
6qo P É R
qu’cn 1763 le quint du;loi ne pafia pas 1,364,681
Uv. 11 r. Dans les premiers temps , chaque quintal de
minerai donnoit" cinquante livres d’argenr. C in quante
quintaux de minerai ne produifent. plus que
deux livres d'argent. C 'e ft un , au lieu de douze
cents cinquante.
Pour peu que cette dégradation augmente, on!
fera forcé de renoncer à cette fource de îichefles.;
Il eft même vraifemblable.que.^cet événement ferait
déjà arrivé, fi au Potofi la mine n'étoit fi
tendre, fi les eaux n'étoient fi favorablement dif-
pofees pour la moudre , que les dépenfes y font
infiniment moindres que par-tout ailleurs.
Mais pendant que les mines du Potofi voyoient
s’éclipfer graduellement leur éclat, s'élevoient non
loin d'elles à une grande réputation celles d'Oruro.
Leur profpérité augmentoit même, lorfque lès.
eaux s'emparèrent des plus abondantes. Il paroît
qu'on n'a pas encore réufli à les faigner, & tant
de tréfors relient toujours fubmergés. Les mines
de Popo , les plus importantes de celles qui ont
échappé à ce grand défallre, ne font éloignées;
que de douze lieues de la ville de San-Philippe
de Auilria de Gruro, bâtie dans ce canton autrefois
fi célèbre.
Nul accident ne troubla jamais les travaux d’aucun
des mineurs établis à l’oüeft de la Plata ,
dans le diftriét de Carangas. Cependant ceux que
le hafard avoit attirés à Cufco furent conllam-
ment les plus heureux, parce que cette montagne
leur offrit toujours un minerai incorporé ou comme
fondu dans la pierre , & par conféquent plus riche
que tous les autres.
Dans le dioçèfe de la P a z , & allez près de
la petite ville de Puno , Jofeph Salcedo découv
r it , vers l’an 1660, la Jnine de L a y ca-C ota .
Elle étoit fi abondante qu'on conpoit fouvent
l'argent au cifeau. La profpérité , qui rabaifie
les petites âmes, avoit tellement élevé ’celle du
propriétaire de tant de richefles, qu’il permettoit
à tous les efpagnols qui venoient chercher fortune
dans cette partie du Nouveau-Monde, de
travailler quelques jours à leur profit, fans pefer &
fans mefurer le don qu'il leur faifoit. Cette1 géné-
tofité attira autour de lui une multitude d'aventuriers.
Leur avidité leur mit lés armes à la main.
Ils fe chargèrent ; & leur bienfaiteur qui n’avoit
rien néglige pour prévenir ou pour étouffer leurs
divifions fanglantes, fut pendu comme en étant
l’auteur. De pareils traits feraient' capables d’af-!
foiblir dans les âmes le penchant à la bienfai-
fancé, & mon coeur a répugné à rapporter celui
ci.'
Pendant que Salcedo étoit en prifon,- l’eau
gagna fa mine. La fuperftition fit imaginer que
c croit en punition de l'attentat commis contre |
lui. On refpeéta long-temps cette idée de la
vengeance célefte. Mais enfin, en 1740, Diego |
P É R
de Baena 8c quelques autres hommes entrepre-
nans s'affocièrent, pour détourner les fources qui
avoient noyé tant de tréfors. L'ouvrage étoit nf-
fez avancé en^ 17^4, pour qu'on en retirât déjà
quelque utilité. Nous ignorons ce qui eft arrivé
depuis cette époque.
Toutes les mines du Pérou étoient originairement
exploitées par le moyen du feu. Dans
h plupart, on lui fubftitua en le mercure.
. La Hongrie , l'Efclavonie, la Bohême , laC a-
rinthie, le Frioul & la Normandie fotirniffent à
1 Europe le mercure qu'on emploie t aujourd'hui
pour féparer les métaux. C e qu'il en faut à
I Efpagne pour Je Mexique, fort de fa mine d’Al-
maden, déjà célèbre du temps des romains :
mais le Pérou a trouvé dans fon fein même, à
Guanca-Velica, de quoi pourvoir à tous fes be-
foins.
Cette mine é toit, dit-on , connue des anciens
péruviens, qui s'èn fervoient uniquement pour
peindre leur v-ifage. On l'oublia dans le chaos ou
la conquête plongea cette région infortunée. Elle
fnt retrouvée en 15$6, félon quelques hifto-
rîens, & en 1 jé * félon d'autres : mais Pedro-
Fernandez Velafco fut le premier q u i, en r'571,
imagina de la faire fervir à l'exploitation des autres
mines. Le gouvernement s'en réferva; la propriété.
Dans la crainte même que les droits qu'jl
mettoit furie mercure ne fulfent fraudés, il défendit
d'ouvrir , fous quelque prétexte que ce
fû t , d'autres mines du même genre.
La mine de Guanca-Velica a éprouvé plufieurs
révolutions. Sa circonférence é to it, il y a peu
d'années, de cent quatre-vingt vares, fon diamètre
de foixante ,. & fa profondeur de cinq cens
treize. Elle a quatre ouvertures, toutes au fom-
met de la montagne , un petit nombre d'arc-
boutans deftinés à foutenir les terres| & trois
foupiraux qui donnent de l'air ou fervent à l'é-
' coulement des eaux. Elle eft exploitée par quelques’
affociés, la plupart fans fortune, auxquels
le fouverain fait les avances dont ils’ont befoin, &
qui lui livrent le mercure à un prix convenu. Les
hommes employés à ces travaux , éprouvoient
autrefois aiTez généralement des mouvemens con-
vulfifs. Cette calamité eft maintenant beaucoup
moins commune, foit parce que le mercure que
le minérai contenoit a diminué de plus de moitié,
foit qu'on ait imaginé quelques précautions qui
avoient été d’abord négligées Ceux qui ont foin
des fourneaux, font prefque les feuls expofés aujourd'hui
à ce malheur, 8t encore leurguérifon
eft-elle allez facile. Il n'y a qu'à les faire paflfer
dans un climat chaud , qu'à les occuper à la culture
des terres. Le mercure qui infedftoit leurs
membres , fort par la tranfpiration.
La ftérilité de Guanca - VeIica & des terres
limitrophes eft remarquable. Aucun arbre fruitier
n'a pu y être naturalifé. De toutes les éf-
pcces de bled .qu'on a fernées , l'orge feul a
germé',
P É R
germé, & encore n'eft-il jamais parvenu à forrne;r
du grain. Il n'y a que la pomme de terre qui ait
•profpéré. • - . . ' : : l
ÿjj L'air n’ eft pas plus faiub.re q(ie je fol n’eftifer- ;
tile. Les en fans nouvellement néspériifent par. le !
tétanos’ encoure plus fouvent que dans le refte du
Nouveau - Monde. Ceux qui bnt échappé, à ce
danger, .fopt attaqués àtrois.pu, quatre mois d’une
■ toux violence , & meurent la plupart dans des
coryvulfions$ à moins qu'on n'ait l’ attention de
les tranfporter fous un ciel plus doux. G,eçte,précaution
nécçfiairepour les indiens j-,pour Jks métis,
l'eft beaucoup plus pour les efpagnpls qui font
-moins robuftes'. La rigueur [extrême du climat , i
des vapeurs ffulfureufés qui couvrent rhorifon, k ;
■ tempérament [généraleim.ept vicié; des .pères & des i
mères, doivent être les caufes principales d'une:
fi grande calamité.
C e n'eft pas à Guanca-Velica que le mercure :
€ft. livré au public. Le i gouvernement l'envoie dan.s
les provinces où font.--les mines.- ;Les dépôts font J
•au nombre de douze. : En 1763 , iGu^nça-Velica |
-eoconfomma lui-même cent qiiavanterdsüx quia- ;
taux.; Tiauja , deux cçnts, qnaEaute-.kpt». Pafçô , !
■ lèpr cents.’Yingt^neuf j Truxillo , cent trenfe-uo 5 j
.C u fco , treize j.larPiata*., tfois cens; foijcanté-neuFj^
la P a z , trente; CayilomaA trois,cejjs foixante- i
quatorze ;■ Carangas, cent cinquante ; Qruro /j
douze ç.eqs foixanEe-quat-re ; Potofi,, d k ,f§pt. :
cens quatre-vingt-douze,: en tout, cinq'mille, deux J
cens • quarantâvun, quintaux..
Quoique i.a qualité du mineçai .décide de la •
plus grande pu .de la moindre eonfpm^ation d u :
mercure , on penfe généralement dans .Fautre hé- j
mifphère , où la métallurgie eft très-imparfaite, :
que dans l'enfemble la confommation du mercure j
.eft égale, à l.i quantité d'ajgçnt qu'on tire des!
mines. Dans çett,e fuppofijiqn , les, douze dépôls j
^ u i , depuis I575.9 jufqu'en 1*7^3 ?> livrèrent;, -an- ‘
•fiée icommune ..cinq ..mille;.«rois cents quatre i
iquintaux Aix-shuit livres; de.mercure , devolent-re-1
.cevoit icinq nfille .trois jçens; quatr-equjo taux, dix - j
•huit livres 4’argent...Cependa-ut il ne leqr qnV^ijt 1
'.porté que deux,mille deux,cens çinquqnte-qqatre ;
.quintaux dix-huit livre?, quifurentdét-pui'nés-pour
•frauder les droits.
•: Lima .a-toujQUfSryu-coukr dans fon fgki la.pkisj
.grande partie de ces rich^ltes v qu'ÿles.diémi.pu;
m'aieju .pas échappé . a la Yigilanpe :,4à Jfç.ySetce
capitale , bâtie en 1 par, Frguçois Pizarve , \
&c devenue depjuis.fi célèbre, .eft Ti^uéç';à,deux|
Jieyes de la mer , dans une plaine défiei,eu;fe. ".
Des cannes à fucjre , des oliviers kn.s nombre ,
.quelques vignes des . prajriqs artificielles , d|s !
.patarîiges pleins de fel qui, donne aux viandes |
.un gput exquis, de menus ; gtavn§ dtjftinés A k j
4îourritUre des volatiles -qm ;fo ^ parfaites^.d^s!
arbres fruitiers de toutes Tes La^éces , ;qpejques|
autres cultures çOuyrènt .çes environs;.-, L'orge &!
,ic..rtoment J fpérèr^n% long-temgs. i- rçrçis ';iin;
(Sctiit. polit, & diplomatique 'Tom, l l l
P É R 60rl
tretubl®fnc.nc de terre y - t , il y a plus d’un fié'
cle , une fi grande révollition , que les femence,6
,pquxrLfloiepj;. fans,germer? C e ne fut qu’ap,rès. qua-
i;a_nte ans de Itérilité que le fol redevint tout ce
qu’il avoir été. Lima, ainfi que les .autres ville?
des vallées, doit principalement fes fubfiftances
aux fueurs des noirs. C e n’eft guère que dans l'intérieur
du pays que les champs font exploités par
les indiens.’
Avant l’ arrivée des efpagnols , toutes les conf-
truiftions fe faifoient au Pérou fans aucuns fon-
demens. Lès-murs des; maifops particulières & des
édi^ces publics étoient également jettes fur la fu-
^e-r&Gie de la terre , avec quelques matériaux
qu’ils, fupênt éloyés. L ’expérience avoit appris .à
ces'peuples q u e d a n s la région qu’ils habitoient,
ç’étoit l ’unique manière de fe. loger Solidement.
Leurs conquérans, qui méprifoient fouveraine-
ment ce qui s'éçartoit de leurs ufages , & qui
(.portoient . par- -. tojut .les pratiques de l’Europe ,
:fans examinqr-.fi..elles convenoient aux contrées
qu'ils envahifloient, leurs conquérans s’éloignèrent
,en particulier à Lima, de la manière de.bâ-
tir qu'ils, trouyôrent; généralement: établie. Aiiffî-,
lorfque les 'naturels 'du pays virent ouvrir les
profondes tranchées employer le ciment, df-
rent-iLsqüe-' leurs tyrans creufbijpnt des tombeaux
poiir s 'e n t e r r e r& c'étoit peut-ê tre une cpn-
,folafio.n, au malheür d a yaincu,, de prévoir que la
terré ëlléjmêmejes ÿéngeroif un jqur.de 'fes de-
ygftâteürs.-:! . "
■ La prédidion s’çft accopiplie.. La capitale du
| Pérou j r en ver fée en détail par o.*ze tremblemens
1 de terre , fut enfin détruite p,ar -je douzième. Le
z8 oéiobre 1746, à .dix heures 8c demie du foir.,
tous ou prefque tous les édifices, grands & pe-
:rl^3.'SléÇE.pul&rent en trois minutes-. Sous ces décombres
, furent écrafees tréize cents perfonnes.
Un nombre J raniment p!usr .cpnfitlérable furent
'nHutilées, |c la plupart périrent dans dès tour'mens
horriblesv
ÇaUao.j-qijii fert de port à Lima, fut également
■ boujeverfée , fLce fut le moindre de fes malheurs.
;La mer, qui avoit reculé d’horreur au moment;
•de cette terrible cataftrophe ,; revint bientôt af-
faiîlir de fes vagues impétue.ufes l’efpacç qu'elîe
;, a voit ! .abandonné. Le -peu de-maifons 8c de dor-
fifiçatiqns quidyçjenc échappé, devinrent fa proie.
De. quatre miije, h^bïtans. ^ùe comptoit. cette rade
'c é jè fe è , il n y en^eut que '«{eux cens .de' fauvéL
Çlle aypit alors vingt-trois navires. Dix-neuf fy-
rentèngloqtis , les autres jettes biçn avant dai?S
,!e,s terres par TQçéan Irrité-
Le ra-y^gq s’étendit fur toute la côte. L ç peu
.qn'il yjavpit.de Êgti/nens dans fes mawaiÿports ,
/wvcnt fracaùés* Les ydles des vallées fiuitfri-
4W ï S g f i ; :ipkifieurs
[ fpre-nt -dPpttfle aje n t r f o n k K ^ e s ■ Dans, k s
. )- PM ; y^ccfnsivîomk’enfc.dfiS
G g g g