i*5 4 L 0 U
lui refufoit de force & de dureté. Il étoit facile'
de faire croître du chanvre pour les voiles &
pour les cordages. On n’eût été réduit qu’ à tirer
du fer des autres contrées } & encore p aro ît-il
prouvé qu’il en exifte dans les mines de la L o u ifia
n e .
Les forêts, ainfi défrichées fans frais & même
avec profit, auroient laiffé le fol libre aux grains,
à l’indigo, même à la foie, lorfqu’une population
abondante auroit permis de fe livrer à une
occupation à laquelle la douceur du climat, la
multitude des mûriers, quelques expériences heu-
reufes ne cefibient d’ inviter. Que n’eût-on pas fait
d ’une pofTeflîon ou le ciel eft tempéré, où le ter-
rein eft uni , vierge * fertile, & qui avoit été moins
habité que parcouru par quelques vagabonds aufli
inappliqués que mal-habiles ?
Si la Louifiane fût parvenue à la fécondité que
la nature y fembloit attendre de la main des hommes
, on n’auroit pas tardé à s’occuper du foin
de rendre fon entrée plus aceeflîble. Peut-être y
eût^on réuffi, en bouchant les petites palfes avec
les arbres flottans que les eaux entraînent, & en
réunifiant toute la force du courant dans, un feul
canal. Si la mollefie du terrem, fi la rapidité du
fleuve, fi le refoulement de là mer eufient oppofé
à ce projet des obftacles infurmontables, Je génie
eût trouvé des reffources. Tous les arts , tous les
l?iens feroient nés les lins des autres , pour former
dans cette plaine de l’Amérique une colonie
florifiante & vigoureufe. Nous allons configner ici
une remarque, dont la poftérité pourra reconnoî-
tre toute la jufteffe. Les françois ont poffédé la
L ouifiane cent ans, & on vient de voir ce qu’ elle
' «toit après un fiècle de travaux. Les Etats-Unis
vont s’établir dans une partie de la L o u ifia n e , &
on verra, à la fin du dix-neuvième fiècle, ce
qu’elle fera devenue entre les mains de leurs citoyens
: fans attendre cette époque , , on peut
comparer fes progrès avec ceux des colonies an-
gloifes.
A la paix de 1765 , les habitans auxquels le fifc
devoir fept millions , acquis pour la plupart par
des manoeuvres criminelles, défefperant d’être
jamais payés de cette dette impure, ou ne pou-,
vant fe flatter que de l’être tard & imparfaitement,
tournoient heùreufement leurs travaux vers
des cultures importantes. Ils voyôientgroflir leur
commerce d’une partie des pelleteries quàttiroit
autrefois le Canada. Les files françoifes , dont les
feefoins augmentaient continuellement & dont les
'reffources venoient de diminuer , leur deman-
doient plus de bois & dejfubfiftaflces. Les liai-
fons frauduleufes avec le Mexique, interrompues
par la guerre, reprenoient leur cours. J,es navigateurs
de la métropole | exclus d’une partie des
marchés qu’ils, avoient : fréquentés , tournoient
leurs voiles vers le Miflîffipi, dont les bords trop
long.- temps déferts alioient enfin être habités.
Déjà deux * cents familles acadiennes s’y étoient
L O U
fixe’es*; & les relies infortunés de cette nation
difperfés dans les établiffemens anglois , faifoient
leurs arrangemens pour les fuivre. Les mêmes dif-
pofitions fe remarquoient dans plufieurs colons de
Saint-Vincent & de la Grenade, mécontens de
leurs nouveaux maîtres. Douze ou quinze cents
canadiens s’étoient mis en marche pour la L o u ijia-
n e, & ils dévoient être fuivis pas beaucoup d’autres.
On a même de fortes raifons pour croire
qu’un affez grand nombre de catholiques alioient
paffer, des poffeflions britanniques dans cette vafte
& belle contrée.
Cejfion de la Louifiane a. l ’EJpagne, effets de cette
ceffton. T e l étoit l’état des chofes , lorlque la
cour de Verfailles annonça, le 21 avril 1764 ,
aux habitans de la Louifiane que , par une convention
fecrète du 3 novembres 762 , on avoit abandonné
à celle de Madrid la propriété de leur
territoire.
L ’averfion que montrèrent les habitans de la
Louifiane pour la domination efpagnole, ne fit
rien changer aux arrangemens des cours de Ma^
drid & de Verfailles. Le 28 février 1766, M. Ul-
loa arriva dans la colonie avec quatre-vingt hommes
de fa nation. La prife de poffefiion devoit,
dans les règles ordinaires, fuivre fon débarquement.
Il n’en fut pas ainfi. Les ordres continuèrent
à être donnés au nom du roi de France 5 la
juftice fut rendue par fes magiftrats , & les troupes
ne ceffèrent point de faire le fervice fous fes
enfeignes. C ’étoit lé repréfentant de Louis X V
qui avoit toujours le commandement. Toutes ces
raifons perfuadèrent aux habitans que Charles III
faifoit étudier le pays , & qu’il fe détermineroit
à l’accepter ou à le rèjetter, félon qu’il le croi»
roit utile ou nuifible à fa puiffance. C e t examen
étoit fait par un agent qui paroiffoit prendre une
idée peu favorable de la région qu’il étoit venu
reconnoître , & i l était raifonnable d’efpérer qu’il
en dégouteroit fon maître.
On étoit affez généralement dans cette illufion ,
lorfqu’ une loi arrivée d’Efpagne défendit à la
Lçuifiàne toute liaifon de commerce avec les marchés
qui avoient fervi jufqu’ alofs au débouché de
fes productions. Les habitans difent que ce décret
fut fuivi d’ une hauteur intolérable, d’odieux
monopoles , d’aétes répétés par autorité arbij
traire.
Ils étoient mécontens du moins} car ils fe livrèrent
au défefpoir. Ils n’avoient que le fleuve
à traverler pour, trouver le. gouvernement anglois
qui les preffoit d’accepter un excellent territoire
, des eneouragemens à la culture , toutes
les prérogatives dje ,1a liberté : mais un lien-cher
& facré' les attachoit :à. leur patrie. Ils aimèrent
mieux demander au confeil (ju’UIloa fût obligé
de fe retirer , & que la prife de poffefiion qu’il
avoir différée jufqu’alors, ne lui fût pas permife
avant que la cour de Verfailles eût écouté le$
repréfentations de la colonie. Le tribunal pronon-
L U B
ç a , le 28 o&obre 1768, l’ arrêt qu’on lui de-
niandoif, & les espagnols s’embarquèrent paifi-
blement fur la frégate qui les avoit amenés. Durant
trois joiyrs que dura cette grande cri le , il n’y 1 eut
pas le plus léger tumulte à la Nouvelle-Orléans.
Lorfqu’elle fut finie, les habitans de la ville &
ceux de la ba ffc -L o ïiifia n e , qui avoient uni leurs
reffentimens pour opérer la réyolution, reprirent
leurs travaux avec l’ efpoir que la conduite qu’ils
avoient tenue , feroit approuvée par la cour de
France.
Le fuccès ne répondit pas à leur attente. Les
députés de la colonie n’aïrivèrent en Europe que
fix femaines après U llo a , & ils trouvèrent le mi-
niftère de Verfajlleà très - mécontent de ce qui
s’étoit pafle. La cour de Madrid fit partir rapidement
M. Orelly pour l’ifle de Cuba. C e général
y prit trois mille hommes de troupes réglées
ou de milices, qu’il embarqua fur vingt - cinq
bâtimens de transport} & le 25 juillet 17 6 9 , il
fît voir fon pavillon à l’embouchure du Mifliffipi.
Il arriva devant la Nouvelle-Orléans le 17 août.
Le lendemain , tous les citoyens furent déchargés
.de l’obéiflance qu’ils dévoient à leur première patrie.
Malgré les cris des habitans, on prit pof-
fefiton de la colonie au nom de fon nouveau maître
j & les jours fuivans , ceux des habitans qui
confentoient à obéir à l ’Efpagne, prêtèrent leur
.ferment. V o y e1 l’article E s p a g n e .
L U B E C K , évêché fouverain d’Allemagne.
C et évêché occupe la partie du Holftein que
les anciens appelloient la IVagrie. La première
réfidence des évêques fut Oldenbourg, ville du
Holftein 5 Fempereur Otton I les y établit pour
la converfion des venèdes, qui habitaient alors
-cette Contrée. On ignore quelle fut l’année de
fa fondation } Gerhardi la fix e, avec affez de
vraifemblance, à l’année 948. H ne garda pas
long-temps fa ccrnftitution primitive} Adalfoerg,
archevêque de Hambourg , ofa divifer le diocèfe
de fon autorité privée} & fans en obtenir le con-
fentément de Henri I I I , il y créa en 10 j8 trois
différens évêchés} favoir , celui d’Oldenbourg ,
celui de Ratzebourg & celui de Meeklçnboutg..
‘L e premier cefla d’exifter en 1066-, les venèdes
payens exterminèrent dans ces cantons la religion
chrétienne^ncore à fon berceau. Vicelin, prêtre
zélé & ambitieux, la rétablit en 1 1 4 9 , & fût
fâbré évêque par Hartwige , archevêque de Brème
; il fôllicita^ Henri .le Lion , duc de Saxe ,
de lui donner l’inveftiture de cet épifeopat} mais
il ne parvint à l’obtenir qu’après une réprimande
fur ce qu’il avoit accepté là qualité d’évêque
d’Oldenbourg , fans que le duc y eût donné fon
consentement. Oldenbourg ne fut bientôt plus
le fiège de cet évêché } il fut transféré à L u b e c k,
ou la cathédrale fut confacrée en 1164, fur la
réfolution que-le duc en avoit prife fix années
L U B
auparavant. L ’évêque ne jouiflbit point alors de
l’immédiateté de l’Empire } le ban, prononcé contré
le duc , fui parut une occafion trop favorable
à fes vues pour da négliger } il follicita ce.tte prérogative
avec fuccès , &! par ce moyen fe dégagea
du duc , auquel il étoit-redevable de fa dignité.
La réformation s’introduifit dans l’évêché, dès
le temps où Henri de Bocholt en occupa le fiège.
Detlev de Reventlav, fon fucceffeur en 1.5 3 f ,
l’adopta & en favorifa l’établiffement} ceux qui
le remplacèrent, fuivirent fon exemple , & en
i f 61 il n’exiftoitplus dans le diocèfe aucune trace
dé la religion catholique romaine. En 1586 , le
grand chapitre conféra pour la première fois la
qualité d’évêque à un prince de la maifon de
Holftein-Gottrop. Cette maifon refta en poffeflîon
de l’évêché , & ne négligea ni peine ni foins pour
en empêcher la féculaxifation : elle fut tellement
captiver le grand chapitre, que eeîui.-ci s’obligea
par reconnoiflance , en 1647 , d’élire ou de pof-
tuler encore fix évêques de cette même maifon
après la mort du duc Jean , évêque alors régnant,
& après celle du duc Jean-George fon coadjuteur.
Le traité de paix de Weftphalie de 1^48
confirma l’églife luthérienne dans la poffefiion de
cet évêché’. Chriftian A lb e r t, duc de Holftein
& coadjuteur poftulé, fit une convention à Gluck-
ftadt, en 1667 , avec Frédéric. I I I , roi d-e Da-
nemarck} il promit de porter le chapitre à s’err-
gager envers la maifon royale & princière de Holftein
, lors de la première éleélion , que îo.rfque le-
traité conclu avec la mai fon .de Holftein-Gottrop ,
en 1(347, auroit eu fon entière exécution , il éli-
roit alternativement un des defc.endan.s de fa ma-
jefté danoife. L ’exécution de ce traité de 1Ô47
eut lieu effectivement par .l’ cleélion d’Adolphe-
Frédéric , devenu enfuite roi de, Suède, ou au
moins.par la poftulation du duc Frédéric-Auguftc
fon frere, évêque aétuel de Lubeck : le grand chapitre
lui a défigné pour -fucceffeur, par un choix
libre du 4 octobre 17 5 6 , Frédéric, prince de
Dânemarqk , fils du fécond lit du roi Frédéric V.
L ’évêqüe de Lubeck.dk prince d’Empire5 mais
à la diète il ne prend féance ni fur le banc des
princes e-ccléfiaftiques , ni fur celui des féculiers j
il fe place fur un banc de travers qui lui eft def-
tin é , ainfi qü’à l ’évêque d’Ofnabruck, Jorfque
celui-ci eft de la religion évangélique. Il jouit
aufli d’un fuffrage de prince dans les affemblées
circulaires de la baffe-6axe. Sa taxe matniculaire
eft fixée à trois cavaliers.imontés ou à, 36 florins
en argent. Il fournit de plus- 40 rixdales p un
quart kr. pour l’entretien de la chambre impériale.
L ’églife cathédrale eft dans la ville impériale de
L u b e c k , où l’évêque ne donne aucuh vnûre. On
choifit toujours le grand doyen parmi les trente
perfonnes dont le chapitre eft'comp ofé, q ui, à
l’exception de quatre catholiques , .profeffent toutes
la religion luthérienne. L e grand prévôt eft