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ne peut fortir de fa fituation par aucun moyen pris
dans l’ordre naturel du commerce. C ’eft beaucoup
qu’ elle puifle fubfifter par elle-même. Il n’y
a que la main bienfaifante du gouvernement qui
puifle lui donner une vie utile pour l ’état , en
lui prêtait fans intérêt l’argent nécelfaire pour
monter convenablement fes habitations, La recrue
des noirs peut s’y éloigner fans inconvénient ,
des proportions que nous avons fixées pour la
fécondé claflfe , parce que chaque colon ayant
moins d’efclaves à furveiller, fera en état de s’occuper
davantage de ceux dont il fera l’acqui-
fition.
La quatrième clafîe , livrée à des cultures moins
importantes que les fucre'ries., n’a pas befoin de
fecours aufli puiflans pour recouvrer l’état d’ ai-
fance , d’où la guerre , les ouragans & . d’autres
malheurs l’ont fait décheoir. Il fuffiroit à ces deux
dernières claffes d’acquérir chaque année quinze
cents efclaves , pour monter au niveau de la prospérité
que la nature permet à leur induftrie.
Ainfi la Martinique pourroit ëfpérer de porter
fes cultures langui fîantes jufqu’où elles peuvent
aller , fi , outre les remplacemens , elle recevoit
chaque année une augmentation de deux oe trois
mille nègres. Mais elle eft hors d’état de payer
ces recrues 3 & les raifons de fon impuififancé font
connues. On fait qu’elle doit à la métropole ,
comme dette de commerce, à- peu-près un million.
Une fuite d’infortunes l’a réduite à en emprunter
quatre aux négocians établis dans le bourg
Saint-Pierre. Les engagemens qu’ elle a contractés
à l’occafion des partages de famille , ceux
qu’ elle a pris pour l’acquifition d’un grand nombre
de plantations, l’ont rendue infolvable. Cette
fituation défefpérée ne lui permet pas de remp
lir , du moins de long-temps, toute la carrière
de fortune qui lui étoit ouverte. Voye£ lès articles
F r a n c e , S a in t -D o m in g u e , & c.
M A R Y L A N D , l’une des treize républiques
américaines, qui forment la confédération 'des
Etats-Unis ; elle eft fituée entre la Virginie, la Pen-
filvanie & la Delaware. Le ledfeur trouvera à
l ’article E t a t s -U n is , un précis de l’hiftoire po-~
litique des Etats-Unis, jufqu’ à l’époque de la
révolution ; des remarques générales fur les conl-
titutions des républiques américaines ; des re-
marques fur l’adle de confédération, fur le congrès
& fur les nouveaux pouvoirs qu’ il eft à- propos
de lui confier; un état de la dette & des
finances des Etats-Unis ; des remarques fur l’état
où fe trouvent aujourd’hui les nouvelles républiques
américaines, & fur les abus qu’elles doivent
éviter dans la rédadtion de leurs codés: nous
y parlons en outre de l’affociation Qes Cincinnati
, & des dangers de cette înftitution ; de
la marine ; de l’armée ; des nouveaux états qui
fe formeront dans le territoire de l ’oueft , & des
diftridls qui demandent déjà à être admis à la
confédération 5 des traités 1 qu’ont lignés les
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américains, avec quelques pui fiances de l’Europe ï
cet article E t a t s -U n is offre enfin des obferva-
tions politiques, & des détails fur les fauvages
qui fe trouvent dans le voifinage ou dans l’enceinte
des Etats-Unis. Nous nous bornerons ic i, i°*
au précis de l’ hiftoire politique de l’établifie-
ment & des progrès de la colonie du Maryland ,
& de l’état de cette colonie, lcrfqü’ elle s’eft déclarée
indépendante 20. nous donnerons la confi-
titution du Maryland 5 30. nous .ferons des remarques
fur cette conftitution ; 40. nous ferons
d’autres remarques fur la conduite du Maryland
pendant la guerre & depuis la paix 5 nous
entrerons dans quelques détails fur fon commerce
& fon état aâuel. *
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de l ’hiftoire politique de V établijfement & des
progrès de la coloniê du Maryland , & de l’état
oufetrouvoit cette colonie lorfquelle s’eft déclarée
indépendante.
( La plupart des détails de cette fe&ion font
tirés d’un auteur connu ).
Loin d’avoir de l’éloignement pour les catholiques,
comme fes prédécefleurs, Charles Ier avoit
trouvé des motifs de les chérir, dans le zèle que
l’ efpérance d’ être tolérés par ce prince leur avoit
infpiré pour fes intérêts. Mais , quand l’accufation
defavorifer le papifme, eut aliéné les efprits contre
ce roi foible, tout' occupé du defpctifme, il
fut obligé d’abandonner cette communion à toute
la févérité des loix , où le fchifme de Henri VIII
l’avoit condamnée. Ces rigueurs déterminèrent
le lord -Baltimore à chercher dans la Virginie
un afyle à la liberté de confcrence. Comme il
n’y trouvoit pas de tolérance pour une religion
exclufive elle-même, il forma le projet de s’établir
dans la partie inhabitée de cette région
qui eft fituée entre la rivière de Potowmak &
la Penfilvanje, & qu’on a depuis appellé le Maryland.
Il fe difpofoit à peupler Cette terre, en
faveur des pouvoirs qu’il avoit obtenus, lorfque
la mort termina fes jours.
Un fils digne de lui pourfuivit une entreprife
fi confolante pour la religion de fa famille. Il
partit en 163 3 d’Angleterre avec deux cents catho
liques , tous d’une naiflancè honnête. L ’éducation
qu’ils avoient reçue , le'"culte pour lequel ils s’ex-
patrioient, la fortune que leur promettoit leur
guide ; tous ces motifs prévinrent les défordres
qm- ne font que trop ordinaires dans les états
naiflans. La nouvelle colonie vit les fauvages,
gagnés par la douceur & par des bienfaits, s’em-
prefier de concourir à fa formation. Avec ce fecours
inefpéré, ces heureux membres , unis par
les mêmes principes, & dirigés par les confeils
d’un chef vigilant, fe livrèrent de concert à des
travaux utiles. Le fpe&acie de la paix & du bonheur
dont ils jouiftoient, attira chez eux une
foule d’hommes qu’ on perfécutoit, ou pour la
même croyance, ou pour d’autres opinions. Les
catholiques du Maryland, défabufés enfin d’une
intolérance dont ils avoient été la viéiime, après
en avoir donné l’exemple, ouvrirent un afyle à
toutes les fcétes indiftinéleinent. Toutes jouirent
avec la même étendue des droits de cité. Le
gouvernement fut modelé fur celui de la métropole.
Un efprit fi conforme aux vues de la fociété,
n’empêcha pas qu’après le renverfement de la
monarchie, on ne dépouillât Baltimore des con-
cefiions dont il avoit fait le meilleur ufage. Def-
titué par Cromwel, il fut rétabli dans fes droits
par Charles I I , mais pour fe les voir contefter
encore. Quoiqu’au-deflus de tout reproche de mal-
yerfation, quoiqu'extrêmement zélé pour les dogmes
ultramontains, quoique fort attaché aux intérêts
des Stuart, il eut le chagrin de voir attaquer
fa chartefous le.règne arbitraire de Jacques,
d’avoir un procès en règle pour la jurifdic-
tion d’ une province que la couronne lui avoit
c éd é e , & qu’il avoit établie,à fes dépens. Ce
prince, qui eut toujours le malheur de 11e con-
noître ni fes amis, ni fes ennemis, & l’orgueil
de croire que l’autorité royale fuffifoit pout juf-
tifier tous les aéfes de violence, alloit ôter une I
fécondé fois à Baltimore ce que les rois fon père
& fon frère lui avoient donné, lorfqu’ il fut précipité
lui-même du trône. Son fuccefieur termina
d’une manière digne de fon caradère politique,
une conteftàtion excitée avant fon élévation. Il
voulut que les Baltimore fufient privés de leur
autorité, mais qu’ils continuaient à jouir de leurs
revenus. Lorfque cette famille , plus indifférente
fur la religion; rentra dans le fein d e l’églife anglicane
, elle fut réintégrée dans le gouvernement
héréditaire du Maryland j elle recommença à conduire
la colonie avec un confeil & deux députés
élus par chaque diftrid.
5 De tous les établilfemens formés dans le continent
feptentrional, le Maryland fut heureufe-
ment pour lui une des colonies les moins fécondes
en évènemens. Son hiftoire fe réduit à deux
faits dignes d’ être remarqués.
Berkïeÿ, follement zélé pour l’églife anglicane
, expulfe de la Virginie ceux des habitans
qui ne prqfeffent pas fon culte. Les diflidens cherchent
un afyle dans la province qui nous occupe.
L ’accueil qu’ils y reçoivent offenfe vivement les
virginiens. Dans le premier accès d’ un relfenti-
ment injufte, ils perfuadent aux fauvages que leurs
nouveaux voifins font efpagnols. C e nom odieux
enange toutes les idées des indiens. Ils ravagent
' fans délibérer, des champs qu’ils'ont aidé à défricher
; ilsmaflacrent fans miféricorde des hommes
qu’ils viennent de recevoir fraternellement. Combien
il fallut de temps» de patience, de facrifices,
pour détromper ces efprits prévenus, pout
ramener ces coeurs égarés !
Baltimore écoutant plutôt fa raifon que les inf-
trudtions de fon enfance, avoit voulu que toutes
les communions chrétiennes euflent une égale'part
au gouvernement. Les catholiques en furent ex-^
clus à l’époque mémorable où ce lord fut dépouillé
de fon autorité. Ou Te miniftere britannique
ne voulut, pas, ou il ne put pas arrêter
cet aéte de fanatifme. Son influence fe réduifit
à empêcher que les fondateurs de la colonie n’en
fulfent chafles, & qu’on ne mît en vigueur
contr’eux des loix pénales qui étoient fans force eft
Angleterre.
Le Maryland eft très-arrofé* On y voit couler
de nombreufes fources, & cinq rivières navigables
le traverfent. L ’air, qui eft beaucoup trop
humide furies côtes, devient pur, léger & fub-
til à mefure que le terrein s’élève. Le printems
& l’automne font de la plus heureufe température
: mais l’hiver a des jours d’un froid très-
v i f , & l’été des jours de chaleur accablante..
C e que le pays a cependant de moins fuppor-
table, c’ eft une grande quantité d’infe&es dé-
goûtans. D ’après ces circonftances & la petitefie
de cette province , tous ou prefque tous les ter-
reins y avoient été concèdes, & dans la plaine,
& au milieu des montagnes avant le révolution.
Ils furent long-temps en friche ou mal exploités :
mais les travaux s’étoient fort accrus lorfque l’Angleterre
a voulu fubjuguer les colonies américaines
par la force. Quoique le plus grand nombre des
colons fulfent catholiques & allemands , quoique
leurs moeurs eulfent plus de douceur que
d’énergie ce qui pourroit venir de ce que les-
femmes n’ÿ font pas exclues de la fociété, comme
dans la plupart des-autres parties du continent ;
ils ont montré j durant la guerre, beaucoup de
vigueur pour la caufe commune. Les hommes
libres & peu riches, fixés dans les lieux élevés ,
qui originairement ne coupoient de bois , n’éle-
voient de troupeaux , ne cultivoient de grains
que pour les befoins de la colonie, fournilfoient
une grande quantité de ces objets aux Indes occidentales.
Mais la profpérité de l’établilfement
paroilfoit être l’ouvrage, des efclaves , occupés
a plus ou moins de diftance de la mer, dans les
plantations de tabac.
DigreJJîon fur te tabac. Les Indes orientales &
l’Afrique cultivent du tabac pour leur ufage. Elles
n’en vendent ni n’en achètent.
Dans le levant, Salonique eft le grand marché du
tabac. La Syrie, la Morée ou le Péloponefe ,
l’Egypte y verfent tout leur fuperflu. De ce port,
il elt envoyé en Italie , où on le fume après
: que la caufticité qui lui eft naturel en a été
adoucie par* le mélange de ceux de Dalmatie &
de Croatie.
Les tabacs de ces deux provinces font de très
bonne qualité, mais fi, forts qu’on ne peut le«
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