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fon de Portugal 8c celle d’Autriche, des fecours
en argent que cette dernière à demandés 3C obtenus,
des projets politiques fort éloignés, &c.
ont accafîonné l’envoi d’ un miniftre de Vienne
a Lisbonne, & de Lisbonne à Vienne ; mais
ces exemples font rares. La Prù(fe entretient
un conful a Lisbonne $ & eommb cet état
cherche à devenir’ commerçant / q u 'il n’a pas
renoncé au commerce des Indes , qiril a un
port admirable à Embden fur la mer du nord,
pluneurs bons ports dans la Baltique, d’ou Ton
peut tranfporter en Portugal, des mâts, plan-
« ^ autres bois, des toiles de Siléfie
& d autres ouvrages de fes manufactures qui y font
fort recherches, les intérêts de commerce formeront
peut-etre des liaifons politiques entre les
cours de Berlin & dè Lisbonne.
Il ne paroît pas que leDanemarck & la Suède
puiflent former des projets contre le Portugal-,
car ces deux royaumes ne font pas en état d’envoyer
des efcadres & des tranfportsde troupes af-
fez confidérables, pour enlever aux portugais la
moindre de leurs pofleffions en Europe, ni les inquiéter
dans les Indes i ces nations du nord font
au contraire intérelfées à entretenir une bonne intelligence
avec le cabinet de Lisbonne, & à mettre
leur commerce réciproque fur un bon pied 5
car le Portugal a befoin de bois , chanvre, lin ,
poix, goudron, métaux, & de beaucoup d’autres
denrees que produit le nord 5 tandis qu’il fournit
en échangé fon or & fon argent, fes vins, fes
fruits, fes fels & c. qui font la matière d’un commerce
mutuellement avantageux. Le Portugal doit
d’autant plus cultiver l’amitié des nations du nord,
qu il peut au befoin, trouver chezelles des munitions
de guerre & de bouche, 3c même des vaif-
feaux tout prêts.
Le Portugal n’a d’autres relations avec la porte
Ottomane, que celles qui nailfent de fon.com-~
merce fur la mer Rouge , & de la prote&ion que
j %rand 1'eiSneur accorde aux habitans de la côte
de Barbarie. Il eft en guerre perpétuelle avec les
pirates d’Alger, de Tunis, de Tripoli & de Salie,
voyez l’article Brésil.
■ P R A G M A T I Q U E - S A N C T I O N ,
c eft le nom qu’on donne quelquefois à la
loi fondamentale, ou capitale d’un état. On
a donné particulièrement ce nom en France à
1 ordonnance de Louis IX , de 1268, & à celle
^lar^es de » fur la collation des bénéfices,
en vertu defqueîles le ro i, de fa propre
autorité> nomme à tous les emplois eccléfiafti-
ques, fans que le pape puifle faire autre chofe
que confirmer la nomination. .
On appelle aufli dans l’empire -, Pragmatique-
SanHion la bulle d’or dreflféè fous l’empereur
Charles I V , la convention de Pàïïau en xrc2 , la
paix d’Augsbourg en iyyy, le traité dé Weftpha-
P R Ê
lie fous l’empereur Ferdinand I I I , & les capitula*
tions de chaque empereur romain.
Mais la Pragmatique-Sanction qui a fait le plus
de bruit dans le monde politique, eft l’ arrangement
pris au commencement de ce fiècle au fujet
de la fucceflion des états de la maifon d’Autriche.
Elle fut publiée en 1713 , par l'empereur Charles
VI. Les états de l’empire 3c plufieurs potentats
la garantirent. Elle déclara que, fi les mâles
venoient à manquer dans la poftérité de fa majefté
impériale, les femmes qui en defcendroient, feraient
fubftituées à leur place pour fuccéder à tous
les pays 3c droits appartenans à la maifon d’Autriche
, félon la loi de primogéniture. Elle eft intitulée
— SanSlion-Pragmatique 3 & loi perpétuelle
a l égard, de la réglé & ordre de fuccejfion , & union
indiyijjble de tous les royaumes, provinces & états héréditaires
de fa majefté impériale & catholique, a
Vienne le 6 décembre 1724.
PRÉG ADI. Voyei l’article V enise.
P R E G E L L , un des hochgerichts de la Maifon-
Dieu, (Grifons ) : il eft montùeux 8c ftérilel
Henri II , reçut les habitans en' 1024 fous la
protection dé l’empire j 3c il paroît' qu’ils font
toujours reftés libres. Ils font de la religion réformée.
C e hochgericht fe partage en deux jurif-
diétions , fopra porta & infra porta. Les droits de
chacune font réglés par des traités.
Cafaetfch eft un grand dépôt de marchandifes
pour 1 Italie j & a fouffert beaucoup par une
chute de montagnes, arrivée en 1673.
Voyei l ’article G r i sons.' . « ;7 ".
P R É S I D E S , ( état des) en Italie. C e
petit é ta t, qui ne comprend que des cantons
voifins de la mer , faifoit autrefois partie du
Siennois. Philippe I I , roi d’Efpagne, en cédant
le Siennois a Côme I , fe réferva la pofieflioti
des Préjides 3 qui deméurèrent unis à la couronne
d’Efpagne jufqu’ en 1707 ; à cette époque les impériaux
en occupèrent la plus grande partie en
même temps que le royaume de Naples. Dans les
préliminaires, lignés en 1737 , confirmés & mis
en exécution l ’année fuivante , cet état fut accordé
à don Carlos, roi de Naples & de Sicile ;
& fon fils Ferdinand I V , les poffède encore*
Voyei les articles N aplés 3c, Sic il e .
PR Ê T A IN T É R Ê T . Voye\ l’article Ü su r e .
PRÊTRES IN V A L ID E S j c’ eft le nom que
nous donnons ici aux établiflemens formés en faveur
des prêtres qui fe trouvent fur la fin de leur
carrière : i l eft bien jufte3 difoit Louis X IV au car^
dinal de Noailles, quemes foldats ayant une retraite
, ceux de Jefus-Chrift nen manquent pas. L e
cardinal lui demandoit des lettrés-patentes, pour
ün établilfement formé en faveur desprêtres âgés
ou infirmes , qui auront travaillé dans le faint-
miniftère. EDes furent expédiées en 1700.
P R É P R É 6ÿ I
On ne peut révoquer en doute la néceflké de
pourvoir aux befoins des prêtres , qui ont
vieilli 3c font devenus infirmes dans l’exercice du
miniftère de l’Evangile. Et il réfulteroit d’une
fpéculation bien approfondie 3c bien exécutée fur
cet objet, un avantage diftingué pour la confola-
tion 3c l’émulation de ceux qui entrent dans cette
carrière. Elle ne ;feroit pas Amplement utile aux
prêtres qui ont travaillé fans récompenfe, 3c qu’un
long exercice de leur état n’a pas mis à même d’être
nommés à des bénéfices. Mais elle offriroit encore
un heureux dédommagement pour les curés
que leurs infirmités 3c leur grand âge rendent incapables
de remplir leurs fondions, qui ne peuvent
quitter leurs bénéfices fans s’expofer à ?la
plus déplorable .mifère, & fe voient ainfi dans la
néceflité d’écrafer de leur néant les paroilfes qü’ils
ont vivifiées, dans les beaux jours de leur v ie , ou
de fatiguer par des penlions qu’ ils retiennent, les
revenus déjà trop modiques de leurs fucceffeurs
& des pauvres. . -
Il paroît que dans les premiers fiècles de l’é-
glife , on avoic pourvu aux nëceffités des vieux I
miniftres de la religion , jugés incapables de fa-
tisfaire à des fonétiorjS'qui demandent de l’aélivi-
té , de la précifiôn 3c fouvent des forces extraordinaires
j on les regardoit comme pouvant encore
être utiles à l’églife par leurs lumières & par leur
expérience. Ces prêtres vénérables fe rendoient
auprès de leur évêque dont ils dcvenoient le con- ;
feil. On ne craint pas de dire que cette efpèce de
fénat en impofoit plus , infpiroit plus de confiait
ce , attiroit plus de refpeét à l’évêque qu’il di-
rigeoit, que ne font les confeils.aétuels des évêques
, compofés en général de jeunes gens &
d'hommes qui n’ont aucune co: noiifance des
fonctions dont ils doivent juger les miniftres.
Nous ne craindrons pas d’ajouter’ que cette af-
femblée de vieillards , çonfumés de travaux ,
étoit mieux conçue que ne le font nos chapitres
de cathédrales qui l’ont remplacée. Pourquoi
n’efpérerions-nous pas qu’ à tant d’abus fuccédera
enfin l’ancien état de la difeipline eccléliaftique j
Alors les prêtres quittoient le presbiterium général
pour fe rendre dans les campagnes, 3c rentraient
dans leur ancienne demeure lorfqu’ ils ne pou-
voient plus vaquer aux travaux aétifs de l'Evangile.
Les évêques de France s’occupent, depuis un
fiècle, de l’idée de préparer des retraites à leurs
coopérateurs. Il y a une multitude d’établifle-
mens modernes de ce genre , dont à la vérité
très-peu ont réufli.
Il eft difficile de jetter les yeux fur l’état actuel
du clergé , fans être attendri de tous les
genres de misère qui le prelfent , fans être éton’r.é
qu’il y ait des perfonnes qui veuillent fe çonfa*
crer à cet état, fans être plus furpris encore
qu’ elles aient confervé quelque confidération au
milieu de la nation. Leur misère a peut-être autant
contribué que le développement général 3c
raifonné des lumières, à produire cet intérêt qui
s’élève de toute part en faveur de ceux qui portent
le poids du jou r, cette opinion bienfaifante
qui tend à repoulfer de tous les ordres de levites
les richefles exceffives 3c l’oifiveté.
L’accroiflement du commerce, des arts & de
la civilifatiôn, lequel a créé une multitude de
places , ouvert un grand nombre de débouchés ;
les troubles de l’églife qui pendant Iong-tems ne
laiffoient entrevoir que des interdits ou des décrets )
1’affoiblilTement de tous les principes, 3c particuliérement
de ceux de la religion, produit par
des caüfes qu’il eft inutile, qu’il feroit trop douloureux
de révéler ici , l’efpèce de fervitude,
la perfécution 3c ofons le dire , le mépris fean-
daleux auquel un certain nombre de fupé-
rieurs eccléfiaftiques par la conjuration la plus
indécente 3c la plus inepte ont condamné le travail,
leis moeurs & la piété j voilà les ràifoos
qui ont infenfiblement tari les fources qui autrefois
doiinoient des miniftres ouvriers au clerg
é , qui ne s’occupe que de fes plaifirs & de
fes ridicules honneurs. Nous voyons fe retirer
prefqu’entiérement^ de cette chiffe les hommes nés
dans les états honnêtes & aifes de la fociété, qui
n’avoient point à demander à l’églife fes richeffes
& fes difti ntt ions, mais y portoient les fruits d’une
éducation foignée, un dcfintéreffement eftimable ,
des lumières & du courage.
Dès-lors, prefque toutes les places effentielles
du clergé du fécond ordre ont été envahies par
des hommes nés dans l’obfcurité & dans la mi-
1 fère : ce font dés entans d’artifans dans les villes,
de domeftiques, ou des plus pauvres habitans des
campagnes. Auffi depuis près d’un fiècle les évê-
j ques ont fenti la néceflité de préparer une éduca-
j tion gratuite ( 1 ) dans leurs féminaires, à cette
nouvelle génération eccléfiâliique. II réfuke que
prefque tous ceux qui travaillent véritablement
à la vigne du feigneur, font fans patrimoine comme
fans famille , qui puiflent promettre des fecours
fuffifans à leur vieillcfTe, à leurs infirmités.
Les places qu’ils vont occuper au fortir des féminaires
, leur donneront-elles les moyens d’ établir
des économies qui lès raffurent contre l’indigence
de leurs dernières années. Mais il n’ y a
pas d’exemple d’un état aufli ingrat dans les
moyens 3c dans les refiources. Quel eft l’évêque,
le chanoine, le moine dont le domeftique n’ait
un fort plus avantageux que celui qui remplit,
(1) Nous comptons examiner en détail , dans un autre article, cette éducation. Nous la confidérerons dans
«e quelle eft, & dans fes rapports avec la religion, le bien public , & l’état paftoral tel qu’il doit être.
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