
que, cette'prohibition , ainfi que toutes les autres
de la même efpèce ,. ne produifiü aucun effet, & ’
probablement elle accrut plutôt le mal .de Lu- |
finie qu'elle ne le modéra. Le llatut d'Henri VIII
fut renouvelle par Elifabeth s & dix pour cent
fut le taux légal jufqu'au moment où Jacques I
le reftreignit à Huit. Il fut réduit, à fix auliîrtôt |
après la reftauration, & à cinq, fous la reine Anne.
Tous ces ftatuts ou réglemens paroifien? avoir
été faits d'après le taux courant de Vintérêt à ou
d'après le denier auquel -empruntoient. les. gens
qui avoient un b*on crédit. Il paraît encore que
depuis la reine Anne, cinq pour çentont été .en
Angleterre plutôt au-deflus qu'atndeiïbus du taux
du marché. Avant la guerre de 1-756,-,le gouvernement
anglois empruntoit à trois pour cent.; &.
ceux: qui -avoient un bon crédit dans la capitale
& dans plufiqurs autres parties du royaume,, em-
pruntôient à trois & demi, à- quatre & à quatre;
& demi pour; cent.
Depuis le ,règne d'Henri V I I I , la. richeffe &
le revenu d'Angleterre ont augmenté coiifidéra-
bLement.. Non-feulement ce progrès a été confiant
, mais, il fêmble avoir conilamment augmenté
de vxteffe. Leôfajaire du travail, s’eil élevé fans,
ceffe durant cette même période ; 8e, dans la plupart
des branches de commerce Se de manufactures,
les profits des capitaux ont diminué.
. Il faut en .général de plus gros capitaux, pour,
faire un commerce dans une grande ville que dans !
un village. Les gros capitaux employés à, cha»
que branche de commerce 8e le nombre! des riches
compétiteurs font en général baiffer.le taux
des bénéfices- I le il donc plus haut dans les villages.
Mais le falaire du travail .y-eft généralement
plus bas que dans les,grandes villés. Dans
celles-ci, les gens qui ont des capitaux confidéra-
bles, manquent fouvent d'ouvriers pour les, employer.
C'eft à qui donnera davantage pour en.
avoir. De là le hauifement du falaire & la .baiffe
des profits des capitaux. Dans ceux - là , au
contraire.,. il n y a pas affez de capitaux pour employer
tout le monde; 8e la concurrence qui s'établit
parmi ceux qui manquent d'ouvrage , fait
briffer le falaire Sç augmente, les bénéfices. '
Quoique le taux legal de 13intérêt foir le même-
en Ecoffe-qu'en-Angleterre» le taux du marché,
yreft ordinairement plus haut. Les gens, bien fol-,
yables n'y empruntent .guères à moins de- cinq
pour cent. Les banquiers particuSters d'Edimbourg
donnent même quatre pour Cent, à!intérêt, fur leurs
billets^, dont le paiement.,-en tout ou en partie,
peut etr:e demandé quand, on le veut.. Les banquiers
particuliers de Londres ne donnent aucun
intérêt pour l'argent qui eft dépoté- chez eux. Il
y U peu de commerce qu'au ne puiffe faire en
Ecoffe- avec moins de capitaux quéil n'en faut
en Angleterre; Le taux commun du profit doit
donc y être.un peu plus haut. On a déjà remarqué
que le falaire du'travail y eff plus bas.. Le pays
eft non - feulement beaucoup plus pauvre 9
mais Tes progrès font beaucoup .plus lents & plus
tardifs. • ■
Le taux légal de Y-intérêt en France n'a pas
toujours été réglé, durant le cours de ce fièclé'j
fur le taux du marché. En 1720, il fut réduit
du vingtième au cinquantième denier , ou de cinq
à. deux & demi pour cent. En 1724 , il remonta au
trentième denier, ou -à trois & un tiers pour cent.
En. 172 5 , il alla au vingtième denier, où à cinq
pour cent.. En 17166 il fut réduit, fous l’admi-
niffration de M. d e l'A v e rd y , au vingfohqiiième
denier, ou à-quatre pour cent. L'abbé Terray
le remit enfuite à l'ancien taux de cinq pour cent.
Le but de pluiieurs de ces violentes rédudions
à3intérêt femble avoir été de préparer la voie à
la réduction de celui -des dettes publiques. Quoique
le taux légal de Y intérêt ait été fouvent plus
bas en France qu'en Angleterre, le taux du marché
a été généralement plus haut ; car là comme-
ail! eurs , il y a plufieursi méthodes fures & faciles
d'éluder la loi.iLe falaire du travail eft plus bas
en France qu'en Angleterre. Lorfque vous allez-
d'Eeofte en Angleterre, la différence que. vous
appercevez.danS; l'air & l'habillement du peuple
de l'un &:de l'autre pays * ell un indice qui marque
affez la différence de leur condition. Le contraire
eft encore plus grand lorfque vous revenez
de France.
D'un autre côté , la province de Hollande, en
proportion de fpn territoire 8c. de fa population,
eft, un pays plus -riche qtier l'Angleterre 5 le gouvernement
y emprunte à deux pour cent,. & les
particuliers ! qui ont un bon crédit, à trois.' (Dudit
que le falaire du travail y eft plus haut qu'en
Angleterre| & on.fait que lés hollandois font de
tous, les peuples., d'Europe celui qui tire les, moindres
profits du: commerce. Quelques perfonnes.
ont prétendu que celui de la Hollande eft tombé
5 ce q,ui peut être vrai de certaines branches,
mais la décadence n'eft pas ’générale. Quand les
bénéfices diminuent, les marchands ne manquent
pas de fe plaindre que le commerce tombe, quoique
la diminution du bénéfice foit l'effet naturel
.de fa prospérité , ou- dé ce qu'on y met plus de
capitaux qu'on n'en mettoit auparavant. Pendant
Ut guerre de 1756-, les hollandois ont eu tout le
commerce de transport.que faifoit la France,
; iis en confervent encore une grande; partie. C e
qui leur appartient dans les fonds de France &
d'Angleterre-, & qui eft fort confidérabfe ptlifc
qu'on dit que la dernière leur doit quarante millions
fterlings ( en quoi je foupçonne cependant
qu'il y a beaucoup d'exagération ) -M & les grandes
fommes qu’ils prêtent aux particuliers dans
les pays oû l’e taux de Y intérêt eft plus haut que
.dans le leur y démontrent clairement la furabon-
dance de leurs capitaux 5 mais elfes ne démon-'
trent pas qu'ils en emploient- moins chez eux qu'ils
ne faifoient autrefois. L e capital qu'acquiert ua'
particulier dans fon commerce, peut devenir trop
confidérabfe pour y entrer tout entier, & cependant,
il peut fe faire que fon commerce ne laine
pas d’augmenter.- Il en eft de même du capital
d’une grande nation.
Dans les colonies- angloifes de l'Amérique f’ep-
tentrionale & des Indes' occidentales , le falaire
du travail & l’intérêt de l'argent, & conféquètri-
ment les bénéfices des capitaux, font plus hauts
qu'en Angleterre. L ’ intérêt légal & Y intérêt au taux
du marché y font de fix à huit pour cent, mais
le fort falaire du travail & les grands profits des
capitaux font des chofes qui ne vont guères en-
femble , excepté dans les nouvelles colonies. Une
nouvelle colonie a nécefifairement moins de capitaux
en proportion de l'étendue de fon territoire
, & elle eft moins peuplée en proportion
de l'étendue de fes capitaux que la plupart des
autres pays. Elle a plus de terre à cultiver qu’elle
n’a de capitaux. Auffi ne cultive t-elle que fes
plus fertiles & les mieux fîtuées, celles qui bordent
la mer & les rivières navigables. Ces terres
s achètent fouvent à un1 prix inférieur à la valeur
naturelle de leur produit. Le capital avec lequel
on les achète & on les amélioré , doit donc rap^
porter un gros bénéfice , & par çonféquent de
quoi payer un gros intérêt. Les capitaux s'accumulent
fi rapidement dans un emploi fi avant$
geu x , que le •-colon a befoin de plus de bras
qu'il ne peut en'trouver dans-un établiflement
nouveau, '8c qu'il eft oblige de récompenfer lfe
bérafement ceux qu'il met eh oeuvre;. A mefüre
que la colonie augmente, les profits des capitaux
diminuent par degrés. Lorfque les meilleures ter-’
res font occupées , "la culture de celles qui font
moins- bonnes, ne rapportent pas autant, & il
n'eft pl us poflible d’en tirer de quoi payer le même
intérêt pour les fonds qu'on y emploie. Aufti Y intérêt
légal 8c Yintérêt au taux du marché ont - ils
baiffé considérablement, ce fiècle - c i , dans "la
plus grande partie des colonies angloifes. A
mefure qu’elles font devenues plus riches &
plus peuplées , Yintérêt eft tombé. Le falaire
du travail ne baiffe point avec les profits des capitaux.
On demande d'autant plus de travail que
ces capitaux croiffent davantage , quels, que foient
leurs profits ; & après que ces profits font diminues
, non-feulement fes capitaux peuvent continuer
d'augmenter, mais augmenter1 plus vîte
qu'auparavant. li en eft des nations induftrieufes
qui font des progrès dans l'acquifition des richef-
fes , comme des individus induftrieux. Un gros
capital avec de petits profits s'accroît-, généralement
plus vîte qu'un petit capital avec de gros
profits. L'argent fait l'argent, dit le proverbe.
A -t on gagné quelque choie* il eft fouvent aifé
de’ gagner davantage, La grande difficulté eft de
faire lé premier gain.
L ’acquifition d’un nouveâu territoire ou d’ une
nouvelle branche de commerce peut quelquefois
h a tiffer fes profits des capitaux, 8c avec eux Vin*
térêt de l'argent, dans un pays même qui avance
à-grands pas dans l’acquifition des richeues. Les capitaux
du pays nefufEfant pas pour les nouvelles affaires
qui fe préfentent , on ne les applique plus
•qu'aux branches qui rendent le plus de profit. Où
retire line partie de ce qui avoir été employé dans
d'autres commerces, pour la mettre dans des branches
nouvelles qui font plus lucratives. Il y a par
çonféquent moins de concurrence dans ces anciens
commerces 5 le^arché eft moins fourni de plufieurs
fortes de marenandifes. Leur prix monte plus ou
moins j 8c comme elles rendenmjn plus grand
profit à ceux qui les vendent^ èîlës les mettent
en état d'emprunter à- plus gros intérêt. Un peu
avâht là fin de la guerre de 173:6-, nom-feulemeiit
les particuliers qui avoient le plus de crédit ^
mais quelques" unes des' plus grandes ‘compagnies
de Londres empruntoient communément à cinq
pour cent, & auparavant elles ne payoient que
quatre ou quatre & demi. Pour rendre raifon de
cette différence i* l'aggrandifTement du. territoire
ê&'-dû commercé’dès anglois, par leurs acquifî-
fioh’s dans l-’Amériqùé feptentrionale & dans fes
Indés orientales, fûffit, & il eft inutile dë 'fup-
pofer aucune diminution dans le s ‘capitaux de la
fociété. Un furc'roît fi confidérable .d’entreprifes
à' faire avec les anciens capitaux , doit avoir diminué
la quantité de ceux qu’on empioyoit dans
beaucoup de branches particulières a où la concurrence
étant moindre 3 lés profits ont dû ‘être
plus grands. ! ;
La diminution des capitaux de la fociété., ou
des fonds deftmés' à entretenir l'induftrie , fait
cependant monter les' profits des fonds, & par
çonféquent Yintérêt de l'argent , en même-tems
qu'elle fait baiffer le falaire du travail. Par la diminution
du falaire, les propriétaires des capitaux
qui reftent dàns la focrété , peuvent garnir à meilleur
compté le marché.; & comme ils emploient
moins de capitaux qu'auparavant à lé fournir, ils
peuvent vendre leurs marchandifes plus cher. Elles
leur coûtent moins, & ils enrretirent davantage.
Leurs profits ainfi doublement augmentés *
ils'peuvent en tirer de quoi payer un plus gros
intérêt. Les grandes fortunes, faites fi fubitement
& fi aifément dans le Bengale & dans d'autres
établiffemens anglois des Indes Orientales , prouvent
bien que , comme le falaire eft fort bas dans
ces pays ruinés , les profits des capitaux y font de
même très-hauts. Uintérêt de l'argent eft fort en
proportion. Dans le Bengale , ‘ on prête fouvent
dë l'argent aux fermiers à quarante , cinquante 8c
foixante pour cent ; & lé paiement eft hypothéqué
fur la récolte fuivante. Comme les profits qui
peuvent payer un intérêt fi exceffif, doivent ab-
forber prefque toute la rente du propriétaire de
là terre, l’énormité d'une pareille ufur'e doit ab-
forber une grande partie de ces profits. Il fem-
bie qu'aVanj; la chute de la république'romaine *