
Troifiémement, s’ il fe trouve plulieurs fouve-
ra:ns dont les états aboutiffent à un mime fleuve,
& qui ont des. péages for fes bords, il eft encore
pjus dingeveux Se plus nuifible de hauffer le tarif
de nos droits , parce que les autres foaverains
hauffeioat le leur dans la même proportion. T ’é-
quité naturelle, ne permet pas alors de fe plaindre
: nous ruinons notre navigation 3 nous ren-
.chériffons toutes, les marchandifes qui .circulent
dans notre pays, nous affoibliffons notre commerce
, & nous .perdons préeifément ce que les
princes voifins gagnent. 11 faut conclure donc que
it lerabliffement des péages eft quelquefois avantageux
, le moindre abus qu'on en fait, devient
très-nuifîble.
Les canaux qui réunifient des mers , tels que
Je fameux canal du Languedoc , qui établit une
communication entre la Méditerranée & l’Océan,
par la Garonne, ou ceux qui iervent à combiner
la navigation de deux rivières, comme le canal
que l’éleéteur Frédéric Guillaume de Brandebourg
a fait creufer pour joindre l’Oder à la Sprée, ou
ceux enfin qui réunifient des lacs & des fleuves ,
tels que le canal de Ladoga, qui conduit les eaux
Se ,1a navigation du lac de ce nom vers la ville
de Pétersbourg, tous ces canaux &, beaucoup
d'autres moins célèbres font des monumèns de
la'grandeur & de la magnificence des monarques
qui les ont fait conftruire. Le voyageur étonné
en admire l’a r t, la ftrupture , la dépenfe & la
difficulté de l'entreprife ; l’homme d’état admire
l’utilité du projet, la fageffe, la profonde poli-
iiq ue , labienfaifance des princes qui en ont conçu
1 idée , & qui l’ont fait exécuter ; & la, poftérité
doit de la reconnoiffance aux rois, dont les travaux
achèvent l’ouvrage de la nature en faveur du
genre humain. C e font-là de beaux exemples a
fuivre. Chacun devroit les imiter , à proportion
de fes forces & de l’avantage qu’une pareille ën-
treprife peut procurer à fes fujets. IJ n’y a pas
de pays’en Europe où nos ancêtres n’en aient encore
Iaiffé de pareils à faire ; & plus les nations
le poliront, plus,elles tâcheront de faciliter, à
1 exemple de la Hollande, les communications
entre leurs villes & villages par l’entremife des
canaux. Mais il faut avertir ici les miniftres de
ne pas gâter, par une économie mal-entendue,
tout ce- qu il y a de beau & de grand dans une |
pareille entreprife de la part de leurs maîtres ,
en établifiant fur de pareils canaux des péages ex-
ceflïfs, qui abforbent le profit que le public &
le commerce pourraient en retirer. C ’eiV convertir
des remèdes falutaires en poifons. Il femble
alors qu un prince n ait fait que par avance ce
qu’il auroit dû faire par magnanimité. C ’eft un
revenu de plus qu il lë procure aux dépens des
voituriers qui chargeoiènt ci-devant lés marchan-
difes , & qui perdent par-là leur fubfiftance fans
<}ue les autres citoyens en profitent. C e t ouvrage
renferma un article Canaux auquel nous renvoyons
le leéleur.
, 11 n’eft guère de port ou de ville maritime ,
quifon fitue precilement fur le rivage,de la mer.
La plupart donc affifesfur le bord d’un fleuve, à
quelque diftance de fon embouchure ; & il eft
rare qu une rivière ne foit pas embarraffée par
des bancs & des fables vers les lieux où elle ter-
I min.e . e°u r s , ce qui incommode beaucoup la
navigation & réduit les gros navires qui tirent
oeaucoup d eau , a ne pouvoir approcher du port
que difficilement, ou par le moyen-des allèges,
..Mais comme tous ces moyens font lents , em-
, barraffans & difpendieux, & qu’il y a même des
villes maritimes ou les vaiffeaux ne peuvent pas
aborder :du tou t, & qui- ont été obligées d’eta-
.Piir leurs ports fouvent à quelques lieues au-def-
fous de la ville, on a eu recours à toutes fortes
dexpecuens pour enlever cesbancs, oudumoEs
pour provenir leurs progrès. Une des machines
les plus mgemeufes , inventées à cet ufage , fe
trouve a brome fur ia rivière de Wefer. Le courant
de 1 eau , le vent & des chevaux attelés à
un cabeitan concourent à la mouvoir ; & ces
forces reunies font telles, qu’à chaque minuté
cinquante ■ ou foixante pieds cubes de fable
fonueniever du lit de la rivière & jettes dans un
bateau plat, lequel étant rempli fe détache de la
machine pour etr£^ pouffé vers la rive où on' le
déchargé. Toutes les puiflances qui font intéref-
fees a Iecurement des rivières, devraient fe fei-
vir de cette machine, & encourager par des 'récompenses
les méchaniciens qui paryiendroient à
la perfectionner.
^ La plupart- des puiffances maritimes ont des
péchés nationales, ou de certaines brandies ex-
cluhves de commerce , qui leur fervent d’écoles
& de pepiniere pour la marine. Telles font
la peche du hareng proche des ifles Orcades i
celle de la morue de Terre-Neuve , du' grand
banc, &c. celle du merlus, dés merluches &
barbues fur les côtes de Norwege î celle d î
la baleineau Groenland, qu des chiens de mer
dans le détroit de Davis , & ainfi du relié. Lé
tranfport des charbons des mines d’Ecoffe en Angleterre
& ailleurs j le cabotage ou la petite nàt
Vtgatton le long des côte s , font très-propres à
former des gens de mer, & les nations qui en
lont en pofieflîon, Tentent bien le prix de cet
avantage. Elles ont fait plus d'une fois la guerre
pour les conferver ; & à n'envifager que les maximes
politiques, elles n'ont pas eu tort.
Si un pays n'a point encore de marine formée
ou qu elle foit J pour ainfi dire au berceau il
faut encourager les principaux négocions par des
franchîtes , des gratifications & des privilèges à
mettre des vaiflfeaux en mer ; mais ces privilèges
ne doivent jamais être exclufifs : car la concurrence
eft néceffaire ici comme fans les autres
branches du commerce, & l'on n'encourage ja-
N A U
triais bien une entreprife lorfque îe public en g é néral
ne peut y participer. Le fouverain même
ne doit point s'en mêler directement. Il me femble
que le czar Pierre premier n'a pas aflez ob-
fervé cette règle , Iorfqu'il conçut l'idée de pro-
curer £ la monarchie ruffe une marine fur la
mer Baltique. Il fit tout pour fes forces navales,
& rien en faveur de fa navigation. S'il avoit employé
le quart des fouîmes que lui coûtèrent fes
galères, prefque inutiles, & une flotte médiocre
, à exciter la navigation des négocions dans les
ports de Pétersbourg , de Riga , de Revel, &c.
îe commerce de Ruflie, d'importation & d'exportation
, ne te fefoit pas comme aujourd'hui
par des navires étrangers : car on ne voit pas
fréquemment des pavillons rudes fe déployer
dans les mers & dans les autres ports de l'Europe
j & les eloges des hiftoriens & des panégyriftes
fur ce point, iuppofent l'ignorance des principes
de la bonne politique.
N AUM BO U R G - Z E I T Z , évêché fouverain
d’Allemagne appartenant à TéleCtorat de Saxe.
Il eft fitué en partie fur la Saale & en partiè
fur l'EHVer ; le cercle de la Thuringe entoure la
première divifion de toutes parts , & la fécondé
eft ^bornée d’un côté par ce même cercle , & de
l'autre par la principauté d'Altenbourg & la fei-
gneurie de G é ra, qui appartient aux comtes de
Reufs.
Sol.
Le fol eft fertile en grains & en vins.
Population.
Il y a dans touteT'étendue de l’évêché cinq
Villes & 140 bailliages , que Hempel réduit à
121 dans fes tables.
Précis de Phiftoire politique.
L ’empereur Otton I fonda cet évêché J Zeitz
en '968. L'églife cathédrale fut transférée à
Naumbourg en 1029 ; mais tous les chanoines ne
quittèrent point Zeitz : quelques-uns y relièrent,
éc s'attachèrent à l'églife collégiale qui y demeura.
Jules Pflug, fameux par fon érudition & par la
rare prudence, mort en 1564., fut le dernier
évêque de ce liège : l'adminiftration en fut donnée
.poftérieurement à Alexandre, duc de Saxe,
qui mourut l'année d'après , & fut remplacé par
l'éleèleur Augufte fon père , lequel fe chargea de
cette même adminiftration ; qui a paffé enfuite
aux électeurs fes fuccelfeurs. L ’électeur Jean-
George I abdiqua en 1Û53 cette adminiftration
en faveur du duc Maurice fon quatrième fils,
mais fous certaines conditions qui ne furent point
exécutées 5 le père qui mourut quelque temps
après, donna par teftament à ce riieme fils la
N A Y 40J
feigneurie de Tautenbourg-, Fravenpriefsaitz ,
Nieder-Trebra, les bailliages de Voigtsberg, de
Piaven , de Plaufa , de T riplitz , d'Arnshaug ,
de Weyda & de Ziegenrüch , avec la partie
du comté princier de Henneberg, dont l’électeur
étoit en droit de difpofer : le même duc
Maurice acheta de l'éleéteur Jean - George II >
fon frère, le bailliage de Pegau , & fut la Touche
de la branche collatérale de la maifon de Saxe,
nommée Zeit%. Il eut pour fuccelfeur , dans l'ad-
miniftration de l’évêché & dans tous fes autres
pays héréditaires, le prince Maurice-Guillaume
fon fils , qui embraffa publiquement la religion
catholique en 171J. C e changement de religion
le rendit inhabile à conferver l'évêché de Naumbourg
, fuivant le traité fait avèc le chapitre pro»
teftant j il l'abandonna alors au roi & électeur
Frédéric Augufte I , & il conferva fes pays héréditaires
jufqu'à fa mort arrivée en 1718 j il
avoit auparavant abjuré la religion catholique pour
retourner à la proteftante.-Ces mêmes pays héréditaires
échurent pareilleihent à la maifon électorale
, parce que le frère & le neveu du défunt
profefloient la religion catholique , & qu'ils
avoient embrafîe Tétât eccléfiaftique- Une capitulation
perpétuelle attacha J'évêché de Naumbourg
& ceux de Mifnie & de Merfebourg à la
maifon électorale de Saxe.
La taxe matriculaire de l'évêché de Naumbourg
étoit autrefois de fix cavaliers montés & équipés
& vingt fantafiins ; mais la maifon électorale de
Saxe Ta exempté de cette charge.
L’évêché fait partie des états de la première
claflfe des pays électoraux : il a une régence particulière
, une chambre domaniale & un confif-
toire : les confèillers de la régence fiègent
dans ce dernier tribunal avec le furintendant dè
l'évêché. J^oyeç l'article S a x e .
N A Y R E S : on donne le nom de nayres à h
noblefle de la côte Malabare : on peut dire que
c'eft la plus ancienne noblefle du monde, puisque
les anciens en font mention , & qu'ils citent
la loi qui permet aux dames nayres d'avoir plu-
fteurs maris j chacune d'elles peut en prendre
quatre : leurs maifons qui font ifolées, ont autant
de portes que la dame a des maris. Lorsqu'un
d'entr'eux’ vient la voir, il fait le.tour de
la maifon , en frappant de fon fabre fur fon bouclier.
Il ouvre enfuite fa porte , ou il laifle fous
.une efpèce d'auvent un domeltique qui garde fes
armes > & qui avertit fes collègues. On dit qu'un
jour de la femaine la dame ouvre les quatre portes
, & que fes quatre maris viennent dîner chez
elle & lui faire la cour. Chaque mari donne une
dot en fe mariant, & la femmè a feule la charge
des enfans. Les nayres, même le famorin & les
autres princes, n’ont pas d'autres héritiers que les
enfans de leurs foeurs. Cette loi a été établie ,
afin que les Nayres n'ayant aucune famille, fu f.