
On comptoit à’ cette époque dans " h province
d'entre Douro & Minho................ ............ ................
Paroijfes. Feux. Ames.
9<S*. 9.M 47- 430,372.
De Traz-os-Montes.. . ............................ ..................... S i 1- 44,508. 13 j ,808.
De Beira................. ....................... .. T-ÔQli, ■' 153,691. 550,85-6.
D Eftremadura .............................................. ................... 31Ô. - . Sa,959. . 290)800. , !
D'Alentèja. .............. ... . .... i s s - 1 ' 69,223. 265,225.
D'Algarvé................. .......................................... 67. ' 18,873. 63,688.
T o t a l ..................... ....................................... 3345- 459,801. 1,74^,807. .
Il paraît que ce dénombrement n’eft pas comp
le t , fur-tout par rapport aux feux & aux per*
ionnes, & que. le clergé, les moines.& les re-
ligieufes n'y* font pas compris. En évaluant 'le
nombre des gens.. d'églife à 300,000 le .total
des habitans du Portugal devroit être d’environ
deux millions , & il. y a lieu de, croire ^ que là
population n’a pas augmenté depuis . rcè. s.tenjps..
Les navigations fréquentes les diverfes cojomés
Sc la multitude des couvents, ont diminué ■ lé
nombre) des habitans..
La nôblefTé eft très-nombreufe, & en grande
partie du fang royal par les fils naturels de là mai
fon des rois.de Portugal. Autrefois elfe étoit pi us
confidérable qu'aujourd'hui, quoique.,;. félon l'ancienne
coutume de fournir à l'entretien de la
nobleflVfor le réfor royadydl fobfîfte 'encore un
fonds fur lequel le princé aflïgne des penficns aux
nobles pour- foutehir leur rang.
On diitingue lahau te nobîeffe Sc fa nobîeffe
inférieure.. La.haute , qiii eft titrée, eft compofée
des ducs, marquis , comtes , vicomtes & barons,
qui-font tous grands( du' pays , & divifes
comme ceux d'Efpagne en. trois claffes. t es fils
des ducs font auffi qualifiés de grands-, &' fés
filles ont le rang de marquifes. Le prieur de
Crato s-âffied & fe couvre comme les comtes.
Les gentilshommes de naiflance font plus confi-
dérés que ceu-x d'entre Les roturiers qui obtiennent
le titre de. câyallem fidalgo ,. fans être ennoblis.
La religion catholique romaine ; eft la feule tolérée
en Portugal : on connoît la. féyérité de
l ’inquifitioi> qui fut établie par lé roi Jean. I I I ,
qui s'exerce dans tous les pays, de la domination
portugais* à l'exception du Brefil. Elle a
quatre grands tribunaux > favoir > à Lisbonne y à
Coimbre ,. à Evora & à Goa dans les Indes orientales
; ris font tous indëpendans, mais à quelques
égards fubordonnés au confeil foprêmg de l'in- i
quifition à Lisbonne. L e roi Jean -V a reftreint
le pouvoir de l’inquifition, en foumettant fes ar-
rets' à la revifion dii. p a r lem en t& en permettant
trttx aecafés de prendre un avocat pour leur dé-
feufe. Elle- ne doit plus connoître. que des blaf- \
phêmés, de la pédéraftie, de la polygamie, des
héréfies, de la magie y des aétes de, fuperftition
païenne'," & de ce qui concerne la cënverfiori
des juifs/Le roi Jofeph I a publié en 17J7 une
ordonnance encore plus falutaire. Depuis; cette
époque, perfonne ne peut être détenu plus de
quatre.jours dans les ptifôns de rinquifition , fi ce
n'eft de l'aveu du grand confeil royal après U
déclaration- du crime : il eft auffi interdit a»
fâint-office /fous'quelque prétexté que’ ce foit ^
dé condamner perfonne à-mort pourcaufqd’hé-
réfie & de judaïfine,-à moins que le procès criminel
n'ait été inftruit devant le grand confeil
royal ; que les preuves les plus authentiques n'aient
été produites, & la fentence de mort lignée de
la main du roi.. Les derniers auto-da-fé fe font
bornes en .effet à des.peines affliérives, & il n’ÿ
a. eu perfonne dé condamne au feu/
. On évalue à 500 le nombre des Couvens : mais
les legs Sc fondations piéufes ont été reftïeïnts
par plufieurs ordonnances,. Sc fur-tout par celle
de
Les évêchés font a. fa nomination du roi qui
tire un quart des revenus , employé pour l'ordinaire.
en;;pênfi6os. 'Le pape 'confirme les évêques >
St 'il faifoit, même dans ces derniers temps, publier
fés. bulles par-tout le royaume fans fa participation
du roi ; iî exerçoit par fés légats une
jurifdi&ion fur le clergé, à qui rHmpofe aufli
des taxes , Sc il nommoit à plufieurs petites prébendes
: mais le cabihet de Lisbonne paroît s'occuper
du foin, de diirt&iiier l'autorité du faint*
fiègél
S E. C T I O NT I I Ie.. j|
Des manufactures St du commerce du Portugalt
Le pays produit d*excellentes matières premières
> mais la ptys grande partie fe vend, à l'étranger
, dont on rachète, bien cherles. mêmes articles
manufaétuiés. C e que les portugais font en toile ,
en ouvrages de paille , en fruits confits, for-tout
en écorces d'oranges , en groffés étoffes ^« laine
& de foie „ eft bien peu de- chofe relativement
aux befoins. deJa nation. Il eft de L’intérêt dés
étrangers, Sc particulièrement des anglois, qu’il
s’étabüffe peu de manufactures en Portugal \ voyez *
de plus grands* détails fur cette matière dans la
feClion fixième.
Les portugais n'envoient point de vaifleaux
dans les ports de l'Europe ni au levant, mais ils
vont aux côtes d'Afrique •/ Sc for - tout à la
côte de Guinée. Ils y embarquent des nègrès
qu'ils conduifent au Brefil, & ils prennent un
peu d'ôf & d'ivo*:re; ils paflent auffi aux Indes
orientales où ils ont des colonies à G o a, Diu Sc
Macao : mais ce commerce , autrefois très-important,
eft: bien tombé, & c'.eft le Brefil qui
eft leur vrai tréfor : le commerce y eft interdit
aux étrangers-; les portugais y font la contrebande
avec les efpagnols ; ils y échangent d e l’or
contreî l'aigerit-, ce :qui prive les deux rois du
quint qui leurreviént fur cet objet.' Nous avons
donné ailleurs une-évaluation, for la. quantité d'or
qui fe tranfporte du Brefil à Lisbonne. La flotte
qui fait ce trajet-chaque année:, y emploie fept
ou huit mois., & elle eft efeertée par quelques
vaifleaux de igueire.qut vont à fa rencontre ; les
vaifleaux marchands qui reviennent des Indes orient-
taies & des côtes .d'Afrique fo joignent à cette
flotte. .
S e c t i o n I V e*
Remarques fur , le$_ êtahUjfemçns, que les portugais
' ont confervé en Afie , en Afrique & en Amérique.
‘
Avant de dire quels étabîifîemens les portugais
ont confervés' ëri Afie , nous allons faire quelques
remarques, générales.
Lo'rfque les Portugais eurent établi en Afie ,
une pjuiflançe qui eç l âi raétonna l’Europe , iü
lie tardèrent pas à fè 'faire détefter, & ils virent
fe former une .confédération pour les ehafler de
TOrient. Toutes les grandes puiflances de l'Inde
entrèrent dans cette ligue , & pendant trois ou
quatre! ans firentjCn fecret,des préparatifs. La cour
deLisbonne en fut informée ^ Lé r-oiSê bafii en fit partir
pour l'Inde Ataïde, & tous fes portugais- qui
s'etoient diftingué's dans les ‘guerres de l'Europè.
A ■ leursarrivée, l'opinion générale étoit qu'il
falloir abandonner les pofleffipns éloignées, &
raflembler fes fofees dans fe Malabar Sc aux environs
de Goa. Quoique Ataïde penfât qu'on
»voit fait trop d’établiflemens’, if ne consentit
pas à les facrifier. Compagnons, dit-il, je veux tout
conferver ,* & 'tant que je vivrai, les ennemis nè.gagneront
pas Un poucè de terrein. Auflî-tôt il expédia
des fècôurs pour toutes les places menacées ,
Sz fie les difpofitions neceflaires à la défenfe de
Goa.
Le Zamorîri attaqua Mangalor, Gochin, Ca-
mnor. Le roi de Cambaie attaqua Chaul , Daman
> Bançaim. Le roi d'Achem fit le fiège de
Malaca. Le roi de Ternate fit la guerre dans les
Moluques. Agalachem, tributaire du Mogol, fit
arrêter tous les portugais qui négocioier.t à Surate.
La reine de Garcopa tenta de les ehafler
d'Onor.
Ataïde, au milieu des foins Sc des embarras
du fiège de G o a , envoya cinq va;fléaux à Surate
: ifs firent relâcher les portugais détenus par
Agalachem. Treize bâtimens partirent pour Malaca
: le roi d'Achem Sc fes alliés levèrent le fiège
de cette place. Ataïde voulut même faire appareiller
les navires qui portoient tous les ans à Lisbonne
quelques tributs, ou dès^marcharmifes. On
lui repréfenta , qu'au lieu de Te priver du fecour«
des hOmmes qui monteroient cette flotte , iî fal-
Ioit les garder pour fa défenfe de l'Inde. Nous y
fufrons , dit Ataïd e; l'état eft dans le befoin,
i l ne faut pas tromper fon efpémnce. Cette rc-
ponfe étonna , & la flotte partit. Dans le temps'
que la capitale fe voyoit le plus vivement preflee
par Idalcan, Ataïde envoya des troupes au fe-
cours de Cochin, & des vaifleaux à.Ceylan.
L'archevêque , dont l'autorité étoit fans bornes,
voulut Sy oppofer. Monfeur, lui dit A taïd e ,
vous n 'entendeç rien a nos affaires -, bornez-vous d
lès recommander a Dieu. Les portugais , arrivés
d'Europe , firent au fiège de Goa des prodiges de
valeur. Ataïde eut fouvent de la peine à les empêcher
de prodiguer inutilement leur vie. l'iu-
fieurs,. malgré fes défenfes,, fortoient en fecret
la nuit, pour aller attaquer lés afliégeans dans
leurs lignes.
Le vîcë-ïoî ne comptôit pas fi abfolument fur
la force de fés armes, qu'il ne crût devoir employer
la politique. Il fut inftruit qu'Idalcan étoit
gouverné par une de fes maîtrefles, qu'il avoit
amenée à fon camp. Cette femme fe laiffa corrompre,
Sc lui vendit les fecrets de fon amant-,
ïdaîcan s’apperçüt de la rrahifon , mais iî ne put
découvrir le traître. Enfin , après dix mois de
combats Sc de travaux, ce prince, qui voyait fes
tentes ruinées, fes troupes diminuées, fes élé-
phans tués, fa cavalerie hors d’état de fervrr*
vaincu par lé .génie d'Ataide, leva le fiège, Sc
fe retira la honte & le défefpoir dans le coeur.
' Ataïde vola fur-lé-champ au fecours de C haul,
afliégée par Nizamaluc, roi de Cambaie , qui
aVoit plus de cent mille hommes. La défenfe
de Chaul avoit été auffi intrépide que celle de
Goa. Elle fut fuivie d'une grande victoire, qu’A-
tâïde, à la tête d'une poignée de portugais ,
réniporta for une armée nombreufe & aguerrie
par un long fiège.
Telle fut la fin défaftreufe d'ime confpnrarron
ourdie avec beaucoup de concert, d'art & de
fecret contre les portugars.
Les portugais redevenofent dans tout l'Orient
ce qu'ils étoient auprès d'Ataïde. Un feut vaif-
feau , commandé pat Lopés-Carafco, fe battit