
de huit cents toifes , qui eiïuya le mênae dépé-
liflfement.
La raifoti qui fe fait quelquefois entendre , fit
encore recourir à M. Defclaifons en 177^. On
defîra qu’il fe chargeât d’achever l’enveloppe de
Pondichéry , mais en confervant les fortifications
qui etoient fur pied. C e t arrangement s’éloignoit
trop des bons principes, pour qu'il s’y prêtât.
L e facrifice de tout ce qui avoir été entrepris
contre les règles de l’art, lui parut indifpenfable.
Il démontra que le travail fur bermes étoit in-
foutenable, & pour la défenfe & pour la duréej
que les revêtemens inclinés ne pouvoient manquer
de fe brifer , ou horifontalement, ou ver- i
ticalement ; qu’ un mur au-devant des bermes déçoit
les faire périr, & pouvoit entraîner l’affaif-
fement & la ruine des revêtemens eux-mêmes.
Son opinion étoit qu’il ronvenoit de fermer Pondichéry
j fuivant les méthodes ufitées en Europe,
& qu’une enceinte à baftionnement fimple, avec
q u e lle s dehors , étoit fuffifante. Cette dépenfe
devoir s’élever à y,000,000 de liv. Sans contredire
ces raifonnemens, on ne s’y rendit pas , &
la place relia fans défenfe, ou dans un état de
foibJefle qui augmente tous les jours. Ces fortifications
n’étoient pas achevées , lorsque les an-
glois s’emparèrent de Pondichéry une fécondé fois;
mais cette ville a été rendue à la France par le
traité de paix de 1783 : nous ignorons quel eft
l’état de Pondichéry depuis cette époque.
Dans la fîtuation aéhielle, les comptoirs fran-
^ois dans l’Inde ne rendent pas au-delà de 20,0001.
& coûtent plus de 2,000,000 de liv. chaque année.
C ’elt beaucoup, & c’ eft moins encore qu’ il
ne faut facrifier à la confervation des ifles de
France & de Bourbon , qui ne font pas arrivées
au degré de profpérité qu’on s’en étoit promis.
Voye1 les articles Bourbon , France isle,
Indostan, C oromandel, Ma la b a r ,C handernagor
& Madrass,
P O N T i-ancien royaume de Pont. Sa pofîtion
eft aflez connue. Dès les premiers temps, les
grecs envoyèrent des colonies fur la Propontide
& le Pont- Euxin : elles confervèrent, fous les
perfes, leurs loix & leur liberté. Alexandre, qui
n’étoit parti que contre les barbares, ne les attaqua
pas (1). Il ne paroît pas même que les
fois de Pont, qui en occupèrent plufieurs , leur
euffént ôté leur gouvernement politique (2).
La puiflance (3) de ces rois augmenta , fi-tôt
qu’ ils les eurent foumifes. Mithridate fe trouva
bientôt en état d’acheter par - tout des troupes
î de réparer (4) continuellement fes pertes >
d’avoir des ouvriers , des vaifleaux, des machines
de guerre ,'d e fe procurer des alliés j de corrompre
ceux des romains , & les romains mêmes ;
de foudoyer (5) les barbares de l’Afie & de l’Europe
j de faire la guerre long-temps , & par con-
féquent de difcipliner fes troupes : il put les armer
& les inftruire dans l’art militaire (6) des
romains , & former des corps confidérables de
leurs transfuges ; enfin il put faire de grandes
pertes 8c fouffrir de grands échecs , fans périr >
& il n’auroit point péri, f i , dans les profpéri-
té s , le roi voluptueux & barbare n’ avoit pas détruit
ce que, dans la mauvitife fortune, avoit fait
le grand prince.
PO P U L A T IO N : nous entendons ici par ce
mot le rapport des hommes au terrein qu’ils occupent.
.
Nous envifagerons ici la population comme une
queftion d’arithmétique politique, & dans fes
rapports avec Féconomie politique , après avoir
parlé de la population des anciens comparée avec
celle des modernes.
Parallèle de la population che% les anciens & eheç
les modernes.
M. Hume a conje&uré que les nations anciennes
n’avoient pas été plus peuplées que les modernes.
Nulle recherche n’a été épargnée de fa
part pour mettre- le le&eur en état de décider.
I l avoit eu connoiflance de la differtation de M.
Wa llace, qui établit une opinion directement
oppofée à la fienne. Il invita l’auteur à la rendre
publique. M. Wallace l’a imprimée avec une ré-
ponfe à M. Hume : on trouve, dans cette ré-
ponfe, de l’ érudition & de la dialectique, mais
de la prévention , des fophifmes & de la dureté.
Des progrès de la population che£ les nations
modernes.
La population a-t-elle augmenté ou diminué de-
(1) Il confirma la liberté de la villed’Ancife, colonie athénienne > qui avoit joui de l’état, populaire .même
fous les rois de Perfe. Lucullus, qui prit Synope & Ancile , leur rendit la liberté, & rappella les habitans qui
s’étoient enfuis fur leurs vaifleaux.
(i) Voyez ce qu’écrit Appien fur les phanagoréens , les ancifiens, les fynopiens , dans fon livre de la
guerre contre Mithridate.
(3) Voyez Appien fur les tréfors immenfes que Mithridàte employa dans fes guerres, ceux qu’il avoit cachés
, ceux qu’il perdît fi fouvent par la trahifon des liens, ceux qu’on trouva après fa mort.
(4) Il perdit une fois 179,000 hommes , & de nouvelles armées reparurent d’abord. ( 0 Voyez Appien, de la guerre contre Mithridate.
(*) Idem.
puis quelques fiècles ? Eft - elle parmi nous MK
tout dans up état d'accroiflement ou de depe-
riflement ? Cette queftion , qui depuis long-tems
auroit dû être décidée par des dénombremens,
n’a guère été jugée que par l ’humeur & la flatterie.
En e ffet, félon qu’on a voulu louer ou
blâmer le gouvernement , abroger d’anciennes
loix ou vanter de nouvelles ordonnances ,- on a
dit : la diminution fenfible dans la population ,
l’augmentation marquée dans la population prouvent
, & c . Et edfame la fâtyre & 1 eloge ne font
guère plus exacts l ’un que 1 autre, il y a eu de
l'exagération des deux côtés. ^
L ’Europe renferme du moins quelques nations
auxquelles perfonne ne refufe une population nom-
breufe j parce que les faits fe trouvant conformes
aux principes les plus avoues , on n a eu
aucun intérêt à les nier. Telles font la Suifle 8t
la Hollande. Il eft fûr q ue , depuis les deux révolutions
qui ont établi leur indépendance & leur
liberté , leur population 8c leur profperite fe font
accrues. L ’Allemagne où les femmes font ft 'fécondés
, doit profiter de plus en plus de cet avantage
particulier, parce que les guerres y deviennent
plus rares, & que l’interet des fouveratns
a été jufqu’ici conforme à celui des payfans, qui
commencent à fortir de l’oppreffion dans laquelle
leurs feigneurs les tenoient. Le Danemarck ^ a ffranchi
de la tyrannie dés grands, paroît etre
plus heureux, quoiqu’il ait choifî un gouvernement
abfolu ; il a vu fleurir dans le fein de la paix fon
commerce 8c fa navigation j il eft plus riche, plus
tranquille ; il eft donc plus peuplé. Il n’ en eft
pas de même de la Suède, qui ne s eft^ pas encore
relevée des pertes qu’elle a elfuyees fous
Charles XII. Les troubles de fori adminiftration
font une autre caufe de dépopulation. Cette fuc-
cefilon de démocratie dans les diètes, d àriftocra-
tie dans le gouvernement intermédiaire du fénat;
de monarchie dans la médiation royale, a plutôt
altéré que compenfé les efforts : on a vu jufqu a
la révolution de 177a cette nation noble 8c cou-
rageufe ne s’ alfembler que pour faire des loix
abfurdes fur le change 8c fur le commerce ; comme
fi les héros du nord 8c les libérateurs de l’Allemagne
, transformés en agioteurs 8e en banquiers,
avoient pris pour modèles les LaW au lieu des
Guftave.
On a exagéré la population de la Rufiie ; mais
quoique les travaux de Pierre le grand ne fe laif-
fent plus appercevoir qu’ à Petersbourg & à Cronf-
tadt, il y adieu de croire que ce vafte empire eft
plus peuplé qu’ il ne l ’étoit fous fes premiers ducs.
La Pologne , malgré fes défaftres , malgré les
humiliations Se les pertes quelle vient d’efluyer,
eft dans le meme cas que la Ruflie, plus
riche, plus peuplée qu’elle ne l’ étoir fous les ja-
gellons.
Le beau climat de l’Italie , la fécondité de
fon fol 8c la variété de fes produirions font de
fi puiffans attraits pour les hommes, qu’ elle ne
paroîtra jamais auffi peuplée qu’elle devroit î être.
Cependant c’ell encore de toutes les contrées de
l’Europe celle où la population eft la plus nom-
breufe. Le Milanez contient 1200 habitans par
lieue quarrée. La plus grande partie de la Lombardie
, les côtes de la mer Adriatique, la campagne
ou les environs de Naples, ne le cèdent
pas au Milanez; 8 c, fi nous continuons à parcourir
le midi , nous trouverons que l’Efpagne
même , malgré l’expullion des maures, la def-
truérion des juifs , l’intolérance, la fuperftition,
la multiplication des moines 8c du clergé, contient
encore dix millions d’habitans , quoiqu’il
ait plu à la plupart des écrivains politiques de ne
lui en donner que fept.
On fait qu’ à la paix de R ifw y ck , H population
de la France fe trouva fenfiblement diminuée : cependant
les calculs de M. de Vauban lafaifoienc
‘ monter à 19 millions, quoique la Lorraine ne fût
i pas encore annexée à la monarchie. Ceux des
intendans, ordonnés par^M. le duc de Bourgogn
e , n’ étoient pas tout-à-fait fi favorables. La
guerre de la fucceffion fut plus funefte que celles
qui l’avoient précédée. Depuis cette époque, U
longue paix qui a fuivi le traité d’Utrecht, les
progrès du commerce 8c la tranquillité intérieure,
avoient dû augmenter le nombre des habitans ;
mais le cri de dépopulation étoit devenu à la mode.-
On affura gratuitement, 8c fans alléguer aucune
preuve, que la France n’avoit pas même feize
millions d’habitans. Cette exagération tenoit à un
fyftême très-exagéré lui-même. Enfin il eft arrivé,
félon notre ufage, que des particuliers , animés
par le zèle du bien public, ont commencé des
recherches plus férieufes. Des magiftrats refpec-
tables ^ent profité des diverfes adminiftratioris i
dont ils avoient été chargés pour conftarer au
moins quelques élémens propres à fervir de bafe
à des calculs ultérieurs. T e l eft le travail de M. de
la Michodière , rédigé 8c publié par M. de Mef-
fence , l ’un des ouvrages^ les midux conçus 8c les
plus (impies.qu’on air fait dans ce genre.
M. l’abbé Expilly a profité de ces documens,
8c s’en eft procuré d’autres. On a raflèmblé des
dénombremens exaéts i on a recueilli des apper-
çus ; on a comparé les époques, &c. Il réfulte
de ce travail que la population de la^France eft
augmentéè, depuis cinquante ans , d’environ un
douzième.
Le gouvernement, déterminé par l’impulfion
générale , a porté fon attention fur cet objet in -
téreflant ; 8c profitant des élémens déjà reconnus,
on a calculé la population du royaume, d’après
les naiftances, les rtiorts 8c iés mariages. Voici
le réfultat des 'dénombremens ordonnés dans les
années 177O, 1771 SC jB jg i , dont o” a fait une
année commune. Les naiftances multipliées par
2y un quart ont donné 23 , 20y , 122 habitans.
Les mariages multipliés par 124, 2 2 ,4 8 7 ,2 3 5 ;