
permettant à cette barque & à ces chebecs d'entrer
dans Ton p o r t, en les y gardant après leur
avoir permis de mettre à terre une partie de leur
cargaifon , avoit porté atteinte à la neutralité que
la républiqups'étoit engagée à obferver avec tou-
tes les puiffances en guerre. Il envoya un vaiffeau
de guerre demander aux génois leur fortie ; &.
n ayant rien pu obtenir ■, il alla lui-même avec une
efcadre fe préfenter devant Gênes > & menaça
de bombarder cette ville. On négocia : les génois
dirent que le convoi efpagnol n'étoit entré
dans le port de Gênes, que parce qu'il y avoit été
jette par le mauvais tems } & le vice-amiral an-
glois démanda que la barque' & les chebecs fuf-
fent obligés, de. fortir du port avec l'artillerie &
les munitions pour continuer leur route, ou que
I artillerie & lesmunitions fuffent féqueftrées. Une
convention, entre Mathews & deux députés de
Gênes, déclara que les cations^ & la poudre apportes
d'Efpagne, & lé trouvant dans le port ou
dans la ville de Gênes, feroient tirés-de la barque
& des chebecs > mis à bord dés! vaiffeaux neu?
très, & tranfportés à Bonifacio dans rifle de Cori-
le 5 que le vice-amiral anglais dohnéroit un convoi
pour la fureté de ce tranfport ; que l'artillerie &
la poudre feroient dépofées' dans le château de
Bonifacio , pour y re-fter entre les mains de la république
jufqu’à ce que la guerre fût terminée
par une paix définitive, & %ie la bàrque & les
chebecs auraient une liberté entière de fortir du
port de G ê n e sd a n s le temps que les officiers
efpag»of$ jugeraient a-propos- , & de fe retirer
où ils v o u d ra ien tfan s qu'il fût permis aux
vaiffeaux anglois de les moleftër en aucune manière
, ou de les fuivre dans leis vingt*quatre premières
heures de léur fortie du port de Gênes.
L à république pouvoir répondre aux anglois mous
n avons rien fait pour les efpagnols que nous ne
[oyons difpofés a faire pour vous ; mais les anglois
fe trouvant les plus forts, n'étoient pas difpofés
à fe contenter de cette réponfë , & le fénat de
Gênes intimidé fit un tort corifiderable à l'Efpa-
gne dont il rendoit les munitions inutiles. Le roi
catholique fe propofoit bien d’en’ tirer tôt ou tard
une yengeance éclatante ; mais peu de tems après
& dàns la fuite de la même guerre, les génois
réparèrent leur faute : après avoir mis leur ville
à couvert du bombardement, ils fe jettèrent dans
les brXs de la France & de l'Efpagne, & fervi-
rent utilement ces deux couronnes, contre les anglois
& leurs alliés; Us n'eft pas be foin de. dire
que l'artillerie & l e s munitions de guerrè qui
avoient été dépofées à Bonifacio, furent rendues
aux efpagnols.
Si le pays neutre n a donné aucun fiijet de plainte
aux puiffancès belligérantes, il efl injufte, à par- !
1er en général, d’y fôumettre au droit de la guerre I
des chofes qui îvy font pas fujettës par leur na-' (
ture ,-ou qui appartiennent à un tiers , lequel n'a
pris aucune part à la guerre. A uffi, en pareille 1
S
occafion, les princes ont-ils foin d'msginer sU$
prétextes fpécieux , & d'alléguer des dommages,
des torts, ou des injures : mais une néceffité
abfoliie peut rendre Julie ce qui, fans e l le , ne
ne le feroit point. Des que cette néceffité exifte ,
il n'y a ni droits, ni devoirs, ni obligations capables
de retenir un petïple qui fe voit fur le
point de périr. Voye-^ F article G u e r r e .
NE Y SSE , principauté' d'Allemagne. Voye\
Silésie pruss ienne.
N lED E R -M U N S T E R , abbayeprincièred'Allemagne
: elle ell à Ratisbonne..
Judith , fille du duc Arhoul de Bavière , epoufe
de Henri I auffi duc de Bavière, & grand'mère
dé l'empereur Henri IL fonda cette abbaye d e '
femmes. L'époque de la conftru&ion du couvent
eft placée-à l'année 900. Le titre de l'abbeffe eft :
par la grâce de Dieu , princeffe du Saint-Empire
romain , abbeffe de la très - noble abbaye impériale
& immédiate de Nieder-Munfler à Ratisbonne.. '
Elle occupe à la diète fur le banc du Rhin la
treizième place parmi les prélats, & la feptième
fur le banc Eccléfiaftîque aux affemblées circulaires
de Bavière. Sa taxe matricuiaire a été fixée
en 1683 à 10 florins. Elle paye un contingent à ;
tachambreimpériale de yo rixdales é y& d em ik r .
L'abbaye reconnoît pour fon avoué & proteéleur
le duc de Bavière. Les religieufes peuvent fe
marier ; leur manière de vivre n'eft point fujette
aux règles clauftrales. Voye^ l'article P a l a t P
n a t '.
NIEV E S . Voye[ N e v is .
NOBLE.
NOBLESSE.
NOBLESSE M IL ITA IR E . Le Diaionnaire
de Jnrifprudence a fait ces trois articles, & nous,
nous contenterons d'inférer ici quelques réflexions
de M. d'Argenfon , fur lçs majorats & fur la
noblejfe. -
N oblesse-, titre d’honneur qui diftingue ceux
qui en font décorés, & les fait jouir de plufîeurs
privilèges.
Le Diélionnaire de Jurifprudence a fait un long
article fur ce mot : nous nous bornerons aux
obfervations fuivantes.
On ne confond que trop tous les jours les intérêts
de l'état avec ceux des particuliers. Il im-‘
portoit beaucoup, par exemple, que la fouve-’
raineté ne fe partageât plus dans la famille royale,,;
comme fous la première & la fécondé race ; mais
pour la confervation de nos grands fiefs fi vantés
, que fait à l'étatjeur démembrement ou leur
plénitude? On ofe cependant foutenir encore,
dans notre droit, que la majefté de la couronne
& la puiffance de l'état en dépendent. On ou-
N O F
bhe que nous ,11e vivons plus fous le gouvernement
féodal ÿ que ce lie font plus lés grands vaf-
îuLix qui groffiftent les- aimées | mais il y a plus,
,c eft quon. doit fe perfiiader; que le démembrer
ment des grands fiefs eft ;un bien précieux à l'é-
E’bdivifîon de c e s . majorats en remet
dans le commerce les différentes parties qui en
font forties pour fatisfaire la vanité d'une feule
famille , & fans qu'il en revienne aucun avantage
a la fpçiete. La divifion des- fiefs & des domaines
donne vingt différens adminiftrateurs, qui font
fuecéder ITbondançè à U ftérjüté; l'intérêt public
donc ici, en pppofition avec celui d'une-feule
famille : que le legiflateur choififfe après cela.,;
Je ne demande que de mettre'à part le-plus
Lapide préjugé, pour convenir que deux chofes
feroient principalement -à fouhaiter pour le bien
de 1 état 5 Lune que tous les citoyens fulfent égaux
entr eux , afin que chacun travaillât fuivant fés ;
ralens, & non par le caprice des autres j l ’autre
que chacun fût fils de fes oeuvres & de fes me.
rites : toute juftice y feroit mieux accomplie, &
l'état feroit mieux fervi.
v Convenons que les nobles reffemblent beaucoup
a ce que les frelons font aux riches.
La nobleffe, la fortune & les ficheffes qu'on
reçôic par fanaiffance, jettent l'homme dans une
mdolence neceffaire , dès ces premiers momens
ou 1 émulation charme ordinairement le courage
de la jeuneffe. Sa grandeur affurée eft le premier
des dangereux myftères que pénètre un enfant,
& alors toute éducation n’eft plus que charla-
tannerie. Par; là lui font retranchés tous les prix
que l'état propofe aux fervices. On jouit injuf-
tement de ce que d’autres ont mérité , & cette,
injuftice exclud ceux qui mériteroient par eux-
fïiêmes.
La pratique de cet abus fe: comprend par le fait
& la violence j mais comment en tolere-t-on- le
principe, quand la morale & la politique y font
auffi groffiérément violées ?
La raifon devroit nous venger des pallions, ou
au moins ^oir plus clair que les fens : cependant
les préventions generales prouvent le contraire.
AJn elt anciennement préoccupé qu'une fùpério-
rite injufte lur les autres- citoyens, & quelques
bonnes actions émanées de cette fupé^ioriré l'ont
légitimée : tel eft ce qu’on p.enfe.de h.nqéUJe.
Mais, dira-t.on lî tous ces principes contre
la noblejfe font vrais > quelle conféquence en, ci.
rera-t-on? Faudroit-il, aÈoltrjtm ordre fi fanieuxi
Cherchera-t.pn une, égalité abftîjie : & • biatoni.
cienne ?-Non certainement. Je,dis bien, à la véb
r fte ,.q u on doit chercher cetté égalité . mais on
n y parviendra jamais.
Par, :ces efforts vers: l’égalité j on multipliera
moins le nombre des nobles,, autant que l>n tra-
‘ iexces,des.richefles>.On abolira fur-tout
J indigne entrée dans le corps des nobles , qui fe
donne,par finance, Oq.ne _feà palïet 1« charges
rï o Ë 427
des peres aux enfans que quand toute autre ré*
compenfe fera épuifée pour les pères.
Quand nous avons des guerres juftes a foute-
mr , on ne difputcra pointa la noblejfe d'cxtraCtion
une valeur par état plus fixe & plus folide que
chez-les autres nations**
Si on examinoit bien rigourèiifement les caufcs
de la noblejfe y peut-être n’y trouveroit - on que
celle par ou un chacun excelle dans un métier qui
exclud les autres profefiions. Cette caufe déplaît;
elle fuppofe que tout homme qui eût changé une
profeffion ignoble pour .un exercice relevé , y
eût | réiifll également, de quelque fang & de
quelqu ordre qu il fût forti. Il eft vrai cependant
que toute autre pro.feffiohi que celle des armes eft
interdite a notre nobleffe -y que fon, talçnt eft inf-
ptré par les exemples de famille, fomenté par
I éducation, forcé par une efpèce de néceffité
de ne pas dégénerer.
Que la no^/è françoife ne regrette point, dans
1 exécution de ce fy ftêm c u n e ariftôcratie qu'elle
croit être favorable à notre nation ; il n'eft quef-
tion que d'extirper une fâtràpie roturière & odieu-
fe s qui augmente chaque jour les mauX , en
pervertiffant nos >moeurs.
N O E R D L IN G E N , ville libre & impériale
d'Allemagne , au cercle de Weftphalie : elle eft
fituee au canton de Riefs, fur la rivière d'Eger,
dans une. contrée fertile, fur-tout en pâtura”
ges. La majeure partie de la bourgeoifie y fuit
la confeffion d'A-ugsbourg. Cette ville étbit autrefois
foumife à l'évêché de Ratisbonrie ; mais
on - trouve des preuves de fôn immédiateté ,
dès le commencement du treizième fièclé ;
& les empereurs Charles I V & Wenceflas promirent,
en 1348 & 138 7, d e là lui conferver
dans , toute fon intégrité. HlJé occupe à la diète
de l'Empire le feptième rang parmi les villes impériales
de Süabe , & le cinquième dans les af>
femblées, du cercle. Sa taxe ffiatriculàire , qui
etoit autrefois de 260 florins, a été fixée à i jo '
lors de la réduction de M W m . cofitribution polir
1 entretien de la chambre impériale eft de 219
rixdales 72 kr. L^mpereür Charles IV lui accorda
le droit de préfidialité ; mais elle ne s'en eft jamais
fervie. En' 1634, les impériaux battoient les
fuedois dans fes environs. En 1647, elle efluya
un fiege de dix-fept femaines de la part des trou-
| pes de l'Empire, qui y produiiîrent un cruel incendie.
En 1702, cinq cercles affemblés y conclurent
une ligue Fairieufe , & on augmenta les
rortifications de la ville , qui eft regardée comme
un boulevard du cercle de Franconiç contre la
Bavière.
Lési,princes & comtes d’OEttingen fc fout
arroges depuis long-temps la fupériorité territoriale
fur les biens patrimoniaux de cette ville ; ce qui
a donné lieu à plufieurs eonteftations, & même
I a des voies de fa-it. P li