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placé des femmes allez confidérables dans les em- |
prunts qu’a fait la France depuis 1777. Ils
avoient environ quinze millions fterling dans ceux
de l’empereur & chez les princes d’Allemagne ,
en Danemarck , en Suède & en Ruffie 5 & fi
nous y ajoutons au moins quarante millions fterling
que l’état devoit aux citoyens, on verra que
la propriété des habitans des Provinces-Unies ,
mcintoit à cette époque à plus de cent treize
millions fterling, fans parler des fonds de leur
commerce, de l’argent qui étoit en circulation,
delà banque, de l’or & de l'argent monnoyé , &c.
richéfle étonnante pour un pays où la population
n’ a jamais excédé deux millions d’habitans.
Les Provinces-Unies font obligées d’entretenir
des forces militaires confidérables ; mais ces forces
ne font pas auflî redoutables qu’elles devraient
l’être. Chaque province entretient autant de ré-
gimens qu’elle peut en payer. Les régimens fuif-
fes font les feuls qui foient à la folde des Etats-
Généraux. Il eft rare que l’état militaire de la république
excède 40,000 hommes en temps de
paix j fes forces font ordinairement moindres.
Elles n’étoient que de 29,31 y hommes après le
traité de Weftphalie de 1648 ; de 40,000 après
celui d,e 1713 & de 32,064 après celui de 1717.
Elles diminuèrent fucceffivement après le traité
d’Aix-la-Chapelle de 1748 >Ton renvoya d’abord
les troupes mercénaires ; les régimens nouveaux,
ainfi que les foldats faits prifonniers dans les villes
conquifes , furent réformés enfuite j feulement
quelques-uns de ces derniers furent incorporés
dans les régimens qu’on jugea à propos de con-
ferver. Les compagnies nationales écofloifes, ainfi
que les régimens fuifles, fou {frirent même une
diminution notable en 2 : on réforma encore
trois compagnies de chaque régiment d’infanterie
& de cavalerie ; on incorpora deux régimens en
un feul, en forte qu’un régiment de cavalerie ne
fut plus compofé que de deux efcàdrons, de
trois compagnies chacun , -& ceux d’infanterie de
deux bataillonsde fept compagnies : chacun après
cette réforme, l’etât militaire n’étoit en 1759
que de 3 y,497 hommes, on y trouvoit fept régimens
de cavalerie & trois régimens de dragons,
formant enfemble, les premiers 2274, & les féconds
1008 hommes, 38 régimens d’infanterie,
qui ne contenoient que 3 3,1 yo hommes. Le refte
étoit compofé des artilleurs , des mineurs & des
ingénieurs. II y avoir dans le nombre deux régimens
écoflois de 1000 hommes chacun , &
Îîx régimens fuifles, qui faifoient un fonds de
7120 hommes. Cet état militaire varia par la
fuite : en 1770, on compta dans les Provinces-
Unies 26 efcàdrons de cavalerie, 3 régimens
de dragons, 80 bataillons d’infanterie, dont 11
de troupes fuifles, 6 d’allemands du pays de
Gotha 8c de celui de Waldeck , 2 bataillons de
wallons,-4 d’éçoftbis, yy de troupes nationales,
1 y compagnies d’artillerie divifées en 5 bataillons
& 4 compagnies de mineurs.'
Voici l'état de troupes des Provinces- Unies 3 en
1784.
Cavalerie 27 efcàdrons de 84 hommes
chacun........... ....................................... 2168
Dragons 12 efcàdrons de 84 hommes
c h a c u n . . . . . ............................................... 1008
Infanterie gardes hollandoifes 2 bataillons
de 658 hommes chacun......................... ï$ i6
Gardes à la répartition de la province de
Frife, une compagnie.................... 201
Gardes à la répartition de la province de
Groningue, une com p agn ie ............... 7$
Soixante bataillons d’autres croupes, qu’on
appelle nationales 5 mais qui ne le font
point, 363 hommes par b a taillon.... 19780
Wallons a 3 b ataillons.............. ' ............ 1089
Ecoflois, 6 bataillons.................................. 2178
Gardes fuifles, 2 bataillons.............. . . . 800
Suiffes ordinaires, 10 bataillons de 600
chacun. . . p .....................................................6000
Artillerie -, 3 bataillons de 600 hommes
chacun........................................................... 1800
Mineurs, 4 compagnies de y 2 hommes 208
Ainfi les forces militaires de la république
«raient en réfultat , cavalerie & dragons
............................................................... 3 276
Infanterie ................................31440
Artillerie 8c mineurs. . ............. 2008
T o t a l ................. .. 36724
Le ftadho-uder demandoit qu’on les portât à 50
ou 60 mille hommes.
En général, l’armée des Provinces-Unies eft
compofée de mercenaires ; elles prennent à leur
foldes des troupes de plufieurs petits princes
d’Allemagne , des écoflois , des fuifles, des Wallons
, & des déferteurs de prefque tous les états
de l’Europe.: excepté les officiers , il y a fous les
drapeaux très-peu de natifs des fept provinces.
Ces troupes font payées différemment, fuivant
les traités pafles avec les princes qui les ont
fournies.
Les républiques de Venife & des Provinces-Unies3
qui ont une petite étendue de terrein, font environnées
de voifins puiflans 8c guerriers ; leurs fu-
jets , en petit nombre, font plus difpofés au
commerce qu’à la guerre, & au fervice de mer
qu’à celui de terre. Dès que ces deux états eurent
fait un commerce étendu , & acquis des
richefles immenfes, ils.cherchèrent à contrebalancer
avec des troupes mercenaires, les armées
de leurs voifins,. compofées de fujets du pays ;
à défendre leurs frontières avec des citadelles &
des
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des places fortes, & à traîner ainfi la. guerre en
longueur , quand ils n’ofoient pas rifquer une
bataille ; ils firent dépendre leur deftinée de la
puiflance de l’argent plutôt que de la force des
armes.
C e n’eft pas la population ou le cara&ère
plus ou moins guerrier des hollandois qui font
la force des Provinces-Unies 3 mais leurs vaifleaux
de guerre, & les troupes mercenaires, qu’ils entretiennent
, même en temps de paix ; mais la
multitude de leurs forterefles , & les revenus de
l’état, qui au befoin font capables de payer encore
de plus grandes dépenfes.
La qualité de capitaine général , dont eft revêtu
le ftathouder, lui donne le commandement
fuprême, de toute l’armée ; mais dans la conduite
des affaires militaires, & en temps de guerre fur-
tôùt, ce commandement eft délégué au feld-ma-
réchal-général de la république. Les forterefles,
des Provinces-Unies, fituéesavantageufement pour
la plupart, font bien entretenues. Il en eft plufieurs
dont les environs peuvent être inondés
en. très-peu de temps, 8c dont l’approche peut
être rendue par-là fort difficile.
Bufching dit que les dépenfes des Provinces-
Unies fe montoien: :
florins.
En I7 ff à ......................... 9 ,844,437
En 1756 à . . . . . . . . . . . 9,765,004
E n - 176y à ....................... 11,240,059
En 1766 à .................... 11,316,123
Il n*y a dans les. forterefles des fept provinces
que de Amples cdmmandans 5 ce font les bour-
guemeftres régens de ces villes qui exerçent les
fonctions de gouverneurs. Il n’en eft point de
même dans les pays conquis ; les forterefles ont
des commandans & des gouverneurs que nomme
lé ftathouder.
La puiflance maritime des Provinces- Unies étoit
formidable autrefois ; elle mettoit aifément 100
vaifleaux de guerre en mer dans des temps d’hof-
tilités ; mais elle n’ en entretient aujourd’hui , en
temps de paix, que trente ou quarante, dont une
partie eft en commiflion : fes efeadres con-
fiftoient en 1762, en y vaifleaux de haut bord,
portant 60 Gâtions-, en 10 de 50 , pu y frégates
c e 40,' y de 36 & yo de 20. Elles portoient
7^00 hommes & couraient 284, 400 florins
chaque mois.
Voici un tableau exaét de l’état de la marine
des Provinces-Unies en 1781 : il fut donné par le
ftathouder lui-même , clans Con mémoire juftifica-
t i f , préfenté aux Etats-Généraux le 7 o&obre
1702.
GEcon. polit. & diplomatique Tom. I I I ,
E T A T des forces navales de la république en
décembre 1781.
4 vaifleaux de 70 canons, dont trois en
commifïion. ............................. 3
9 d e .................. 60 5
iy de . yo ....................... 12
7 de .............. 40 6
iy de ............... 34 ....................... 13
17 d e ............... 24 12
2 d e ............... 12 o
69 vaifleaux. 2822 canons, 45
vaif. en com.
On aflure qu’avec le feçours des provinces
particulières, les collèges de l’amirauté font en
état d’équiper,, en très-peu de temps, 40 à yo
vaifleaux de guerre. Ceux qui font en commif-
fio.n , fervent principalement à convoyer les vaifi-
feaux marchands fur la Mediterranée & à les défendre
des côrfaires, ou à protéger ceux qui arrivent
des Indes orientales.
Les collèges de l’amirauté, dont les dépenfes
font regardées comme une charge pour l’é ta t,
veillent à la fûreté de la navigation fur la mer &
fur les fleuves, 8c à celle des ports.; ces collèges
font au nombre de cinq, qui tiennent entr’ eux
le rang que voici ; i ° . s celui de Rotterdam,
chargé de l’infpe&ion de la-Meufe; i ° . celui
d’Amfterdam; ;° . celui de Zéelande , établi À
Middeibourg ; 40. celui de la W eft-Frife , ou de la
Hollande feptentrionale, qui réfide alternativement
à Hoorn & à Enckhuyfen ; y°. celui de
la Frife, qui fiège à Harlingue. Chaque collège
veille fur la partie de la flotte qui lui eft confiée.
Les frais de leur entretien fe prennent principalement
fur les impôts, auxquels font fujets
les bâtimens fur mer & la plupart des marchandifes
importées, impôt dont ces collèges font eux-mêmes
la perception. Comme leur produit ne fuffit
pas , lorfqu’en temps de guerre il faut augmenter
les forces navales 8c armer un plus grand nombre
de vaifleaux, quelques provinces font tenues
de fournir de grones contributions fur cet objet
5 on augmente les droits dont nous venons
de parler, 8c on les perçoit fur les bâtimens
marchands qui arrivent, & fur ceux qui for-
tent. Le ftathouder eft revêtu de la dignité d’amiral
en chef de toutes les flottes de la république;
il a , en cette qualité, la préféance dans
tous les collèges de l’amirauté. Les ordres qu’il
y donne de temps à d’autre, doivent être exécutés.
Des qu’ il fe trouve une efeadre en mer,
l’amiral en ch e f, fon lieutenant, ou celui qui
la, commande, la divife en trois parties ; la pre-*.