
mieux traités ; ils font tenus a des corvées moins
onéreufes, & leurs métairies font héréditaires >
ils peuvent même acquérir celles des autres avec
le confentement des feigneurs} le vendeur paye
alors le dixième du prix de la vente , 8c l'acquéreur
paye une autre redevance en argent.
Etats.
Cette province a confervé fes états > & Frédéric
I l lui - même n'a pas ofé les abolir.- Ils
font compôfés des prélats, de la nobléfle & des
villes. Les prélats de là Poméranie pruflienne font
le grand chapitre de Camin , l'abbaye de Sainte-
Marie de Colberg 61 les deux abbayes établies
à Stettin. La famille de Somnitz poftede la
charge de chambellan héréditaire du duché de
Poméranie & de la principauté de Camin.
Religion,
La majeure partie des habitons profeflent la
religion luthérienne depuis i y 34 6e 1 y3 y. On
trouve néanmoins çà & là des calviniftes & dés
catholiques. Les communautés -luthériennes font
foumiles a l’infpe&ïon des prévôtés * qui elles
mêmes dépendent des furintendances générales.
Revenus.'
On dit que h Poméranie pruffienne rapporte
annuellement près de 800^000 rixdàles. Ces revenus
proviennent : .i°- des bailliages domaniaux :
2°. des droits qui fè perçoivent fur les-' terres labourables
>: toutes celles des gens de qualité &
dès-villes furent converties en cantons de trente
arpens , appelles en allemand hufen ï; ces cantons
font divifés en trois clartés , félon la qualité des
terres > que l’année foit bonne ou mauvaife , chacun
de ce.s_ hufen ne paye qu'une rixdale par
mois : 30. de l'accife établie dans les villes : 4 0.
des droits impofés fur les pignons : ;° . des pof-
tes : 6°. dé Luftenfile que paient ks. yilles : 70.
du droit de prate&ion que lès juifs font tenus
d’acquitter : 8°. des péages fur ies fleuves & rivières,
lequel droit eft- dnn produit considérable
à Swinemunde : 9®. les fbFêts : 10*» des droits
féodaux à payer par les nobles} on paye dix-
huit rixdales pour la contribution d’un cheval :
ï i° . de la vente du fel de halle , dont chaque
ménage eft obligé, de prendre annuellement une
quantité déterminée : 120. du papier timbré :
1 ^ . des fourages ou de l'impôt établi fur le ;
pays plat pour l’entretien de la cavalerie ( le s î
cours nobles en font exemptes ). C e qu’un la- \
boureur eft obligé de payer par an pour cet ob- ;
jet * £e monte à environ 2 rixdales 16 gros- Les i
biens nobles qui n’ont pas ceffé de l’être depuis j
leur origine, ne paient point de Contributions. . :
On. ajoute que les revenus'du r©i de Suède -
dans la Poméranie antérieure, en 1753, fe montèrent
à 124,000 rixdales. Les biens domaniaux
étoient chargés de y 14,079 rixdales de dettes ,
dont les intérêts furent payés à cinq pohr cent.
Les canons des biens engagés furent de 53,952;
rixdales, & ceux des autres biens non engagés
de 42,754 rixdales. Les états de Suède fuppliè-
rent le ro i, en 1766 3 de faire vendre au plus
offrant & dernier enchérirteur les biens doma-
' niaux , lorfque le temps de là ferme & celui des
engagemens feroient écoulés.
A cette époque , les revenus de la Poméranie
fuédoife ne fuffifoîent pas pour faire face aux
dépenfes qu’exigeoit l’entretien de l’état j . il falloir
y fuppléer annuellement par des fonds tirés
de la Suède, Jou par des emprunts 8c des engagemens
des^domainés. On regardoit avec raifon
et pays comme onéreux,à la couronne de Suède y
mais la fage adminiftration du prince de Heflenf-
tein qui en eft gouverneur , a prouvé qu’il ne l’eft
pas. -Ce prince, guidé par de bons principes, a
trouvé le moyen , non- feulement de pourvoir aux
dépenfes de l’état par les revenus de la province,
mais de faire encore tous les ans des épargnes
cônfîdérables , qui font-employées aux améliorations
dû pays & à divers bons établiflemens.
Année commune, le revenu depuis 1771 a été
de 23.0,0s© rixdalers. Depuis 1777 , la recette a.
conftamment excédé la dépenfe. Le total de l’épargne
depuis cette époque jufqu’ en 1782 , monte
à la foraine de 150,109 rixdalérs.
La population de cette province fuédoife s’eft
accrue confidérablement. En 1766, on y comp-
toit 88,957 âmes, & en-1782, 101,584. Ainfi
dans l’efpace de feize ans , la population eft augmentée
de 12,627 perfonnès'. Nous avons évalué
la population de la Poméranie entière à 460,000-
âmes , & l’on voit que le diftriét de la Prufle eft
au moins trois fois plus peuplé que celui de la
Suède. En 1782, les trois dixièmes du total de
la population de la Poméranie fuédoife demeu-
roient dans les villes, 6c fept dixièmes à la campagne.
Le rapport des naiflances à la population
totale é tôit, dans la même année, comme un à
trente , fept huitièmes | les enfans illégitimes aux
enfans légitimes, comme un à quatorze trois tiers,
& les morts auxvivans, comme un à trente-trois,
trois cinquièmes. — L’exportation de la Poméranie
fuédoife fut évaluée,, dans l’année 1782, à
73.9,693; rixdalers , & l’importation à 569,6
rixdalers ; ce qui produifit dans le commerce un
bénéfice de 179,055 rixdalers.
A P P E N D IC E A L A POM ÉR AN IE .
Des feigneuries de Lavenbourg & de Buttoiv.
C e s feigneuries- appartenoient autrefois à la
couronne de Pologne. L e roi Cafimir les abandonna
en 145,5 à Eric , due de Poméranie , fans
aucune prestation de devoirs féodaux ; depuis
1460 , les ducs de Poméranie les pofledèrent comme
francs-fiefs de la couronne de Pologne. Cette
dernière tenta enfuite de les obliger à des préfacions
féodales : on convinr en 1526 que les
ducs de Poméranie confeiveroient ces feigneuries
fur le pied d’un fief héréditaire , fans payer aucun
droit, avec la réferve cependant qu’à chaque
règne ils feroient tenus d’obtenir en Pologne de
nouvelles inveftiturès qu’on leur donneroit gratuitement.
Bogiûas XI. Y étant mort, la couronne
été; rendu aux françois par le traité de paix de
1783 ; nous y renverrons le:Teneur.,
de Pologne Te les appropria comme des fiefs va-
cans r e l ie obligea même les fujéts à lui prêter
ferment de fidélité 5 mais par le traité de Welau ,
ligné en 1657 & confirmé à Bromberg ou Rid- (
goft, ces deux feigneuries furent cédées à la mai-
foii électorale de Brandebourg, avec la elaufe: j
exprefte que cette mai Ion les poflederoit fur le
pied d’un franc-fief, & tel que les avoient pof-
lédévs les ducs de Poméranie j qu’ elle en fer oit !
invertie, fans qu’elle prêtât ferment de fidélité.
Si nous parlons ici de ces deux feigneuries , par
la railon qu'elles font poifédées par la. raaifon
électorale de Brandebourg, il ne s'enfuit pas, '■
qu’elles fartent partie du duché de Poméranie.
Elles ont au contraire, leurs cours de juftice par- 1
ticulières, qui toutes deux font établies à La
Venbourg $ l’une , nommée grande cour de jujlice ,
forme la première inftance , dont les appels fe
portent au tribunal fupérieur, 6c de là à Berlin.
Ces deux feigneuries ne dépendent pas non plus
des coiififtoires de Poméranie > mais elles font fou-
mifes aux feules dédiions du fy.nod e , qui de
temps à autre tient fes aftemblées à Lavenbourg.
Elles ne paient point les mêmes impôts quç. la j
Poméranie , & elles joLiirtent de quelques privilèges
qui leur- font particuliers. On y trouve encore
des cafiubiens, 6c c'eft pour cela qu'on prêche
dansl.es églifes , tant en allemand qu'en langue
polonojfe. Elles font compofées de deux bailliages.
i Q. La feigneurie ou le bailliage de Lavenbourg,
dont l'étendue en longueur eft de 8 milles 6c de \
6 en largeur.
2°. La feigneurie ou le bailliage de Buttow en- ,
viron de • fix milles quarrés. ..
Poy^lles articles Prusse & Suede.
PO N D ICH E R Y , établiflement des françojs ;
fur la côte de Coromandel.
Nous avons parlé à l’article Indostan des
conquêtes des françois fous M. Dupleix &
M. de Bufly , dans la péninful.e de l’Inde rnops
nous bornerons i c i , i° . à un précis de la décadence
de la chûte de notre ancienne compagnie
des Indes , & à quelques remarques fur la
nouvelle : 2°. à des détails particuliers fur les éta-
bliftèmens ou les comptoirs que les françois ont
dans l’Inde i mais comme nous avons parlé à l’article
Chandernagor, de cet établrtfeoent qui a
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de la décadence & de la chute de notre ancienne
. compagnie desj Indes & quelques remarJ
que s,, fur la nouvelle.
Les cjifgraces qu'éprouvèrent les françois en
Afie durant la guerre de 1755 , avoient été prévues
par tous les obfervateurs qui réfléchifîoient.
Leurs-,moeurs avoient fur-tout de’généré dans le
climat voluptueux des Indes. Les guerres que
Dupleix avoit faites dans l’intérieur des terres ,
avoient commencé un affezrgrand nombre de fortunes.
Les dans que Salàbetzingue prodigua à
ceux qui le çonduifîtent triomphaBt dans fa capitale
îk l’affermirent fur le trône, les multiplié:-
r.ent 6c les augmentèrent. Les officiers qui n'a-
voient pas partagé le p éril, la gloire, les avantages
de ces expéditions brillantes , cherchèrent
à fe confoler de leur, malheur, en ye'd.uifafit à la
moitié le nombre des cipayesrqu’ils dévoient avoir, 6c dont ils pàuvpiëH.t facilement détourner la
folde , parce qu'on leur en lajflbic la manutention.
Les commis à qui ces rèftpurces étoient. interdi-
tes, débitant les marchan.difes envoyées d'Europe
, ne rendaient à la compagnie que la moindre
partie d'un bénéfice qu’elle auroic dû avoir en entier,
6c lui revendoient fort cher celles de l’Inde
qu’elle auroit du recevoir de la première main.
Ceux qui; étoient chargés de l’adminiftration de
quelque pofleftion, l’aftermoiept eux-mêmes fous
des noms Indiens , ou la rdonnoient à vil prix ,
parce qu’ ils avoient reçu d’avance une gratifica-
jion confidérable , fou vent même ils retenoient
tout le revenu, de. ces poflertions , en fuppofant
des violences 6c des ravages qui ayoieot rendu.importiblè
le récouvrement. Toutes les entreprifes,
de quelque nature qu’elles furtent, s’accordoient
clandeftinement : elles:étoient la proie des .employés
qui .avoient fu. fe rendre redoutables ,? ou
de ceuX'qui jotiirtoient de.plus de faveur éc de
’iortane.. L’ abus folemnel aux Indes de faire 8c de\
recevoir des préfens à chaque traité, avoit multiplié
les engagemens fans nécefiite'. Les navigateurs
qui abordoient dans ces climats, éblouis
des fortunes qu’ils voÿoient quadrupler d’un voyage
à l’autre, ne voulurent plus regarderies vaif-
Teaux dont on leur confioit le commandement,
que comme une voie de tradsc & de richefle qui
leur étoit ouverte. La corruption Tut- portée A
fon comble par les gens de qualité avilis & ruinés,
qui, fur ce qu’ils voyorent , fur ce qu’ils
entendoient dire , voulurent pafièr en Afie, dans
l’efpérance d'y rétablir leurs affaires , ou d’y continuer
avec impunité leurs dérégiemens. La conduite
perfonnelle des .directeurs les mettoit dans
la nécefiité de fermer les yeux fur tous ces d,é-
O o 0 o 2