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foit autrefois par les Pays - Bas fur la Meufe ;
mais depuis qu'on a haulfé & multiplié les péages
le long de ce fleuve , elle £e fait fur de grands
chariots par Bois-le-Duc & Breda pour la Hollande.
Précis de fon hiftoire. 1/ évêché de Liège fut
d’abord fondé dans la ville de Tongres ; & S e r -
vatius j l’un des premiers évêques, quitta Tongres
pour fe retirer à Maëftricht, où fes fucqgf-
feurs fixèrent leur liège jufqu’à ce que S. Hubert
le transféra à Liège. Cette translation fe fit au
commencement du huitième fiècle. Cependant les
ev.êques fe nommèrent encore quelque tems évê
ques de Tongres : Héraclius ou Everard prit le premier
le nom à'évêque de Liège , ce qui eft conftaté
par un document de 961.
Titre 6* prérogatives. Le titre de l’évêque de
Liège eft : par la grâce de Dieu , évêque de Liège,
duc de Bouillon j marquis de Franchimont, comte
de Looz 3 Horn , 8cc.
L ’évêque de Liège liège à la diète de l’Empire
dans le collège des princes 5 il alterne avec Munf-
te r , de manière cependant qù’Ofnabruck fe trouve
toujours entre deux. La taxe matriculaire de Liège
elt de yo cavaliers & de 170 fantaflins, ou de
12S0 florins par mois. Mais l’évêque s’étant plaint
de l’énormité de cette taxe , & ayant demandé
la diminution du tiers à caufe des pertes qu’il a
effuyées ( parmi "lefquelles il faut compter le
duché de Bouillon' & le comté d’Agimont ) , on
l’a réduit à 816 florins. Sa contribution pour
l ’entretien de la chambre impériale e ft, fuivant
la matricule ufuelle, de 360 écus d’empire 61 &
demi kr. pour chaque terme j mais on a diminué
aufli cette dernière fomme. L ’évêché de Liège
eft au troifième rang dans le cercle de Weftpha-
iie. Il s’en détacha au, commencement de cefiè-
cîe 3 & refufa de payer fa part des contributions
circulaires; mais il y rentra en 1 7 1 6 , & envoya
à la diète en 1718.
L ’ évêque de Liège eft fuffragant de Cologne.
Tribunaux. Leconfeil privé d’état , qui eft com-
pofé de confeillers eccléfiaftiqûes & féculiers 3
eft le tribunal fuprême de tout l’ évêché ; il con-
noît & juge de ce qui concerne la fupériorité
territoriale j, ainfi que des affaires de juftice ordinaires.
La chambre des comptes connoît de toutes
les affaires qui ont rapport aux revenus du
du prince: L ’officialité exerce la jurifdiétïon ec-
«léfiaftique. Le tribunal des échevins & la cour
de juftice prononcent dans les affaires criminelles.
Le confeil ordinaire juge toutes les affaires qui
viennent par appel de la cour féodale & de la
cour allodiale , ainfi que de toutes celles qui font
contraires aux privilèges impériaux, La première
de ces cours connoît de foutes les affaires féodales,
& la fécondé de celles qui concernent les
allodiaux. Le tribunal des vingt-deux juge les em- I
pioyés qui abufent de leur autorité 3 &c*
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L IE U T E N A N T , magiftrat d eGenève.Toy^
GENEVE.
LIGUES GRISES. Voyt\ G r i s o n s ;
L IG N I T Z , principauté d’Allemagne. Vqye%
Silésie. .
L IG U E , union ou confédération de plufieurs
puiffances politiques, ou même de quelques particuliers
, pour attaquer un ennemi commun, ou
pour fe protéger & le défendre mutuellement .en
cas d’attaque. •
Des grandes ligues. C e que nous avons dit des
grandes alliances, regarde fur-tout les grandes
ligues cii plufieurs puiffances formidables s’unif-
fent offenfivement contre une ou plufieurs autres*.
. Ces grandes ligues, où des intérêts naturels ,
invariables & différens cèdent pour un moment
à un intérêt accidentel, paffager & unique, méritent
peu de confiance, & tout le monde fait
qu’elles ont rarement le fuccès qu’on en efpere.
Dans une pareille union de forces ; il eft abfo^*
lument néceffaire de combiner un plan d’operations
pour l’attaque, dans lequel on diftribue ,
pour ain-li dire,, les rôles que chaque a&eur doit
jouet-. Le fuccès, le dénouement eft à la merci
d’un heureux accord. Dès que la puiffance ennemie
trouve un moyen de détacher un feul.des
alliés, de le faire agir"foiblement ou à contre-
fens 3 de femer la difcorde ou, la défiance. parmi
les membres de la ligue, l’objet eft manqué 8c
tout eft perdu. C ’eft une machine trop compo-
fée ; l’immobilité d’une feule roue, ou le dérangement
d’ un feul reffort en interrompt tout le
mouvement. L’hiftoire entière attefte cette vérité.
Nous ne rappellerons point ici-les mauvais fuccès
qu’ eurent la fameufe ligue de Smalkade, & celle
de Cambrai contre la république de Venife. La
première devint funefte à la plupart de fes membres,
& la fécondé difparut Comme la fumée :
mais un exemple qu’on ne fauroit oublier, c ’eft
la grande alliance que les principaux états de l ’Europe
conclurent contre la France, au commencement
de ce fiècle, après la mort de Charles I I 3
dernier roi d’Efpagne de la maifon d’Autriche.
Elle produifît une guerre qui auroit pu devenir
très-funefte à la France ; mais cette guerre n’aboutit
à rien. Louis X IV difoit tout haut à Ver-
failles : depuis tant d’années que j'ai l ’Europe fur
les bras , perds-je un pouce de terrein ï Et enfin la
paix lignée en 1 7 13 , à U tre ch t, termina cette
guerre, & fut en tout fens avantageufe à la
France.
Lorfqu’ en 1740 la mort enleva l ’empereur Charles
V I , le dernier defcendant mâle de cette fameufe
maifon d’Autriche, qui depuis le treizième fiècle
avoit raffemblé fous fa domination tant de royaumes,
& de provinces : il étoit naturel qu’une auffi-
riche fucceflion fut difputéè ; & en effet, malgré
les difpofitions de ce monarque, ou malgré la
fanélion pragmatique, tous les princes qui croyoient:
y avoir quelques droits * fe liguèient contre te
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tel ne de Hongrie , fille aînée & héritière de l’empereur
, & firent entrer dans leur alliance les
rois de France, de Prulfe , d’Efpagne, de Suède *
de Naples, & plufieurs autres fouveïains. La
guerre commença de tous les côtés 5 & l’on a
calculé qu’au commencement de l’année 1742.,
il y avait près de cinq cens mille hommes armés
contre.cette princeffe. De fi formidables apprêts
n’eurent que de foibles fuccès. Le roi dePruffe qui
agiffoit, pour ainfi dire, fe u l,. & qui avec raifon
compta plus fur fon génie & fon armée que fur
fes alliances, fut aufli le feul qui conquit une
grande & belle province , & s’en affura la poffef-
fion par une paix féparée.
En 1744, les conjonctures amenèrent la fameufe
union, de Francfort. Tant qu’elle fubfifta ,
les affaires allèrent mal pour tous les alliés, en
Bohème, en Bavière, fur le Rhin, en Italie &
prefque par-tout : mais après que tant de mauvais
fuccès l’eurent rompue ; que la plupart des
confédérés eurent fait leur paix particulière , les
armes de la France profpérèrent, & cette puiT-
fance conclut une paix glorieufe à Aix-la-Chapelle.
Tant de raifons & tant d’exemples fuffifent
pour prouver le cas qu’on doit faire des grandes
ligues. Voye£ l’article A l l ia n c e .
L IM B O U R G , l’ une des dix-fept provinces des
Pays-Bas : ce pays eft environné de l’évêché de Liège
& du duché de Juliers ; il touche également à
celui de Luxembourg. On l’appelle autrement le
pays au-delà de la M eufe, dénomination qu’on
donne en particulier à la partie du “duché de Lim-
bourg, polfédée par les états-généraux. Tout le
duché comprend fix villes & cent vingt-trois villages.
Précis de t'hifioire politique. L ’origine des anciens
comtes de Limbourg eft fort incertaine. Il
eft vraifemblable que cette maifon a commencé
vers le milieu du dixième fiècle. Henri I , comte
de Limbourg.3 qui vécut en 1071 , époufa Judith ,
fille unique de Frédéric de Luxembourg , duc de
la baffe-Lorraine , & reçut en dot des biens con-
fidérables au bord des rivières d’Ourt & d’Am-
bleve. Son fils Henri I I , ayant é té . élu duc de
la baffe-Lorraine, quitta le titre de comte pour
prendre celui de duc ; & c’ eft depuis ce temps
que fes defcendans ont été nommés ducs de Limbourg.
La race mafculine de Henri II s’éteignit
en 1280, en la perfonne du duc Woleran fa
fucceflion donna lieu à une guerre fanglante. Adolphe
, comte de Bergue, le plus proche héritier,
céda* en 1282 & 1283 , fes droits fur le duché
de Limbourg à Jean I , duc de Brabant ; & comme
Rainald ou Reinhold , duc de Gueldre, en avoit
déjà pris poffeflion , il s’éleva entre les deux compétiteurs
une guerre fanglante, qui fut terminée
par la bataille de Wpringen, où le duc de Brabant
eut l’avantage. Cette province, ainfi que le
refte des Pays-Bas, paffa dans la fiiite aux ducs
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de Bourgogne, 8c après eux à la maifon d’Autriche.
Cette province appartient en entier à l’empereur
, excepté le pays de Fauquemont, de Daë-
îem & de Roldtic, qui a été partagé entre Philippe
I V , roi d’Efpagne , & les états généraux
des Provinces-Unies, fuivant le traité conclu à
la Haie le 29 décembre 1661.
Elle eft divifée en quatre contrées ; fa voir, la
feigneurie de Fauquemont, le comté de Daëiem,
la feigneurie de Rolduc , & le duché propre de
Limbourg. Les hollandois poffèdent les deux premières
; les deux dernières font fous la domination
de la maifon d’Autriche : elles comprennent
les bans de Baëlen , de He rv e , de Montzen ,
de Walhorn, de Sprimont & d’Onsbeeck.
On trouve peu de provinces , eu égard à fon
étendue, qui foit aufli peuplée que celle-ci ; les
moindres villages, & ils font en grand nombre»
ont plus de mille habitans.
L e pays eft parfemé de rochers ; mais les habitans,
laborieux & aétifs, tirent le parti le plus
avantageux poflible de ce qui eft fufceptible de
productions. Les vallons font très - fertiles ; les-
pâturages y font abondans.
Il y a , dans le voifinage de Maëftricht, des villages
connus fous lé nom de terres de Rédemption , &
onze autres qu’on nomme les bans de S. Servaist
dont on a beaucoup parlé dans les dernières querelles
de l ’empereur avec les hollandois , & fur
lefquelles il eft bon de donner quelques détails.
Les terres de Rédemption font Falais, qui eft
la plus éloignée de Maëftricht , Foulogne ou
Veulen , Hermal, Hoppertinghen, Moppertin-
ghen, Nederen ou Nedhehen, P e e f ou Paive ,
Rutten ou Ruffon.
La fouveraineté ' de tous ces villages eft con-
teftée à l’empereur par les hollandois. Ils paient
annuellement une contribution à chacune des deux
puiffances ; mais le voifinage de Maëftricht donne
aux hollandois de grandes facilités pour foutenir
leurs prétentions, ainfi qu’ils ont fait fouvent »
par des détachemens de la garnifon de cette
place. Cependant Falais & Hermal font complet-
tement affujettis à la jurifdiëlion du confeil de
Brabant.
Les hoflandois prétendent que ces terres doivent
leur appartenir comme dépendances de Maëftricht
; mais la maifon d’Autriche foutient que
cette, ville n’a aucunes dépendances.
Quoi qu’ il en fo it, les hollandois ont cédé à la
maifon d’Autriche, par l’article 18 du traité de
1673-, .leurs prétentions fur les villages de Rédemption
, fans aucune réferve : ce qui auroit dû
terminer la difficulté'. :
Les onze villages, nommés les bans de Saint-
Servais, font Berg , Berneau , G ro o t, Loon ,
H e e s , Heer & Reer, qui ne font qu’un ban ,
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