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marchand« du pays, mais on leur aflura le mo»
oopole avec les colonies établies.
Ces deux manières de gêner l’importation, &
çes quatre encourageraens donnés à ^exportation,
forment les fix principaux moyens que propofe le
M êm e du commerce pour augmenter la quantité
d'or & d’argent dans un pays, en faifant tourner
la balance du commerce en fa faveur. Nous les
examinons ailleurs.
Voyc{ les articles I m p o r t a t io n , M o n o p o le
s , In d u s t r ie & T r a i t é s de c o m m e r c e .
N U R EM B E R G , ville impériale avec fon territoire.
- •
Précis de l'hifioire politique.
Les nurembergeois defçendent des Norici.
Ceux - c i , en quittant leur pays, s’établirent
dans le vieux Nordgau, & bâtirent ce qu’on appelle
le caflrum Noricum. Lambert de Schaffna-
bourg eft celui des écrivains qui rend le témoignage
le plus reculé de l’antiquité de cette ville ,
forlqu’il dit dans un écrit de l ’année' ic 72 :
Clura & ce’ebris valde his temporibus per Gallium
erat memoria S. Sebaldl in Nurnberg. Il eft vraisemblable
que cette ville n’a fait partie ni du
duché de Franconie, ni de celui de Suabe , mais
qu’elle a dépendu immédiatement des empereurs,
& que l’empereur Lothaire a pu la donner en
fief au duc Henri le Superbe, père du duc Henri
le Lion. Elle a obtenu poftérieurement l’afiurance
des empereurs Charles IV & Wencçflas , qu’elle
demeureroit attachée à l’Empire. Le rang qui lui
eft aftignë , & la voix qu’elle a aux diètes
dans le collège des vifles, eft le troifiçme fur le
banc du cercle de Suabe, & le premier fur celui
de Franconie. $a taxe matricuiàire étoit çi-de-
vant de 1480 florins, ce qui fajfojt à-peu-piès
la fepriçme partie de la fomme à laquelle etoit
* ioipofé tout le cercle de Franconie > mais cette
taxe générale ayant été diminuée en 16 78, celle
de la ville de Nuremberg fut réduite d’un tiers,
èc elle n’a plus payé dès-lors que 986 flor. Çette
taxe Tut fixée en 1701 à 796 florins; mais elle
fut augmentée en 1720 & portée à 828 florins ,
fomme qu’elle paya jufqu’en 17 3 8 , époque où
elle refufa de payer au-delà du feptième de la
taxe , à laquelle feroit impofée tout le cercle. Sa
contribution pour l’entrerien de la chambre impériale
eft de S 1 jl rixdales. Le territoire qui 4é-
pend de la ville, eft considérable.
Adtpinijlrarivn.
Le fénat ou confeil de Nuremberg eft compofé
de 34 confeillers gobies, & de huit autres 'tirés
du corps de la bourgeoise , tous gens de métier,
D u nombre des premiers, vingt-fix font nommés
bourg-maîtrts t les huit autres font appelles ancien,
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Parmi les bourg-maîtres, il y en a treize qu'o-a
nomme les vieux , & treize autres qu’on nomme
les jeunes. Ils arrivent à k régence tour à tour ,
un vieux & un jeune à la fo is , & leur régence
ne dure que quatre femaines. Les treize vieux
bourg - maîtres offrent de plus fept premiers
confeillers, qui compofent le feptemvi-
rat, & dont les deux premiers font nommés duum-
viri : ils fiègeut fouvçnt feuls & décident les
affaires les plus fecrettes & les plus importantes :
les fix autres font juges d’appel 5 ils font revêtus
du titre de confeiller impérial ; le premier d’en-
tr’eux eft prévôt de l’Empire. I l fait fa demeure
dans le fort de Reichsvefte , & il eft par cette rai-
fan nommé châtelain. Les autres bourg-maîtres , i
ainfi que les treize jeunes , occupent divers emplois
, dont nous parlerons tout-àTheure : ceux
qu’on appelle les anciens, font députés à différens
tribunaux. Il eft dans l’année des temps fixés ,
auxquels les huit confeillers artifans tiennent leurs
féances particulières : ils font tirés des corps de
, métiers , des orfèvres, braffeurs , tanneurs, tailleurs
, bouchers, drapiers, boulangers & pelletiers,
qui .enfemble forment ce qu’on appelle le
petit-con feil. Le grand-çonfeil doit être compofé
de deux cents perfonnes tirées des dernières
clalfes progreffivement jhfqu’aux p r e m i è r e s i l
forme l’élite de toute la bo'ùrgeoifie. Il paroît
qu’on l ’a dépouillé de fes privilèges, & que l’autorité
de ce corps eft à-peu-près nulle. Les tribunaux
d elà ville font le confeil fupérieur, auquel
refforti lient les appels ; le confeil de ville ,
& celui qui connoît des affaires matrimoniales.
Le tribunal, pardevant lequel fe portent les dif-
culfions qui furvieflnent entre les laboureurs ,
ainfi que les affaires rurales ; celui qui connoît
des dettes de peu de valeur ; celui des cinq qui
décide des eau fes d ’injures ; la juftiçe foreftale
de la forêt de Sebaldj celle de la forêt de Saint-
Laurent ; celle enfin où lè décident les contefta-
tions entre ceux q u i, dans la dernière de çes deux
forêts, ont foin des mouches à miel. Les charges
:& emplois d e là ville font: i° . la prévôté.» 2P.
la recette des revenus de la ville & de fes arrérages
j le bureau d’adminiftratiou des bailliages
; 4°. celui de la guerre ; y°. l’adminift ration
Supérieure des rev nus des égKfçs .5, 6°. la /iirif-
diClion fur J es bâtime-ns ; y°. le bureau de la
douane i 8*. celui des prêts d’atgenr; 90. celui
des droits fur les grains & les vins ; io°. la braf-
ferie de bi$rre de froment} u ° . celui qui décide
du prix des bleds 5 1 i ?. k jurifibélion pardevant
laquelle font portés les délits des artifans pour
raifpn de leurs métiers ; 13°. Pinfpeétion fux
les fuifs i 149 l’ofliçe de receveur des cens & rentes
} i f ° . celui d’échevîns} i é 0. le bureau qui
connoît de la diftribucion des aumônes de k ville ;
17®, celui qui connoît des aumônes des gens de k
campagne; 180, la jurifdiébioïi foreftale de la forêt
d§ Sêbald; jp®. celle de k forêt de Saint-
Eaurenç}
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Laurent ;-20°'. le bureau de recette'de ^hôpital
du Saint-Efprit ;. 210. celui de la recette du couvent
de Sainte-Claire x& ' Piilureuth ; 22p. la recette
de. la fondation des douze frères de Mende!
; 2$°. celle des douze frères de Landaver ;
z 40. cejle de l’hôpital de Sainte-Marthe pour les
étrangers; 25-°. celle de Tarfenal ; 26°. le bureau
des greniers publics ; 270. celui de la Mon-
noie ; | f |§ l’économat des orphelins & enfans-
trouvés. Tous ces emplois & offices font occupés
par des confeillers de ville , & par dés avocats
çonfultans, afleffeurs & adminiftrateurs- Ceux qui
exercent.les emplois des n®. 1 7 , 2 2 , 24 & 16 ,
n’ont aucun objet d adsniniftration dans l’intérieur
de la ville ; leur jurifdiéijon s’étend au - dehors
fur le territoire qui en dépend. Il n’y a point de
confiftoire particulier établi dans Nuremberg ; les
magiftrats en exercent les fonctions à l’aide de
fix prédicateurs, dont ils prennent les avis dans
les affaires de quelque conféquence. La majeure
partie des eccléfiaftiques de la ville plaide en première
inftance dans une jurifdiélion appellee E c o -
l&t 3 & devant les adminiftrateurs des églifes :
ççux au contraire des eccléfiaftiques qui font attachées
à l’hôpital , ont pour premier juge l’ ad-
miniftrateur de' l’hôpital, c ’eft à-dire, le prévôt
de l’Empire , qui demeure dans le fort. Le plus
grand nombre des 'cures du territoire de la ville
eft donné, par les adminiftrateurs. Le confeil
de ville décide des affaires matrimoniales , & les
jeunes"eccléfiaftiques reçoivent la bénédiction fa-
éerdôtale de la faculté de Théologie d’Altorf.
Le peu d’.habitans qui profeffent la religion réformée
. ont un prédicateur particulier : ils
font le fervice.divin dans pne maifon fîtuée dans
un jardin .hors delà ville. L ’exercice de la religion
catholique eft toléré dans celle de l’ordre téuto-
nique.
Remarques fu r les patriciens du Nuremberg.
Chrift. Louis Scheidt foutient, dans .les Inf-
truétions hiftoriques de diplomatiques'Tür la haute
& moyenne nobleffe d’Allemagne (pag. 183)
d ’après Ludwig, que l’époque du patridat de
Nuremberg remonte à l’année 1 1 9 8 , temps auquel
l ’empereur Henri IV affifta à - un tournois 1
-.qui s’y tint , & ennoblit trente-huit familles
bourgeoifes. Cette affertion eft combattue" par un'
écrit imprimé à Schwabaçh en 176 2 , & ayant
pour titre : Réfutation fondamentale de topinion
que le p a tr id a t de Nuremberg prit fo n commencement
en l’apnée 115)7 :.fuivant cet écrit, l’ origine
de la nobleffe de ces patriciens remonte à une
époque bien plus ancienne que celle .qu’ on prétend
lui donner : mais, quoi qu’il en foit, le patridat
de Nuremberg l’emporte fur celui de toutes les autres
villes de l’Allemagne , par le foin exaéfc qu’on
% toujours- eu d’en conferver la dignité.
Lç fénat n’eft compofé régulièrement que de
($ ç o n . p ç l i t , ô* diplomatique, T ow . J l f
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fujets qui defçendent de ces familles , parce qu’elles
feules, peuvent être revêtues de la dignité fé-
natoriale. Dans le cas où l’une d’entr’ elles s’éteint,
elle- eft remplacée par l’une des trois familles
nobles, qui font les Oelhafen de Schoellenbach ,
Thill & Péfsler.
Remarques Jur le gouvernement - de Nuremberg & fur
les contributions aux âépenfes de L'Empire.
L’adminiftration de Nuremberg paroît être la
plus défe&ueufe de toures celles des villes impë- ..
riales. A proprement parler, un petit nombre de
familles gouvernent cet état : leur morgue indif-
pofe le refte des citoyens , qui font toujours mé-
contens , mais qui oient rarement le dire à haute
voix. La fermentation a été très-vive l’année dernière,
& nous ignorons fi elle eft calmée.
Les contributions de cette ville au cercle de
Franconie & fes dépenfes publiques ont été calculées
à l’epoque o ù , par l’induftrie de fes ha-
bitans & par fapofition, Nuremberg étoit la première
ville commerçante de l’Allemagne ; quoique
la diminution du commerce ait diminué, la recette ,
les dépenfes font reftées les mêmes , dt cm. a contracté
des dettes onéreufes. Pour en fupporter le
poids, la régence s’eftavifée, au mois de février
1781 , d’ établir.une nouvelle capitation : cet impôt
a trouvé beaucoup de contradictions ; à peine
la vingtième partie, des habitans a-t-elle adhéré à
l’ordonnance. Les négocians & les députés de la
ville ;ont fait des repréfèntations au magiftrat :
celui-ci a offert d’ abandonner l’impôt, moyennant
une contribution volontaire mais cette queftion
incidentelle en a amené une beaucoup plus importante.
La bourgeoifiea réclamé fes anciens privilèges
, d’après lefquels nulle loi importante &
nulle taxe ne peuvent recevoir de fanCtion que
du c-onfentementde la bourgeoisie. Elle a demandé
que la régence retirât fon réglement fifcal fans
„condition , & qu’elle confirmât tous les droits
privilèges des citoyens.
L ’ ariftoçratie des patriciens de Nuremberg eft
très-oppreflive. Dix-neuf familles regardent la ville
& fon territoire comme une propriété ; dans ces
dix - neuf familles on élit trente-quatre fénateurs
qui gouvernent tout. L ’influence des huit bourgeois,
tirés des métiers privilégiés, dont nous avons
•parlé' plus haut, eft très - petite. Aucun autre
bourgeois ne peut efpérer d’avoir part au gouver-
' nement. Les patriciens font valoir un privilège de
l’empereur Frédéric I I I , de 1476, félon lequel le
magiftrat» ne doit compte qu’à l’empereur en per-
fonne. Tous les emplois un peu lucratifs font occupés
par des familles patriciennes. Les bourgeois
ne font comptés pour rien. Un voyageur allure
qu’étant à Nuremberg il revint à l’auberge avec un
négociant diftingué, &: que dans le falion il n’avoit
jamais'pu décider ce négociant à s’affeoir, parce
qu’un çnfant de douze à treize ans , fils d'un pz*
f