
merce , vivre en paix, s'occuper fur-tout de leur
régime intérieur 3 & réformer les imperfections
& les abus de la conftitution politique de l’union
& de celle des diverfes provinces.
L ’Efpagne a de grandes liaifons avec les Provinces
Unies 3 & elles paroiflent tourner à l’avantage
réciproque des deux nations. La Hollande
n’a plus à craindre que l’Efpagne veuille redamer
les anciens droits fur les Pays-Bas > & s il s a-
gifToic de lui contefter fa liberté. & les prérogatives
qui en découlent 3 ce ne feroit pas au
cabinet de Madrid à former ces prétentions. Les
Pays-Bas étoient tombés en partage à un prince
de la maifon d’Autriche 3 1 empereur Maximilien
I 3 qui époufa Marie , fille unique de
Charles-le- Hardi, & l’héritière de Bourgogne ,
dont les defcendans furent aufii rois cTEfpagne.
L e trône d’Efpagne étant aujourd’ hui occupé par
un prince de la maifon de Bourbon, &; les dix*
provinces des Pays Bas , étant demeurées a la
maifon d’Autriche } il eft clair que la cour d Ef-
pagne n’a plus sien à demander. Mais 1 indépendance
que les fept provinces ont acquife les
armes à la main , & la reconnoiffance que toutes
les puifiances de l’Europe en ont faite j les
mettent à l’abri de toute crainte à cet egard.
Les Provinces - Unies tirent de 1 Efpagne une
ïmmenfe quantité de laines, de vins & d autres
productions de l’Efpagne ; & les efpagnols en
échange achètent des hollandois des draps y des
étoffes , des toiles , des épiceries , &c. Ils
achètent ces articles pour l’ intérieur du royaume
& pour l ’Amérique. Il y a une multitude de
négocians hollandois établis dans toutes les villes
d’Efpagne , & la nation hollandoife a toujours
un très grand intérêt dans les galions. Lorfque
l’Angleterre eft en guerre avec l’Efpagne, les
provinces- Unies tâchent toujours d entretenir la
•neutralité , & par ce moyen, elles s’emparent
dtï commerce le plus vafte & le plus confidérahle
de l’Europe. La Hollande entretient un ambaf-
fadeur à la cour de Madrid, pour y veiller à
fes intérêts, & des confuls dans les ports de mer
pour protéger le commerce.
La France a été tour à-tour alliée intime, &
ennemie déclarée de la Hollande, Il paroit que
les plus beaux tems de la republique ont ete
ceux où elle eut une alliance étroite avec la
.France. En effet, cette couronne, à bien con-
fidérer les chofes , ne trouveroit pas fon compte
à réduire les fept provinces, quand même elle
en auroit. les moyens. Tout ce quelle pourroit
obtenir & même efperer de plus favorable,
fe ro itd e - les affujettir à une efpèce^dedépen'
dance, & d’empêcher qu’ elles ne prêtaient des
fecours aux ennemis de la maifon de Bourbon.
Les Provinces-Unies doivent être alliées de f Angleterre
ou de la France., mais la rivalité de
commerce qui fubûftera toujours entfe FAngleterre
& la Hollande, paroît s’oppofer à la première
alliance > fi des circoriftances politiques
& fi le reffentiment plutôt que la raifon ont
déterminé l’alliance que les Provinces - Unies
ont contracté avec la France en 1785 , elle eft
avamageufe , malgré les doutes qui relient à
plufieurs perfonnes. ( Nous rapporterons le traité
à la fin de cette fedlion ) Ainfi les rapports des
Provinces- Unies 3 qui tâchoient de ne pa$ s’ attirer
une puiffance aufii formidable fur les bras pour
des querelles qui ne la touchent qu’ indireéte-
ment, ou pour des vues éloignées , ne font plus
les mêmes. Elles dévoient fe fouvenir de la protection
& des fecours que la France leur a donné
pendant la dernière guerre, & , fans bleffer la
juftice, favorifer i’allié qu’ elles venoient d’ acquérir
, aux dépens de celui qu’elles venoient
de perdre. Les intérêts de commerce qui fub-
fiftent entre ces deux puiffances, les privilèges
relatifs à la navigation dont la nation hollandoife
jouit en France étoient de nouveaux motifs pour
fuivre ce plan : nous ajouterons que l’ alliance
entre les maifons d’Autriche & de Bourbon ,
ôte aux Provinces - Unies un des plus grands
moyens qu’ elles euffent à oppofer à la France :
& qu’ ainfi tout fe réuniffoit en faveur du traité
qu'elles venoient de conclure ; & cependant
malgré ces bonnes r'aifons , la France a perdu
cette alliance , & l ’Angleterre s’ eft liée par des
traités aux Provinces-Unies & à la Pruffe. Nous
rapporterons ces traités à l’article T raités.
Il y a une contrariété d’intérêts entre l’Angleterre
& la Hollande , fondés fur le commerce.
Les mimftres auglois fe font efforcés
vainement de foutenir à la Haye le contraire
dans leurs difeours publics ; on ne perfuadera
jamais que deux peuples fitués fur la même mer,
qui font le même commerce qui l’un & l’autre
tâchent d’étendre leur navigation , & qui ne
fauroient avoir des vues d’aggrandifiement rai-
fonnables fur te point, puiffent être étrangers à
la jaloufie & à la rivalité.
La Martinière , dans fa continuation de
I’hiftoire de Puffendorff, compare l’Angleterre
& la Hollande à deux négocians , qui font le
même commerce, mais qui ont leur boutique
trop près l’un de l’autre. L ’hiftoire vérifie cette
remarque j l’Angleterre abufant de fa profpérité
& de fes forces a voulu diâer impérieufement
des loix j elle a voulu exercer le defpotifme fur
les mers > elle avoit Ir.fle la patience des hollandois-
Les progrès du commerce dç la France , des vues
d’aggrandiffement qu’ on lui a fuppofé fi long-
tems, ont réuni l’Angleterre & la Hollande,
depuis le commencement de ce fiècle , afin de
.s’oppofer d’autant mieux à ce qu’ils croyoient un
danger commun: on a enfin ouvert les yeu x,
& les gens raifonnables ne fuppofent plus au
cabinet de Verfailles les vues d’ufurpation ou
1 d’agrandiffement qu’on lui a tan.t reproche* Les.
hollandois avoient fenti, jüfqu’au moment de la
dernière révolution, que l’ Angleterre avoit cruellement
abufé de cette alliance 5 que la puifiance
ambitieufe n’étoit pas la France , mais 1 Angleterre
, & qu’on gagne peu de chofe à s unir
avec un rival plus fort que foi 5 qu’ ils avoient
trop diflirmilé, trop temporifé 5 qu’ils avoient
donné des armes à la nation britannique, qui
les maltraitoit prefque comme des ennemis 5 qu u
réfult.oit de cette alliance , un placement de
trop de capitaux aux hollandois dans les fonds
d’Angleterre j qu’ils négligeoient leur manne
militaire j que le traité déterminoit la nation &
les citoyens à fe mettre de plus en plus dans
la dépendance de l ’Angleterre , .& à accroître fon
audace} que fi les hollandois avoient eu .cinquante.
millions de moins dans les fonds d Angleterre
, & cinquante vaifleaux de ligne de plus
dans leurs ports, on ne les eût pas traités avec
1 1 1 . . . -r__■
lutions politiques : & ce quJil faut bien remarquer
, c’elt pour anéantir ou du moins réduire
à peu de chofe la puiffance des Provinces-Unies, ,
que l’Angleterre vient de fignçr fon alliance avec
les Etats-Généraux & la Pruffe. En effet , lorfque
le ftathouder dominera tout dans les états de
l'union belgique, que deviendront le commerce
& la puiffance des états : il’ faut
l’avouer, la politique du cabinet de Saint- James,
dans ce moment-ci , eff odieufe 3 puifqu elle tra
vaille à l’ afferviffement des Provinces - Unies ;
mais le plan eft calculé avec profondeur. Les
Provinces- Unies devroient fe fouvenir cependant
que leur fituation locale , très-différente de celle
de l’Angleterre 3 leur défend d'entrer auffi avant
que cette puiffance, dans les mefures que l’on
veut oppofer à la France , d’après des calculs
fi peu julcès ; qu’il eft important d’entretenir leurs
forces navales, afin de s’oppofer à l’Angleterre^,
qui ne refpedte que la force , & qui voudroit
s’approprier la partie la plus lucrative du commerce
de la Hollande ; que la détreffe de la
France paffera , & qu’ alors les Provinces- Unies
pourront regretter leur conduite aéluelle fur ce
point.
L’ Italie n’a prefque d’autres relations avec
la Hollande, que celles qui naiffent du commerce
i car les liaifons politiques font indireéles,
& ne regardent les républiques confédérées,
qu’autant que l’Italie entre dans ^ le fyftême
général de l'Europe , & que fon intérêt exige de
voir telle & telle province entre les mains d’un
prince qui puiffe favorifer fes vues. Mais la voie
dé la négociation eft celle qu’elle emploie ordinairement
en pareil cas ; 8c nous n’avons prefque
jamais vu fes troupes agir au-delà des Alpes.
Les efeadres hollandoifes fe font quelquefois
jointes à celles des angloîs dans la Méditerranée;
,mais U Hollande n’y a jamais fait de grands
efforts. Au relie , il y a des comptoirs hollandois
établis dans toutes les villes maritimes de
l ’Italie : ils font protégés pat des confuls, ou
des mïniftres du. fécond ordre. Le roi de Sardaigne
, le roi des deux Siciles, & le grand duc
de Tofcane entretiennent toujours des envoyés
à la Haye.
Les liaifons de la Hollande avec les Treize-
Cantons ont fur-tout rapport aux troupes futiles,
qui font au fervice des fept provinces. L’on peut
dire que ce corps d’infanterie eft un de ceux
fur lequel les hollandois peuvent compter davantage
; & c’ eft auffi pour cette raifon qu’ils doivent
employer tous les moyens propres à l ’entretenir
& à le recruter, & avoir des égards pour
le corps helvétique.- Les. liaifons de commerce
entre la Hollande & la Suiffe.font peu confidé-
rables, & la fituation de ces états fait qu’ils ne
fauroient avoir des vues de conquête les uns fur
les autres.
L’Allemagne occupe beaucoup la politique
des Provinces-Unies. Elles entretiennent un mi*
niftre à la diete de Ratisbonne, & des envoyés dans
prefque toutes les cours des princes de l'Empire. L e
voifinage, le commerce, les intérêts politiques,
la frayeur naturelle à une puiffance qui ne fubfilte
que par le commerce, qui n’a pas d’autres forces 3
qui eft toujours à la merci des flots , qui offre
un fpeétacle fi attrayant pour l’ avidité des princ
e s , ik d’autres objets, forment des liaifons
étroites entre, le corps germanique & les Provinces
Unies. De concert avec l’Angleterre, la
république s’eft jufqu'ici attachée à la conferva-
tion de ;la maifon d’Autriche ; la vigilance
& l’activité d’un prince jeune & amoureux de
la gloire dérangent aujourd’hui fes vues à cet
égard : mais elle eft demeurée fidelle au principe
de maintenir, autant qu’ elle le pourroit,
le fyftême de l'Empire, & la forme qui lui a été
donnée par la paix de Weftphalie. Nous avons
parié fort en détail ( à l’article Pays - Bas. ) des
difcufllons des Etats-Généraux & de l’empereur
au fujet de l’Efcaut : nous avons dit par
quels facrifices les Provinces-Unies ont acheté la
paix ; mais comment malgré les prétentions de
l’empereur qui paroiffoient inflexibles, l’Efcaut
eft relié fermé. !
La Pologne n’a prefque aucune relation di-
reéle avec la Hollande. Les productions & mar-
chandifes de ces deux pays fe tirent par la voie
de l'Allemagne, pu pat la Pruffe , ou par
Dantzick. Lorfque le trône a été vacant , î.a
Hollande a tâché fouvent , par la voie de la
négociation, d'y faire placer un candidat félon
fes vues ; mais depuis que la Rutfie, l'Autriche
& la Pruffe dominent en Pologne, les Pra-
vinces- Unies . hafarderont peu de négociations,
relativement à ce royaume.
Le Dannçmwc a de grands rapports de coirj