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une jurifdiéüon extérieure, on appliqua ihfenfî- |
Elément le nom de droit & même celui de loi aux
canons, qu'on n’avoit d'abord appelles que règles
ou rêglemens eccléfiaflïques. On s'accoutuma peu à
peu à dire le droit canonique, les loix canoniques ,
comme on a toujours dit le droit civil , les loix
civiles.
Les eccléfiaftiques n'ont ni territoire, ni jurif-
didtion, ni aucune portion d'empire pure ou mixte,
telle qu'eft la jurifdidfcion. De là vient, ce qu'ob-
fervent les auteurs, que dans les loix des premiers
empereurs chrétiens-, le titre qui traite des
jugemens eccléfiaftiques eft intitulé , non de la
jurifdiâiion épifcopale, mais de \‘ audience épifcopale,'
du jugement épifcopal ; expreflion dont le fens diffère
beaucoup de celui du terme propre de ju r if
diction dans le droit romain. De là vient la différence
des titres des conllitutions des premiers empereurs
romains.
L'un des plus grands jurifconfultes de l'Europe
( Cujas ) , dit affirmativement .que les évêques
n'ont ni jurifdidtion , ni rien de ce qui appartient
à la jurildiétion.
L'hiftorien de l'Eglifè , cet écrivain célèbre,
dont le nom feul eft un éloge, employant dans Ton
inftitution au droit canonique, le terme de ju r if
diction fuivant l'ufage 'reçu , explique les mêmes
principes qu'on vient de pofer. « Il faut revenir,
« dit-il, à la diftinétion de la ju r if diction propre & '
H effentielle à l'Eglife, & de celle qui lui eft étran-
» gère. L'Eglife a par elle-même le droit de dé-
« cider toutes les queftions de doctrine, foit fur
» la fo i , foit fur la règle des moeurs. Elle a droit
*> d'établir des canons ou règles de difcipline pour
s* fa conduite intérieure, d'en difpenfe» en quel-
« ques ocçafions particulières, & de les abroger
» quand le bien de la religion le demande. Elle a
» droit d'établir des pafteurs & des miniftres, pour
» continuer l'oeuvre de Dieu jufqti'à la fin des
» fiècles, & pour exercer cette jurifdiction ,• elle
=» peut les deftituer s'il eft néceffaire. Elle a le
» droit de corriger tous fes enfans , leur impofant *
J U S
| »> des peines falutaires, foit pour les péchés fecrets
p qu'ils conieffent, foit pour les péchés publics
” dont ils font convaincus. Enfin, l'Eglife adroit
M de retrancher de fon corps les membres corrom-
M pus j c'eft-à-dire les pécheurs incorrigibles, qui
” pourroient corrompre les autres. Voilà les droits
M effentiels à l'Eglife., dont elle a ;oui fous les em-
99 pereurs payens ; & qui ne peuvent lui être ôtés
par aucune puiffance humaine.. . Tous les autres
99 pouvoirs dont les eccléfîaftiques ont été en pof-
» feffjon & le font encore en quelques lieux , ne
99 laiffent pas de leur être légitimement acquis par
99 la conceflion expreffe ou tacite des fouverains ,
93 & l'Eglife a autant de raifon de conferverffes
99 droits que fes autres biens temporels >9.
JU S T IN G E N , feigneurie d'Allemagne dans le
cercle de Suabe 5 elle eft prefque entièrement enclavée
dans les bailliages de Blanbeuren, Munfin-
gen & Steusflingen , du duché de Wurtemberg.
C'étoit le patrimoine des anciens feigneurs de
Jufiingen} dont il eft déjà fait mention dans des
titres du douzième fiècle. Au feizieme fiècle elle
paffa à l'ancienne mai fon de Freyberg, & nommément
à la branche d'Apfingen. Cette famille étoit
furchargée de dettes 5 un de fes créanciers, connu
fous le nom de colonel Keller, prit pofldfion de
la feigneurie de Jufiingen durant la guerre de trente
ans. Enfin , Jean-Chriftophe de Freyberg, de la
branche d'Eifenberg , qui fut d'abord prévôt
d’Ellwangen, & enfuite évêque d'Augsbourg , la
dégagea, & l’abandonna à fon frère Ferdinand-
Chriftophe de Freyberg, dont les defcendans la
vendirent au diic de Wurtemberg en 17 5 1 , pour
la fomme de 300,000 florins. Elle donne à fon
titulaire voix & féance à la diète de l'Empire fur
le banc des comtes de Suabe., ainfi qu'aux affem-
blées du cercle. Son contingent eft de cinq fan-
taflins ou vingt florins par mois, & fa contribution
pour l’entretien de la chambre impériale, eft fixée
à i j rixdales onze & demi kr. par terme. Elle eft
fous l'adminiftration du baillif ducal établi à Steuf-
flingen. Ses habitans profeffent la religion catholique.
Voyez l'article W u r t e m b e r g .
K
K a m t c h a t k a , péninfule 'qui fe trotfve à
l'extrémité orientale du continent de l'A f ie . &
qui appartient aux ruffes. Cette péninfule fe pro-
longe à-peu-près au nord & au fud depuis le
jufqu'au 61e degré de latitude. On évalue à 236
milles fa plus grande largeur, qui eft entre l'embouchure
de la rivière Tigil & celle de la Kamtchatka.
De-là elle fe rétrécit peu-à-peu vers chacune
des extrémités.
On y diftingue aujourd'hui trois fortes d'habi-
tans, les naturels du pays , les ruffes & les cofa-
ques, & les individus qu'a produit le mélange de
ces trois races.
M. Stfller qui y a réfidé quelque temps , & qui
femble avoir étudié avec beaucoup de foin l'o rigine
des kamtchadales, croit qu’ils habitent cette
péninfule depuis un grand nombre de fiècles , & i
qu'ils defcendent originairement des mungaies,
& non pas des tartares tungufes, comme quelques
auteurs l’ont d it , ou des japonois, ainfi que
d'autres l'ont imaginé.
Les ruffes ayant étendu leurs conquêtes & établi
des polies & des colonies , le long de la vafte
côte de la mer Glaciale , depuis le Jeniffei julqu'à
l'Anadir , leurs commiffaires allèrent reconnoître
& fubjuguer les pays fitués plus loin à l'eft. Ils
ne tardèrent pas à arriver parmi les hordes errantes
des koriaques, qui habitent la côte feptentrio-
nale & la côte nord-eft delà mer d'Okotsk, &
ils les affujettirent fans peine à des tributs. Les
koriaques fe trouvoient lès voifins immédiats des
kamtchadales , avec lefquels ils faifoient une forte
de commerce 5 ils acquirent cette connoiffance
.vers le milieu du dix-feptième fiècle , & à la fin
.du même fiècle les ruffes commencèrent leurs premiers
établiffemens au Kamtchatka.
C et établiffement fut troublé par la révojte des
cofaques qu'on y avoit laîffé, 8< par la haine des
naturels du pays 5 & depuis 1706 jufqu'à 1731 ,
époque de la grande rébellion des kamtchadales,
on v it , d'une extrémité de la péninfule à l’autre,
une fuite de maffacres, de révoltés & de rixes
cruelles & fanguinaires.
Il fallut détruire un grand nombre d’habîtans
pour étouffer la rébellion de 1731. Un petit nombre
de ruffes périrent en 1740 dans une émeute
qui n’eut pas d'autre fuite 5 exceptée l'infur-
reéfcion arrivée eh iy'ye à Bolcheretsk, la colonie
a été tranquille depuis-cette époque.
Læpetite-vérole y fut apportée en 1767 par un
foldat, & elle enleva vingt mille habitans : il pa-
roît qu'oh n'y compte pas aujourd'hui plus de
trois mille tributaires, & qu'en moins d'un demi-
fiècle la race des indigènes fera anéantie.
La Ruffie y entretient quatre ou cinq cens fol-
dats ruffes ou cofaques. L'adminiftration eft très-
douce & très-modérée pour une adminiftration militaire
: on permet aux naturels du pays de choi-
fir leurs magiftrats parmi eux ; ces magiftrats ont
toute l'autorité dont ils jouiffoient avant la con-
| quête. L ’un d'eux préfide à chaque oftrog : il eft
l'arbitre des différends : il impofe des amendes,
il inflige des peines ; mais il renvoie au gouverneur
la connoiffance des délits compliqués & atroces
qu'il ne veut pas juger lui-même.
Le. tribut qu'exige la Ruffie, ne paroît être
qu'une reconnoiffance de la fouveraineté de la cza-
rine ; c ’eft en quelques diftriéts une peau de renard
, en d'autres une zibeline , & aux ifles Kouriles
, dont quelques-unes dépendent du Kamtchatka,
une loutre du men
L e commerce d'exportation eft borné à des fourrures
, & il fe fait fur-tout par une compagnie
de négocians que l'impératrice a&uelle a établie.
Les articles d'importation arrivent en grande
quantité' de l'Europe ; mais ils ne fe bornent pas
aux ouvrages des manufactures, ou aux productions
de la Ruffie 5 il’yen a qui viennent d'Angleterre,
de Hollande , de la Sibérie, de la Buchariè , du
pays des calmouques & de la Chine.
Toutes les fourrures qu'on exporte du Kamtchatka
parla mer d'Okotsk, payent dix pour cent
à la douane, &r le droit fur les zibelines eft de
douze. Les raarchandifes, de quelque efpèce qu'elles
foient, exportées d'Okotsk , ■ acquittent à la
douane un droit d'une demi-rouble par poude.
Les droits fur les exportations & les importations
font évalués annuellement à dix mille roubles.
Si le leéteur defire de plus grands détails fur la
Colonie du Kamtchatka , fur fon ’commerce & fon
rapp o rt, il peut confulter le troifième voyag e de
C o o k . -Voye^ auffi l'article R u s s ie .
K A R IK A L . Voyei P o n d ic h é r y .
K A T Z E N E LN B O G E N . Voye^ R h in f e l s -
H esse ou H e s s e -Rh in f e l s .
. K AU F F B EU R EN , ville impériale d’Allemagne
au cercle de Suabe : fon territoire eft fitué
dans l'Algau fur la rivière de Werthac, dans la
vallée qui en prend fon nom, entre l'évêché
d'Augsbourg & les abbayes deKempren & d’Yrfée.
En 13.36 elle fe nommoit encore Buren ou Burun.
La bourgeoifie eft partie luthérienne, partie catholique
, & le magiftrat eft compofé de douze