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les morts multipliés par ufl terme moyen des trois
clémens tiitferens 3 >9;
tin’ trouve, auffi en Angleterre des-gehs. qui
a (Turent que la population de qc roy-aume a-beau-
coup diminué depuis-la reine Elrfabeth: D'autres
établiffent par des raifons beaucoup-phis platrfi-
bles, à la vérité, qu'elle efl: fort augmentée. En
l é S i , fir William l-'etty y comptoir 7,400^000
habitans. En 1692, Davenant n’en comptoit-que
7.000. 000. Wallace Se Tempieman en (uppofent
8;oqo,6co : d’autres, tels que le docteur Price
& M. Smith, ne lui en donnent que de de ; à-
6.000. 000. Maiheureufement les anglois n’ont
d’autres élémens pour leurs calculs-que le nombre
des maifons. On le faifoit monter a i^ o o 3o o o à
peuprès à la fin du dernier fièele-. Quelques auteurs
prétendent qu'il'ell diminué de-près d’un
quart; mais comme ori.ne peut confuher que les
regiftres de ceux qui lèvent la taxe Tut les fenêtres
, ii eft difficile de former un réfukat, parce
qu’ils négligent d’inférer toutes les-maifons ou
cabanes des pauvres gens qui ne paient pas la
taxe. D’ ailleurs , quand on connoîtroit le nombre
des maifons , il faudroit encore arbitrer celui des
perfonnes qui habitent chaque' maifon. Nous
nous bornerons donc à dire que la nation angloife
ayant toujours profpéré depuis un fièele , le commerce
s’étant multiplié, la-culture ayant augmenté,
ainfi que le prix des terres & celui des
fai aires , il y a lieu- de croire que la-population a
augmenté; dans la-même proportion ; & que Iorf-
qu’on fera des dénombrements; exaéfs les
frondeurs qui crient à la dépopulation , fe trou-'
veront auffi loin de leur compte qu’en France &
en beaucoup d’autres pays.
La population efi-elle un indice certain de la force
d’un état } ■
Il eft généralement vrai que Upopuiation eft la
preuve de la profperité de la force d’une nation
, parce qu il eft généralement-vrai (que l ’agriculture,
le commerce 8c la bonne légiflation
multiplient le nombre- des hommes. Mais la population
eft foumife à des caùfes phyfiques, qui'
peuvent prévaloir fur les paufes morales. Il exifte
des pays plus favorables à-la .propagation d e l’ef
pèce , '& la proportion dû nombre:,des hommes
a la félicité.dont ils jouiftenr, n’eft point exaéle.
Sans citer la Chine, dont’on parle avec tant d’exagération,
eft-on bien heureux fur les- côtes de
l’Afrique', dans l’Empire ottoman & dans l'Inde,
où l’on trouve une population fi nombreufe ?. Et -
pour ne pas aller chercher des preuves fi loin,
citons de petit états d’Allemagne fans commerce
& fins irviuftrte, gpuvernésafiezîrÿranniquement,
& toujours opprimés par la préfence- H-un fou-
verain , qui le plus fouvent ne devant fon-domaine
qu’ a une dignité.eccléfiaftique , fe hâte de dévorer
un propriété précaire qui! 11e peut faite pgffer
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à Tes defeendans. Eh bien ! dans ces petits états *
les peuples fe multiplient 5 les mariages ne font
pas heureux, mais ils font communs : les ménages
ne font pas riches, mais ils font féconds, &
l’efpèce humaine fe foutient toujours.
Conjectures fur la -population des diverfes parties
du monde.
Il eft difficile dé donner des calculs exaéls fur
la population des diverfes parties du monde, mais
on fera bien aife de trouver ici les opinions les
pl us vraifemblâbles 8c les plus accréditées fur cette
population. M. le baron de Bielfeld dans fes Inf-
titutions politiques ( 1760 page yo8) , eftime que
TAlie contient joo millions d’habitans, les trois
antres parties du monde chacune iy o , ce qui
fait pour toute la furface de la terre 950 millions
d’habitans. Il en compte 8 millions dans la Grande-
Bretagne, 20 en France, 10 dans le Portugal &
l’Efpagne, 8 en Italie, 30 dans l'Allemagne, la
Suiflh 5c les Pays-Bas, 6 dans le Danemarck,
la Suède & JaNorWege, 18 en Ruffie 8c 50 dans
la Turquie d’Europe 3 le total fait iyo. D ’autres
auteurs donnent à l ’Italie 10. millions 3 mais fui-
vant des perfonnes très inftruites que j’ai conful-
tées à ce fujet, il y en a de 13 à 14 millions. On
en donne à la France 22 , à la Ruffie 17^ à la
Suède 2 & demi 3 au Danemarck 2 8c demi 5 à
l’Efpagrie 6 8c un tiers, au Portugal 2 & un cinq*
à la Hollande 1600 mille, a la Chine feule 60
millions : fur h population de l’Allemagne on peut
voir le livre de M. SuiTmilch, imprimé à Berlin
8c intitulé Gottliche Ordnang , & c . , c’eft-à-dire .
1 ordre de la vie dans les changemens du genre
humain.
,On connoit par les regiftres publics le nombre
des naiftances 3 année commune 3 on pourroit
en conclure- le nombre des habitans 3 fi l’oncon-
noiftoit bien le rapport entre ces deux'nombres.
M. Halley penfoit qu’il falloit multiplier les najf-
fances par 42 , M. Kerféboom par 3 , $• 3 M. Mef-
fence par 28 dans les grandes villes, 8c par 24
dans les provinces, M. Simpfon par 26. C e nombre
varie, fans doute, d’un pays à l’autre 8c même
dans un feu! pays ; c ’eft ce qu’il importeroit de fa-
voir , pour juger de ce qui eft favorable ou contraire
à la population. On auroit donc befoin de
dénombremens tête par tête de tous les habitans
d’une paroiffe,} mais les inquiétudes du peuple fur
la moindre opération du gouvernement, rend ces
dénombremens fufpe&s, & dès-lors impoffiblesi;
les curés font peut-être les feuls qui puiftent exécuter
avec exactitude de pareilles opérations; mais
ils partagent eux-mêmes les inquiétudes de leurs
paroiffiens, ne connoiflant pas l-utilité réelle de
ces calculs pour le bien de l’humanké.
On peut voir fur la population & la mortalité
.Kerfeboom ; ejfai de calcul politique 3 en hollan-
d ois , à la H a y e , 1748. Les recherches de M .
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Melïence far la Population de quelques villes de
France 3 Paris 1766. Le dictionnaire de M. l’abbé
Expilly, pour ce qui concerne la France. M.
Hailêy dans les tranfaétions philofophiques ; les
Mfcellanea çuriofa ; l’ouvrage intitulé : Ejfai to
eftimate the chances o f the duration o f lives. Le
fécond volume du recueil de ddférens traités de
phyfïque par M. Deflandes, Paris 17403 l’ana-
lyfe des jeux de halard par M. de Montmont,
édition de 17143 l’arithmétique polit'-ue.du chevalier
Petty 3 le volume de la collection académique
, ou font les mémoires de Stockholm 3
l’ouvrage du major Gruuntj l’eflai fur les probabilités
de la vie humaine par M. Deparcieux 3
M. Simpfon dans fon traité anglois fur les annuités
; M. Maitland dans les tranfaBions philofo-
phiques de 1738, & Yhijloire naturelle de M. de
BufFon > où il y a une table de la durée de la vie
humaine, ou l’efpérance de vivre qui relie à
chaque .-âge.
Des moyens d'entretenir & d’augmenter la population
dans un état.
Tous les adminiftrateurs cherchent à augmenter
8c à conferver le nombre de ceux qui la
compofent. La vraie force de l’état confifte dans
la multitude des habitans 3 & la politique indique
les moyens de parvenir à ce but. Le 'premier
8c le plus naturel, eft rèrtcouragement ,^es
mariages. Mahomet, à l’imitation de quelques lé-
giflateurs anciens, fut abfurde, en introduifant
la polygamie , dans le defiern d’accroître la population
de fes états. Mille raifons dévoient !le
convaincre de l’erreur de cette opinion. Il ne
réflechilfoit pas que l’expérience de tous les
lîèclesconfirme qu’ il naît, année commune, dans
tousdes pays du monde , un nombre prefque égal
d'enfans mâles & femelles, & que prétendoit-il
avec fa polygamie ? En donnant trois, quatre,
dix femmes à un homme , il ne prévoyoit pas
qu’il laiflbit trois, quatre, dix hommes fans femmes?
L ’expérience a fait connoître que les habitans
ne fe multiplient nulle part davantage que
dans les pays ou la religion chrétienne a introduit
le mariage d’ un homme & d’une feule,
femme.
Que le mariage foit réputé facrement, comme
dans la religion catholique, ou contrat civ il,
autorifé de Dieu & confirmé par l’églife, comme
chez les proteftans, peu importe à la politique 3.
niais elle demande que ce lien foit indifîoluble
pour des caufes frivoles. On craint que le divorce
ne devienne un mal pour le corps politique de Pétât
, qu’il nuife à la population dans aucun pays
de l’Europe. Les confiftoires ou les tribunaux
oe juftice , refufent la féparation de deux.
époux qui n’ont qu’un caprice paffager , quelque
altercation ou leur légèreté à alléguer pour motif d une démarche auffi férieufe 8c auffi importante.
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Mais , lorfqu’ il fe trouve dans ces époux une
incompatibilité parfaite & confiante d’humeurs ,
d’inclinations •& de moeurs; une antipathie r une
averfion décidée , une infidélité prouvée, une
impuiffance viïible dans un des conjoints à concourir
au premier but de l’hymen, il y a plufieurs
paysouPon ne croit pas que le lien du mariage doive
être plus fort que celui de la nature. Voye^ l’article
D ivorce.
On ne parlera pas de la licence effrénée pour
la débauche 8c la luxure , que quelques légifla-
teurs ont regardée comme un moyen propre à la
population. C e défordre fcandaleux feroit funelle
à la fociété 3 il mettroit la plus grande confufioa
dans les fucceffions 8c dans la propriété des biens
8c des noms , il abîmeroit le peuple par des maladies
honteufes, il peupleroit 1,’état de mauvais
fujets, fans éducation fans.moeurs 8c fans famé.
Et s’ il importe à l’état d’avoir un grand nombre
de fujets, il lui importe encore .plus , de n’avoir
pas une multitude défordonnee à contenir ou à
punir.
La maxime d’attirer les érpigrans fert encore
à peupler l’état. La terre a toujours quelques
fouverains imprudents, q u i, pour caufe de religion,
ou par les vices de leur gouvernement ,
déterminent les fujets à quitter leurs états. L ’habile
» politique profite de cette faute, 8c tâche
d’entichir fon pays aux dépens des adminiftrateurs
3 qui fe conduifent de cette manière. Quand
ces gens-là ne feroient pas riches, peu importe ,
pourvu que ce ne foit pas des vagabonds fans
aveu 8c fans induftrie. Mais lorfau’on reçoit ces
nouvelles familles , il faut avoir loin de fournir
d’abord les moyens d’exercer leur induftrie, &
de ne pas les expofer à devenir fainéants 8c criminels
par néceffité.
Le même principe politique , qui engage à
attirer des emigrans dans l’état, défend d e fed é -
barraffer par des colonies , d’une partie de fa population
3 à moins que le refte des habitans ne
fuffife aux befoins de la métropole. L ’Efpagne
a commis à cet égard des fautes infignes ,
dont elle le reffentira long-temps. Elle commença
parexpulfer les maures dont les défeendans feroient
devenus efpagnols après trois générations, fi le gouvernement
avoit .euJ’art de-s’occuper de ce foin;
Cette perte de plufieurs millions?de fujets fut le
premier échec què reçut la Population. La découverte
de l ’Amérique lui porta un fécond
coup. L ’avidité de l’or 8c. de l’ argent fit fortir
des ports .d’Eljaagne, ,une multitude innombrable
de citoyens qui formojent pour la métropole de
bien plus grands tréfors que. les métaux qu’ils
allaient.chercher fi loin. D ’autres caufes ont contribué,
à,la dépopulation deTEfpagne , mais nous
avons parle à l'article Espagne 3 de ces anciennes
erreurs du cabinet de-Madrid, 8c nous n’ajouterons
rien. dé plus : fi yous examinezl’imprudence, le faux
zele pour la .religion, la; tolérance du gouverne