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gendre Sç é v o q u e r toutes les détêrrninatians,'fahs
que les meiifore.s pffiffent, en aucune manière s
soppoler à l'exécution de fes volontés, n'ayant
d'autre privilège que celui de proteller contre les
meffires adoptées par lui le droit deifaireen-
trqr leuç. protêt. ;dans> les oegiikes du Confeil.;
Le cinquième che f porte fur la promotion
desoffisfers-, à.-tqttrde rôle j!de forte1 qu’il ne fera
çlpspoifible d'envoyer, d'Anglererüe-desîgens q ui,
a,leur arrivée: dans l'Inde.j pallènt fur; la tête
d officiers de mérite, qui ont fervi avec honneur
& fidélité,
, . La .dixième. ..claufe .altère, conlîdérablement
les difpofïti'ons ^ du premier b ill, par lesquelles
les officiers employés'de la compagnie ,
ieyenant.de l'Inde , étoient obligés : dedéclarcr
le rnoptane, de leur fortune,. & de (Spécifier
les. moyens-.par lefquels ils ,1'avoient annul-
lée.} on abolit à quelques égards le principe de la
publicité, de cet examen. «
î - Septièmement & en. dernier lieu ,■ ii change
la baloter. pour procéder au- •Ichoiï’-' des membres
du. .-parlement , qui doivent- eomjtofer
la çonr, Suprême ide l'Inde , taflt de la chambre
des pairs -que d e > celle des communes.
Remarques far l'ade qu'on vient déliré', i Les
lîx commiffaires nommés par le ro i, feront utiles
; on ne peut en douter : ils dirigeront , -iis
fur,veil!erôiit;les direéfceurs , & ils porterdftt'dàhs
l'adminiftration les vues politiques & le Véritable
efprit du gouvernement, qu'on ne pouvoir attendre
de l'ancien régime.
i* . Ces fix commiffaires avanceront L'époque
où la nation enlevera les poffeffions territoriales à
la compagnie, Se ils prépareront les efprîts à cette
révolution qui exciterait des murmures, fi elle
avoit lieu tout de fuite.
a ' i°- L'article 19 j qui annonce la modération de
l’Angleterre avec une franchise fi lüfpeéèéy pa-
roît défendre au gouverneur général & àii çôftfeil
de Calcutta de commencer la guerre avêé'auèune
puiffance de l'Inde, fans en avoir reçu l'ordre
exprès de l’Europe-; mais la fin de cet article rend
cette défenfe bien illufoire, & le commencement
paroit .n’avoir été imaginé que pour Séduire "fés-
autres nations de l'Europe, & , tromper les peuples
de ITnde.
; 4 / L ’a â e emploie la'même Supercherie dans
l'article 37. Pour exciter l'émulation parmi les
employés de la compagnie , il paraît ÿrdonner
que les promotions fe feront félon le'rang d'ancienneté
; mais cette difpofition générale devient
illufoire par les exceptions qu'on'y met.
‘ 1° - Il eft impoffible de faire exécuter l'art.’ 40 ,
qui défend-de recevoir des prérens.’
6°. L'article yo." qui ordonne aux employés de
la compagnie, dé déclarer par ferment ce qu'ils
rapportent de l’Inde, ne fera que dey-parjures. !
7°--On ne peutrefufet des éloges à la é le q u ’gn '
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vient de lire j mais on doit le regarder plutês
comme un de ees réglemens nfités dans les dit
vertus adminillrations, q u i, dans les réformes, fé
bornent à des détails, au lieu de réformer B r *
femble & le fond. Sans doute , l'Inde fera mieux
gouvernée par-lè nouveau confeil que par les di-
reéieurs; mais l'afte n’a pas détruit les vices ef-
fentiels Se inhérens au gouvernement de la compagnie
, ainfi que nous allonsleprôuvér. '
Le fyftemé du gouvernement de la compagnie
hollandoife eft barbare & d.eftruélif : on fait que ,
pour s approprier le commerce ’exclufif des épiceries
, elle fjit-arracher. les plants de celles, des
Moluqùes où-elle n'a pbrnt d’établiffemensj qu'elle
fe -permet 'de’s cruautés'& dés violences pour ar-
rêter la' population 'dè ces ifles. .
- La compagnie angloife n'a pas encore eu le
temps d ’établir dans lé ' Bengale' uh fyftêmè suffi
parfaitement deftruélif.'Mais le plan de fon gouvernement
, malgré ce dernier àéle,, aura encore
la m^me tendance. Le chef ou' lb premier
cqfnmis ■ d'une 'factorerie â foüvènt ordonné à un
payttp deflàbbureT un riche‘ champ dé pavots',
‘ fetoer du; rte ou quelqii autre grain. Le
pté.tètté étoit de 'prévenir ûne' difette' ; mais là
véritable raifon^ ctoit pour vendre plus cher une
grande quantité d'opium qui lui refloit. Dans
d autres occafîons, quand le maître faéleur comp-
toh fur un profit' extraordinaire par le'déb.it de
l ôpiüm ; il fàifoit labourer uh champ'de riz où
d -futre grain , pour y mettre des payots. Les
fHvitem-s. dé laj compagnie ont.'tente! plus d'une
folà d établir en leur faveurle monbpoîede quel-
<#eS',t)tànchès" très - hnpbrtanteis, non - ’(çiité-
mènt du commerce étranger, mais du comm
è re ' intérieur du pays; Si, o n 'le s eût laiffé
faire, il étoit impoffible que dans un t.emps ou
dans un autre , H s n’euffent entrepris dé réduire
ta production: , d’ofit ifs auroiént fait le monopole ;
je ne dis pjs' à'1, la quantité qu'ils pouvoient en
acheter , ' triais à-ce lle qu'ils cbmptoiènt pouvoir
vendre avec le profit' qu'ils efpérôieni; gj
par ce riioyén, dans le cours d'un fiècle bu deux ,
la compagnie' angloife fetoit devenue aufli complet-
tement dellruCtîve que la compagnie hollandoife,.
Cè plan deftrhétif eft; pourtant ce qu’ il y à de
plù f contraire à ; l’ irttp'ret de, ces1; compagnies ,
enéifagées .comme Souveraines des :paÿs- qu'elles
ont qonqùis. Prefque par-tout le revenu du fou-
iterain vient'de celui du peuple ; & plus le peu-
pie a de rèvénü, plus, le .produit des terres &
du travail eft -grand, plus il peut payer au Souverain.
Mais fi tel eft l'intérêt de chaque Souverain
, c'éft -particulièrement celui du Souverain
dôn’t tout lé revenu réfulte prefque -entièrement
de ja rente des terres! 'Cettç rente eft toujours
t ftpPr<?.Porti?b’ <fe la quantité; & la yaleur du
produit, &, l ’ un & raù.tre dépend de l’ étendue
du marché, La, quantité répondra plus,ou moins
exactement à' la confominàtion dè 'Ceux qui -ont
% AD
f c quoi l'acheter 3 ;le prix qu’ils en donneront'
fera toujours eh proportion du nombre 1 Sc de
l’ardeur des concUrrens qui veulent en avoir. En
ce cas 3 il eft donc de l’intérêt du fouverarn d’oii-
vfir au produit de fon pays' le marché le plifs
étendu, d’accorder la plus parfaite liberté au
commerce 3 pour augmenter, autant qu’il eft pof-
fible 3 le nombre & la concurrence dés acheteurs y ;
& par cpnféquent d’abolir tout monopole ^ &
d'ôter toutes les entraves qui gênent le tranfport •
du produit domeftique 3 d’une partie du pays à !
l’autre & fon' exportation dans les,, pays pétran- !
gers j ou l’importation des marchahdifès de toute
effeèce contre lefquelles il peut être échangé.
Ç ’eft ainft qu’il doit naturellement augmenter la
quantité & la valeur de ce., produit 3 & .cqnfé-;
quemmqnt la part.qui lui en revient 3 ou fon
propre revenu.
’ Mais il paroît qu'e dds marchands ne-fotit pas
capables de fe regarder & d’agir cômme fouvé-
rains 3 lors même qu’ils; le font deyenus. Ils regardent
encore alors comme leur plus grande
affaire le commerce ou le foin d’acheter pour
revendre i & , par une étrange abfurdité , ils
considèrent le perfonnage ou le caradfère de fou-
verain- comme un fimple acceifoire à celui de
marchand} comme quelque chofe qui doit lui
être fubordonné, & qui dqit feryir à leur fairp
acheter dans l’Inde à meilleur marché^ & à-
vendre en Europe avec plus de profit. Ils tâchent 3
pour cet effet, d’écarter autant qu’ils peuvent
tous les compétiteurs du. marché des pays fournis
à leur gouvernement, & de réduire ainfï^au moins
quelque partie du Surabondant de ces mêmes pays
à-ce qu’ il faut précifément pour fournir ce qu ils
en demandent, ou, ce qu’ils efpèrent en vendre
en Europe avec le profit qu’ ils jugent raisonnable.
Leurs habitudes mercantilles les mènent ainfi pref-
qus nécefTairémenr, quoique peut-être infenfible-
ment, à préférer dans toutes les occafîons ordinaires
le petit gain paffager de monopoleur au
grand & ftable revenu de fouverain, & ,les con-
duiroient par degrés à traiter ; les pays fu jetS ià
leur domination comme les Hoilandois traitent
les Moluques.
si Mais fi le génie de cette efpèce de gouvernement
eft vicieux en ce qui concerne fa direction
, même en Europe, celui db fon adminif-
tration dans l’Inde l’eft .encore davantage. Cette
aàminiftration eft néceîTairement compofée .d’nn
confeil de négocians , profefïion fhns‘ douté extrêmement
refp.eétable, mais oui ne po^te. avec
elle dans aucun endroit du monde cëtte forte
d’ autorité qui en impofe naturellement au peuple,
& qui fait fe faire obéir.fans faire aucune violerite.
Un confeil ainfi compofé ne peut commander, la
foumifïion que, par la force qui l’acéompagnè , &
fon gouvernement eft dès-lors milkaîre & def-
potique,. Leur affaire propre eft neanmoins, d’agir
4eo marchands ,‘ de Vendre polir le compte de leurs
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maîtres les mârchandifes d’Europe «|üi leur foht,
confiées > & d’àcheteren retour des marchandifei'
dei'Indë pour être vendues en Europe > de v#u-
dré les' unes le ' plus cher , & d’acheter les autre«
le meilleur marché poftible, & d’exclure 3 autant'
qu’ils le peuvent, tous les rivaux du marche
particulier où ils tiennent leur boutique. Le génie
de l’adminiftration 3 en ce qui concerne le
Commerce de la compagnie, eft donc je même'
ique celui-de la direction. Il tend à ‘ faire fervir’
le gotivernement à l’intérêt du monopole, & a'
iréduire- au moins: certaines parties dû furabon-'
dant du pays à ce qu’il faut pour fatisfaire à la
demande de la compagnie.
D fâilleurs tous les membres de l’adminiftratîon
•commercent plüs ou moins pour leur' propre*
‘compté , & on lëur défend ëri vain de le faire.1
Il n’ eft ?pas raifonnable d’efpérer que les commis
d’un grand comptoir à trois ou quatre mille lieues
H M M & prefque hors de la vue de leurs!
comm'ettans3 aillent renoncer, fur un fimple ordre
de leurs maîtres, à toute affaire pour leur
propre compte, & à toute efpérance d’ une fortune
dont les- moyens font entre leurs mains , ni;
qu’ ils fé:'‘ eohtentèrit': des appointemens modérés
qu’ on leur dohiïe, -& qui j tout modérés qu’ils
font j ne.peuvent güêrè augmenter, parce qu’ils1
•font aufli forts que. le permettent les profits réels
de la compagnie. Leur interdire cette liberté ,
c ’ eft porter une loi qui ne peut guère avoir d’autre,
effet que celui de fournir aux employés fupé-
rieurs un prétexte pour opprimer ceux de leurs
inférieurs qui ont le malheur de leur déplaire.
Ceux qui fervent, la compagnie tâchent naturellement
d’établir en faveur de leur commerce particulier
lé même monopole qui exifte pour le
commerce de leurs commettàns. Si on les Iaiftoit
faire à leur • g ré , ils l’établiroient ouvertement
& direélement, en défendant à tout le monde
de faire le commerce des articles qu’ils’ ont choifis
pour ieleur ; & cette méthode franche fëroit peut-
être la:j meilleure & la moins oppreflive. Mais
.s’ils reçoivent des .ordres contraires de l’Europe /
ils chercheront à l’établir fecrettement & indirectement,
è’eft-à-dire, de la manière la plus rui-
neufe pour le pays. Ils employeront l’autorité du
gouvernement, & pervertiront l’admîniftration de
la juftice, pour tourmenter & ruiner ceux qu’ ils
trouveront fur leur chemin dans quelque branche
de commerce'qu’ ilsfe feront approprié^ & qu’ils
feront, pàf'des ageris cachés, ou du moins qui
!ne feroiit^pas avoués. O r , le commerce particulier
dés 'côrhmis s’étendra à une plus grande variété
d’ articles que lé commerce public de la compagnie.
Celui-ci n’embraffe que le commerce avec
l’Europe, ' une partie au commerce étranger
I du pafs' j niais celui des commis s’ étend à toutes
les ‘brahthés;du' commerce intérieur 8c extérieur-
Le mohopbie de la compagnie peut tendre uni-
qàèiîÿént a empêcher la production de cette partie