
merce avec la Hollande : fans parler du péage
du Sund, qui rend le Dannemarc à certains égards
maître de la navigation dans la Baltique , les
hollandois en tirent une quantité confidérable
de mâts de vaifleaux, de planches, de futailles,
de goudron, & d’autres produirions de la Nor-
wege. Les pays, en revanche, qui font fous la
domination du roi de Dannemarc, achètent beaucoup
d’ouvrages des manufactures hollandoifes,
beaucoup d’épiceries, & c . C e commerce réciproque
s’eft fort accru depuis l’année 1726,
époque où le io i de Dannemarc défendit dans
fes états l’ entrée de toutes les marchandifes
venant de Hambourg. Los négocians danois,
depuis cette époque, fe font accoutumés à fe
pourvoir de tout en Hollande. Deux objets cependant
donnent de la jaloufie aux Provinces-
Unies , & pourront peut-être dans la fuite caufer
de la méiintelligence entre elles & le Dannemarc.
Le premier eft la pêche de la morue fur les côtes
d’ Illande , que les hollandois réclament , &
que les danois leur conteftent. En 1740, les gardes-
côtes prirent cinq bâtimens de pêcheurs hollan
d ois, & les menèrent à Copenhague. Les mi-
niltres de la république fe plaignirent, on publia
de part & d’autre plufteurs mémoires. Les deux
puiffances commencèrent même a armer des
vaiifeaux pour loutenir leur caufe ; & tout fem- ;
bloit fe difpofer à une rupture , lorfque, par la
médiation de la Suède, cette affaire s'arrangea :
mais la dicuffion peut recommencer. Le fécond
objet eft i’établiffement de la. compagnie danoife
des Indes, orientales. Il eft fûr quelle nuit au
commerce des Indes de la republique , non fur
la vente des. épiceries dont les. hollandois font
feuls. en poffeifion , mais fur les porcelaines,
le th é , les toiles de coton , les indiennes, les
étoffes de la Chine , &c. dont le Dannemarc
approvifionne maintenant une partie du nord &
des provinces feptentrionales de l’Allemagne. 11
eft naturel que les. hollandois foient jaloux des
progrès de ce. commerce, mais de quel droit
voudroient-ils l’empêcher ? Des politiques prétendent
que les républiques confédérées doivent
ménager le Dannemarc', par rapport aux troupes
auxiliaires quelles peuvent obtenir de cette p*if-
fance 5 que le roi de Dannemarc eft en état de
fournir, moyennant de bons fubiides, plus de
douze mille hommes : mais il eft peu de circonf-
tances où la foibleffe de ce royaume lui permette
de vendre Ces foldats. A
La Suède a prelque avec la Hollande les memes
rapports que le Dannemarc. Maîtreffe de l’autre
rive du Sund , elle en peut difputer le paffage.
Outre les bois, elle fournit à la Hollande, le
chanvre,de cuivre, le fer & plusieurs autres produisions
de la N o rvè g e fuédoife. Ces articles
font nëceffaires à la navigation des Provinces-
Unies. Les loix fomptuaires qui ont été rigou-
reufes en Suède, empêchoient ce royaume de
tirer beaucoup de marchandifes de la Hollande;
mais le cabinet de Stocholm ne paroît plus avoir
aujourd’hui les mêmes principes fur le luxe. La
compagnie des Indes. de Gottenbourg , fait le
même commerce, a le même d éb it, elle, eft
fondée d’après les mêmes vues que celle de
Copenhague ; Sc on peut lui appliquer ce que
nous dilîons tout-à-l heure. Les liaifons de la
Suède avec la France devraient refferrer les liai-
foris entre la Suède & les Provinces- Unies , fl le
traité d’alliance de celles-ci, avec le cabinet de
Verfailles continuoit. L’alliance avec la Suède
peut d’ailleurs être d’un grand poids pourl’équi ■
libre du nord, & par cette confidération , les
Etats-Généraux doivent cultiver fon amitié, &
y entretenir un miniftre qui veille à leurs intérêts.
La Ruflie a formé depuis un demi-fiècle de fi
grandes liaifons avec les autres puiffances de
l’Europe, &. fa puiffance s’eft’tellement accrue
dans le nord ; que toute l’Europe la ménage
aujourd'hui , & recherche' les moyens de yiV-
vre en bonne intelligence avec elle. Les intérêts
de commerce incitent la Hollande en particulier
à fuivre cette maxime. Car la cour de
Ruffie , où le luxe règne avec excès, fans qu’il
y ait de bonnes manufaélures, retire tous les ans
des hollandois une prodigieufe quantité de toutes
.fortes de marchandifes, & ceux-ci tirent en
revanche beaucoup de produirions de la Mofco-
vie. Le chanvre, le cu ir , fon t, par exemple <,
des articles importans. Les hollandois y chargent
aufli des viandes falées ; le boeuf de Mofcovie
étant plus abondant . & à beaucoup meilleur
marché que celui d’Irlande & des autres contrées.
Nous avons parlé ailleurs de l’influence que la
Ruffie a dans les affaires générales de l'Europe.
La Porte peut favorifer les vues de la Hollande
, ou les contrarier de plufieurs manières ,
fur-tout lorfque cette dernière eft en méfintel-
ligemce avec la maifon d’Autriche. La Hollande
fait un commerce confidérable à Smyrne , à
Conftantinople , à Scandrone ou Alexandrette ,
& dans toutes les échelles du.levant. On y trouve
des comptoirs hollandois. Tant de-motifs, engagent
la république à entretenir un ambaffadeur
à la Porte , qui y veille aux intérêts de la Hollande
& à ceux des particuliers.
Les pirates de la côte de Barbarie ont caufé
autrefois de grands dommages au commerce des
hollandois, en s’emparant des vaiffeaux marchands
de cette nation , & fur-tout de ceux qui
faifoient voile fur la Méditerranée ; mais aujourd’hui
les Provinces - Unies font en paix avec
A lg e r , Maroc, Salé 5e Tunis; & , quelque
négligée que foit la marine, des hollandois , ils
ont toujours allez de moyens pour faire refpeéter
1 leur pavillon , & châtier les pirates.
♦ Tw ie
Traité d*alliante entre f a majejié le roi de France
& les Etats-Généraux des P r o v in c e s -U n ie s des
Pays-Bas, Jigné à Fontainebleau le iô novembre
1785.
Au NÔM DE ' LA TRÈS-.SAINTE ET INDIVISIBLE
T rinité , Pere , Fils , et
Saint-Esprit , ainsi soit-il.
S o i t n o to ir e à c e u x q u ’ il ap p a r tien d ra , ou-
p e u t ap partenir en m an iè re q u e lc o n q u e .
L e s m arqu es d ’ am itié & d’ a ffe étion q u e fa
m a je f té le ro i t rè s - c h r é t ie n n’ a c e f fé d e do n n e r
a u x Provinces-Unies de s P a y s -B a s , & le s fe rv ic e s
q u ’ e lle leu r a r en d u s dans d e s c ir c o n f ta n c e s im p
o r t a n t e s , o n t c o n fo lid é la c o n fia n c e d e leurs
h a u te s p u iffan c e s dans le s p r in c ip e s d e ju ft ic e Üc
-de magnanimité d e fa d ite m a je fté t r è s - c h r é t ie n n e ,
& elle s le u r o n t in fp iré le de fir d e s’ a t ta ch e r à
e l l e pa r des lien s p ro p r e s à a ffu rer d ’ u n e man ière
ifo lid e & perm an en te.
S a m a je fté trè s -c h r é t ie n n e s ’ e f t p o r t é e d ’ au tant
p lu s v o lo n t ie r s à a c c u e illir le v oe u d e leu r s
h a u t e s p u iffan c e s q u e l l e p ren d un in t é r ê t v é r i t
a b l e à la p ro fp é r it é d e s Provinces- Unies, & q ue
l ’ union q u ’ i l s ’a g it d e c o n t r a& e r a v e c e l l e s , é ta n t
p u r em en t d é fe n fîv e , n e ten d ra au p r é ju d ic e
« a u c u n e a u tre p u if fa n c e , & n’ aura d ’ a u tre o b je t
q u e d e ren d re p lu s f ta b le la p a ix en tre fe s é ta ts
& c e u x d e le u r s h a u te s p u iffan c e s , & d e c o n t
r ib u e r en m êm e -tem s au main tien d e la tra n q
u i llit é g én é ra le .
A r t i c l e p r e m i e r s
I l y au ra u n e am itié & u n e u n io n f in c è r e s &
c o n f ia n te s en tre fa m a je fté t r è s - c h r é t ie n n e , fes
h é r itie r s & fu c c e f fe u r s & le s Provinces - Unies
d e s P a y s -B a s . ■ ■ ■ ■ ■ L e s h a u te s p a rtie s - c o n t
ra c ta n t e s a p p o r te ro n t e n c o n fé q u e n c e la plu s
g ra n d e a tte n tio n à ma in ten ir en t r ’ e lle s & leurs
é ta t s & fu je ts r e fp eC tifs , u n e am itié & b o n n e
co r r e fp o n d a n c e r é c ip r o q u e s , fans p e rm e tt r e q ue
d e p a r t n i d ’ a u tre l’ on c om m e tte a u cu n e fo r te
d ’h o f t î l i t é , p o u r q u e lq u e c a u f e , o u fo u s q u e lq u e
p r é t e x t e q u e c e p u iffe ê t r e , en é v ita n t to u t c e
q u i p o u r ro it à l’ a v en ir a lté r e r l ’ union & la b o n n e
in t e llig e n c e h e u r eu fem en t é ta b lie s en t r ’ e lle s ,
& en d o n n an t au co n t ra ir e to u s leu r s foins à
p r o c u r e r en to u te o c c a f io n le u r u t i l i t é , h o n n eu r
î& a v an ta g e s mutuels*
I I .
L e ro i t rè s -ch ré tie n & le s feign eu r s E t a t s -G é n
é r a u x fe p rom e t te n t d e c o n t r ib u e r au ta n t q u ’ il
fe r a en le u r p o u v o ir à le u r fu r e t é r e fp e d iv e , d e
f e m ain ten ir & c o n fe rv e r m u tu e llem en t en *la
t ra n q u illité , p a ix & n e u t r a li t é , ainfi q u e la
(Hcon, polit. & diplomatique Tom, I I I%
poffeffion actuelle de tous leurs états, domaines,
rranchifes & libertés, & de fe préferver l’ un
l’autre de toute aggreftion hoftile , dans quelque
partie du' monde que ce puiffe être. Et pour
d’ autant mieux fixer l’ étendue de la garantie dont
fe charge le roi très-chrétien , il eft expreffé-
ment convenu qu’elle comprendra nommément
les traités de Munfter de 1648 , & d’Aix-la-
Chapelle de 1748, fauf les dérogations que les
deux traités ont éprouvées, ou pouiront éprouver
à l’avenir.
I I I.
En conféquence de l’engagement contracté
par l’article précédent, les deux hautes parties contractantes
travailleront toujours de concert pour
le maintien de la paix, & dans le cas où l’une
d’elles feroit menacée d’une attaque , l’autre
emploiera d’abord fes-bons offices pour prévenir
les hoftilités , & ramener les choies dans les
voies de la conciliation.
i y .
Mais fi les bons offices ci-deffus énoncés n’ont
pas l’effet déliré, dans qe cas fa majefté très-
chrétienne & leurs hautes puiffances s’obligent
dès-à-préfent à fe fecourir mutuellement tant
par terre que par mer. Pour quel effet le roi
très-chrétien fournira à la république dix mille
hommes d’ infanterie , deux mille hommes de
cavalerie, douze vaiffeaux de ligne & fix frégates
; & leurs hautes puiffances dans le cas
d’une guerre maritime, ou dans tous les cas ou
fa majefté très-chrétienne éprouveroit des hoftilités
par mer, fourniront nx vaiffeaux de ligne
& trois frégates > & dans le cas d’une attaque
du territoire françois, les Etats-Généraux fourniront
leur contingent de troupes en argent,
lequel fera évalué par un article ou convention ,
féparé, à moins qu’ ils ne préfèrent de le fournir
en nature. L ’évaluation fe fera fur le pied fui-
vant , favoir cinq mille hommes d’infanterie
& mille de cavalerie.
V .
La puiffance qui fournira les fecours, foit
en vaiffeaux & frégates, foit en troupes, les
paiera & entretiendra par-tout où fon alliée les
fera a gir, & la puiffance requérante fera obligée
, foit que lefaits vaiffeaux, frégates & troupes
reftent peu ou long-tems dans fes ports ,
de les faire pourvoir de tout ce dont ils auront
befoin, au même prix que s’ ils lui appartenoient
-en propriété j il a été convenu que dans aucun
cas lefdites troupes ou vaiffeaux ne pourront être
à la charge de la partie requérante , & qu’ils
demeureront néanmoins, à fa difpofition pendant
toute la durée de la guerre dans laquelle elle fç