
époque les comtes d'Altena prirent le nom de comtes de la Mark. Adolphe V , comte de la Mark,
Fut auffi comte de Cleves. Nous avons donné à
l'article C l e v e s , la fuite de l ’hiftoire du
comte de la Mark , & indiqué de quelle manière
il palfa a la maifon de Brandebourg. En 1 7 5 7 ,
il tut fous la domination françoife.
Sa taxe matriculaire eft comprife dans celle de
Cleves. Nous avons auffi rendu compte à rarticle
de ce duché, de ce qui concerne les tribunaux
de juftice de la-Mark, Au commencement
de 176 7, il fut établi dans ce comté une chambre
particulière pour la guerre & le domaine à
Ham.
Le roi de Prufie Frédéric II établit en 1753 ,
pour l'adminïftration de la juftice, fix tribunaux
provinciaux, lefquels ont leur liège à Hamm,
Unna, Altena, Liidenfcheid, Haguen & Boc-
kum} ils font compofés d'un jugé provincial ,
d'aflefleurs & d’un greffier. Les juftices royales
de Schwjelm & de Plettenberg, ainlï que les
jurifdiCtions nobles, ont confervé leur ancien régime.
Pour ce qui regarde la police , on divifa
auffi le comté en quatre cercles, qui font ceux de
Hamm, d'Altena , de Hærd & de Wottcr, dont
chacun eft adminiltré par un ju g e , un greffier &
un huiffier aux frais du cercle.
Le terrein du comté eft divifé en deux parties
i favoir, le pays méridional, ou , dans le
langage du pays, le Saverlànd & le Hellweg. La
première comprend tout ce qui eft au fud de la
R uhr , & la fécondé tout ce qui eft au nord de
eette rivière.
Voye^ les articles C l e v e s , B r a n d e b o u r g ,
P r u s s e .
MAROC,empire d'Afrique : il alété auffi fouvent
auffi cruellement bouleverfé que le refte de l'Afrique
feptentrionale ; mais il n'a pas fubi le joug des turcs.
Celles même de fes provinces qui en avoient été
démembrées , fous le nom de royaumes de F e r ,
de Suç & de Tafilet, ont été fucceffivement réunies
au tronc de l'empire. Un feul defpote gouverne
aujourd'hui cette immenfe contrée, félon
fes caprices prefque toujours extravagans ou fan-
guinaires.
Un homme qui a pafle quatorze ans à Maroc,
revêtu d'un caractère public, dit que le defpo-
tifme du grand-feigneur n'eft rien en comparai-
fon de celui de l’empereur de Marge j que ce dernier
n’a d’autre règle que fon caprice & fa fan-
raifie qui changent à chaque moment j que fi on lui
d it , votre majefté avoit ordonné cela h ie r , il -
répond : eh bien j’ ai changé d’avis, j’ordonne
cela aujourd’hui j & me prends-tu pour un chien
de chrétien , en fuppofant qne je dois être aflii-
jetti à un fyftême fuivi & à des règles fixes?
C e defpotifme eft fi terrible que l’empereur
n’a poirt de miniftrès ; il n’a que des fecrètaires,
dont il change à chaque moment, Aujourd’hui
c*eft un ju if, demain un grec, & le lendemain
un mufulman.
La ville de Maroc qui pourroit contenir 309
mille habitans, eft réduite à’quinze mille. L'autorité
deftruCrive qu'on a laiffé ufurper à l’empereur,
fe perpétue fans d'autres troupes régulières qu'une
foible garde de timides nègres. C'eft avec ceux'
de fes efclaves qu’il lui plaît d’appeller dans l'oc-
cafîon fous le drapeau, qu'il fait uniquement la
guerre. Ses forces maritimes ne font guère plus
impofantes. Elles fe réduifent à trois frégates ,
deux demi-galères , trois chebecks & quinze, ga-
liotes. La piraterie a été jufqu’ici leur occupation
unique. On croiroit que ce brigandage va finir,
s'il étoit raifonnable de cdmpter fur la foi d’un
tyran , ou d’efpérer que fes fuccefleurs prendront
enfin quelques fentimens humains. Dans une région
ruinée fans cefle par des vexations ou des
maflacres, le revenu public doit être peu de chofe.
Cependant les dépenfes font encore moindres.
C e qu'on peut épargner va groffir un tré-
for immenfe , très-anciennement formé des dépouilles
de TEfpagne , & toujours accru, par une
longue fuite de fouverains plus ou moins cruels,
qui comptoient l’or pour tout , & pour rien le
bonheur des peuples.
Cette ardente foif des richefies eft defeendue
du trône aux conditions privées. Il part tous les
ans de la ville de Maroc avant que fes fouverains
lui euflent préféré Mekinez | une caravane qui
va chercher de l’or dans la haute-Guinée. Avant
d’y arriver , elle doit avoir parcouru un efpace
de cinq cents lieues : deux cents dans l'empire
même, deux cents dans le défert de Sahara, &
cent après en être fortie. Au milieu de ce défert
, où il n'y a que des fables ftériles & accumulés,
où l’on ne peut faire route que la nuit ,
où la marche eft nécefîairement très-lente , où il
faut fe conduire par la bouflole & par le cours
des aftres comme fur l'O cé an , la nature a placé
un canton moins fauvage, abondant en fources
& en mines de fel. On charge les chameaux de
ce foffile fi néceflaire, & il eft porté àTombut,
où l’on reçoit de l ’or en échange.
C e précieux métal, arrivé à Maroc, n’y circule
que très-rarement. Il y eft enterré, comme
dans tous les gouvernemens où les fortunes ne
font pas allurées. C ’eft encore la deftinée de
l’argent que les européens introduifent dans l'empire
parles neuf rades qui leur font ouvertes.
La plus voifine de l’ état d'Alger eft Tétuan.
Elle eft fû re , à moins que les vents d’eft ne
fouffient avec violence , ce qui arrive rarement#
La rivière de Bousfega qui s’y jette, fert d'afyle
durant l ’hiver à quelques corfaires. La garnifon
de Gibraltar y faifoit autrefois acheter les bef-
tiaux , les fruits & les légumes néceftaires pour
fa confommation : mais cette liaifon eft tombée,
depuis que le fouverain du pays a voulu que le
çonful de la Grande-Bretagne ajlât réfider à Tanger.
Cewe
Cette v ille , conquife en 1471 par le Portugal
, fut donnée en 1662 aux anglois, qui l’abandonnèrent
après vingt-deux ans de poffeffion. En
fe retirant, ils firent fauter un môle qu'ils avoient
conrtruit, & qui mettoit en fûreté les plus grands
vaififeaux. Les ruines de ce bel ouvrage ont rendu
l'approche de la baie très-difficile. Auffi ne
feroit-elle d'aucune importance, fi l'embouchure
d'une rivière qu'on y voit au fond, ne fervoit
de refuge à la plupart des galiotes de l’empire.
Tangejr a remplacé Tetuan pour l'approvifionnë“
ment de Gibraltar. La communication de ces
deux villes maures eft interceptée par la forte-
refie de Ceuta., qui n’eft fépàrée de l’Efpagne, à
qui elle appartient, que par un détroit de cinq
lieues.
L ’Arrache eft Iè débouché naturel d’Afgar ,
une des plus grandes & des plus- fertiles provinces
de l'empiré. C e t avantage, une pofition heu-
reufe & la bonté de fon port doivent lui donner
Un peu plus t ô t , un peu plus tard, quelque activité.
Actuellement, elle n'eft habitée que par
des foldats. Depuis l’expédition qu'y tentèrent
les fraqçois en 176$ , on a rétabli les fortifications
élevées par les efpagnols lorfqu'ils étoient
les maîtres de la placei
Salé é to it, il n'y a pas long-temps, une ré-;
publique prefque indépendante, fous un chef
qu'elle fe donnoit. Sa fituation, au milieu des
pays fournis à Maroc , la mettoit à portée de raf-
fembler beaucoup de denrées. Ses habitans étoient
à la fois marchands & Côrfaires. Ils ont à-peu-
près cefle d'exercer l’une & l'autre de fes pro-
feffions , après avoir été fubjugués & dépouillés
de leurs richefies par le monarque aChiel, dans
le temps que fon père occupoit le trône. Un banc
de fable, qui paroît augmenter continuellement,
ne permet l'entrée de la rivière qu'aux bâtimens
qui ne tirent pas au-delà de fix ou fept pieds d'eau :
mais la rade eft fûre depuis la fin d'avril jufqu'à
la fin de feptembre.
Muley-Muhammet vouloit élever une ville de
commerce dans la 'prefqu’ ifle de Fedale , & la
plupart des édifices étoient commencés. Une rade
qui eft fûre dans toutes les faifons , quoique la
mer y foit conftamment agitée; lui avoit donné
l'idée de cette création- Il y a renoncé, lorf-
qu’on lui a fait comprendre que ce feroit une dé-
penfe perdue fur une côte prefque par-tout ac-
ceffible.
En 1769 , les portugais abandonnèrent Ma-
zagan, après en avoir ruiné tous les ouvrages. La
place eft prefque déferte depuis cette époque. Sa
rade eft commode en été pour les petits bâtimens
: mais*les vaiffeaux de guerre , même dans
cette faifen , font obligés1 de fe tenir au large.
Safy a une rade vafte & très-fûre une partie de
l'année j mais en hiver , trop expofée à la violence
des vents du fud-fud-oueft. Sa pofition , au
milieu d'une province abondante , riche & peU-
polit. & diplomatique. Torn. 111*
plée i avoit rendu cette grande ville le marché
prefque général des productions de l’empire. Elle
s'eft vue naguère dépouillée de cet avantage par
Mogador, bâti à la pointe la plus occidentale de
l'Afrique.
Le port de ce nouvel entrepôt n'eft qu'un canal
formé par une ifle éloignée de la terre de cinq
çènts toifes. On y entre, on en fort par tous les
vents j mais il n'eft pas affez profond pour recevoir
de gros navires, & l'ancrage n'y eft pas fur
dans les mauvais temps. Les courans font fi rapides
, qu'il eft impoffible aux vaiffeaux de guerre
de mouiller fur la côte. Quoique le territoire qui
environne cette place, foit peu fufeeptibie de culture
, le caprice du defpote qui gouverne encore
le pays, en a fait le marché le plus important de-
fes< états, plus confidérable même que tous les
autres enfemble.
Sainte-Croix , fîtuée dans le royaume de Sus s
au trentième degré de latitude , eft la dernière
place maritime de l’empire. Sa rade eft commode
& très fûre, même pour les vaiffeaux de ligne ,
mais durant l'été feulement.. C e fut autrefois un
affez grand marché , où les navigateurs trouvoienc
réunies les productions d'une vafte contrée affez
cultivée, & où tout l'or que Tamdant tire de
Tombut étoit apporté. La ville fortit des mains
des portugais, pour repafler fous la domination
des maures , fans perdre entièrement fon impôt-»
tance. Un tremblement de terre , qui enrdétruifit
une partie en 17 3 1 , lui fut plus funefte que cette
révolution. Elle fe feroit peut être relevée de cette
calamité, f i ; dans un accès de colère, dont on
ignore le principe , Muley-Muhammet n'en eût.
chaffé , quelques années après , les habitans , .
pour leur fubftituèr une colonie de nègres.
Maroc ne reçoit que peu de bâtimens européens.
Ses ports font fermés à plufieurs nations i & l’A ngleterre,
la Hollande, laT o fcan e , qui ont des
traités'avec cette puiflance, n’ en profitent guère.
Pour donner quelque vigueur à ce commerce ,
trop négligé peut-être, il fut formé en 175 ƒ , à
Copenhague, un fonds de 1,523,958 1.6 f. 8 d.
divifé en ceiit aérions de 2,647 îfld 18 f. 4 den.
chacune. Cette affociation devoit continuer quarante
ans î mais-; quelle qu’en foit la raifon , elle
n’ a pas remplflà moitié de fa carrière. Quoique
les liaifons de la France avec cet empire ne remontent
pas au-delà de 176 7, les opérations de
cette couronne font de beaucoup les plus importantes
î & cependant fes ventes annuelles ne paf.
fent pas quatre cent mille francs, ni fes achats
douze cents mille.
Tout ce qui entre dans les états de Maro c ,
tout ce qui en fort paye dix pour cent. Chaque
navire doit livrer encore cinq cents livres de
poudré & dix boulets’ du calibre de dix à douze ,
I ou 577 liv. 10 fols en argent. Les monnoies d'Ef-
pagüe font celles dont l'ufage eft le plus général ;
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