
poffeffion de la couronne; mais elk\ui fut bien- I
tô t enlevée par le roi d'Éfpagne , Ferdinand le
catholique, 8e-^Louis X I I , roi de France, qui '
partagèrent fes états. C e partage ne fubfifta pas
long-temps. Ferdinand difoit que tout le royaume
lui appartenoit, comme au-fi]s & fucceffeur de
Jean i l , roi d'Arragon 8e de Sicile, frère d'Al-
phonfe 1 , Se il l'envahit effectivement en entier.
Depuis cette époque, le royaume fut adminiftré
par des gouverneurs efpagnoîs, jufqu'à la mort
de Charles I l , roi d Efpagne , au commeüce-
ment de ce fiècle. Durant la guerre longue 8e
fanglante de la fucceffion 3 farinée impériale, fous
la conduite du comte de Daun , rangea en .1707
le royaume de Naples fous la puiffanee du roi
Charles IIÎ , ( depuis empereur , connu fous
le nom de^ Charles V I , ) qui en 1720 devint
de plus maitre de là Sicile. En 1734, les efpa-
gnols s'emparèrent de ces deux états pour l'infant
dom Carlos. Deux ans après, l'empereur y
renonça par un aéte formel, en faveur de dom
Carlos, de fa poftérité mâle 8c femelle ; & à
fon défaut, en faveur de fes frères & foeurs à
venir. Le roi Charles monta fur le trône d'Ef-
pagne en 17y5? 5 il déclara roi des Deux-Siciles
Ferdinand f_n troilîème fils, qui règne aujourd'hui
, 8c il établit une loi de fucceffion 3 en vertu
de laquelle ces états ne doivent jamais être réunis
a là monarchie d'Efpagne.
Le roi prend le titre de roi des Deux-Siciles ,
de Jérufalem , 8cc. L'ufage du premier de ces
titres a été renouvellé par le roi Char.les ; mais
fon origine remonte jufqu’au douzième; fiècle.: C e
fut à cette époque que Roger I I , comte dé Sicile
, fut fait aufli roi de Naples x & prit le.pre-
mier ce double titre. Le fils aine du mi s'appelle
duc de Calabre. L'inveftiture que les rois de Na-
pies reçoivent du pape, a commencé vers le milieu
du onzième fiécle. Le pape Léon IX invertit
alors le comte Hunfred 8c fes héritiers, de la
Fouille, de la Calabre, & de tout ce que les
normands conquereroient dans la Sicile. Quoique
cette inveftiture ne fut autre chofe qu'une bénédiction
donnée par le fôüverain pontïfé aux armes
des normands, 8c une cérémonie qui légitimoit •
leurs entreprises frelliqueufes, 8c à laquelle ces
dévots conquérons attâchoient beaucoup de p rix,
elle eft devenue le principe de ' cette véritable
inveftiture introduite par' les papes. Nicolas II
lui donna en 105-9 une forme encore plus* règu-,:
liêre à Melfi , lorfqu'il y conféra àtï‘diié Robert'
Guifcard les duchés de Pôuillé', de Calabre &
de Sicile. La même chofe arriva à Richard relativement
à la principauté de Capoüë. Les normands
fe fournirent à là coùr de Rome ,én qualité
de vaffaux, pour fe mettre en fureté.contre
les empereurs d’orient & décadent. Après la
conquête des autres principautés qui compofent
aujourd’hui le royaume de Naples} les normands
s'en firent aufli invertir par les papes. Robert
I abandonna en outre au faint-fiège.la ville de Défi
évent j 8c les papes, en donnant l'inveftiture du
1 royaume, eurent'foin de fe réferver cetté ville.
Le roi fe reconnoît vaffai du pape , il lui envoie
chaque année une haquenée blanche-avec
une bourfe de 6000 ducats.
S e C T I O N S E C O N D E.
Du fol , de la population, de la divifion des propriétés
, des productions du commerce & des
monts-de-piété- de Naples.
L Apennin s'étend dans toute la* longueur du
royaume , & aboutit au détroit de Sicile.
Si le royaume de Naples a des avantages fans
nombre, il eft fujet à des tremblemens de terre
fréquens, & dont les ravages font terribles. Ils
font fur-tout très-communs dans la partie infé-
r'eure , où l'on obferve par-tout avec effroi les ruines
d'un grand nombre de villes, autrefois fameu-
fes,, 8e dont il eft à peine refté le nom'. Nous
avons vu de nos jours une partie de la Calabre
bouleverfée par des accidens de-cette efpèee, &
une fi effroyable cataftrophe a frappé dé terreur
l'Europe entière. ' - v -• -, .f- • y
C e royaume comprend 144 villes;, 8c eh- 176a
on y comptoir 3-94^721 feux.: ;
Des calculs faits en 1782 donnèrent le tableau
fuivant de la population du royaume de Naples.
On y comptoit 2,187-086 hommes, ■ iyi$pi i 6i
femmes, 8yo,203 garçons, 810,633 filles,
prerres , 24,694 moines & 20,973 religieufes ,
• non'comprifes les troupes*'"-’' A .
' Les jüifs qui y furent -reçus .vers-l'an 1200, &
qiii en furent chaffés en i y40 , obtinrent en 1740,
dans ce royaume' 8c dans celui de Sicile, des
libertés & des privilèges plus confidérables, qu'on
ne leur en avoir accordé ailleurs depuis beaucoup
de fiècles. On leur permit d'y refte-r yô ans, &
Ion ftipula qu au bout de ce terme la permiffion,
fi on ne la révoquôit pas , feroit. cenfée prolongée
pour y© autres années avec les mêmes pri->
vileges, avantages, 8cc. : un grand nombre de
j ramilles juives s'y établirent ; mais quelques an ■<
nées après_, les privilèges furent révoqués. A pré-
fent un juif ne devroit y lejourner que trois
Jours j mais un grandnombre \d'entr'etix enfreignent
la lo i, fans que le gouvernement les inquiète. La
noblelfe du royaume de Naples eft très-nombreufe;
c a r , félon quelques auteurs, on y compte 93 5 vaf-
faux du roi 5 lavoir , 119 princes , 1 y6 ducs ,
173 marquis, 42 comtes & 445 barons , outre
la noblelfe ordinaire qui eft fort cohfidérable.
-Mais la terre à laquelle eft attaché le titre de
marquis , ne rapporte quelquefois pas plus de
200 livres par an.
Des personnes bien informées alfurent que les
deux tiers des biens font entre les mains du clergé
, fans que les laïcs puiffent efpérer d'enrecouvrer
la moindre partie, parce que l’aliénation de
ces biens eft défendue par des loix formelles. Si
l’on en croit Giannone, qui s'eft expliqué fans
détour & même avec trop- de franchife ,..fur les
miniftres de la religion dans lé royaume de Naples
3 c'ert l'Opinion commune que , fi l'on par-
tageoit le royaume en cinq portions, on trouve-
roit que les eccléfiaftiques en poffèdent quatre ,
parce que près-de la moitié des biens-fonds eft
entre; leurs mains , 8c que , par les legs 8c autres
donations , ils obtiennent encore un cinquième 8c
demi du refte : on ajoute qu'il ne meurt per-
fonne q u i, fous un deces titres, ne paye quelque
tribut .à une égliie ou à un monaftère. Les
laïcs ont follicité à plufieurs reprifes les fouve-
rains de défendre aux eccléfiaftiques d'acquérir de
nouveaux biens-fonds 5 ils ont obfervé qu'il n'en,
refteroit bientôt plus pour eux-mêmes.
La fertilité du fol eft extrême : il produit en
abondance différentes fortes de bleds , d'excellens
fruits, des oranges 8e des légumes toute l'année,
de l'huile , des- vins qui pourroient être exquis: ,
du riz & du lin. On recueille une quantité con-
fidérable de manne dans la Calabre, 8c on y
cultive , ainfî que dans bien des cantons, du fa-
fran qui parte pour être de la première qualité.
Le bétail y réuflit > il y eft fort abondant, 8c
les chevaux napolitains ont de la réputation. La
laine, des moutons eft fine &■ d^une bonne qualité
, 8c on recueille affez de foie pour en exporter
une très-grande quantité.
Ferdinand I d'Arragon eft le premier qui ait
établi 8c encouragé dans ce royaume les arts 8c
les manufactures, 8c en particulier celles de foie
8c de laine ÿ niais oh verra tout-à-l'beure qu'elles
font fufceptibles de bien des progrès. Marie-Ame-
lie - Chriftine , princeffe royale 8c électorale de
Cologne 8c de Saxe, employa des femmes confidérables
à établir dans toutes les provinces de
nouveaux hôpitaux, 8c à pourvoir ces hôpitaux
dè manufactures de laine , qui dévoient fervir à
habiller les troupes. Ces fabriques, jointes aux
productions naturelles du pays , font les objèts du
commerce des napolitains.
On ne trouve nulle part autant de monts-de-
piété ou de banques que dans le royaume 8c la
ville de Naples. Tous les monts-de-piété de Naples
contiennent des banques. «C e s banques, dit
« un voyageur , ont en dépôt l'argent de tous les
9? particuliers, de quelque état qu'ils foiènt. Elles
99 le placent à intérêt , ou ne le placent pas -;
99 mais elles n'en, payent aucun à celui à qui il
99 appartient : ce n'eft pas un p rê t, ce .11'eft qu'un
99 dépôt” . C et auteur pourroit bien fe tromper
8c nous croyons nous fouvenir que quelques banques
de Naples payent un inté'rêt fur ces dépôts. Le
même voyageur ajoute: «ces banques délivrent un
99 récépifTé du .dépôt > qu’on nommt 00//^«.^Cette
99' police eft fur papier timbré , paraphé 8c diffi-
» cile à contrefaire. Chaque banque a fon fceau,
99 fes marques diftinClives ; 8c elle ne paye , &
» l'on ne peut payer, fous peine detre expofé
99 à payer deux fo is , qu'avec ces polices. La loi
99 eft telle : une quittance, en. quelque forme
99 qu'elle fût , n'en garantiroit pas. biTa fomme
99- à payer eft moindre, ou excède-la valeur de
99 la police, on fait le décompte en argent comp-
«. tant, on le fpécifiè au bas de la police, 8c l ’on
99 enregiftre le tout à la banque.
” Si l'on a befoin d’une partie de la fomme
9? depofée , on vous la délivre en faifant note fur
99 les regiftres 8c fur la police qu’il faut repré-
” Tenter, de la quantité retranchée fur le dépôt
99 total.-
9, On prétend que cet établifîement, dont toü-
-99 tes les fondions s'exercent gratis , même à l'é-
99 gard du papier des polices qu'on fournit, éft
99 très-avantageux ; qu'il met à l'abri-des vols ,
99 des conteftations, 8c qu'il eft fans inconvénient.
’9 Je n'affirmérois pas qu’on pût regarder par-
99 tout ces fortes de dépôts* comme fans inconvé-
?», nient pour perfonne. L'auteur d’une femblable
33 inftitution ne doit pas être regardé comme un
99 horhme mal-adroit.
99 L'avantage inappréciable de la banque eft de
9> placer à intérêt. Il eft vrai qu'on peut lui ré-
99 demander Ion argent d'un moment à l'autre
?9 mais, comme on lui en porte tous les jours,* &
»9 qu'elle a d'ailleurs un très - grand crédit, elle
99 m'eft jamais embarraffée.
99 Ces polices , quoique finguliérement difficiles
?9 à contrefaire , comme les papiers-monnoies- des
99 banques de Londres, ont été cependant contre-
99 faites, 8c les banques elles - mêmes trompées
99 ont payé 8c perdu la fomme »9.
En .1786, un incendie .défaftreux a confumé
le monte-de-pegni.
Les papiers publics dirent après cet accident ,
que les revenus annuels du monte-de-pegni étoient
de 108,000 ducats , ou d'environ 470 mille hv.
de France 5: que ce lombard avoir un fonds de
720 mille ducats , deftiné aux gages de drap , de
toile, de cryftal 8c verrerie , & d'or , qui ne
paffent pas 10 ducats, 8c lefquels ne paient au—
. eiin intérêt, afin de fubvenir aux befoins de la*
portion indigente du peuple ; qu'une telle fomme ,
renouvellée quatre fois l'an , Forrnoit une circulation
de prefque trois millions de ducats, ou environ
13 millions de France 5 qu'il avoit en outre
un fonds de 280 mille ducats pour les gages qui
paffent la valeur de dix ducats, 8c paient un intérêt
de fix pour cent; qu'une partie du revenu
de ce lombard étoit employée au foutien de plufieurs
familles indigentes , tant nobles que bour-
géoifes , 8c le refte à défrayer les dépenfes de
l'établiffement ; que ce n'eft pas une exagération
de: faire monter à un million deux cents mille ducats
le dommage caufé par cet incendie : 8c ,
comme c’eft une règle que ce mont-de-piété ne
donne que le quart de la valeur des effets enga