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été facilement pourvue , fi la chauffée de Namur
a Louvain avoir été bien dirigée.
33 Le commerce des grains qui fe fait dans
cette ancienne capitale du Brabant , augmentera
beaucoup par la conftruélion de ces différentes
routes. Il eft déjà, très - confidérable. depuis l’éta-
bliflement de fon fuperbe canal, dont les vaiffeaux
le rendront en pleine mer par Gand, Bruges &
Gfténde'. Le quai qui entoure le vafte baflàn de ce
canal , eft bordé. de grandes maifons , 8c de
magafins trèsJvaftçs,^
On dit qu’aujourd'hui des vaiffeaux fe rendent
régulièrement tous les quinze jours de Louvain ,
en differentes villes de Hollande , & vice verfa >
dé meme cju’à Oftendc & à Bruges : ce qui a en-
gage les négpcians liégeois affaire venir leurs marchandifes
parla voie de Louvain. En conféquence,
op a, réglé depuis peu le tarif pour le tranfport
des marchandifes venant de la Flollande.
Quelques villes du Brabant refufoient de donner
leur confentement pour la conftru&ion dé ces
nouvelles chauffées 3 ce confentement eft nécef-
faure,' lorfqu’il s^agit de renouvellerles charges : les
ordres du clergé &delanobIeffe,qui fontdifpofés
à procurer des avantages aux villes médiocres,
comme aux-grandes villes & aux provinces, ont
trouvé un expédient qui a déconcerté deux des
principales villes. Ils ont décidé de lever l'argent
néceflaire, & de ^hypothéquer fur le produit des
chauffées déjà exiftantes , qui donne chaque année
foixante mille florins , outre toutes les dé- J
penfes pour les entretiens : ce produit augmentera
encore par le paiement des droits de barrières,.
que Ton percevra fur les nouvelles routes.
On compte dans le duché entier de Brabant
28 villes &. 700 villages 3 dans là partie Autrichienne
19 villes murées, & un grand nombre
de bourgs, qui ont les privilèges des villes, &
au-delà de 500 villages.
Les états de Brabant font divifés en trois claffes.
La première comprend les abbés d’Affligem, de
Saint-Bernard, de Vlierbeck, de: Villers, de
Grimberghe , de Heyliffem , d’Everbode , de
Tongerloo , de Diligem & de Sainte-Gertrude.
La feçondç, comprend l’abbé & le comte de
Gemblours , qui a le titre de premier gentilhomme
, & tous les d ucs , princes, comtes &
barons de la province. La troifième eft compofée
des bourg-maîtres, & des penfionnaires des villes
de Louvain, de Bruxelles & d’Anvers: Cés états
dont nous indiquerons les affemblées plus bas ,
élifent quatre députés} fa voir, deux eccîéfiaftîques
& deux nobles} ils s’ affemblent à Bruxelles.
Tous les habitans profeffent la religion catholique.
La pape Paul IV créa en 1559 l’archevêr
ché de Malines , & y attacha la primatie de la
Gaule Belgique,. Dans ce diocèfe fe trouvent les
décanats de Malines, de Louvain , Dieft-fous-
LeeUW ou Leeuw - Saint - Léonard , Tiene ,
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Bruxelles , Leeuw-Saint-Pierre , Aelft , Goerft-
bergen , Ronfen & Oordegem } lefquels comprennent
14 églifes eéllégiales & *05 couvens.
Les fuffragans de Malines font : les évêchés d’Anvers
, Gand , Bois - le - Duc , Bruges, Ypres &
Ruremonde. Le nombre des eccléfiaftiques y eft
confidérable , & le clergé poffède de gros biens.
On fabrique dans, le Brabant de bons draps ,
des bas & autres marchandifes en laine, d’excel-
lens camelots , des tapis & des dentelles. Ces
manufactures & le commerce en général, ne font
plus dans l’état floriffant où ils étoient autrefois y
mais il paroît que d’ un autre côté la culture a
fait des progrès*
Psécis de l’hiftoire politique du duché de Brabant• .
Le duché de Brabant dépendoit autrefois de la
la monarchie des Francs, & les ducs de Brabant
en ont même occupé le trône. Dans la fuite ce
duché fit partie de la Baffe-Lorraine, & devint
un fief de l’Empire. Le dernier duc de Brabant,
de la race de Charlemagne , fut Otton , après h
■ mort duquel en 1005 > Ie , Brabant paffa à Lamr-
bert I , comte de Louvain , qui avoit époufé la
foeur & l’héritière d’Otton. Ses defcendans n’ont
pris, comme lu i, pendant quelque tems,. que le
titre de comtes de Brabant, L,e duc Jean I , devint
aufli duc de Limbourg. Jeanne, fille & héritière
1 du duc Jean I I I , tranfmit le Brabant à Antoine
de Bourgogne , fils de Philippe-le-Hardi, duc de
Bourgogne} & petit-fils de Marguerite, fa foeur.
Antoine eut pour-fucceffeurs fes deux fils, Jean IV
& Philippe I } ce dernier étant mort fans enfant en
1430 , le. Brabant paffa au duc de Bourgogne ,
Philippe I I , furnommé le Bon. Son fils * Charles-
le-Hardi, eut pour héritière Marie, fa fille unique
, laquelle fe maria à Maximilien , archiduc
d*Autriche,après lequel le .duché de Brabant paffa 2
fon petit- fils, l’empereur CharlesV} & après celui-ci
il paffa , ainfi que tous les Pays Bas, à Philippe I I ,
■ roi d’Efpàgne. Les Provinces-Unies s’emparèrent
au dix-feptièmé fiécle de là partie feptentrîonale
du duché de Brabant, & elle leur fut affurée par
la paix de Weftphalie. L’ archiduc Charles, devenu
enfuite empereur, fous le nom de Charles V I , fe
rendit maître en 1706, après la bataille de Ramifies
de la partie du Brabant, que la maifon d’Autriche
pofféde encore* aujourd’hui.
La Chancellerie du Brabant fiège à Bruxelles ,
ainfi que le Confeil d’Etat , le Confeil privé, la
Chambre des Domaines & des. Finances , fa
Chambre des Comptes, & la Cour féodale du
Brabant.
De la ville & du quartier d’Anvers.
’ La ville d’Anvers avec fon dillricl eft appelîe'e
lé marqùïfat du Paint Empire. L ’origine de ce
màrquifat eft obfcure, Ce titre fut prjs par Godep
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froi de Bouillon. Le marquifat paffant au duc de
Brabant, n’en fut pas moins regardé comme une
des 17 Provinces-Unies. Il eft aujourd’hui réuni
au duché de Brabant*
De la feigneurie de Malines.
Durant le fègne des rois Francs , 1a feigneurie
de Malines étoit adminiftrée par des comtes.
Charles-le.-Simple en fit. don en 913 à l’églife de
Liege } 1 tquelle dans la fuite en accorda l’avoca-
tie à titre de fief à la famille de Berthold, feigneur
de Grimberg. Mais ayant vendu en 1353 fes droits
fur la ville & les villagesqui en dépendent, à Louis,
comte de Flandre} celui-ci acquit l’avocatie, à titre
d’achat de Rainald, comte de Gueldres , qui étoit
marié à Sophie, de la famille de Berthold. En
15 4 b , Louis abandonna poiir une fomme d’argent
toute la feigneurie de Malines, à Jean I I I , duc de
Brabant. Cette feigneurie paffa en 1369, par mariage
à PhiiippeTe-Hardi, duc deBo rgcrgne.Dans
la fuite elle fut comprife parmi lies 17 Provinces-
Unies } mais on la confidère aujourd’hui comme
une partie du Brabant, dans le centre duquel,
elle eft fituée } cependant elle a * fes privilèges
particuliers.
On allure que les revenus publics des Pays-
Bas Autrichiens ont é té , en 1780, d e y ,536,929
florins argent courant de Brabant, ce qui fait environ
3,652,696 flores d’Allemagne, & que tel
fut le produit net du revenu, dédu&ion faite des
charges & frais. Mais comme depuis on a du y
comprendre' le produit du bureau de Saint.
Philippe, & celui de la porte de Brabant }
Comme d’ ailleurs le bénéfice de la loterie s’ eft
accru confidérablement , on peut évaluer le revenu
net des Pays-Bas , à huit millions & quelque
chofe de plus que cent mille florins » argent courant
de Brabant.
Cette évaluation paroît plus forte qu’on ne
î’avoit fuppofé dans les manifelles publiés parla
Cour de Berlin. ’■
S e c t i o n I I e.
Remarques fur Vhifoire politique, le Gouvernement,
& les privilège des Pays-Bas autrichiens.
On vient de voir que les dix - fept provinces
des Pays-Bas pafsèrent à la maifon d’Autriche,
par le mariage de Marie, fille de Charlesde-Té-
méraire , duc de Bourgogne , avec Maximilien ,
archiduc d’Autriche. A la mort de cette prince
ffe , il s’éleva dans ces Provinces des troubles
qui furent enfin appaifés fous Charles-Quint. Le
mécontentement toutefois n’a jamais été entièrement
détruit, Les flamands.étoient exceffivqment
jaloux de leurs anciennes libertés &: françhifes }
un foulevement jirefque général éclata fous Philippe
I I , roi d’Efpàgne, qui perdit les fept P10-
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vinces-Unîes, dont l’indépendance fut reconnue
à la paix de Weftphalie par toutes les puiffances
de fEuî-ope. Depuis cette époque les troubles
intérieurs,& extérieurs continuèrent prefque toujours
dans les auttes Provinces, qui relièrent fous
la domination autrichienne} il y eut fouvent des
conteftations très-vives entr’elles & le fouverain j
mais on parvint chaque fois à , les applanir, en
laiffant à ces Provinces la jouiffance de leurs anciens
privilèges.
Les Provinces belgiques ont chacune des
états particuliers, dont les prérogatives font de
donner leur confentement aux impofitions S: aux
fubfides demandés par le fouverain , & de veiller
à-! l’adminirtration de la juftice, fans que cependant
ils puiffent s’arroger à ce fujet aucune autorité
publique. Les états dü Brabant font compofés de
prélats, de nobles & de villes } les premiers au
nombre de 13. Autrefois toutes les Villes & même,
des bourgs ènvoyoiéht des députés aux affemblées $
mais depuis long-tems cet ufage n’a plus lieu ,
& les feules villes de Louvain, de Bruxelles &
d’Anvers ont confervé ce droit. Le choix des
députés dépend des magiftrats de chaque ville.
Lès décrets des états de Brabant ne peuvent être
faits que du confentement unanime des trois
claffes. Les affemblées ordinaires fe tiennent aux
- môis de février ou mars , & àiifx mois de feptem-
bre ou d oélobre } les affemblées extraordinaires,
chaque fois que le fervice du fouverain'ou le bien
public pàroiffent l’exiger. Les états, en général,
; ne peuvent s’affembler dans aucun cas , fans la
convocation préalable , faite par le fouverain.
Ceux de Brabant entretiennent cOnftamment une
députation à Bruxelles , qui eft compofée de deux
prélats & d’autant de nobles, que l’on renouvelle
tous les trois ans, du premier bourg-maître
& du penfîonnaire de Louvain , de Bruxelles
& d’Anvers. Les états de Limbourg, du Hai-
nault & de Namur ont à-peu près la même com-
pofition que ceux de Brabant. Le clergé n’a aucune
part au corps des états de Gueldre, & la
; nobleffe eft exclue de ceux de Flandre & de Tour-
nay. A Malines, le magiftrat forme lé corps des
états, Sc dans le diftriél de Maliilès , les états
font compofés des notables des paroiffes & des
villages.
Les principales libertés & prérogatives corr>
munes à toutes les Provinces belgiques , confif.
tent en ce qu’aucune impofition ne peut être aflife
fans le confentement des états} chacun doit être
jugé par fon juge compétent, auquel appartient
de tems immémorial l’adminiftration de la juftice :
perfonne ne peut être traduit devant un tribunal
hors du pays 3 les états prêtent au fouverain le
ferment de fidélité, & le fouverain s’engage par
un ferment à gouverner ces Provinces, comme il
convient à un feigneur bon Sc jufte, & à les*
maintenir dans leurs privilèges, uîages & côu