empêçhoient pas
les Indiens, -tous nus qü'iis étoient, d’approçher,
& de fe jetter fur leurs ennemis -avec uipe grande
animofité. La valeur alloit céder au nombre, lorf-
que Cortès décida de la -fortune de cette journée.
II avoit entendu dire que, dans une partie du
Nouvau-Monde, le fort des batailles dép.endoit
de l’étendard royal. C e drapeau, dont la forme
étoit remarquable, & qu'pn ne mèttoit en campagne
que dans les occafions les plus importantes,
étoit affez près de lui. | f s'élance avec, fes plus
braves compagnons, pour .le .prendre. L'un .-deux le
faifit & remporte dans le rang des efpagnols. Les
mexicains perdent courage } ils. prennent la fuite
en jettant leurs armes-Cortès pourfuit fa marche, &
arrive fans o.bfiacles chez les tlafcaîteques.
XI. Il n'avqit perdu ni le defîein, ni l'efpérance
de foumetçre l'empire du Mexique; mais il avoit
fait un nouveau plan. Il vouloir fe fervir d'une pai-
tie d e s ‘peuples, pour alfujettir l’autre. La forme
du gouvernement, la difpofition des e fp r it s J a
fituation de Mex ico, favorifoient ce projet, &
les moyens de l'exécuter.
L'empire étoit éleéiif, & quelques rois ou caciques
étoient les électeurs. Ils choifififoient d'ordinaire
un d'eptr'eux. On lui faifoit jurer que, tout
le temps qu'il feroitfur le trône, les pluies tombera
i en t à propos, les rivières ne cauferoient point
de ravages, les campagnes n'éprouveroient point
de ftérilité , les hommes ne périraient point par les
influences malignes d'un air contagieux. C e t ufage
pouvoit tenir au gouvernement théocratique, dont
on trouve encore des traces dans prefque toutes
les nations de l'univers. Peut-être aufli le but de
ce ferment bizarre étoit-il de faire entendre au
nouveau fquve.rain, que les malheurs d'un état
venant prefque toujours des défordres de i'admi-
niflration, il devoit régner avec tant de modération
& de fageflfe, qu'on ne pût jamais regarder